- Alors Hermione, tu l’ouvres, oui ou non?
Dissimulant habilement un soupir fatigué, la jeune fille sourit doucement à Ron, son petit ami officiel, et défit le ruban rouge qui fermait la boîte en carton rose et blanc qu’il venait de lui glisser dans les mains en guise de cadeau de Saint-Valentin. Ils étaient attablé dans la Grande Salle, en compagnie de leurs amis, du moins ceux qui n’étaient pas partis rejoindre leur petit copain/petite copine. Serrée contre Harry, Ginny renchérit :
- Alors, Mione, c’est quoi?
Elle ouvrit le couvercle et, écartant le délicat papier de soie, resta bouche bée devant la splendide bague sertie d’un rubis en forme de cœur qui brillait de mille feux. La bague était en argent, et des minuscules diamants enserraient le cœur de rubis.
Émue, Hermione plaqua une main sur sa bouche et reposa la boîte sur la table, au bord des larmes. Ron s’inquiéta aussitôt :
- Elle ne te plaît pas?
Étouffant un sanglot, la brune répondit dans un souffle :
- Oh si, Ron, elle est magnifique…
Ginny vint lui frotter le dos pour la réconforter, et lança un regard équivoque à son frère. Celui-ci se racla la gorge et commença plutôt comiquement :
- Euh… Hermione… Mione… Je sais que c’est tôt, mais tu vois… Je t’aime, et ce que je voulais, enfin ce que je veux… C'est-à-dire que tu me ferais un immense honneur si…
Exaspéré, Harry coupa son ami au beau milieu de ses bégaiements et expliqua à l’adresse d’Hermione, complètement perdue :
- Ce qu’il veut dire, c’est qu’il te demande en mariage!
Soulagé, Ron s’exclama joyeusement, prenant la main d’Hermione entre les siennes :
- Oui, exactement! C’est ça! Alors?
Cette fois-ci, le choc fut trop grand pour la pauvre Hermione. Les larmes jaillirent, à la surprise générale, mais plutôt que de se laisser consoler, elle s’enfuit. Toutefois, au moment de passer la porte, la jeune fille ne put s’empêcher de regarder en arrière, jetant un coup d’œil à la table des Serpentards. Elle l’espérait si fort, ce regard qu’elle attendait depuis si longtemps, ce sourire qu’elle désespérait d’obtenir…
- Hermione, attends!
La brune repoussa de toutes ses forces le pauvre Ron qui resta planté là, sans comprendre, et partit en courant. Elle courut sans savoir où elle allait, sans s’arrêter. Essoufflée, elle y fut pourtant contrainte par sa gorge brûlante et son cœur battant la chamade. Elle s’adossa au mur du couloir désert sous les regards intrigués des portraits et se laissa glisser à terre. Ses larmes mouillaient son chemisier blanc alors qu’elle ressassait son chagrin.
Elle aurait pu dire oui à Ron, faire comme si, mais elle n’avait plus le cœur à ça. Chaque jour, sa culpabilité grandissait, et en voyant le présent qui avait dû coûter les yeux de la tête à son amoureux, qu’elle savait peu fortuné, elle avait craqué. Pourtant, il fut un temps où elle l’aimait réellement! Mais ce temps-là avait disparu. Elle n’aurait su dire quand, mais le visage rieur de Ron avait été remplacé par un visage dur et froid, ses cheveux roux par des cheveux noirs, et sa silhouette dégingandée par des courbes bien plus féminines…
Elle aimait Pansy. Elle ne voulait pas l’admettre, au début, mais elle avait été obligée d’accepter la vérité. Dès qu’elle voyait la jeune fille, son cœur battait plus fort, elle devenait brûlante, et tout son corps réclamait la présence de la Serpentarde. L’indifférence de celle-ci était un poignard à son cœur, et pourtant Hermione l’aimait plus fort qu’elle n’avait jamais aimé auparavant.
Chaque jour, Hermione guettait l’apparition de la jeune fille, se rapprochait d’elle, s’arrangeait pour que leurs mains se frôlent… Et finissait toujours par pleurer, tard le soir, parce qu’elle désirait tellement plus.
Personne ne savait, du moins pas encore. Elle n’avait confié son secret à aucun de ses amis, même pas à Ginny. Et surtout pas à Ron, qui pourtant était le principal intéressé. Elle se contentait d’attendre en silence, mais ça faisait mal… si mal…
- Eh ben Granger, qu’est-ce qu’il y a?
