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*** Weasley est entrain de se noyer dans le lac noir ! Bon sang, que fait-elle !! Je me rue vers son corps flottant, je le tire de toutes mes forces sur ses bras pour la ramener vers la berge. Elle respire à peine, je me retourne pour apercevoir avec horreur une silhouette se détachant de l’eau obscure. Elle brille d’un grisâtre et sa chevelure semble se détacher partiellement de sa tête. Je vois alors l’image de cette jeune fille se rapprocher de moi.
« Chang … » Un vague murmure s’échappe de ma bouche. Je n’arrive pas en croire mes yeux. Trempé jusqu’aux os, j’entends la petite rouquine crachait bruyamment. Je reste obnubilé par le fantôme de la chinoise.
« Tu sembles étonné de me voir… » Son regard brûle de haine pour Weasley, elle l’observe attentivement respirer.
« Elle m’a tuée. »
« Je sais. » Je ne ressens ni pitié, ni tristesse pour elle. Je ne suis pas à l’origine de sa mort, et pourtant je l’envie presque aujourd’hui rien ne peut l’atteindre. Plus rien ne peut lui faire de mal.
« Pourquoi être restée ? »
« Je ne comprenais pas, je ne pouvais pas partir. Il faut que je lui fasse payer ! » Elle pointe son doigts vers Weasley toujours évanouie. La vengeance… Encore et toujours la vengeance… Ce qui avait tué Cho Chang était également ce qui lui avait permis de rester dans ce monde. Je me surpris à penser que si j’en avais le choix, je préférerais partir que de contempler cette misérable guerre…
« Que vas-tu lui faire Chang ? Tu n’es qu’un fantôme, tu ne peux pas interagir avec le monde des vivants, ce n’est plus ton monde ! » Son regard est haineux, ses blessures me rappelle la folie de Weasley qui semble toujours inconsciente.
« Je peux toujours réclamer justice et elle sera enfermée ! Elle m’a assassinée… Tu ne pleures peut-être pas ma mort, mais d’autres le font ! « Elle se retourne pour se diriger vers le château. J’entends sa voix me lancer un dernier avertissement.
« Tu ne seras pas toujours derrière elle pour la protéger Malefoy. Je t’ai vu le jour de ma mort, tu l’as emmenée… Je sais bien que tu n’avais aucune raison de m’aider. » Je regarde Weasley se réveiller, j’ai du mal à supporter la vue de Chang.
« Pour quelle raison l’as tu protégée ce jour là ? » Je me retourne soudainement mais la trainée argentée que je vois disparaître au loin me fait comprendre qu’elle n’attendait aucune réponse.
Weasley me regarde, étonnée sans doute. Je ne peux pas lui dire. Elle ne comprendrait pas de toute manière. Comment lui faire comprendre le danger lorsqu’elle n’a aucune conscience de ses actes ?
« Tu as failli te noyer. Viens, on rentre avant que les autres ne nous voient. » Je l’aide à se relever et elle semble essayer de comprendre ce qui lui est arrivé. Elle regarde la surface du lac noire avec appréhension. Je ne l’avais jamais vu avec cet air, enfin pas depuis son coma.
« J’ai cru, j’ai cru qu’il y avait quelque chose dans le lac. Cette créature qui me suivait… » Je ne lui réponds pas, elle semble ailleurs pendant un instant puis me regarde résolue.
« Qu’est-ce que j’ai fait ? Malefoy qu’est ce que je viens de faire ? » Je la tire par le bras pour l’entrainer dans le château après nous avoir lancés un sort de séchage.
« Rien, tu es allée dans le lac, et je suppose qu’un strangulot à commencer à t’attraper. »
« Oui je me souviens, j’ai vu quelque chose puis je me suis sentie comme aspirée par le lac. J’ai cru pendant un instant avoir eu une autre perte de mémoire… »
« Une autre perte de mémoire ?? » Elle semble réalisée avoir parlée à haute voix. Je m’arrête derrière les escaliers du premier étage pour que personne ne nous voie.
« Je veux dire, j’ai cru un moment avoir des pertes de mémoire… Comme, comme en première année… » Elle me regarde attentivement, elle semble surprise de m’avoir confié ses pensées. Je ne peux m’empêcher d’hausser les sourcils, elle se rend compte qu’il y a quelque chose d’anormal. Pourtant je ne peux pas raviver sa haine en cet instant. Ce que j’ai mis des semaines à comprendre, elle vient d’en avoir un indice. Elle pense être envoutée…
« J’ai appris ce qu’il t’est arrivée en première année, et je ne pense pas que tu es de soucis à faire sur ce plan. »
« Je ne me fais pas de soucis pour ça ! » Sa colère réapparaît. Je me mets à rire. « C’est moi qui te fait rire Malefoy ! »
« Je me demandais quand ton caractère reviendrait. Tu me paraissais bien trop gentille depuis que je t’ai ramassée au bord du lac. » La petite rouquine fulmine de rage.
