Le tableau se trouve en intégral sur ce site: www.arnaudgriselin.com/.../index_portraits.htm, sous le nom de "Jeune fille à la fleur"
J'ai pris comme sujet ce qu'il adviendra bien plus tard des personnages de ma fic longue et de leur progéniture. Pour ce qui ne la connaissent pas, il n'est pas un secret que Kécile Gaunt, fille de Voldemort, épousera un jour Harry. J'ai pris quelques libertés avec la descendance annoncée par Rowling.
Voici ce qui apparaîtra sous ce tableau dès que le peintre aura achevé l'encadrement. Il ira rejoindre celui de mon frère qui trône dans le salon depuis six ans, et s'ajoutera ainsi à la longue lignée de portraits des Malefoy qui perpétuent dignement la noble tradition Serpentard.
Je sens ce que Scorpius appelle parfois mon "sourire de peste" fleurir au coin de ma lèvre.
"Dignement", c'est peut-être vite dit...
Je détourne le regard de mon image vers celle de mon frère.
Scorpius a tout, ou presque, hérité de Papa. En digne Serpentard, il pose avec une robe de cérémonie vert émeraude, l'air un peu hautain, incontestablement fier de lui et de ses 9 aspics. L'image de mon cher frère me jette un regard peu amène et je pouffe en me retournant vers mon propre portrait. A côté, je fais figure de provocation!
Papa espérait vraiment que je plaisantais lorsque j'ai décidé de porter ma tenue de soirée rouge pour poser.
- Mais enfin, Papa! Qu'y puis-je si le rouge me sied mieux que le vert?
Mon sourire angélique n'a pas eu l'air de le convaincre le moins du monde. Comme c'est étonnant! Probablement que le fait qu'il ait vu maman me faire un clin d'oeil à ce moment là n'a pas aidé...
Je ressemble à Maman et encore plus à ma tante Daphnée. Physiquement parlant, du moins. Estéban aime à dire pour me faire rager que chez moi, les gènes Malefoy ont été étouffés par les gènes Black de ma grand tante Bellatrix. Une fois, en entendant son "neveu" dire ça, Potter m'a regardé et a marmonné: "Heureusement non!"
Ouf! Merci Monsieur le Survivant, si vous le contredisez, mon honneur est lavé! On parle souvent de cette charmante bonne femme dans ma famille, et je me passerais volontiers de la comparaison...
Pour l'instant, mon portrait est inanimé. Le peintre va sans doute se charger de lui donner vie dès qu'il aura posé le cadre. Je me demande ce que cela fait d'avoir une image de soi qui puisse parler indépendamment de l'original...Est-ce que c'est amusant, agaçant, ou déroutant? Jusqu'à quel point l'esprit du tableau est-il indépendant? En fait, la grande question, c'est est-ce que je vais avoir un perroquet ou une voix schizophrène? Voilà qui serait plutôt effrayant. Je regarde maintenant mon sourire figé avec circonspection: qu'est-ce que je me réserve? Curieuse question!
- Cassiopée, tu es prête?
Mon frère entre dans la pièce. Il regarde ma tenue un brin narquois:
- J'imagine que tu n'as pas l'intention de changer de robe?
- Je suis censée être vêtue comme sur mon tableau, n'est-ce-pas? Je pensais en revanche que toi au moins, tu ferais honneur à Serpentard, dis-je en inspectant sa tenue bleu profond. Je suppose que les beaux yeux de Mélusine ont finalement plus d'importance...
Scorpius hausse les épaules, mais je ne suis pas dupe. Mon frère quitte le salon sans répliquer, et je surprends une moue ennuyée sur le portrait accroché au mur qui le représente. Cela peut signifier beaucoup de choses... Il faudra que je l'interroge un jour. C'est bien connu, les portraits sont toujours au fait des derniers potins. En réalité ce sont de vrais petits espions dont personne ne se méfit et qui doivent savoir une foule de choses. Voilà qui ouvre des perspectives intéressantes.
- Cassiopée!
Ma mère m'appelle depuis l'étage.
- Les invités vont bientôt arriver, monte donc!
