Cette histoire est en fait une reprise de Allume-Toi, commencée il y a longtemps.
Pour plusieurs raisons, je n'ai pas pu la terminer.
Aujourd'hui, le remords me l'a fait reprendre entièrement ; le fond tout comme la forme étaient à modifier.
A ceux qui connaissent l'ancienne version, et pour les nouveaux lecteurs, je souhaite une excellente lecture ! :) N'hésitez pas à me faire part de votre avis. ;)
Amicalement,
Framboisette
Vous qui venez de cliquer sur La racine du Mal , j'espère que cette fanfiction vous plaira, et je vous souhaite une bonne lecture !
Voici le prologue ; j'attends vos impressions. :)
Framboisette
J'arrivais à peine à croire ce que je voyais, entendais autour de moi. Des éclats de lumière, un vacarme assourdissant, des cris. Je me tenais quelque part au milieu de la bataille, dans une dangereuse inconscience, tentant de me défendre malgré mon envie de m'écrouler sous le poids du découragement. L'angoisse m'étreignait. A chaque seconde, un sortilège de mort pouvait m'atteindre, et c'en serait fini de moi. Quelle importance, de toute façon ? Harry n'était plus. L'Elu, le Survivant mort, qui donc encore avait un quelque espoir de victoire ? Moi-même je ne pressentais que la défaite. Trop s'étaient effondrés, les effectifs de notre camp tombaient comme de vulgaires mouches. Oui, quelle importance si je mourais à mon tour ? L'incertitude de l'endroit où se trouvait Ron ne faisait que renforcer mon abattement. Peut-être était-il tombé, lui aussi ?
Un éclair vert passa près de moi. Comme si j'avais reçu une gifle, je repris mon courage à deux mains et le forçai à me défendre. Assaillie soudain par un essaim de sortilèges, je plongeai vers la gauche. Aussitôt, je sentis un choc terrible. Avais-je été touchée ? Etait-ce cela, de sentir la mort approcher ? Pourtant j'étais consciente encore, et je réalisai bientôt que je n'avais pas été victime d'un sort. Aussi secoué que moi, Horace Slughorn se releva avec peine. Il me fixait comme si auparavant il ne m'avait jamais vue. Je me disais être en piteux état pour qu'il me regardât ainsi.
A ma grande surprise, Slughorn m'agrippa par le bras et m'entraîna à travers les combattants, droit vers la sortie de la Grande Salle. J'aurais facilement pu résister - j'étais certaine d'être plus rapide et vive que lui - mais la surprise me rendit docile. Ce ne fut que quand nous arrivâmes dans un couloir désert à l'étage au-dessus, étonnamment calme par rapport à l'agitation qui régnait en bas, que j'arrivai à émettre une protestation :
- Professeur, pourquoi m'avez-vous emmenée ici ? Nous devons nous battre !
- Vous n'êtes pas en état de le faire, miss, fit-il d'une voix grave.
La pâleur de son visage me frappa soudain. Il paraissait sur le point de défaillir. Intriguée, je renonçai à tourner les talons, en tout cas pour le moment :
- Je ne comprends pas. Pourquoi ne serais-je pas en état de me battre ? Tous luttent, dans la Grande Salle ; nous sommes si peu dans notre camp qu'un seul membre peut faire la différence.
- Plus personne ne peut faire la différence, répondit Slughorn. Tout est perdu, miss Granger, il faut l'admettre.
La colère me submergea :
- Comment osez-vous affirmer une chose pareille ? Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ; allons-nous attendre à l'abri que tous nos compagnons se fassent tuer, sans que l'on ait continué, jusqu'au bout ? Vous me décevez, professeur !
Dans ma détermination cependant perçait le doute, un doute immense ; le professeur Slughorn avait mis en mots ma peur. Il avait raison, au fond, mais je ne pouvais l'admettre aussi facilement que lui. Harry ne l'aurait pas accepté. Son courage devrait être pour nous un exemple... Au lieu de quoi sa perte nous plongeait tous dans le pessimisme. La honte, la terreur d'une inéluctable défaite, l'angoisse de la mort qui fauchait mes proches, me firent monter les larmes aux yeux. Slughorn s'en aperçut, et gêné, se passa une main derrière le crâne, ne sachant que faire devant mon désarroi.
- Miss, miss, voyons, ne pleurez pas... Il... Nous... J'ai quelque chose pour vous.