« Oublie ce que je t’ai dit Malefoy, j’ai eu un moment de confusion. » Son visage se crispe, elle semble faire un effort surhumain pour garder contenance. J’appuie ma main sur son bras et elle ne le plie pas malgré la douleur qu’elle doit ressentir. Pourtant je sens qu’elle pense à la même chose que moi.
« Ta position ne te permet plus d’être confuse Weasley, ne serait-ce qu’un moment. » Je relâche la pression et je l’entends expirer bruyamment. « C’est en tant qu’ami que je te le dis ». Elle me fait un signe de tête puis s’en va, retournant dans la grande salle.
Je tape de mon poing sur le mur en pierres. Le cauchemar semble s’épaissir de jours en jours. Le fantôme de Cho Chang dans les barrages ne va pas arranger les choses. Il faut que je trouve un moyen de la museler définitivement avant qu’elle ne s’en prenne à la petite rouquine. Je me masse lentement les doigts tout en cherchant une idée qui pourrait nous sauver. Cho Chang faisait partie des petits soldats de Potter. D’un autre côté, Dumbledore n’est plus là et Rogue n’ira pas mettre une alliée du Lord en prison. Oui mais Chang peut toujours parler à d’autres et le double rôle de Weasley serait compromis… Je retape sur le mur, en étouffant un cri cette fois. Passant mon autre main dans les cheveux, je décide de descendre dans ma salle commune pour réfléchir. Pansy est devant la grande salle avec Greengrass et Bulstrode. Elle me regarde descendre.
Des gouttes de sang coulent le long de ma main alors que je m’éloigne tel un animal blessé regagnant sa tanière pour mieux préparer sa prochaine victoire. Je touche ma blessure avec mon autre main. Est-ce que le sang fera vraiment parti de ma vie, maintenant ?
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*** Neville me regarde fixement et je sens que ce sourire idiot sur mon visage ne va pas durer longtemps. Qu’est-ce qui m’a pris de parler à Malefoy de mes pertes de mémoire. Non décidément, je me fais des idées. Neville arrête de me regarder où je ne pourrais plus me contrôler. J’enfonce ma fourchette dans une pomme de terre avec hargne. Combien de temps vais-je devoir jouer cette comédie ! Oui jusqu’à ce que je mette la main sur Harry ! Un flot d’insultes me traverse l’esprit, j’inspire profondément et relève mes yeux vers Neville. Il semble enfin vouloir me parler.
« Luna est repartie chez elle… » Oui si on veut, j’esquive un sourire et le regarde attristée.
« Je crois qu’il se passe quelque chose d’anormal Ginny. Son père m’a écrit en disant qu’il avait préféré la retirer de Poudlard avec … avec les évènements. Mais je trouve ça bizarre qu’elle ne m’ait pas écrit elle-même. » Il avait murmuré ses derniers mots pour que je lise sur ses lèvres, apeuré par la table des professeurs.
« On en a déjà parlé Neville. Je veux dire, il n’y a aucune raison que son père ne te mente. Je crois qu’il veut juste protéger sa fille. Regarde mes parents veulent que je rentre également. Mais il en est hors de question ! Je ne rentrerai pas me cacher ! »
Il me sourit, ce qu’il peut être naïf. Neville le bon ! Luna est entrain de croupir dans les geôles du Manoir Malefoy et si ce n’était que de mon fait, elle croupirait six pieds sous terre. De toute façon ce n’est qu’une question de temps. Ils tomberont tous et Harry le premier ! Ou l’autre traître… Je me perds dans les idées créatives de torture que je leur ferrais subir alors que Neville continue de se lamenter sur la perte de Luna. Je m’excuse rapidement et sors de table, deux minutes de plus avec lui pourrait me faire perdre contenance.
Il faut que je trouve MacGonagall, elle soutient l’armée de Dumbledore et je sais qu’elle pourra m’être extrêmement utile. Voldemort m’a enrôlée pour une raison et si je veux continuer à me rapprocher d’Harry, il faut que je reste proche de lui. Quel meilleur moyen pour ça que de lui fournir ce qu’il souhaite ?