J'obéis, et tandis que je grimpe l'escalier, je vois le peintre qui revient en faisant léviter un cadre de bois sculpté vers le salon que je viens de quitter. La prochaine fois que je verrais mon portait, ce ne sera plus une simple image, mais peut-être un peu un miroir. De son vivant, mes ancêtres n'ont-ils quand même jamais trouvé l'idée quelque peu effrayante?
Les Malfoys font toujours les choses en grand, c'est bien connu.
Mon inauguration n'échappe pas à la règle, et la salle de réception est pleine de beau monde. Je vois défiler devant moi les plus illustres inconnus parmi lesquels sans aucun doute des officiels du ministère, et noyés au milieu d'eux quelques visages familiers qui m'observent avec les expressions les plus diverses.
Il y a d'abord, bien sûr, Estéban Rogue et Séverine Potter, qui viennent m'inspecter avec mon modèle. Ces deux-là ont passés leurs aspics en même temps et dans la même maison que... comment devrais-je dire?... Moi! Enfin, vous avez compris.
Séverine est la première à s'exprimer.
- Oui, bon, ben, c'est toi, quoi... Tu aurais juste dû afficher "Cassiopée Malfoy, Serpentard, 2024", parce que ça n'est pas évident...
- Je n'en reviens toujours pas ton père t'ait laissé poser comme ça! Attends de voir la tête de Papa! s'exclame Estéban.
Le ci-dessus cité "Papa" , directeur de Serpentard, arrive justement, égal à lui-même, le visage austère et fermé. Ses enfants ont beau assurer qu'il n'est pas un homme froid dans l'intimité de la famille, je ne parviens pas à me l'imaginer autrement qu'avec ce masque intimidant... Quoique ne vous y trompez pas, il n'a jamais réussi à intimider mon original!
Pour l'heure, il me fixe un sourcils haussé sans que je puisse vous dire ce qui lui passe à l'esprit, puis tourne un regard narquois vers... moi, Cassiopée... l'autre, quoi!
- Bonjour, Miss Malfoy.
- Bonjour professeur Rogue.
- Toutes mes félicitations pour vos aspics. Sept, c'est un résultat honorable.
- Merci, professeur.
- J'ignorais cependant que vous aviez changé de maison en cours de route...
- Pas le moins du monde, professeur. Une simple question d'esthétique.
- Vraiment? Il vous manque ceci alors...
Il tira sa baguette et la tourne d'un geste négligent vers mon modèle. Celle-ci se retrouve affublée d'un chapeau rouge à pompon de dentelle blanche parfaitement assorti à sa robe. Sous les éclats de rire d'un bon nombre de personnes, le professeur Rogue déclare alors:
- Je vous ferais tout de même remarqué que vous êtes en avance de six mois. Enfin, votre portrait sera de circonstance une fois l'an, pour Noël!
Je ne peux pas rougir de colère ou de honte, mais mon incarnation en chair et en os, elle, ne s'en prive pas, et tente d'arracher de sa tête le ridicule bonnet qui reste solidement fixé.
Severus Rogue tourne alors son regard vers moi, baguette levée. Je le fixe sans ciller. Qu'il ose me faire la même chose et je... je.... oui, bon d'accord, je ne suis pas en mesure de faire grand chose. Peut-être vaudrait-il mieux que je m'éclipse avant qu'il ne me coiffe moi aussi d'un ridicule couvre-chef.
Je suis cependant sauvée de cette honte.
- Papa! Tu exagères; enlève lui ça!
Mademoiselle Cérianthe Rogue, Gryffondor de son état, au grand désespoir de son père, accompagnée de sa soeur jumelle Mélusine ( Scorpius ne va pas tarder à rappliquer...)et de son premier petit frère Adrian, sont venus me voir eux aussi. Si Estéban ne cache pas son fou rire, (vous parlez d'un ami!) sa soeur, elle au moins, en digne Gryffondor, se mord les lèvres pour ne pas rire et tente de défendre mon original qui se démène toujours pour ôter ce ridicule bonnet.
- Tu n'as pas honte de lui faire ça le jour de sa réception? Ah, oui, j'oubliais! fait Cérianthe avec un air faussement dramatique, les serpentards n'ont honte de rien.
