Je vous souhaite à tous une agréable lecture ! Le prochain chapitre est pour (très) bientôt :)
Hermione faillit se lever mais préféra rester assise. Si ses jambes la lâchaient, mieux valait que cela passe inaperçu.
- Excusez-moi professeur, c’est juste que je postule également pour cette mission, exposa-t-elle.
- La Belle au Bois Dormant qui se réveille cent ans après, qui apprend le problème en l’espace de cinq minutes et devient aussitôt l’élément principal et clef de la mission, railla Miss Kwap. Allons professeur McGonagall, soyons sérieux.
- Pardon, fit Hermione en effectuant un demi-tour sur elle-même pour faire face à sa rivale. Tu disais que l’opération te tenait à cœur ? Moi c’est Poudlard qui me tient à cœur. Parmi les esprits que Voldemort va absorber, j’ai des amis, des amis que je considérais comme ma famille. Des gens avec qui j’ai combattu Voldemort l’an dernier lors de la bataille de Poudlard. Des gens avec qui j’ai passé des années merveilleuses lors de ma scolarité. Des gens que j’aimais.
- Professeur, reprit-elle en tournant le dos à Kwap, j’ai vécu 6 ans à Poudlard, je connais tous ses couloirs, ses recoins, ses passages secrets. Certes j’apparaîtrai comme une nouvelle élève qui n’est pas censée les connaître, mais c’est justement ce qui me fait un avantage, car il me sera plus facile d’injecter la potion sans éveiller les soupçons, connaissant déjà les lieux. Je n’ai certes pas participé aux recherches sur la maladie du sang, mais vous savez tous ici que si je n’avais pas été victime d’un avada kedavra lors de la guerre sanglante qui a eu lieu à Poudlard, j’aurai été parmi les premières à se plonger dans les recherches pour sauver l’école.
- N’oublions pas, renchérit Harry en se levant pour appuyer son amie, que suite à cette guerre Hermione a perdu 13 mois de sa vie dans le coma, et qu’une fois la mission achevée il faudra patienter encore patienter environ un an et demi avant de pouvoir reprendre une vie normale. Hermione pourra mettre ce temps à profit pour récupérer celui qu’elle a perdu.
- Miss Granger n’est même pas remise complètement de son coma, c’est juste ridicule ! s’exclama Miss Kwap.
- Granger est sans doute bien mieux placée que toi pour cette mission, intervint la voix traînante de Malfoy en se retournant vers son interlocutrice.
Hermione se retourna et contempla le dos du jeune homme avec hébétude. Il ne venait quand même pas réellement de prendre sa défense, si ?
- Et peut-on savoir ce qui vous fait dire cela, Mr Malfoy ? interrogea le professeur McGonagall.
- Un avis personnel, c’est tout, se contenta de répondre le jeune homme. De toute manière, tout s’est déjà passé.
Il adressa un regard brûlant à Hermione qui détourna la tête et reporta son attention sur McGonagall. Malfoy avait raison, tout était déjà écrit. Mais il lui sembla qu’en disant ces mots, l’ancien Serpentard voulait lui faire passer un message. Ne souhaitant pas se poser des questions à ce sujet, Hermione chassa l’intervention du jeune homme de sa tête.
- Bien, je pense qu’il est temps de prendre une décision, clama le professeur McGonagall. Que ceux qui sont pour Miss Kwap se manifestent.
Ron et Harry se retournèrent aussitôt pour voir les mains se lever, mais Hermione s’obstina à ne pas regarder.
- Que ceux qui sont pour Miss Granger se manifestent, reprit la directrice.
Ron donna un discret coup de coude à sa voisine pour qu’elle regarde les voix en sa faveur. A l’air jubilatoire sur son visage, elle comprit qu’une majorité était pour elle. Et en effet, ses exploits aux côtés d’Harry et Ron n’étaient pas passés aux oubliettes.
- Bien, à la majorité de l’assemblée, Miss Granger est désignée pour la mission.
La séance fut levée sur le visage rouge de colère de Kwap. Hermione sourit. Après tout, c’était écrit.
Hermione tendit docilement son bras au médicomage qui devait lui administrer l’injection de polynectar. Elle ne frémit même pas quand il planta l’aiguille dans sa peau. Après tout, les instruments de dentiste de ses parents étaient autrement plus effrayants. La jeune femme laissa retomber sa manche quand la piqûre fut finie et se tourna vers ses amis qui l’observaient avec inquiétude.
- Tu es sûre que tu veux y aller ? redemanda une énième fois Ron.
Hermione soupira mais ne prit pas la peine de lui répondre. Harry lui tendit une petite fiole. Une valisette contenant une dizaine de potions semblables était enfouie quelque part dans la grosse valise qu’elle allait emmener avec elle dans le passé. Elle la déboucha, en but une petite gorgée et referma le flacon. Une horrible nausée monta en elle, comme la première fois qu’elle avait bu la potion. Les médecins avaient peut-être essayé d’en adoucir le goût, mais cela restait infect. Au moins ne risquait-elle pas d’aller vomir dans les toilettes cette fois-ci. Aussitôt des convulsions la prirent ; son corps se modifia.