La jeune fille leva les yeux des dalles de pierre et croisa le regard gris de Malefoy, qui la fixait avec un rictus amusé, un bras autour de la taille fine de Pansy, dont les cheveux noirs effleuraient l’épaule du jeune homme. La pauvre Hermione ravala tant bien que mal ses larmes qui menaçaient de reprendre de plus belle et voulut se défendre, mais ils ne lui en laissèrent pas le temps. Avant qu’elle ait pu placer un mot, Pansy ricana :
- Je sais, son rouquin l’a demandée en mariage et elle pleure à l’idée de finir sa vie dans un taudis! Allons allons Granger, faut pas pleurer pour ça, tu dois y être habituée, non?
La pauvre brunette leva sur elle des yeux rouges et gonflés. Sa lèvre inférieure se mit à trembloter et elle sentit les larmes recommencer à lui brûler les yeux. Trop fière pour exposer sa peine, elle se releva en chancelant et s’enfuit en bousculant les deux jeunes gens. Le rire de Pansy l’accompagna dans sa fuite.
Hermione s’assit au bord du lac et jeta faiblement un caillou, qui dessina des ondes à la surface de l’eau avec un « plouf » sonore. Elle envisagea un instant d’en faire autant, puis haussa les épaules. À quoi bon? Ça ne lui apporterait pas ce qu’elle voulait. Elle ôta sa chaussure et trempa un instant son pied dans l’eau.
Elle rêvassait encore à Pansy quand elle vit celle-ci traverser la pelouse, seule. Ses yeux étaient très rouges, comme si elle avait pleuré. Elle se tourna vers Hermione et la regarda pendant un long moment. Dans son regard, la jeune fille lisait de la détresse, un appel au secours.
Sans vraiment réfléchir, Hermione se leva et se dirigea vers la jeune fille. Celle-ci, en la voyant s’approcher, tourna les talons et s’engouffra dans le château. La brunette resta un instant figée, puis serra les poings et décida d’oser, pour une fois.
Elle se précipita à la suite de Pansy mais s’arrêta au moment de franchir le seuil. Dans le couloir, elle entendait des voix qui criaient… des voix qu’elle connaissait… Elle jeta un coup d’œil qui confirma ce qu’elle avait deviné : Drago et Pansy. Elle faillit partir, sentant sa tristesse remonter, mais quelque chose l’en empêcha. Elle se plaqua au mur et écouta la conversation plutôt mouvementée des deux Serpentards.
- J’en ai assez, tu entends? Assez!
- Ta gueule! Contente-toi de baiser, il n’y a qu’à ça que tu es bonne!
- Non! J’en ai marre de te servir d’esclave sexuelle!
Horrifiée, Hermione vit Drago frapper Pansy de toutes ses forces. Il rit et lança :
- Tu aimes ça, hein Pansy? Tu aimes te faire prendre comme une pute!
Il s’éloigna, laissant la jeune fille seule, recroquevillée sur le sol, en pleurs. Hermione se mordit les lèvres… Elle voulait tellement se précipiter, prendre Pansy dans ses bras, la consoler, lui dire que c’était fini, qu’elle était là, que tout irait bien… Mais elle ne pouvait pas… Parce que Pansy ne ressentait pas la même chose. Parce que Pansy la repousserait.
Elle resta adossée au mur extérieur, le cœur déchiré. Elle sentait les larmes couler sur ses joues, elle aussi, mais les siennes, à la différence de Pansy, étaient muettes.
Le silence se fit. Hermione jeta un œil par la porte. Plus rien. Pansy était partie. Elle haussa les épaules et sécha ses larmes. Elle la verrait bientôt, leur prochain cours était potions, commun avec Serpentard. Elle ne savait pas encore comment elle réagirait face à Malefoy, mais en ce moment, sa seule préoccupation était Pansy. Pansy…
- Hermione!