- En tout cas certainement pas d'une petite vengeance sans conséquence, répond placidement Séverine qui a horreur qu'on lui reproche d'être de cette maison. ( En même temps, après avoir vu son fils aimé Cyrian être envoyé à Serpentard, Monsieur Harry Potter a moyennement apprécié de voir sa deuxième fille suivre le même chemin!)
- Toi et Estéban n'êtes-vous pas censée être ses amis? intervient Mélusine. Pourquoi ne la défendez-vous pas?
- Apparemment, la définition d'amis chez les Serpentard n'est pas la même qu'ailleurs... sussure Cérianthe.
- Bon, ça va, déclare Estéban agacé que sa soeur s'acharne sur sa maison. Cassiopée ne va pas en mourir, et toi aussi, tu te retiens de rire, que je sache.
J'allais alors assister à la plus étrange scène que Cassiopée, la vraie, ait jamais vu, et l'une des plus étranges qu'en tant que portrait je verrai dans ma longue vie: Severus Rogue se faire amadouer par ses enfants.
- S'il-te-plaît, Papa, enlèves lui ça, demande Estéban qui a repris son ton sérieux.
Comme son père ne réagit pas, il insiste:
- Papa, ça n'est plus drôle!
- Je n'ai certainement pas cherché à être drôle.
- Ça serait à marquer dans les annales, marmonne mon modèle.
- Papa! insiste Cérianthe.
- Tu n'as qu'à le lui enlever toi-même.
- Comme si je le pouvais. On te connais! S'il-te-plaît, Papa, sois chic, pour une fois. Tu ne voudrais tout de même pas gâcher la réception d'une de tes élèves, et encore moins d'une Malfoy, simplement parce qu'elle n'a pas respecté un code de couleur, non?!
- Ce serait assez puéril... remarque l'air de rien Adrian.
Severus Rogue cille. Ils viennent de toucher un point.
- En plus, intervient Mélusine, Narcissa et Astoria t'en voudraient.
- Tu ne cites pas Drago... lui fait remarquer son père avec un sourire en coin.
- Parce que je n'en sais rien.
- L'esprit d'un serpentard est insondable! se moque Cérianthe.
Mélusine lui fait les gros yeux avant de continuer.
- J'imagine qu'il ne serait pas contre une petite vengeance. Mais elle a assez duré, vraiment, Papa.
Et Mélusine vient, sous nos yeux sidérés (entendez sous les yeux de Cassiopée) câliner l'austère professeur qui commence à craquer. OK, Estéban a raison au sujet de Mélusine, il y a du favoritisme... Cérianthe peut toujours courir pour arriver à faire céder son père par ce biais là. Quoique la Gryffondor a trouvé un autre moyen, pas forcément digne de sa maison, soit dit en passant.
- Enlève lui ça, dit-elle en souriant, sure de sa victoire, sinon, je vais chercher Maman pour qu'elle s'en charge!
Ah, bon, Mme Rogue m'a fait l'honneur de venir?
En tout cas, la menace fait mouche tout autant que le câlin de l'autre jumelle, car le directeur de serpentard cède contre cette coalition. Qui l'eut cru? Severus Rogue mis en déroute par ses deux filles et sa femme. J'affiche maintenant un sourire ironique, à l'instar de la véritable Cassiopée.
Les enfants Rogue et Séverine s'éloignent alors que le professeur murmure de manière parfaitement distincte au visage impertinent:
- Vous avez tout intérêt à garder cela pour vous, Miss Malfoy, ou votre chapeau pourrait se transformer en une chose bien pire.
Elle hausse les épaules, tandis que je ricane.
- Et faîtes taire votre portrait si vous ne voulez pas qu'il subisse une retouche.
Mon sourire se fane, tandis qu'il s'éloigne. Quel sale caractère, ce bonhomme! Et le pire, c'est qu'il est capable de mettre sa menace à exécution! Je n'aurais pas cru que la vie de portrait pu être aussi dangereuse.
Alors que mon modèle se noie parmi les invités, je me murmure à moi-même:
- Première leçon, la meilleure façon d'espionner, c'est de faire celle qui n'a rien vu, ne voir rien, et n'entend rien.
