Jusqu’ici, la vie de Potter s’est résumée à une seule chose : Survivre. C’est tout ce qu’il est : L’héroïque Survivant. Et aujourd’hui ? Voldemort est mort. La paix est un poison mortel pour les héros. Pour tenter de survivre, Potter n’a d’autre choix que de se jeter au cœur d’une nouvelle tempête.
Chapitre court qui lance l'histoire, ouvre les principales questions sans répondre à aucune.
Un aperçu pour vous, et une lourde angoisse pour moi : allez vous seulement vouloir lire la suite ? :)
En réalité, une seule et unique personne avait la possibilité de feuilleter ses pages sans activer le redoutable maléfice et mourir dans d’atroces brûlures. Et cette personne n’était autre que l’occupant du chaleureux bureau, le Ministre de la Magie anglais en personne. Au cours des siècles, certains ministres n’avaient pas résisté. Enfermés durant des jours et des nuits dans le bureau mythique, ils avaient dévorés chaque page dans une avidité morbide.
D’autres avaient avec raison jugé plus prudent de ne jamais s’approcher des lourdes reliures de cuir, assurant ainsi à leur mandat une précieuse sérénité.
Cornelius Fudge avait fait parti des faibles, et était, cahier après cahier, tombé dans une paranoïa et un aveuglement sans retour.
Rufus Scrimgeour n’avait pas eu le temps de dépasser le deuxième cahier, daté du 14e siècle donc encore relativement inoffensif.
Piuk Thickness n’exerça jamais en toute lucidité, pris dans les chaînes de l’imperium, chaînes savamment tenues par Lord Voldemort, qui savait pertinemment que s’il essayait via un maléfice trompeur d’accéder au contenu de ces cahiers, il serait aussitôt brûlé vif, ce qui équivalait à gâcher bêtement un de ses précieux horcruxes. Il avait voulu attendre patiemment de venir à bout de ce morveux de Potter pour se faire sacrer officiellement Ministre. Mais, comme nous le savons tous, le morveux Potter avait eu raison de lui un jeune matin de mai.
Un nouvel homme, bien plus fort et droit, était alors entré dans le fameux bureau, avec la ferme intention de ne jamais se laisser tenter par le poison insidieux des rouleaux de parchemin. Et Kingsley Shakelbolt, des longues années que durèrent son mandat maintes fois renouvelé, ne faillit jamais à cette sage décision.
Et pourtant, de tous, Kingsley Shakelbolt fut le ministre de la magie dont les faits et gestes, dont les actes et décisions, et surtout dont les tortueuses pensées, méritaient le plus d’être consignée à jamais, aux côtés de toutes ces immuables turpitudes de l’Histoire.
Le Ministre apparut dans l’encadrement de la porte, dans toute son imposante force physique. Grand, la peau d’un noir profond, les traits nobles et marqué par la concentration, il continuait de revêtir malgré sa haute fonction et les codes qui la régissaient, une tunique ethnique que les sorciers occidentaux qualifiaient, montrant par là même leur ignorance la plus absolue en matière de civilisation étrangère, d’africaine.
- Ah, John. Je t’en prie, entre.
Shakelbolt s’effaça, pour laisser un homme en robe noire entrer dans le bureau.
- Monsieur le Ministre, salua le prénommé John.
- Je t’en prie, nous sommes entre nous, réprimanda Kingsley.
Quelques secondes s’écoulèrent, pendant laquelle le sorcier ne bougea pas. Puis il éclata de rire en tendant une main que Kinglsey serra chaleureusement.
- Je t’en prie, assied toi !
Le sorcier s’assit dans un des lourds fauteuils du bureau, et Kingsley s’installa dans celui qui lui faisait face, délaissant le fauteuil ministériel qui les aurait séparé du large bureau en bois verni.
- Tu as demandé à me voir ? Demanda le sorcier, qui exprima son étonnement en haussant les sourcils.
Il était en effet légitime de sa part de considérer qu’un ministre nouvellement nommé avait d’autres chats à fouetter, et peu de temps à consacrer à ses vieux collaborateurs.
