Bon, et bien voici le chapitre du jour ^^ Ca ne va peut-être pas plaire à certains à cause du caractère d'un des personnages, mais je n'en dis pas plus. A vous de voir, et si vous avez le temps de me dire :)
Bonne lecture !
Il s'avéra que Blaise aimait beaucoup la lecture et elle appréciait d'aller lire à côté de lui. Sa présence lui assurait le fait qu’elle ne serait pas embêtée par ses amies qui essayaient constamment de lui arracher ses bouquins des mains. Elle avait finalement craqué et leur avait appris apprécier lire, ne pouvant décidément plus se passer d’un bon roman le soir avant de se coucher.
Ce jour-là Hermione était en train de bavarder avec ses camarades dans la salle commune des Serpentards et s’ennuyait fermement de la conversation quand elle entendit une troisième année se plaindre haut et fort qu’elle n’arrivait à rien avec son devoir d’enchantements.
- Tu veux que je t’aide, proposa-t-elle aimablement en s’approchant de la table à laquelle elle travaillait avec un camarade.
La moitié des personnes présentes arrêtèrent net leur activité pour la dévisager avec de grands yeux ronds mais la Gryffondor de cœur n’en avait cure.
- Heu… non merci ça va, balbutia l’élève. Je dois être capable de résoudre mes problèmes toute seule.
- Moi je veux que tu m’aides, coupa d’une voix tranchante son voisin.
- Tu ne peux pas te débrouiller tout seul ? railla quelqu’un.
- J’ai pour but d’avoir une bonne note et je ne vais pas lésiner le moyen d’avoir toutes les réponses sous la main, lança dédaigneusement le Serpentard avant de montrer son devoir à Hermione qui le parcourut rapidement.
Elle s’assit ensuite à côté de lui et commença à lui expliquer calmement, répondant à toutes ses questions au lieu de le renvoyer au manuel, trop ravie de se sentir utile à quelque chose.
- Tu ne fais pas très Serpentard, lui lança Blaise alors qu’elle se taisait pour laisser le temps à son nouvel élève d’écrire.
- Pourquoi ? C’est mal d’aider les autres ? répliqua Hermione en retour.
- C’est surtout misérable, cracha Crabble.
- Je m’en souviendrai le jour où tu seras sur le point de mourir, rétorqua la jeune femme.
- Alors ça, ce n’est pas près d’arriver, ricana le Serpentard.
Hermione se sentit immédiatement mal, très mal. Elle n’aurait jamais dû dire cela. Elle aurait dû prendre sur elle, tout simplement. Ne laissant rien paraître de son trouble, elle aida le troisième année à achever son devoir.
- C’est bon maintenant, lui lança-t-il quand il eut fini.
La jeune femme se sentit quelque peu offusquée qu’il lui témoigne aussi peu d’égards mais elle lut dans ses yeux qu’il était partagé et que d’une certaine manière, il se sentait en devoir de la remercier sans que jamais sa fierté ne permette à ses mots de franchir sa bouche. Lui retournant un sourire, la Gryffondor de cœur se leva et sortit de la salle commune. Son échange avec Crabble ne cessait de la tourmenter, elle avait besoin de prendre l’air.
Crabble allait mourir. Elle avait beau ne pas l’aimer, ce n’était pas une raison qui faisait qu’elle pouvait se réjouir de sa mort prochaine. Lupin allait mourir ; Tonk allait mourir ; Fred allait mourir. Et Dobby aussi, à moins que ce ne soit déjà le cas, elle ne savait plus. Les dates s’embrouillaient dans sa tête. Tous, ils allaient mourir, et elle ne pouvait rien faire. Mais savoir qu’en ce moment même, ils étaient encore en vie, ça lui brisait le cœur. Elle les abandonnait. Oui, elle allait les abandonner. Comme elle abandonnait Ginny, Neville et Luna dans leur lutte à Poudlard. Finalement, cette mission n’était peut-être pas une si bonne idée que ça.
Hermione leva la tête vers les nuages qui obscurcissaient le ciel. Elle était assise sur les marches devant le château, recroquevillée. De l’air, elle avait besoin d’air, de respirer. Le professeur Slughorn l’avait croisé mais en constatant son air désespéré n’avait fait aucun commentaire. Et voilà que les larmes aux yeux, elle restait là, stupidement, dans le froid de la nuit, à ressasser mille choses. Pitoyable.
- Pitoyable, déclara une voix traînante dans son dos identifiable entre mille.
- Laisse-moi tranquille Draco, chuchota-t-elle.
- Draco hein ? fit-il de son ton narquois habituel.
