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*** Je descends pour le diner, Harry est arrivé hier… Plus secret que jamais il ne reste pas seul dans une pièce avec moi. De toute manière Ron y veille particulièrement. Hermione est bizarre, en plus des secrets sur leur mystérieux plan, elle ne me parle pas comme avant et semble éviter le sujet Harry. Elle a toujours été ma confidente, je ne comprends pas.
Je mange silencieusement pour changer de Ron, les jumeaux viennent m’égayer un peu. Ils ont compris que le retour d’Harry ne me réchauffe pas le cœur mais me le martèle à coups de pics à glace. Harry et Hermione descendent des escaliers. Elle semble légèrement rouge au niveau des pommettes. Harry, lui me scrute étrangement comme pour voir ma réaction… Je hausse les épaules et me remets à manger. Si j’avais remarqué que leurs avants bras étaient dissimulés peut être aurais-je compris. Un dicton dit que l’on voit que ce que l’on veut bien voir, pourtant dans mon cas j’étais aveugle à tout élément bon ou mauvais.
- « Harry ! » je soufflais difficilement, « Harry » criais-je encore. Pourquoi ne s’arrête-t-il pas ? Je commence à courir dans le jardin à sa poursuite, à ce jeu là il ne m’aura pas !
- « Harry, ne m’évite pas ! » lui lançais-je au visage. « Ecoute moi au moins, ça va se passer comme ça combien de temps encore ? »
Il me regarde tristement, anéanti à l’avance par ce qu’il devait me dire et qu’il n’osait pas encore. Il passe sa main dans ses cheveux en observant les brins d’orties à côté de nous. Il ne voulait plus de moi, pas seulement pour une raison de protection… Ce n’est pas possible !
- « Franchement, je sais que tu ne veux plus que l’on soit ensemble pour pouvoir te concentrer sur ta mission et tu-sais-qui mais Harry est-ce que je ne mérite pas un minimum d’attention, je peux t’apporter mon aide et mon réconfort… Dis quelque chose je t’en pris ! »
Enfin il se décide à relever la tête et à m’affronter. Ses yeux verts émeraude étaient si brillants, on pouvait y lire une immense peine. Je n’en pouvais plus, je le supplie de répondre à ma requête.
- « Ginny, je ne peux pas l’accepter, je sais que c’est la dernière chose que tu veux entendre, mai s’il t’arrive quoique ce soit, je ne pourrais pas le supporter… Tu connais mes sentiments, je ne peux pas rester avec toi.»
Mes joues étaient humides, je m’en doutais déjà mais de l’entendre de sa bouche ne faisait qu’accentuer ma douleur. On était loin de la maison. Je n’avais pas regardé à quel point on s’était éloigné, entre les arbres on pouvait voir le soleil décliner. Il emportait avec lui sa chaleur et sa douce lumière m’éclairant dans ces heures sombres.
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*** Ma tête tourne, j’ai mal, mal au cœur… Une vision m’assaillit, je cours dans la salle de bain et vomis à nouveau. Cette petite, le sang. Il le fallait, je n’avais pas le choix, comment aurais-je pu faire sinon ? Son sang, je touche ma jambe… Rien, mère a pris soin d’enlever mes vêtements et de me mettre un pyjama. Je reste toute l’après-midi et la soirée dans mon lit, il ne faut pas que les autres mangemorts me voient dans cet état. Le Seigneur m’appellera s’il a besoin de moi.
- « Mr Malefoy, levez-vous je vous pris » Cette voix, non je ne veux pas l’entendre ni voir son propriétaire.
Que fait-il ici ? Pourquoi mère l’a fait entrer ? Cet homme n’a rien à faire ici, fusse-t-il mon professeur préféré, il n’est plus qu’un autre mangemort aujourd’hui. Je me relève difficilement prêt à courir dans la salle de bain s’il le faut.
- « Que voulez-vous ? Je suis sûr qu’il ne s’agit pas du Maître qui vous envoie, je le saurais sinon ! » Je lui crache presque ces mots au visage en lui montrant la tâche noire qui me ronge le bras depuis plusieurs mois déjà.
- « Votre chère mère s’inquiète pour votre… état physique et moral Drago. Elle m’a demandé de vous préparer une potion contre ces nuisances.» Me souffle-t-il.
- « Merci mon cher Severus, vous connaissez ma mère, depuis la … hum… perte de son mari elle a tendance à s’inquiéter à chaque instant.» Je l’observe sans-gêne, le dévisageant presque pour qu’il ose me répondre avec sa hargne habituelle.
- « Je peux vous apporter mon aide Drago, j’ai entendu que vous aviez fait vos preuves et maintenant vous êtes sur une mission très importante. »
Il m’observe profondément, pourtant la legilimencie ne lui servira à rien avec moi et il le sait déjà. Cette tentative d’intrusion dans mon esprit m’irrite au plus haut point.
Il le veut, je m’emporte alors « Severus c’est la deuxième et la dernière fois que je vous le répéterai, apprenez à vous occuper de vos affaires… On est plus au temps où vous deviez me sauver la mise. Je sais aujourd’hui faire face à mes responsabilités et je n’ai pas besoin de nounou ! » M’exclamant avec ardeur.