Je comprends maintenant pourquoi les portraits passent autant de temps à dormir...
Les invités sont maintenant tous agglutinés autour du buffet. Scorpius fait sa cour à Mélusine qui semble passablement ennuyée, mais est trop polie pour l'envoyer promener. Un groupe d'officiels est rassemblé autour de Percy Weasley qui parle à grand renfort de bras. Je n'aperçois aucun autre membre de sa famille. Pas même Rose et Hugo. Je peux toujours courir pour que leur père Ron Weasley mette un pied dans l'enceinte du domaine Malfoy, mais Hugo et Rose au moins, avec leur mère, étaient venus pour l'inauguration du portrait de Scorpius. Rose aime bien Scorpius... J'ai cru un temps que c'était réciproque, mais de toute évidence, je me suis trompée.
Le chef de la famille Malfoy est en train de parler avec des gens que je ne connais pas... et que je ne veux pas connaître. Maman et tante Daphnée sont en train de discuter avec le professeur Rogue et sa femme.
Toute seule, rêvassant, ou peut-être inspectant la sculpture de Phylidrius que Maman a déniché il y a six mois dans une foire à tout moldu (et qui soit dit en passant, est une véritable horreur... rien à voir comparée à moi!) il y a Mrs Londubat. Je suppose que c'est Maman qui l'a invitée.
Tiens, apparemment, Cérianthe s'est immiscée dans le couple Scorpius-Mélusine, et il y a de l'eau dans le gaz. La Gryffondor finit par embarquer sa soeur sans ménagement tandis que l'autre Cassiopée vient voir mon, son... notre frère. Et elle l'entraîne, sans nul doute par mégarde, à portée de mes oreilles.
- Mélusine, pourquoi tu ne lui dis tout simplement pas "non"?!
- Je ne peux pas, Cérianthe. Scorpius est très courtois et il ne me dit rien d'aussi direct.
- Arrête! Ça se voit comme le nez au milieu de la figure que tu l'intéresses!
- Je ne crois pas...
- Comment ça tu ne crois pas?! Il te faut à tout prix une déclaration en règle pour que tu comprennes? C'est à ce moment-là que tu l'éconduiras?
- Je ne crois pas qu'il se déclarera. Parce qu'il ne m'aime pas vraiment. Je me demande même jusqu'à quel point ce n'est pas son père qui le pousse.
Un portrait est vraiment amené à entendre tout et n'importe quoi...
- Tu veux rire! Je sais bien que Drago aimerait bien redorer son blason avec notre famille, mais je ne crois pas que Scorpius partage ce type de motivation.
- Je ne le crois pas non plus, mais il n'osera jamais dire en face à son père qu'il aime une Weasley. Laquelle n'est d'ailleurs même pas au courant...
Ah... tiens! Je me disais bien aussi.
- Une Weasley? s'exclame Cérianthe, visiblement davantage surprise que moi. Qui?!
- Réfléchis.
- Et bien... Je veux bien que Juliette Weasley est à serpentard, mais elle est un peu jeune à mon avis...
Au mien aussi. Et dans le genre "Serpentard hybride" comme dit mon frère, elle est pas mal, Juliette! Elle garde malgré tout le lourd héritage Gryffondor de sa famille...
- Scorpius n'est pas forcément intéressé par une Serpentard, Cérianthe! On a dépassé ce clivage.
- Ne m'annonce pas que c'est Coralie, parce que clivage dépassé ou non, ils ne peuvent pas se voir ces deux-là, j'en sais quelque chose!
- Non, bien sûr.
- Donc, c'est Rose, conclut Cérianthe. Après Maman et Astoria Greengrass, voilà une nouvelle Serdaigle prête à se sacrifier pour sauver un serpentard! Ouf, me voilà rassurée, ce n'est pas encore aujourd'hui qu'on verra un Malfoy avec un produit de Gryffondor...
Mélusine lève les yeux au ciel.
- Et Rose, vous en avez parlez, elle est intéressée? poursuit Cérianthe.
- Assez. Mais elle ne se doute de rien. Elle pense que c'est moi que...
