De la fenêtre du train, Albus voyait ses parents et le quai de la voie 9 ¾ s’éloigner progressivement. Il baissa sa main, quitta la fenêtre et suivit Rose dans le couloir étroit du Poudlard Express.
- Cherchons un compartiment de libre, proposa Albus.
De son côté, James avait déjà rejoint ses amis de troisième année au fond du train.
Le chemin vers les compartiments n’était pas si facile. Il fallait éviter de marcher sur les affaires des autres, arriver à se faufiler entre deux malles, éviter les coups de griffes de tous les animaux, à poils comme à plumes ; les coups de coudes étaient fréquents, tout le monde se croisait, se doublait …
A chaque porte, Albus glissait sa tête, tentant d’apercevoir s’il restait des places libres quelque part. A chaque fois, il devait faire face aux mêmes réactions de la part des occupants. En effet, en voyant Albus, les élèves cessaient immédiatement de discuter pour le regarder fixement et l’examiner avant qu’il ne referme poliment la porte.
Albus prit alors véritablement conscience que si lui ne connaissait personne dans ce train à l’exception de ses cousins et de son frère, tout le monde le reconnaissait au premier coup d’œil. Ses cheveux noirs mal coiffés et ses lunettes rondes le faisait malgré lui parfaitement ressembler à son père. Même s’il ne portait pas de cicatrice, la ressemblance était telle que le lien de parenté avec le célèbre Harry Potter était évident.
Parfois, certains regards se posaient même sur son front comme pour vérifier s’il avait aussi hérité d’une cicatrice. Mais Albus n’avait pas eu la même enfance tragique que son père, bien au contraire. Ses parents lui donnaient tout leur amour et son frère et sa sœur le taquinaient toujours affectueusement. Aucune blessure ne hantait le jeune fils Potter.
- Celui-ci est libre. Parfait !, s’exclama Rose en se précipitant à l’intérieur du compartiment.
Bien qu’installé confortablement en face de sa cousine, Albus se sentait toujours anxieux. Mais maintenant que l’arrivée à l’école de sorcellerie de Poudlard était de plus en plus proche, l’excitation commençait à l’emporter.
- Tu as vu Oncle Percy tout à l’heure ? demanda Albus essayant de penser à autre chose qu’à sa future maison. Il était encore tout excité avec les règlements.
- Oui, mais de toutes façons, il n’a pas à s’inquiéter pour sa fille, Molly est la plus gentille et la plus sage fille que je connaisse, expliqua Rose.
- Elle doit davantage ressembler à sa mère parce que côté Weasley, le respect des règlements c’est pas gagné… songea Albus.
- Tu te rappelles quand James a fait explosé tous les feuxfous Fuseboum qu’oncle George lui avait offert pour son anniversaire, se souvint Albus. Maman leur avait fait un sermon à tous les deux et James n’a plus eu de cadeaux pendant un an !
- Oui, se rapella Rose le sourire aux lèvres, et en plus maman lui avait fait lire et copier le règlement une bonne centaine de fois…
- On a intérêt à ne pas faire d’histoire alors…, conclut Albus après s’être imaginé deux minutes à la place de son frère…
Ils s’amusèrent cependant à imaginer les pires bêtises qui pourraient énerver Ginny et Hermione jusqu’au moment où le chariot de friandises s’arrêta devant leur compartiment. Rose se précipita pour acheter des chocogrenouilles. Albus, lui, préféra acheter des Dragées surprises de Bertie Crochue. Les deux complices se défièrent à tester toutes les couleurs de dragées en passant du parfum toast grillé aux tripes ou du poivre au goût savon.
Rose se régala avec ses chocogrenouilles même si elle fût déçue par les cartes cachées à l’intérieur. En effet depuis son plus jeune âge, elle faisait la collection des fameuses cartes à l’effigie d’un sorcier ou d’une sorcière célèbre. Depuis peu, elle avait parié avec son père un Frisbees à dents de serpents pour celui, ou celle, qui trouverait en premier la carte d’Agrippa qui leur manquait à tous les deux.
Cette fois-ci, elle trouva d’abord la carte de Newt Scamander « Célèbre auteur du fameux Les Animaux Fantastiques (Vie et Habitat des Animaux Fantastiques) » puis celle de Salazard Serpentard « Cofondateur de Poudlard. Donna son nom à l'une des quatre maisons de Poudlard et conçut la Chambre des Secrets ». A la troisième tentative, Rose eut une légère grimace pour marquer sa déception en reconnaissant son oncle.
- Tiens Albus, c’est un cadeau, je suis sûre que tu ne l’as pas celle-là, dit-elle d’une voix anormalement maligne en tendant la carte à son cousin.