Le cœur battant, plein d’espoir, la jeune fille se retourna… Pour se retrouver nez à nez avec Ron. Il se dandina un instant devant elle, mal à l’aise, alors qu’elle faisait de son mieux pour retenir le soupir de déception qu’elle sentait monter dans sa poitrine. Il regarda ses chaussures, puis releva la tête et commença :
- Mione… ça ne s’est pas très bien passé, tout à l’heure… et je comprends… ma déclaration n’était pas super, je comprends que tu aies été déçue… alors… je voulais…
Il s’avança brusquement et saisit la main d’Hermione entre les siennes. Instinctivement, elle la retira. Ron l’observa sans comprendre. Elle inspira profondément, puis prit sa décision. Quoi qu’il arrive, elle n’en pouvait tout simplement plus. Elle posa une main sur l’épaule du rouquin, et sentit son cœur se briser en voyant son visage regagner un peu d’espoir. Gentiment, elle expliqua :
- Écoute, Ron… Je sais que tu m’aimes, et je t’aime beaucoup aussi, mais… Je ne t’aime plus de la même façon que toi. Je ne peux pas t’épouser. Je suis vraiment désolée… Je n’ai pas été honnête avec toi, et je le regrette, car tu es vraiment quelqu’un de bien. Je veux que tu saches que tu n’as rien fait de mal, c’est moi, c’est entièrement moi. Excuse-moi. Je ne peux plus sortir avec toi.
Elle détourna les yeux pour ne pas voir le visage défait de son ami et partit.
Le cours de potions débuta dans un silence glacial. Hermione fouillait la salle des yeux, sans trouver le visage qu’elle cherchait. Pansy n’était pas là. Quand elle l’accepta enfin, la jeune fille sentit son cœur se glacer. Elle sentait le regard de Ron fixé sur sa nuque, mais elle n’en tenait pas compte. Elle se leva et se dirigea vers la porte, alors que le cours n’avait pas encore commencé, et tomba nez à nez avec Malefoy.
Son esprit se brouilla. Elle laissa tomber ses livres par terre et leva le bras. La gifle partit sans qu’elle en ait vraiment conscience. Le blond porta la main à sa joue, interloqué, mais ne put réagir, Hermione étant déjà partie en courant.
Elle courait, courait, sans vraiment savoir où elle allait. Dans sa tête, flottaient les mots : retrouver Pansy. Elle ignorait où celle-ci pouvait se trouver, mais elle ne réfléchissait pas. Elle courait, détaillant les visages qu’elle croisait, cherchant celui de celle qu’elle aimait.
Elle sortit dans le parc. Instinctivement, elle piqua vers le lac. Dans un coin de son esprit flottait le regard que lui avait lancé Pansy, plus tôt. Un regard si désespéré… Et la dispute qu’elle avait surprise… Et si…
Prise d’une soudaine angoisse qui étreignait son cœur, Hermione courut plus vite, ne s’arrêtant que lorsqu’elle sentit l’eau lécher ses mollets. Elle écartait les herbes hautes avec ses mains, trébuchait, tombait dans l’eau, s’écorchait sur les pierres dans l’eau, se relevait, reprenait sa recherche avec une frénésie proche de l’hystérie.
- Hermione?
La jeune fille suspendit ses gestes. Cette voix… Mon Dieu, cette voix… Elle se retourna lentement. Pansy l’observait, debout sur la rive. Hermione s’avança lentement vers elle, hébétée. Pansy lui sourit.
- Je te cherchais depuis tout à l’heure, Rogue m’a dit que tu n’étais pas allée au cours, je devais te parler alors je…
La jeune fille ne put en dire plus. Le baiser d’Hermione lui scella les lèvres. La brune glissa ses mains dans les cheveux noirs de la jeune fille de Serpentard et s’accrocha à elle avec l’énergie du désespoir. Pansy sentit les ongles de la brune se planter dans la peau de son dos, tant Hermione la tenait fort, en même temps qu’elle sentait le contact avide des lèvres de la jeune fille sur les siennes.
Elle ne la repoussa pas. Au contraire, elle entoura la taille de la brune de ses bras et lui frotta doucement le dos. Lorsque Hermione mit fin au baiser, elle regarda Pansy timidement, presque craintivement. La jeune fille lui sourit et lui caressa tendrement les cheveux avant de poses ses lèvres sur les siennes, en un baiser pur et doux, qui contrastait avec celui, sauvage et passionné, que Hermione lui avait offert.
Lorsqu’enfin, elles se séparèrent, Pansy écarta légèrement Hermione d’elle et lui murmura :
- Hermione… Je t’aime… Voilà ce que je voulais te dire.
Sans qu’elle en prenne conscience, les larmes se remirent à couler sur les joues d’Hermione alors qu’elle chuchotait à son tour :
- Je t’aime aussi, ma chérie…
Note de chapitre:
…tant une adepte de Yuri, j'ai décidé d'écrire mon premier slash, avec mes persos préférés: Hermione et Pansy. Une petite review m'encouragerait grandement à en faire d'autres ;)
Note de fin de chapitre :
Et puis, ça vous a plu?
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