Je rentre dans mon dortoir discrètement, ma tête est enserrée dans un éteau dont je ne peux me défaire. La confusion des évènements avec le lac résonne de manière brutale dans mon esprit. Je sais que Malefoy me cache quelque chose. Il ne m’a rien dit sur le fait qu’il m’ait trouvé dans l’eau. Cette peur, cette peur que j’ai eue… Je me dirige vers la salle de bain pour me passer un coup d’eau sur le visage. Je n’arrive pas à comprendre. Voldemort ne peut pas me contrôler, non il ne peut pas même pas par le biais de ça. Je regarde la marque sur mon bras gauche. La peau rougie autour me donne envie de sourire, combien de jours ai-je du attendre pour l’avoir ? Je n’arrive même plus compter.
Descendant les escaliers avec légèreté, je me dirige vers le couloir des métamorphoses. Je m’assure d’être seule puis je frappe à la porte de MacGonagall. J’entends une voix sèche me dire d’entrer. En voyant mon visage, elle semble se radoucir, elle s’attend à une visite amicale.
« Miss Weasley, vous ne devriez pas être dans votre salle commune ? » Sa voix est teintée d’un léger reproche mais elle continue de me sourire légèrement.
« Je voulais vous parler professeur, en tant que directeur de ma maison et alliée… » Je regarde la sévère MacGonagall se lever et lancer plusieurs sorts sur la porte et dans toute la pièce.
« Vous devriez faire attention Miss Weasley, je fais ce que je peux pour vous et vos amis mais je me dois de rester ici pour protéger les élèves. »
« Oui c’est à propos d’une élève que j’aimerais vous parlez. » Je la vois me proposer un fauteuil alors qu’elle s’assoit en face.
« Vous n’auriez pas quelque chose à boire. » Je prends une voix hésitante et apeurée. Elle fait apparaître deux tasses et une théière sur la table d’appoint.
« Vous pouvez parler, la pièce est sûre pour l’instant. » Je la regarde verser le thé fumant dans les deux tasses et m’en proposer une. Je la remercie et inspire profondément. Elle m’encourage à continuer alors que j’avale une gorgée de thé.
« C’est à propose de Luna Lovegood, élève en 6ème année à Serdaigle. Je crois qu’elle a été enlevée par les mangemorts ici même. » Le professeur sursaute et je renverse toute ma tasse sur sa robe. C’est alors qu’elle se lève en disant que ce n’est pas grave, je prends la petite fiole bleue dans ma poche et verse quelques gouttes dans son thé. Ma fiole est aussitôt rebouchée et dans ma poche alors qu’elle se retourne en relevant sa baguette magique. Elle enlève toute trace de l’incident et me reverse du thé.
« Je m’excuse. Je ne voulais pas vous faire sursauter, mais Neville Londubat et moi-même pensons qu’il lui est peut-être arrivé quelque chose… Bien sûr nous n’avons aucune preuve. Je ne savais pas vers qui d’autre me tourner, tous les hiboux sont contrôlés, vous comprenez… » Je la regarde se décomposer sous mon air de petite fille poursuivie par un monstre. Je bois alors une autre gorgée de thé, puis elle m’imite avant de me répondre.
« Vous avez bien fait Miss Weasley, je redoutais que ce genre de chose ne soit pas encore arrivé… Je veux dire, heuh… J’ai la tête qui tourne… Je…»
« Professeur, professeur… » Elle n’a pas le temps de finir sa phrase qu’elle s’évanouit à moitié dans son fauteuil. Enfin j’ai cru que cette vieille chouette n’avalerait jamais sa tasse ! Heureusement que la potion de sommeil accélérée est très efficace. Je m’active pour lui retirer sa baguette, on n’est jamais trop prudent. Elle a beau être née au Moyen-âge, je ne serais pas très maline de la sous estimée. La précieuse alliée de l’armée de Dumbledore à Poudlard. Ma haine pour Harry et les autres ne fait qu’augmenter mon mépris pour la vieille sorcière. Les sincères condoléances ne sont pas suffisantes Professeur, votre héros les a tués mais non… vous, vous vous contentez de « sincères condoléances » !
Je l’attache d’un coup de baguette à la chaise puis lui retire ses lunettes que j’écrase par terre. Un enervatum la fait revenir à elle. Elle a à peine le temps de se demander ce qui se passe que je lui enfonce déjà une seconde potion dans la bouche. Je tire le fauteuil et comme il y a quelques semaines je fais comme Malefoy.
« Très bien professeur, maintenant vous allez me donner tous les noms des membres de l’Ordre du Phénix… Enfin tous ceux que je ne connais pas bien évidemment.»
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