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*** Je roule dans le couloir tranquillement, Neville a insisté pour m’accompagner mais devant mon regard dur il a abandonné l’idée de m’apporter une quelconque aide. Ils essayent de m’égayer, de me distraire avec Luna, pourtant ils n’arrivent qu’à m’étouffer. La liberté, c’est ce que je cherchais en revenant à Poudlard et dans un sens je n’y trouve que de l’oppression, de l’ennui… Neville veut recréer l’armée de Dumbledore pour aider Harry et Hermione ! Ces chiens !! Je leur cracherais au visage si seulement je pouvais atteindre celui de quelqu’un. Madame Pomfresh me donne des tas de potions, elle a vu les lacérations. Je l’ai suppliée de ne rien dire, à quoi bon, tuer un peu plus mes parents ??? Elle a cédé devant l’argument, mais je ne peux plus recommencer…
Je roule dans le couloir activement, il me faut une échappatoire, une manière de soulager cette haine, sans me vider les jambes. Je tourne, observe, scrute chaque détail sur les murs, les tapisseries, les salles qui pourraient me donner des idées. C’est un jour de match de quidditch et personne ne reste dans le château.
Soudain, j’aperçois un groupe de filles de Serdaigle, elle laisse une de leur amie qui rentre dans les toilettes des filles du 4ème étage. *Cho Chang, mégère qui cancane sans arrêt, toi aussi tu es une Hermione ?! La chaleur me monte au visage, je brûle de haine, je ne vois plus les yeux bridés de Cho mais les grands yeux marrons de la traîtresse. Sans un bruit, sans un mouvement de trop, je pénètre dans la salle exiguë. Elle est là, sans soucis, sans se poser de questions, sans savoir qu’elle a ruiné ma vie !!!! Je la vois recoiffant ses longs cheveux bruns, je vois une main les arracher, les décoller de sa tête. Je vois Harry embrassant doucement Cho, Hermione, des cheveux bruns, une brune… Je ne vois plus que flou, tout s’accélère…
Il n’y a plus de cheveux bruns, plus que des cheveux rouges, rouges comme les miens ?? Je me regarde dans le miroir, mes cheveux sont rouges, d’un rouge profond, non plus roux… Une voix d’homme peut être, peut être pas, mon dernier souvenir…
Je ne roule plus, je marche, je marche avec lassitude, trainée par un roc, une pierre froide comme la glace. Le roc me parle, m’emmène, me tire, le roc s’occupe de moi et je marche enfin.
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*** Sans relâche, je cours la petite Weasley à mon bras. Je ne comprends rien, perdu, j’essaye de me concentrer sur le chemin de la salle de bain des préfets. Je tourne au portrait de La cuisinière aux marrons, et aperçois le Baron Sanglant. Malgré le fait que ce soit le fantôme des Serpentards, je ne peux pas me permettre de nous faire prendre sur le fait. Courant avec ce qui reste de la rouquine délirante, je passe enfin devant le tableau annonçant le mot de passe (privilège que Rogue m’a accordé en étant Préfet-en-chef).
Je la lâche et elle tombe presque automatiquement par terre, rassemblant tous mes souvenirs et occultant une vision dégoutante, je m’attaque directement à elle, pas le temps de laisser mariner !
- « Explique-moi tout de suite, qu’as-tu fait à Chang ? » clair, net, concile, et sans sourcilier.
- « … »
Elle murmure, mais quoi ? Ce qui m’irrite au plus au point.
- « Voyons Weasley, tu as bien vu que Chang avait la tête scalpée et que son sang a giclé sur tes cheveux ! Quoi ? Les Carrows et Rogue seront très heureux lorsque je leur dirai tes prouesses en sortilège de magie noire ! »
Aucune réaction, évoquer l’état de la Serdaigle et les cheveux de la rouquine me rappelle la petite des bois. Elle sait pour la fillette mais sûrement pas que c’était moi, personne à part le rat puant et le maître ne sait… Je scrute la moindre de ses réactions qui pourrait me faire comprendre son accès de rage. Oui il n’y a qu’un accès de rage qui puisse faire commettre une telle ignominie sans raison ? Qui suis-je pour le savoir, un tueur d’enfants…
Une idée s’allume dans mon esprit …
- « Saint-Potter t’aurait-il largué pour la brunette ??? » m’exclamais-je rayonnant de moqueries et sérieux à la fois.