- Exact. J’ai un service à te demander, John.
« John » se redressa dans son siège et se pencha en avant, sentant que ce qui allait se dire devait rester entre eux deux, et le bois muet des étagères déjà imbibé de confidences.
- Tu sais comme moi que même si Voldemort est défait, je reste en tant que ministre pieds et poings liés.
- Allons, tu exagères tu ne crois p…
- Non, je ne pense pas.
Kingsley se cala dans son fauteuil, les yeux dans le vide.
- Le ministère est infesté, infecté, John. Une gangrène le ronge et je ne peux rien faire contre ça. L’institution est touchée ! Le ministère a fonctionné un an sous la coupe de Lord Voldemort, part le biais de Thickness ! Et si les mangemorts qui ont orchestré ce régime sanglant sont soit morts, soit emprisonnés, soit malheureusement pour nous en fuite, il reste en son sein des partisans d’une dictature des Sangs Purs, qui n’ont pas commis d’actes répréhensibles ! Nous ne pouvons les arrêter pour… délit d’opinion ! Et ceux qui ont commis des atrocités arguent qu’ils ne l’ont fait que pour préserver leur vie !
- Tu penses à Dolores Ombrage ?
- Entre autres. Cette vipère se sortira sans dommage de son procès, tu peux me croire. Elle connaît parfaitement les rouages de la justice magique ! Et elle viendra réclamer un haut poste qu’elle clamera mériter…
- Allons Kingsley, ne me dit pas que tu ne peux pas les évincer pour un motif ou un autre, elle et tous ces rats !
- Je m’y refuse ! Protesta Kinglsey avec véhémence, les yeux brillants. On ne vaudrait alors pas mieux que Voldemort !
- Alors quoi ? Je doute que tu te laisses faire pour autant, continua l’ami de Kinglsey, un petit sourire dans la voix.
Les deux hommes échangèrent un regard sournois rempli de souvenirs connus d’eux seuls.
- Non, en effet. C’est pourquoi je t’ai fait venir.
- Tu as une idée derrière la tête, Kinglsey, j’en suis près à mettre ma main dans un gosier de véracrasse !
Kinglsey éclata de rire.
- Dis moi John, tu siège toujours au conseil des Aurors ?
Le sorcier fronça les sourcils en tentant de percer les sous entendus de son ami de toujours.
- Toujours…
- Et demain, avec la directrice du Centre, les Anciens et compagnie, vous siégerez pour sélectionner définitivement la nouvelle promotion d’Apprentis Aurors…
- Exact, demain sonne la dernière session de sélection. Nous regarderons une dernière fois les dossiers, avant de statuer définitivement sur les candidats qui seront définitivement sélectionnés.
- Je sais que ces données confidentielles, mais en tant que Ministre de la Magie, ancien membre de ce conseil, évidemment donc ancien Auror et…vieil ami – à ces mots, les deux hommes échangèrent un regard de profonde connivence- je pense avoir le droit de demander légitimement des informations concernant l’évolution de cette sélection, non ?
« John » ne parvenait toujours pas à deviner la finalité de cette conversation, mais se plia de bon cœur au petit jeu de Kingsley.
- Effectivement… Pour te dire la vérité, cette dernière réunion est un peu superflue, nous sommes déjà tous d’accord sur les élèves que nous allons accepter. Ils se dégagent nettement du reste du lot plutôt médiocre. Ils sont pleins de potentiels, d’après moi, mais je crois que tout se jouera dans leur caractère… Ils sont très intelligents mais individualistes, loin du groupe soudés et solidaire que nous ambitionnons de créer pour cette promotion. Mais cela relèvera du travail de leur Instructeur.
- Grump ? Demanda Kinglsey avec un grand sourire.
- Grump, acquiesça le sorcier, avec le même sourire. Ils vont morfler.
- C’est un bon instructeur.
- Oui. Mais il vieillit tu sais. La mort d’Alastor l’a pas mal secoué. Il s’est rendu compte qu’il était le dernier de son époque, et que son rôle dans l’histoire tirait à sa fin.