Cette dernière parole le fait pâlir, une telle insulte pour un personnage depuis longtemps aigri. Il se tourne et part en claquant la porte ce qui a pour conséquence la chute d’un de mes tableaux de quidditch. Le bout de sa cape disparaît au tournant du couloir gauche menant au rez-de-chaussée. Il s’est sûrement retenu de me menacer pour ma mère, songeais-je.
Rogue n’avait plus eu une parole avec moi depuis la mort de Dumbledore, il était furieux d’avoir fait le travail à ma place. Cet homme restait un mystère, sa volonté de m’aider … Certaines choses m’échappaient encore, je ne pouvais pas non plus me concentrer. Le crime occultait tout mon faible esprit.
Ses cheveux blonds et ondulés tournoyaient, tout d’un coup ils n’étaient plus blond, ni léger mais rouges collés au crâne et visqueux.
Je me réveille avec mon front perlant de sueur, ce n’était qu’un rêve, une divagation de mon subconscient. Malgré ce constat, j’ai comme une pierre dans l’estomac. Je ne vois rien, c’est le néant, la nuit est profonde et glaciale. Je me souviens que c’est le mois d’août et que c’est donc impossible…
Les détraqueurs… Ils sont au manoir.
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*** Harry m’avait accordée moins d’une minute de regard et avait jeté son dévolu sur cette même touffe d’orties qu’il avait tant affectionné cinq minutes auparavant. Dans un excès d’émotions et de rage impuissante, j’aurais voulu lui enfoncer la tête à l’intérieur !
Je n’en fis rien. Je lui touche l’épaule avec une tendresse infinie. Et dans un moment de grande faiblesse, il m’enlace. S’en est trop pour mon cœur, je lève mon visage et je vois dans ses yeux l’immense désespoir qui l’afflige. A cet instant je sais pourquoi ce serait si difficile de ne pas le suivre. Il m’embrasse. On ne peut plus s’arrêter, se décoller comme si cette étreinte est notre dernière. Je ne peux pas le quitter, ses lèvres, ses yeux, sa peau, son odeur… Les baisers se mêlent aux larmes, je lui dis qu’il est mon seul amour comme une adolescente : celle que je suis. Il me répond ce que j’attends sans percevoir la pointe de honte dans sa voix.
Pourquoi n’ai-je rien vu ? Les choses seraient-elle différentes ? Ce soir là je m’abandonnais à Harry, non pas parce que c’était les derniers jours que je passerais avec lui, non pas parce qu’il serait peut être tué mais pour lui montrer ce qu’il représentait à mes yeux.
Il doit être minuit, il est tellement tard. On se regarde sans rien dire, il ne dit pas que c’était une erreur mais le pense. Ne t’inquiète pas Harry, je sais que tu n’as pas changé d’avis, je n’y ai vu aucun espoir pour te suivre dans ta quête. Il semble vouloir se faire pardonner, je lui dis que tout va bien même si ce ne sera plus jamais le cas. Il me caresse les cheveux doucement et me pose un dernier baiser sur les lèvres.
Je me relève et là un bruit, une lumière… Vite il faut courir pour se cacher, on n’a rien à faire ici.
Ce sont des moldus du village, l’un porte un appareil moldu produisant de la lumière artificielle blanche et l’autre tient un chien.
- « Ginny, ce sont des policiers moldus, ils ont trouvé quelque chose dans la forêt apparemment ! » Il me murmure à l’oreille.
- « Ils étaient près du sentier où il y a la cabane.»
- « Quelle cabane ? » M’interroge-t-il.
Je lui réponds alors que peu importe en le tirant par la manche de sa chemise pas tout à fait reboutonnée. Il me suit dans les méandres sinueux du sentier et nous arrivons près de la cabane. Il y a beaucoup de moldus, des policiers en uniforme mais aussi un couple pleurant et d’autres civils. Harry me tire derrière l’arbre le plus proche pour que l’on ne nous voie pas.
C’est à cet instant que je l’aperçois : elle.
« Arrrgh !!!! » Je hurle dans la main d’Harry qui m’empêche de nous faire repérer. La petite aux poupées de l’autre jour, elle est couverte de marques. Sa peau est arrachée et ses habits en lambeaux… Harry me lâche enfin, je rends tout le dîner du soir même. Les parents de la petite sont évacués par ambulance après identification (d’après Harry, il s’agit de sorte de médicomages…). Je ne comprends rien de ce qu’il m’explique, je suis aveuglée par l’image de la fillette déchiquetée…
D’après la police moldue, il n’y a personne dans les environs susceptible d’avoir pu commettre un tel acte. Ils ne comprennent pas ce qui a pu causer ces blessures. Les entailles ont vidé la petite de son sang en moins d’une minute.
Harry sursaute, il a compris et me souffle «C’était un sort ! » Je comprends immédiatement, il faut avertir les aurors au plus vite. Je n’y arrive pas, toujours choquée par la vision d’horreur je suis figée. Harry m’appelle, encore et encore je ne bouge toujours pas.
Finalement il me soulève du sol, et m’emmène en courant vers le Terrier. Arrivés à la maison, il me dépose sur le canapé, je n’entends plus ce qu’il dit, d’autres sons dans ma tête s’agitent, je sombre …
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