Je n’ai pas le temps de réagir, que la furie se jette sur moi sans sa baguette que j’ai bien pris soin de lui enlever lorsque je l’ai trouvée tenant les touffes de cheveux de Chang dans les toilettes. Elle me griffe les bras et me mord jusqu’au sang ! La haine que j’entrevois dans ses yeux me rappelle non sans horreur l’air de Bellatrix.
Je réussis à lui lancer un sort d’immobilité, elle s’évanouit sous le coup.
- « Weasley, réveille toi, réveille toi ! Enervatum ! » Je m’assure de la solidité des cordes que j’ai fait apparaître pour lui attacher les mains au lavabo.
- « Pourquoi je suis attachée ?! Relâche-moi sale assassin ! » Elle me crache au visage ces derniers mots dans un sourire mesquin que je ne lui ai jamais vu.
Inconsciemment je sens ma main serrer son poignet de plus en plus fort, elle ne plie pas sous la douleur et me regarde droit dans les yeux avec ce même sourire mesquin. J’essuie lentement mon visage avec l’autre main sans la relâcher. Son regard pénètre mon bras gauche. Ses yeux brûlent ma peau, la rongent …
- « Mangemort, lâche-moi » Elle l’a presque dit avec douceur, cependant je ressens une pointe de honte et ses cheveux rouges me font trembler. Mes muscles se décontractent, elle ne peut rien faire de toute manière, j’ai sa baguette. Rassuré je m’éloigne d’elle et attends qu’elle m’explique simplement sans vouloir la brusquer. Pourquoi ? Je ne sais pas, peut-être que je pense lui devoir au moins ça…
- « Pourquoi m’as- tu emmenée ? Qu’est-ce que cela t’apporte Malefoy ? Que comptes-tu faire maintenant ? »
Ses yeux sont vides, la lueur de folie que je n’ai qu’entrevu a disparu… Comment peut-elle parler si calmement après ce qui c’est passer, elle n’est pas la rouquine, ni Weasley, qui est-elle ? Ses questions me brouillent l’esprit, me torturent. Savoir… Il faut que je sache !
- « Pour pouvoir être le premier à connaître la vérité. Tu l’as tuée et ça ne te fait rien ? »
Elle explose, non pas de haine ou en larmes comme je m’y attendais mais de rire. De ce rire si malsain que j’ai entendu temps de fois.
- « Mais je n’y suis pour rien … Harry est l’unique responsable ! Je n’ai rien fait Malefoy tu m’entends ! Je n’ai rien fait ! Relâche-moi immédiatement ! Relâche-moi !!! Relâche-moi où je me vengerais ! » Elle crie, elle crie, elle continue de crier, je lui couvre la bouche mais elle me mord encore. Je n’en peux plus, comment cette sale Weasley ose me mordre ! Je la gifle de ma main couverte de sang, le visage rouge elle n’en démord pas.
- « Tais toi ou je t’emmène aux Carrows et je leur dis tout ! Ne fais pas l’erreur de croire qu’ils ne te puniront pas car Chang était une sang pure et pas une traître à son sang comme ta famille ! » A ce mot, je me calme, elle y pense déjà sûrement, à sa famille.
- « Très bien Malefoy, tu me laisses partir, je ne dirais rien sur Fleur pourtant tu peux continuer de trembler… Ne me regarde pas comme cela, oui je t’ai vu ce jour-là et je sais ce que tu lui as fait, ma vengeance va au-delà de ce que tu imagines. Mais tu n’en fais pas partie, Malefoy, tu es un être insignifiant pour moi, insignifiant. »
Son changement de comportement en quelques minutes me glace les veines, elle m’a donc vu. Elle pouvait me dénoncer pourtant elle ne l’a pas fait durant tous ces mois… Mais pourquoi ? Ses yeux vides ne vacillent pas et me fixent longuement. J’agite ma baguette.
- « Prends un bain avant de partir, tu ne voudrais pas te faire renvoyer de Poudlard, quoique tu sois venue y faire … »
Je lui rends sa baguette et m’éloigne avec toujours ce sentiment accroché sur mon cœur, cette angoisse terrifiante … Elle n’est pas la petite rouquine, elle n’est plus la petite rouquine…
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