- Et bien qu'est-ce que tu attends pour mettre les choses au clair avec Scorpius?
- Ce n'est pas aussi simple. Et puis, entre Ron Weasley et Drago Malfoy...
Mélusine ne finit pas sa phrase. Mais je vois ce qu'elle veux dire. Le terme qui conviendrait serait à mon avis "explosif". Mais Cérianthe n'est pas de cet avis.
- Ecoute, si Papa et Harry ont fini par se supporter, ces deux là y parviendront aussi.
- Entre Harry et Papa, comme tu le rappelles souvent, il y a Maman et Kécile.
- Et bien entre eux il y aura Astoria et Hermione. Et si Drago Malfoy veut à tout prix une union avec notre famille, qu'il patiente un peu. Ça va pas tarder entre Estéban et Cassiopée.
- C'est vrai que ces deux-là se tournent autour depuis un certain temps déjà...
Hep! Non mais! Eh! Ça va bien de dire des choses pareilles?! A portée des oreilles indiscrètes! La preuve, j'ai entendu. Non, puis imaginez que ce genre de propos parviennent aux oreilles de Severus Rogue?! Cassiopée a beau avoir terminé sa scolarité à Poudlard, elle tient encore à la vie. Je n'ai pas envie de me retrouver tout de suite portrait mortuaire, merci bien!
Les deux vilaines commères ont rejoint leurs frères. Elles ont intérêt à tenir leurs langues auprès d'Estéban. Car autrement, la vraie Cassiopée ne va pas être contente du tout. Quoique... N'ont-elles pas laissé sous-entendre qu'Estéban est intéressé, lui aussi?
Pendant que je me torture les méninges (vous croyez que je vais abîmer la peinture?) pour me décider si j'en parle à mon modèle ou non, deux hommes se sont isolés de la foule des invités, et se sont rapprochés de moi, les imprudents! L'un d'eux est journaliste à la gazette, je le reconnais, il est souvent venu enquiquiner la famille ces derniers temps, avec le scandale de Cyrian Potter. Et leur discussion, bien que d'un tout autre genre, est tout aussi intéressante que celle des deux soeurs Rogue :
- Le soucis c'est qu'Amelia Bones veille au grain. Est en train de remarquer le journaliste.
- Oh! Ecoute, ça ne doit pas être complètement impossible, fait l'autre. Tu ne me ferras pas croire qu'il est tout blanc non plus. Il a forcément plus ou moins trempé dans les affaires de son père. Il a simplement été plus intelligent que son père en prenant les appuis là où il fallait.
- Lucius ne manquait pas d'appuis.
Ah! Ils parlent donc de Drago Malfoy. Ecoutons...
- Pas ces dernières années. Schaklebolt tenait Lucius à l'oeil, il avait trop trempé avec le ministère de Fudge et consort. Et Weasley m'a dit que Schaklebolt n'a jamais cru à son enrôlement forcé auprès de Tu-Sais-Qui. Si Lucius faisait un truc répréhensible, c'était sûr qu'il se faisait chopper.
- Drago Malfoy a des appuis auprès de Potter. Il est intouchable, rétorque le journaliste.
- Pas temps que ça. Potter et Malfoy évitent de travailler ensemble, il est de notoriété publique chez les aurors qu'ils ne s'apprécient pas beaucoup.
- Ils s'appréciaient suffisamment pour que le Cyrian Potter soit tout le temps fourré avec Lucius Malfoy. On dit qu'il a eu énormément d'influence auprès du fils Potter et que c'est à cause de lui qu'il a revendiqué l'héritage de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.
- C'est la femme de Potter qui aime bien Drago Malfoy. Mais avec ce qui vient de se passer leur amitié doit avoir subi un sacré choc. Tu remarques d'ailleurs que Kécile Potter n'est pas là aujourd'hui. Malfoy a intérêt à inviter des officiels, parce que son image en a pris un coup. Il faut qu'on en profite. C'est le moment de ressortir les anciens scandales et les pots-de-vins cachés. Dans un secteur comme l'international, il y toujours plein de petites combines.
- En tant qu'auror, tu as accès aux archives de la justice?
- A toutes les archives que je veux.
