Cher Journal,
Je m’appelle Ariana Dumbledore, je ne sais plus vraiment quel âge j’ai. Cela fait si longtemps que ma mère me retient ici… Elle, le médecin, mon grand frère Albus, ils disent tous que je suis folle, que je suis fragile, que je ne dois pas sortir mais c’est pas vrai! Je ne suis pas folle! Abelforth m’a donné ce cahier rouge pour que j’écrive, et je vais le faire. De toute ma vie, je n’ai connu que cette maison, et des gens dans le monde, je n’ai jamais connu que ma mère, Kendra, mes deux frères, Albus et Abelforth, et le meilleur ami d’Albus, Gellert Grindelwald. Des fois, quand je me penche à la fenêtre, je vois des gens qui ne sont pas habillés comme nous, ils ne portent ni capes ni chapeaux. Je voudrais les voir de plus près, leur parler, je voudrais qu’ils me racontent le monde en-dehors de la maison, mais je n’ai pas le droit. Maman ne veut pas.
Tu sais, un jour, j’ai essayé. J’ai crié de toutes mes forces à l’adresse d’une fille brune avec un pull en laine rose. Je me souviens d’avoir hurlé « Je suis là » et « Écoutez-moi », mais elle a juste relevé la tête un instant, avec un air un peu perplexe, avant de continuer sa route. Maman m’a entendue et m’a punie. Je n’ai pas pu sortir pendant très très longtemps. Chaque jour, Albus vient dans ma chambre pour jouer avec moi et me donner à manger. Je l’aime beaucoup, mon grand frère. Il est très gentil avec moi. Il vient souvent pour jouer à des jeux où suis une princesse et lui vient me délivrer. Gellert vient aussi. Ils sont tout le temps ensemble, ces deux-là. Un jour, je les ai vus faire une chose étrange : ils étaient collés l’un contre l’autre et leurs lèvres se touchaient. J’ai demandé si c’était un nouveau jeu mais quand ils m’ont vue, ils ont arrêté. Albus m’a dit de ne le dire à personne mais toi tu n’es pas une personne, tu es mon cher journal…
Il y a une journée ou deux, je ne sais plus, Maman m’a donné un joli collier : il est gris et il brille beaucoup. Au bout, il y a un cœur rose transparent. Je le porte tout le temps. Ça fait très longtemps que Maman ne m’avait pas offert quelque chose. Le même jour, Albus et Abelforth m’ont donné une robe bleue avec des fleurs blanches dessus et un ruban blanc à la taille. Après, Gellert est lui aussi venu et m’a offert une petite bouteille en verre coloré rempli de liquide. J’ai voulu le boire mais il m’a dit que c’était pour m’en mettre quelques gouttes par jour dans le cou, pour sentir bon. J’ai vu Maman lui faire des yeux comme ceux qu’elle fait quand je casse quelque chose dans la maison. Je ne comprends pas à quoi son cadeau sert mais je suis contente quand même. Je me demande pourquoi ils ont tous décidé de me donner des objets en même temps… Ils ne veulent jamais me le dire.
Je ne sais pas si je devrais tenir ce journal, mais je le fais quand même. Il est tard, la Lune brille dans le ciel au milieu des étoiles. J’ai allumé une bougie sur ma table de nuit et j’écris dans mon lit. J’ai déjà fait une tache d’encre sur les draps et j’ai peur que Maman ne s’en aperçoive. Si elle te découvre, j’ai peur qu’elle te confisque. Mais si elle le fait, j’irai te récupérer. Je sais où est sa cachette secrète : dans le troisième tiroir du buffet de la salle à manger. J’ai déjà récupéré des tas de choses pour mes frères, comme le ballon d’Abelforth et le livre d’Albus. J’ai jeté un coup d’œil à son livre, mais il m’a fait peur. Il y avait des images de gens très laids. Une femme avait un troisième œil au milieu du front, et un homme n’avait plus de jambes! Je ne sais pas c’est quoi ce livre mais je ne veux pas l’apprendre. À la place, je me suis concentrée sur le sourire de mon grand frère quand je le lui ai redonné.
Je crois que lui et Abelforth vont repartir bientôt. Ils en parlent, mais ils ne veulent pas répondre à mes questions. Je les ai écoutés en douce, et j’ai entendu parler d’un lieu merveilleux appelé Poudlard, un lieu où il y a plein de gens comme nous. Je me demande c’est quoi, Poudlard. J’aimerais bien y aller. Albus dit qu’il va apprendre à faire voler les objets comme Maman avec sa baguette. Moi, je n’en ai pas. J’ai essayé avec la baguette de Maman, en disant tout ce qu’elle avait dit, mais la stupide casserole est restée sur la table de la cuisine. Elle n’a même pas bougé! Je l’ai dit à Maman et elle a eu un regard triste. J’ai fait quelque chose de travers?
Il est vraiment très tard, maintenant. Mes yeux se ferment tous seuls et je dois éteindre la bougie pour m’endormir. Je vais te ranger dans ma cachette à moi : en dessous de mon matelas. Demain j’écrirai encore. Bonne nuit, mon petit journal adoré de mon cœur.
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