Hermione ne répondit pas, ne se retourna pas, se contentant de fixer un point loin devant elle, en laissant couler des perles salées sur ses joues. Ils étaient seuls, et elle ne l’avait pas appelé Malfoy. Et voilà, elle venait de lui dévoiler sa faiblesse toute entière. Mais une fois de plus ou de moins, au fond qu’elle importance ?
Elle sentit Draco s’asseoir à côté d’elle.
- Pourquoi tu pleures ? demanda-t-il d’un ton neutre.
- Ils vont mourir, murmura-t-elle.
Elle cilla, voulut reprendre la parole, buta sur ses mots et referma la bouche. Draco à ses côtés ne dit rien, attendant simplement qu’elle continue.
- Je sais qu’ils vont tous mourir, et je ne peux rien faire.
Elle aperçut le visage de Draco du coin de l’œil à travers le rideau humide qui brouillait sa vision. Il devait croire qu’elle parlait d’Harry et Ron. Le jeune homme recueillit une de ses larmes du bout des doigts, la prenant au dépourvu. Cependant elle ne dit rien, ne réagit pas, le regarda faire. Il porta la goutte à ses lèvres où elle disparut. A quoi jouait-il ?
Draco se pencha soudain sur elle, et aspira délicatement les larmes qui ruisselaient le long de la joue droite d’Hermione, effleurant sa peau. Elle hoqueta de surprise, frémit. Le repousser, il fallait qu’elle le repousse. Mais son corps refusait obstinément de bouger.
Il se recula, et la jeune femme releva la mimique de dégoût sur ses traits. Cela eut l’effet d’un poignard enfoncé en plein cœur.
- Désolée de t’apprendre que même si j’ai l’apparence d’une sang-pur, enfin je crois, mon sang reste le même, soit le sang sale d’une sang-de-bourbe, lâcha-t-elle avec rancœur.
- Le plus important c’est la personne qui est dans le corps, évinça Draco.
- Es-tu en train d’admettre que toutes tes théories sur la hiérarchie du sang sont erronées ? demanda-t-elle avec surprise.
- Ne rêve pas trop quand même, ton sang n’équivaudra jamais le mien, lança-t-il avec mépris.
- Je croyais que c’est la personne qui était la plus importante ? coupa Hermione.
Le visage du jeune homme se ferma, ses lèvres y compris. Elle aurait pu continuer sur cette voie, mais elle était lasse, fatiguée, triste, et n’avait aucune envie de se prendre la tête, même si c’était elle qui avait commencé. Elle n’arrivait pas à s’en empêcher.
- Pourquoi as-tu grimacé alors ? demanda-t-elle pour changer de sujet.
- Ta peau est glacée, répondit Draco avec nonchalance.
L’instant d’après, sa cape de sorcier venait rejoindre les épaules d’Hermione, dégageant le parfum du jeune homme qui lui monta vite à la tête.
- Tu vas avoir froid, protesta-t-elle.
- Je suis habitué, contra-t-il, il ne fait jamais bien chaud dans les cachots.
- Rentrons, ce serait trop bête que tu tombes malade, décida Hermione.
- Pff…
- Tu ne pourrais plus jouer au quidditch, insinua la jeune femme en se levant.
- Comme si un petit rhume pouvait m’empêcher de jouer au quidditch. Qu’il ose seulement m’approcher d’un peu trop près, lança-t-il avec mépris en imitant cependant la jeune femme.
Hermione sourit devant le comique de ses paroles. Sa moue, sa manière de froncer les sourcils, le ton de sa voix…
- Pourquoi tu ris ? demanda-t-il, légèrement agacé.
- Je te trouve drôle, répondit sincèrement la jeune femme.
- Drôle ? répéta Draco avec surprise.
Mais déjà Hermione était rentrée dans le château, se mettant à l’abri dans la chaleur du hall d’entrée. Son condisciple l’y rejoignit et ils prirent tous deux la direction de leur salle commune.
La Gryffondor de cœur aurait pu rendre sa cape à Draco, mais elle n’arrivait pas à s’y résoudre. Elle sentait tellement bon… De manière inexpliquée, ça lui faisait du bien de l’avoir sur les épaules. Elle dut cependant s’en séparer à regret au moment où ils franchissaient le seuil de la salle. Cette dernière était presque déserte. Il faut dire qu’ils avaient cours le lendemain, et que la nuit était déjà bien avancée.
Juste avant qu’elle ne s’éclipse Draco la rattrapa par le poignet et inspecta le côté gauche de son visage.
- Qu’est-ce que tu regardes ? s’inquiéta Hermione.
- Rien, répondit le jeune homme avec négligence en la relâchant. Je constatais juste que la seconde moitié de tes larmes n’avait pas eu besoin de moi pour disparaître.
A court de mots, la rouge et or se détourna pour cacher le rose qui lui montait aux joues et rejoignit en hâte son dortoir.