- Et bien je vais lui donner l’occasion de se frotter un peu aux toutes dernières lignes de l’histoire, répliqua énigmatiquement Kingsley.
John se pencha un peu plus vers son interlocuteur.
- John, je veux qu’à cette réunion, tu proposes un nom. Je veux que tu convainques le conseil d’accepter Harry Potter en Aspirant Auror.
John se rejeta dans son siège de surprise. Tout lui devint clair. Chaque pion du schéma que Kinglsey venait de tracer insidieusement prit subitement sa place dans son esprit, et des relations évidentes se tissèrent entre ces pions.
La gangrène, les mangemorts en fuite, Grump, Harry Potter. Un cocktail explosif venait de naître dans les deux esprits, un mélange instable et près à éclater à tout moment, qui, ils le savaient, influencerait sur tout le reste de l’histoire.
- Mais c’est impossible, résista faiblement John. On ne « propose » pas un nom au conseil ! Ça ne s’est jamais vu ! Ce serait la première fois !
- Ce sera une première fois de plus au palmarès de Harry, crois moi, il est habitué.
- Mais… c’est lui qui a émis ce désir de devenir Auror ?
- Non. Du moins pas récemment. Mais il ne pourra pas refuser, pas dans sa position actuelle.
Un profond étonnement creusait les traits du sorcier. Des milliers de potentialités défilaient à toute vitesse devant ses yeux, des milliers de combinaisons improbables jaillissaient soudain dans le domaine du possible.
- Butcher ne voudra jamais.
- Tu seras persuasif.
- Il n’a même pas ses Aspics !
- Il les passera en parallèle.
- Il n’aura jamais le temps ! On parle de la formation d’Auror Kingsley ! Tu en as fait une aussi ! Il ne pourra pas.
- Il pourra. Harry, même s’il ne le sait pas, est un garçon de génie, John. Il n’a que très peu de limites. Dumbledore le savait.
- Scolairement parlant, je n’ai jamais entendu qu’il était très doué…
- En défense, c’est le meilleur. Et tu sais comme moi que c’est le plus important !
- Mais les potions, la métamorphose…
- John, tu chipotes. Tu n’as jamais été foutu de mener à bien un polynectar, et tu fais pourtant partie des meilleurs.
- Certes. Mais je n’ai pas eu Grump comme instructeur.
- Moi si.
Il y eut un blanc, où chacun des deux hommes essayaient de voir jusqu’où l’autre était près à aller.
- C’est d’accord.
Kingsley s’accorda un sourire victorieux, tout en sachant que rien n’était joué. Il fallait que Potter soit accepté au conseil, et qu’il se révèle à la hauteur de leurs attentes, d’attentes particulièrement exigeantes.
Aux yeux de tous, Kingsley Shakelbolt apparaissait comme un type droit, honnête, sur qui on pouvait compter à tout moment. Il était un roc, un des derniers piliers d’une stabilité ô combien de fois mise en périls. On appréciait partout son intelligence vive, sa perspicacité et son efficacité.
En réalité, Kingsley Shakelbolt était bien plus. Il était un de ses esprits qui, si on leur en donne la possibilité, pouvaient faire pencher le monde d’un coté ou de l’autre d’une balance.
Albus Dumbledore l’avait lu dès le premier jour, dans les yeux d’un enfant un peu perdu dans une nouvelle robe de collégien un peu trop grande, un soir de répartition. Il y avait dans les yeux de cet enfant une lueur à mi chemin entre la prudence et la décision. Cette lueur, la plus rare d’entre toutes, il l’avait retrouvé dans de nombreuses prunelles bien des années plus tard. Dans les pupilles de Londubat, Weasley ou Granger. De Malfoy et Potter.
Potter.
Dans le prochain chapitre, écrit, mais dont la publication est reportée pour cause d'intrigue pas totalement arrêtée et donc de modifications intempestives :
Harry se réveille en haut de la tour de Gryffondor, et, l'urgence la bataille retombée, se retrouve à des lieues de la sérénité absolue. Il frôle plutôt la folie furieuse...