- Et tu pourrais perquisitionner ici?
- Là, je ne te suis pas, fait le ci-dessus nommé auror. Ça a déjà été fait.
- Oui, sauf que je te rappelle que Potter était le chef d'équipe. La plupart des journalistes pensaient que c'étaient une garantie. Je crois l'inverse.
- Ça m'est difficile de passer derrière Potter, ce serait pas très bien vu... Il faut que l'ordre vienne du chef et il ne me le donnera pas.
- Sauf si les journaux jettent le discrédit sur cette perquisition. Il suffit d'annoncer que Potter et Malfoy étaient de connivence.
- Personne ne le croira!
- Laisse-moi... un mois, et la gazette te le prouvera.
- Si tu y parviens, tu ouvres une voix royale, mon vieux. Imagine tout ce qui pourrait en découler... ça pourrait remonter jusqu'à Shacklebolt!
Et les deux compères en disant ça ont les yeux qui brillent. Les sagouins... Le pire, c'est qu'ils sont fichus de trouver des choses. Potter avait bel et bien prévenu Drago (cela fait trop bizarre de dire "Papa"...) de cette perquisition, qui s'est alors débarrassé d'un bon nombre d'objets appartenant à Lucius. Sur ce coup-là, Potter a été chic (bon, d'accord, je crois que Kécile a fait pression derrière.) parce que notre famille a eu chaud quand le scandale a éclaté. D'une certaine manière, encore plus que la famille Potter elle-même. Et le danger n'est de toute évidence pas encore écarté. Il va falloir que je prévienne Cassiopée... enfin, la vraie.
Ou alors, je préviens directement le chef de famille.
Alors que le deux complices se glissent à nouveau dans la foule, j'inspecte les convives. Je vois Mrs Londubat se joindre au groupe qui discute avec Maman. Rogue fronce les sourcils et lui jette un regard peu amène. A voir sa tête dans la minute qui suit, j'entends d'ici la jeune femme s'enquérir du sujet et l'étayer d'une de ses théories farfelues. Rogue lève les yeux au ciel et malgré le chuchotement de sa femme à son oreille, il quitte le groupe et laisse les dames entre elles. Je le vois se diriger vers Drago qui l'a probablement aperçu car il s'éclipse poliment du groupe avec lequel il discutait. Il se passe un certain temps avant qu'ils ne s'approchent suffisamment pour que je puisse entendre leur conversation. A un moment, je crois que Rogue raconte la mauvaise plaisanterie qu'il a faite à mon modèle car je vois Drago regarder la vraie Cassiopée avec un sourire satisfait un peu mesquin. C'est bon, tu l'as eu ta vengeance!
Lorsque je peux enfin comprendre leurs propos, cependant, le sujet est très sérieux.
- J'espérais que Kécile au moins nous accompagnerait, est entrain de dire Rogue, mais elle a encore du mal à affronter le regard des gens. Elle m'a chargé de te dire que son absence n'est absolument pas contre toi.
- Ils jasent, fait Drago avec un mouvement de menton vers les invités. Tous. Sur l'absence de Potter, principalement.
- Tu n'escomptais tout de même pas que Harry viendrait!
- Non, bien sûr que non.
Drago soupire.
- Ecoute, je sais bien qu'il m'évite ces derniers temps, et je le comprends. Mais s'il-te-plaît Severus, dis lui que je suis vraiment, vraiment désolé. Je sais bien que c'est inutile, mais... Je ne pensais pas que Lucius retomberait dans ses folies du Seigneur des Ténèbres. Je pensais que la dernière guerre lui avait servi de leçons, tout comme à moi. Mais j'aurais dû surveiller Cyrian, j'aurais dû me rendre compte qu'il passait bien trop de temps avec mon père, je...
- Drago, l'interrompt Rogue. Nous aurions tous dû nous rendre compte que Cyrian dérapait. Nous aurions dû nous rendre compte que son caractère le portait à suivre les traces du Seigneur des Ténèbres. A commencer par Kécile et moi-même. Alors, c'est inutile de te fustiger.
- Quand même... Toute cette histoire, c'est malgré tout la faute de mon père. Et ça retombe sur eux... Et comment va Kécile? Elle remonte la pente depuis le procès?
