Comme toujours vers la fin août, la ruelle avait été prise en otage par les sorciers qui venaient faire leurs achats pour leurs progénitures avant la rentrée.
Bien sûr, j’ai tout fait pour qu’Astéria choisisse un autre jour pour assiéger la boutique fournissant le prêt-à-porter, mais elle en avait vraiment besoin : elle entamait son troisième mois et n’avait plus rien à se mettre, et tout sortilège élargissant était formellement exclu, car je n’ai pas voulu m’y abaisser. J’ai l’argent pour lui offrir ce qu’elle veut, après tout.
Le problème avec Astéria, c’est qu’elle en oublie le temps. Ainsi, après une heure passée à la contempler, essayant tout ce qui était à sa portée, je me suis excusé et ai quitté le magasin. Après tout, elle s’en sortait très bien sans moi.
Puisque je n’avais rien à faire en particulier, je me suis mis à observer les passants, pères et mères, qui sortaient les Gallions les uns après les autres pour satisfaire certains besoins formulés par leurs enfants. J’ai aussitôt réalisé qu’un jour, j’allais être parmi eux, achetant le nécessaire pour mon fils – oui, parce que ce sera un garçon, j’en suis certain ! – et cette pensée commençait sérieusement à me mettre mal à l’aise, lorsque je la vis.
Hermione Granger. Elle était là, face à la boutique que tenait Weasley. Elle avait l’air furieuse et scrutait toutes les trois minutes la montre qu’elle portait au poignet. Apparemment, quelqu’un la faisait patienter plus qu’elle n’en était capable.
Je me suis souvenu qu’à l’école, la patience n’était pas son fort. Il fallait toujours qu’elle ait tout instantanément. Je l’ai fixée suffisamment longtemps pour voir ses lèvres bouger, reconnaissant entre mille ce geste qu’elle effectuait lorsqu’elle faisait claquer sa langue pour exprimer son mécontentement, par ailleurs, je crois bien que Potter et Weasley ne pouvaient pas le supporter, eux non plus. Qu’elle était agaçante ! Mais je n’avais jamais pu savoir si elle n’agissait pas inconsciemment… Non, ça n’était pas possible. Elle savait qu’elle horripilait les gens, elle le faisait forcément exprès !
Elle ne m’avait pas encore remarqué, ce qui ne m’étonnait même pas : cette fille ne voyait que ce qu’elle voulait voir ! Forcément, faire semblant l’arrangeait bien, au moins elle n’avait pas à affronter les situations gênantes, alors qu’un échange rythmé par les sarcasmes et le mépris fait un si bon conflit. Ou une claque…
« Humpf ! » fis-je à voix haute, faisant ainsi sursauter un passant qui accéléra le pas.
Elle examina à nouveau l’heure, en repoussant une mèche avec son autre main. Elle portait ses cheveux plus courts, et ça présentait un effet encore plus ébouriffé qu’avant, ce qui n’arrangeait rien. Ensuite, elle plaça les mains sur son ventre et je réalisai qu’elle était enceinte, elle aussi, mais elle était plus avancée qu’Astéria.
Elle resta longtemps presque immobile, ne bougeant que ses mains sur son ventre, comme si son bébé pouvait s’échapper si elle ne lui offrait pas ces caresses incessantes. Je tournai la tête un instant, ne supportant pas cet excès auquel les femmes enceintes se livraient, surtout en public. Astéria le faisait parfois, mais seulement lorsque j’étais absent, parce qu’elle savait que ça m’horripilait.
Au fur et à mesure que le temps passait, sa mine se renfrognait, et je me surpris à penser que je n’aurais pas aimé être celui qui la faisait languir à ce point.
Et subitement, je sentis qu’on m’observait. C’était Potter. Il quittait la terrasse récemment réaménagée par le glacier Florian Fortarôme pour ses clients et traversa la ruelle pour retrouver Granger tout en me guettant furtivement, le visage presque impassible, si ce n’était un soupçon menaçant.
Je souris intérieurement : si c’était après lui qu’elle avait patienté tout ce temps, sa situation serait bientôt compromettante ! Allait-elle pester contre lui ouvertement, malgré la foule toujours plus nombreuse ?
Mais j’ai été très vite contrarié. Lorsqu’elle vit Potter, son visage s’éclaircit et ses lèvres esquissèrent un sourire infect exprimant un sentiment immergé par une sincérité suintante.
Vraiment, elle n’avait pas changé.
Expirant un bon coup, je fis volte-face et poussai la porte pour retrouver Astéria qui, elle au moins, avait sûrement fini par trouver son bonheur.
Bonjour !
Voici donc le premier chapitre, qui est du point de vue de Draco Malfoy.
Comme je suis un peu sadique sur les bords et que HPF et qu'une certaine modératrice déteint beaucoup sur moi en ce moment, j'ai rajouté une contrainte au concours. Une lettre interdite (quelle originalité !) mais pas n'importe laquelle : celle qui trône à la première place du prénom du personnage principal.
Vous avez compris, pas de D dans ce premier chapitre ^^
Bonne lecture !
J'espère que ça vous a plu ;) N'hésitez pas à critiquer mon travail, les reviews sont faites pour ça ^^