- Merci, répondit innocemment Albus. Mais en voyant son père sur la carte animée, Albus ressentit pour la première fois, un sentiment d’agacement en repensant aux réactions de tout à l’heure. La carte de chocogrenouille de son père l’avait jusqu’alors toujours rempli de fierté. Mais jouant le jeu de Rose, il continua d’une voix amusée :
- C’est qui lui je ne l’ai jamais vu. Ha-rry Po-tter, j’connais pas. Tu t’es fait avoir ma pauvre Rose, cette carte est fausse, plaisanta-t-il en lui rendant la carte.
- Tu préfères celle-ci, répliqua Rose en lui donnant la carte de Salazard Serpentard.
Albus prit la carte et perdit aussitôt son sourire. A la simple lecture du mot Serpentard, ses appréhensions, mises de côté pendant quelques heures, revinrent rapidement le troubler. Même si les confidences de son père l’apaisaient, l’inquiétude prit le dessus.
C’est à ce moment précis que James choisit de venir les embêter.
- Vous devriez mettre vos robes, on va bientôt arriver, dit-il en regardant son frère. Eh ! Souris un peu frangin, même si les vacances sont bel et bien terminées, tu verras que Poudlard c’est pas mal non plus, dit-il gentiment pour essayer de rassurer son petit frère. Mais en voyant la carte qu’Albus tenait toujours entre ses mains, il ne résista pas à ajouter : surtout quand on est à Gryffondor, n’est-ce pas !
A bout de nerfs, Albus lui envoya la carte à la figure et lui demanda prestement de le laisser tranquille.
Durant toute la traversée du lac, Albus se sentit malade. Non pas à cause des remouds de sa barque mais davantage par le sort qui l’attendait. Réunis dans le hall du château, les première année étaient incroyablement silencieux alors qu’un brouhaha sortait de la grande salle. Une jolie femme, vêtue d’une robe de sorcière prune vint les rejoindre pour leur expliquer ce qui allait se passer. La jeune professeur arborait un look qu’Albus aurait qualifié de fashion ce qui lui semblait assez précurseur pour un professeur. Comme tous ses camarades, il écouta attentivement le professeur qui portait entre ses bras une étoffe marron et un tabouret à trois pieds.
- Je suis le professeur Fergus, professeur de métamorphose. Bienvenue à Poudlard. Dans quelques minutes vous serez répartis dans l’une des quatre maisons : Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard. Vous considérerez votre maison comme votre famille ici à Poudlard et ceci jusqu’à la fin de votre scolarité. La cérémonie aura lieu devant les professeurs et les autres élèves. Vous entrerez tous ensemble dans la grande salle et resterez à l’entrée jusqu’à ce que je vous appelle. Quand vous entendrez votre nom, vous irez vous asseoir sur le tabouret et le choixpeau magique effectuera la répartition. Vous pourrez ensuite aller vous asseoir à votre table.
Plus paniqué que jamais, Albus entrainé par la foule des élèves entra apeuré dans la grande salle. Il fut aussitôt distrait par le plafond magique. Même s’il en avait souvent entendu parler il fut toutefois agréablement surpris par sa beauté. La nuit commençait à tomber et le ciel se couvrait d’un mélange de bleu. En se hissant sur la pointe des pieds, il vit également les quatre tables des quatre maisons et reconnut son frère à la table des Gryffondor. Celui-ci était en train de parler en faisant de grands gestes et tous ses camarades l’écoutaient avec admiration. A la table des professeurs, Albus reconnut Kenneth Fairsilver, la directrice de l’école qui portait une robe noire et argentée assortie au bandeau qui lui tenait ses longs cheveux bruns ondulés. Il avait déjà eu l’occasion de la rencontrer lors d’une cérémonie officielle au bureau des Aurors et était à nouveau impressionné par la beauté et le charisme de la jeune femme. Le professeur Fairsilver dirigeait Poudlard depuis déjà 7 ans et était réputée pour être autoritaire et ferme sur les règlements mais à la fois juste et compréhensive. Assis juste à côté de la directrice, Albus reconnut Neville Londubat, un ami proche de ses parents qui était en grande conversation avec le professeur Sinistra.
Albus cessa d’observer ses futurs professeurs quand le choixpeau magique prit la parole pour chanter sa traditionnelle chanson :
Elèves, surtout pas de panique
Je suis le choixpeau magique
Depuis plus de mille ans je suis incorruptible
Me tromper ou m’attaquer est impossible
Certains ont essayé de me bruler
Mais sans aucun succès
J’ai pour unique mission
De choisir votre maison
Si vous aimez le travail acharné
Chez Poufsouffle vous serez envoyés
En faisant preuve d’intelligence et de loyauté
Pour Serdaigle, vous travaillerez
Pour les ambitieux, les rusés et les roublards
Sans aucun doute pour vous, ce sera Serpentard
La hardiesse et le courage en accord
Vous conduira chez Gryffondor
Quelque soit la répartition
Soyez fiers de votre maison
Mais ne laissez pas la rivalité
L’emporter sur l’amitié
Le professeur Fergus profita du silence qui suivit la chanson pour aussitôt appeler « Astley Linda». Une jeune fille brune aux cheveux extrêmement longs sortit alors précipitamment du groupe des première année et alla s’asseoir directement sur le tabouret. Elle semblait pressée d’en finir pensa jalousement Albus qui devait encore attendre qu’une trentaine d’élèves passent avant lui. Le professeur Fergus posa le choixpeau magique sur les cheveux bruns et quelques secondes plus tard, une voix forte et assurée annonça :
- SERDAIGLE.