- Difficilement. D'autant que Harry a du mal à la soutenir. C'est difficile pour lui aussi.
- J'imagine... Si tu savais ce qu'on entend dans les couloirs du ministère. Je le comprendrais s'il annonçait qu'il quitte son poste, c'est tout juste si on ne l'insulte pas sur son passage.
- Tu le connais. C'est un foutu Gryffondor, il en faut davantage pour lui faire baisser la tête!
Comment cela se passe-t-il pour toi, au ministère?
Drago hausse les épaules.
- On reproche bien plus aux gens les erreurs et les crimes de leurs enfants que de leurs parents. Ce n'est rien d'insupportable. Maintenant que Cyrian et Lucius sont Azkaban, les journaux se sont lassés du sujet... ça se tasse. Ma position est hors de danger.
Ça, c'est ce que tu crois, cher Papa. Ils y en a qui n'ont pas renoncé à te faire dégringoler de ton haut poste au ministère...
La journée s'est terminée. Je me suis bien amusée, en dépit de l'obligation de parader un peu.
- Mais tu aimes parader, Cassiopée, surtout avec ta magnifique robe rouge.
- Oh! Toi, tais-toi, tu vas pas commencer, dis-je à mon portrait. Et puis tu peux parler! Ce n'est pas moi qui me suis exposée au regard avec cet air royal.
- Ah bon? Alors qui est-ce? me rétorque le tableau avec "mon" sourire en coin.
- Très drôle...
- Que cela te plaise ou non, ma chère Cassiopée, je te représente. Toi, dans ton entier avec ton fichu caractère.
Je pousse un profond soupir, au moment où Maman vient m'embrasser.
- Maman, dis-je en gémissant, ce portrait commence déjà à me taper sur les nerfs.
Elle sourit, mais tout ce qu'elle trouve à me répondre, c'est:
- Amène le dans la salle à manger.
Pendant que je fais léviter le tableau, celui-ci continue à jacasser. Ma parole, je suis donc une vraie pipelette!
- Tu sais, j'ai entendu beaucoup de choses très intéressantes. A commencer à ton sujet... Mélusine et Cérianthe discutaient de Scorpius... Tiens, d'ailleurs tu es au courant qu'en fait, Scorpius ne serait pas amoureux de Mélusine mais de Rose? Tu t'étais déjà posé la question n'est-ce-pas? Et en parlant de Scorpius, il va peut-être recevoir une promotion, j'ai entendu Percy Weasley en discuter avec un responsable du département de la justice, enfin bon, bref... Ah! et en parlant du ministère, j'ai des choses à dire à ton père... Si tu savais ce qu'il se passe! C'est scandaleux. Enfin, oui, donc, j'étais en train de te dire... Cérianthe et Mélusine parlaient de ton frère, et de là, elles en sont venues à parler de toi et Estéban.
Je réagis enfin.
- Comment ça?
- Je ne sais pas si c'est vraiment sérieux entre vous. En tout cas, pour moi aux dernières nouvelles c'était plutôt "on verra bien", mais j'ai peut-être loupé un épisode. Toujours est-il que les jumelles pensent que ça pourraient devenir sérieux. Alors je ne sais pas si elles vont en parler à Estéban, mais....
- Et qu'est-ce que tu leur as dit?
- Moi?! Mais rien du tout!
- J'espère bien, parce qu'il est hors de question qu'Estéban soit au courant.
- Et tu comptes faire avancer le Schmilblick comment, dans ce cas?
- Il n'est pas intéressé.
- Ça n'est pas l'avis de ses soeurs. Je peux toujours me renseigner, tu sais, il y a moyen de...
- Tu te tais, et tu tiens tranquille!
Je commence à m'énerver. C'est quoi ce petit démon qui vient se mêler de mes affaires?! Bon, d'accord, c'est un peu les siennes aussi, mais zut à la fin, maintenant, son passé est fixé, il ne bougera plus, et elle n'a pas d'avenir. Alors qu'elle me laisse me débrouiller avec mon futur!