Les cheveux emmêlés d’Hermione firent place à une superbe chevelure d’un blond doré qui lui tombait jusqu’au bas du dos, ses yeux prirent une forme en amande, ses pupilles se décolorèrent pour laisser place à un bleu presque gris qui restait cependant brillant, son nez s’allongea légèrement, ses lèvres s’amincirent, ses oreilles rétrécirent, elle grandit un petit peu.
- Wahou Hermione ! s’exclama Ron qui semblait estomaqué.
La jeune femme brandit sa baguette et d’un mouvement expert du poignet fit léviter jusqu’à elle un petit miroir. Ses sourcils étaient fins, ses cils longs, ses pommettes saillantes. Elle trouvait très bizarre de se voir ainsi. En ouvrant la bouche, elle constata que ses dents, bien que d’un blanc superbe, n’étaient pas de celui éclatant comme auparavant. Mais bon, la jeune femme qui lui avait prêté son apparence n’avait pas des parents dentistes.
- Miss Granger, appela le professeur McGonagall. Voici une lettre pour le professeur Rogue. Nous avons bien réfléchir à que lui dire, et sur les indications de Mr Potter, avons décidé que nous lui dirions la vérité sur votre identité.
- Bien professeur, acquiesça l’ancienne Gryffondor.
- Il vous traitera sans aucun doute comme une Serpentarde, j’ai bien souligné ce point dans ma lettre, ajouta la directrice. Je compte aussi sur vous pour jouer la comédie, et ne pas vous faire démasquer par vos camarades.
Hermione opina derechef, mais sentit un regard brûlant sur sa nuque. Quand elle se retourna, elle ne sut dire s’il provenait de Draco et Pansy, tous deux en conversation non loin de là.
- Bonne chance, Miss Granger, conclut la directrice de Poudlard.
Hermione étreignit ses amis une dernière fois.
- A dans cinq minutes, sourit Ron.
Il se prit un violent coup de coude de la part de sa sœur. Les cinq minutes pour eux allaient durer deux ans entiers du point de vue de sa petite-amie. Pour se rattraper, le rouquin l’enlaça une nouvelle fois et déposa un baiser sur ses lèvres. Hermione ne put s’empêcher de lui répondre avec passion, s’agrippant à ses bras, ne voulant plus quitter l’étreinte chaleureuse de son petit-ami. A contrecœur, elle s’éloigna de lui et marcha jusqu’à un immense sablier. Un Auror la prit sur son balai et s’éleva dans les airs jusqu’au sommet de l’édifice. Une trappe s’ouvrit dans le bois, il l’y lâcha précautionneusement avec sa grosse valise avant de refermer l’ouverture et d’aller se poser.
Hermione se laissa tomber mais le sable qui ne s’était pas encore écouler amortit sa chute. Elle se releva et s’approcha du verre. De l’autre côté, en contrebas, ses amis lui adressaient de grands signes d’encouragements. Parmi la foule, elle repéra le visage fermé de Malfoy qui la regardait pensivement. A son retour, il faudra qu’elle mette les choses au clair avec lui. La jeune femme tapota la valise à côté d’elle. Au milieu des vêtements et manuels scolaires se trouvait le petit coffret avec les injections quotidiennes à faire au château. Le processus était simple, il suffisait de faire pénétrer le liquide entre les pierres, et jamais deux fois au même endroit.
Soudain, un groupe d’Aurors brandirent leurs baguettes et commencèrent, par un sort, à faire se retourner le sablier. Hermione sentit qu’elle perdait l’équilibre. L’objet eut tôt fait d’accomplir une rotation complète et une marée de sable se précipita sur elle. La jeune femme ferma les yeux, le courant la plaquant contre le bois qui formait désormais le bas du sablier. Elle ne pouvait plus respirer, la main crispée sur sa valise. Le sable lui piquait les paupières, s’incrustait dans ses cheveux, pénétrait ses vêtements, ses lèvres, son nez. Elle suffoquait.
Un vent frais vint lui caresser le visage. Hermione ne sentait plus le sable. De sa main libre, elle caressa l’espace autour d’elle. De l’herbe. La jeune femme ouvrit les yeux. Quelques nuages flottaient dans le ciel, semblant l’accueillir. Elle se redressa et regarda autour d’elle. Tout était calme et se dessinait près d’elle les murs de Poudlard. A quelques pas de l’endroit où elle se trouvait, la surface du lac scintillait. De l’autre côté, les grilles étaient ouvertes et aucune goutte de sang n’apparaissait à l’horizon. Elle avait réussi à remonter dans le passé.