Sous les applaudissements, Linda Astley alla rejoindre ses condisciples de Serdaigle.
- Banfield Amelia
- GRYFFONDOR.
- Bassett Ben.
- POUFSOUFFLE
Tandis que Ben Basset était chaleureusement accueilli à la table de Poufsouffle, Albus attendait péniblement son tour. Il regarda les autres élèves qui attendaient également et se rassura en voyant une fille brune se ronger les ongles, un garçon blond fixer ses pieds en serrant les poings et un grand garçon se gratter la tête toutes les trois secondes. Mais, à côté de lui, Rose semblait s’impatienter sans appréhension.
- Comment fais-tu pour être aussi calme, lui chuchota Albus.
- Bah ! Y’a pas besoin de s’inquiéter. C’est juste un chapeau, répondit nonchalamment Rose.
- Mais toi, ça ne t’inquiète pas où tu vas être envoyée ?
- Albus, tous les membres de notre famille sont allés à Gryffondor. Je ne vois pas pourquoi ça changerait maintenant !
- Pas tous, répliqua Albus,
- Oui mais bon, détends-toi tout va bien se passer, acheva Rose.
Albus fixa encore ahuri le visage de sa cousine pendant quelques secondes avant de se reconcentrer sur la cérémonie.
- MacByrne Glenda
- SERPENTARD
- Malefoy Scorpius
A ce nom, Albus se remit sur la pointe des pieds pour apercevoir le visage de son ennemi désigné. Il reconnut alors le jeune garçon blond qu’il avait observé tout à l’heure. Il semblait, comme Albus, terrorisé par ce qui pourrait arriver (ou ne pas arriver). Le choixpeau magique mit un peu plus de temps pour prendre sa décision. Enfin, il se décida pour :
- GRYFFONDOR
Contrairement à tous les autres élèves de première année déjà répartis, Scorpius garda son air inquiet et se dirigea lentement vers sa table sans émettre aucun sourire ni aucun signe de soulagement. Cette attitude perturba brièvement Albus. Mais celui-ci n’eut pas le temps d’approfondir son observation que le professeur Fergus appela :
- Potter Albus.
Partagé entre l’angoisse et l’excitation, Albus sortit timidement du groupe. Pendant qu’il parcourait la longue distance qui le séparait du tabouret, il entendit des voix murmurer :
- Potter ? Comme Harry Potter ?
- Il ressemble à son père, tu ne trouves pas ?
Seuls certains élèves de Gryffondor apportaient une variante :
- C’est le frère de James…
Albus s’assit enfin et sentit immédiatement des centaines de regards se poser sur lui, sur ses cheveux, ses lunettes et sur son front. Il posa ensuite le choixpeau magique sur sa tête. Son pouls accéléra radicalement et Albus préféra fermer les yeux en espérant que cela l’aide à se calmer. Une voix au-dessus de sa tête lui dit alors :
« Intéressant… Voici un esprit déterminé, fort, avec un riche héritage…»
- Pas Serpentard, ne put s’empêcher de penser Albus.
« Qui renferme un courage encore latent… »
- Pas Serpentard, se répéta Albus sans vraiment comprendre les paroles du choixpeau.
« Alors, allons-y pour…
- GRYFFONDOR »
James l’accueillit à sa table en lui souriant d’un air qui voulait dire « Mais pourquoi tu t’inquiétais », alors que lui aussi semblait, d’une certaine façon, rassuré de voir son frère à ses côtés.
Albus, à présent détendu, réalisa enfin qu’il était à l’école de sorcellerie de Poudlard et que dès le lendemain, il commencerait à apprendre des formules magiques et se sentit très heureux.
Il regarda la fin de la cérémonie en attendant calmement que Rose vienne le rejoindre…
- Townsend Judy, continua le professeur Fergus.
- POUFSOUFFLE.
- Walker Stuart.
- SERPENTARD.
- Weasley Rose.
- GRYFFONDOR.
Albus applaudit avec ses camarades pour accueillir Rose, tandis que Mary Zorkle était envoyée à Serdaigle.
- Alors quand est-ce qu’on mange ? dit Rose complètement indifférente faisant sourire ses deux cousins, habitués à son insatiable appétit.