Je fixe d'un coup de baguette un peu brusque mon portrait sur le mur de la salle à manger, à côté de celui de Scorpius. Papa, Maman et mon frère sont là pour assister à "l'évènement".
- Cela me fait tout drôle, dit Maman. Un portrait de plus.
- Et oui, répond Scorpius en prenant Maman dans ses bras, tes enfants ont grandi.
- A qui le dis-tu! La plus jeune quitte Poudlard tandis que l'autre s'apprête à convoler.
- Qu'est-ce que tu dis, Maman?!
- Ne fais pas l'ignorant, Scorpius, rétorque Maman avec un sourire indulgent. Mélusine...
- Non, tu te trompes, coupe mon portrait. C'est Ros...
- Ah toi! Tais-toi! Je cris, exaspérée. Arrête tes commérages! Je ne suis pas aussi friande de potins que tu n'as l'air de l'être.
Mon portrait hausse les épaules.
- C'est juste que le sujet te gêne à cause d'Estéban, rétorque mon image.
- Qu'est-ce qu'Estéban vient faire là-dedans? demande Papa avec un regard suspicieux mais amusé.
Pour couper court au sujet qui me semble dangereusement glissant, je rétorque:
- Tu n'avais pas plutôt quelque chose à rapporter à Papa, commère de service? Rends-toi utile pour une fois, mais gare à toi, s'il s'agit encore d'une histoire personnelle!
- Ah, oui, tu fais bien de me le rappeler. Oui, Drago, _ tu permets que je t'appelles Drago parce que Papa... ça me fait bizarre._ oui, donc, tu sais ce journaliste-là...
Je n'écoute pas. Je sens la migraine pointer le bout de son nez. Je suis dépassée. Je me tourne vers mon frère.
- Scorpius, je sais bien qu'on n'a pas le même caractère, mais comment as-tu fais pour faire taire ton portrait. Ça n'est pas vivable! Elle va tout raconter à tout le monde!
- Elle a déjà commencé, remarque mon frère, acerbe.
- Je suis désolée.
Et je le suis sincèrement. Probablement pas par bonté d'âme, je l'accorde, bien plus par compassion.
- Tous les portraits se comportent comme ça au début, explique Maman. Le portrait de tes grands parents, de ton père et de ton frère sont soumis à un sortilège. C'est pour cela qu'ils ne parlent pas. Ils entendent, retiennent, mais ne peuvent divulguer ce qu'ils ont entendu que si leur propriétaire lève le charme. Ce ne serait pas sain, sinon, d'avoir un portrait sorcier de soi de son vivant...
Sain, je ne sais pas, j'imagine que non, en effet. Mais je trouvais aussi cette tradition un peu effrayante et j'avais raison de m'inquiéter. Grâce à ce charme, elle s'explique mieux, maintenant.
- Tu vas pouvoir soumettre ton portrait à ce charme, toi aussi, dès que tu le souhaites.
- Eh, bien, tout de suite! dis-je sans hésiter.
Mon portrait ne sent pas le vent venir, apparemment. Il continue de jacasser avec Papa qui semble assez soucieux. Cette fichue espionne aura peut-être servi à quelque chose, au moins. Maman me montre le sort. Et lorsque mon portrait finit son récit, Papa se tourne vers Maman, une mine sérieuse sur le visage.
- Il faut que j'aille chez Harry et Kécile. Des ennuis se profilent à l'horizon. On devrait cependant pouvoir les éviter. Ton portrait nous a rendu un fier service, Cassiopée.
- Eh bien, ce sera le dernier, dis-je d'un ton assuré. Tu as fini de l'interroger, Papa?
- Oui.
- Parfait.
Je lève ma baguette,et fais face à mon image qui me regarde d'un air circonspect. Elle peut! Elle ne retrouvera peut-être la parole qu'à ma mort.
- Silencio ad vitam.
Je remercie encore les participants à ce concours qui sont, si vous souhaitez lire leurs textes, par ordre de place: via_ferata, Vifdor, lucinthesky,QueenOfDarkness,Ayo.
Pour ceux qui auraient lu ma fic longue et qui se demandent qui peut bien être la femme de Rogue, pas la peine de vous torturer les méninges, vous ne la connaissez pas!