Plongeant la main dans les plis de sa robe froissée, il me tendit un papier.
- Je vous attirée ici pour vous remettre cette lettre. Je... l'ai trouvée dans le bureau de Dumbledore.
Sa face pâle se colora l'espace d'une seconde. Je devinai qu'il devait s'y être réfugié ; néanmoins je ne fis aucun commentaire. L'œil vide et humide, je me contentai de le fixer, moitié étonnée et moitié fâchée qu'il me parlât d'une chose aussi absurde en un moment pareil. Une lettre avait-elle le pouvoir de changer les choses ? Bien que j'aimais profondément les livres et les mots, en cet instant, j'en doutais fortement.
- Prenez-la et enfuyons nous d'ici, me pressa Slughorn, sa main se tendant vers moi, fébrile, attendant que je me saisisse de la missive. Si vous ne voulez pas la prendre, c'est votre choix, fit-il après un temps, voyant que je ne réagissais pas. Mais vous pouvez remercier Dumbledore. Sans lui, je n'aurais pas eu la force de sortir du bureau, et de penser vous chercher pour nous enfuir. Vous êtes précieuse, miss Granger, et jeune encore ; votre place n'est plus ici.
J'écoutai à peine ces dernières paroles ; un nom avait attiré mon attention :
- Dumbledore ? Pourquoi donc parlez-vous de Dumbledore ?
- C'est son écriture sur la lettre.
Je m'en saisis alors avec brusquerie. Je n'accordai aucune attention au professeur Slughorn qui avait poussé une exclamation de surprise. Sur le dos de la missive étaient tracés deux mots, d'une écriture penchée, délicate :
Hermione Granger
Mon esprit embrumé n'arrivait pas à comprendre. Une lettre, sur le bureau de Dumbledore, m'étant destinée ? Comment avait-elle pu se mettre pareillement en évidence, pour que Slughorn pût la voir et me la remettre ? La curiosité prit le pas sur mon désespoir ; je me raccrochais à ce papier entre mes mains comme un naufragé à son radeau. J'entrepris d'en lire le contenu.
- Miss, voyons, que faites-vous ? Nous n'avons pas le temps de lire les derniers mots d'Albus Dumbledore ! Si seulement il était conscient de ce qui se passait... Si seulement il était là...
- S'il vous plaît, professeur, fis-je, agacée. Laissez-moi lire. C'est ma seule volonté. Après, nous nous en irons, je vous le promets.
Je dirigeai mon attention sur la lettre. Un texte rédigé de la même écriture penchée m'apparut :
Miss Granger,
Si vous êtes en possession de cette lettre, je le crains, l'espoir est mince. Je comptais sur Harry pour mener à bien sa tâche, mais d'étranges prémonitions, toutes plus néfastes les unes que les autres, me poussèrent à rédiger cette lettre, à votre attention. Si cependant que vous la lisez, la victoire du Bien est proche, alors il est inutile que vous passiez aux lignes suivantes. J'espère de tout mon cœur que vous n'aurez pas à le faire, mais le destin est si aléatoire et joue de si mauvais tours... A vous de juger.
Je revis la Grande Salle, les éclairs de lumières, les cris et les supplications, les corps à terre. Je repensai à Harry, qui n'avait pas réussi, à Ron, introuvable, à Ginny, Neville, Luna, tous... Mes mains en tremblèrent. Tout en m'efforçant de contrôler mes larmes qui menaçaient de couler à torrents sur mes joues, je poursuivis ma lecture :
Rendez-vous à l'endroit de la Salle sur Demande ; pensez très fort à moi en y décrivant trois cercles ; une porte apparaîtra. Derrière, une salle, où se trouve une table. Là j'ai posé un flacon de potion écarlate ; elle est le dernier moyen. Boire une moitié vous amènera dans le passé, à l'époque de la jeunesse de Voldemort, alors Tom Jedusor ; la seconde moitié vous servira de billet retour, une fois votre mission accomplie.
Vous vous demandez, miss, quelle mission je vous confie. Si l'urgence de la situation, l'exige, il n'existe plus qu'une seule solution : éliminer le mal par la racine. C'est la seule façon de voir la paix revenir. Vous songez sans doute que je vous refile "le sale boulot", et sans doute vous avez raison de le penser. Je vous laisse cependant toute liberté, de faire ou non ce que j'aimerais vous voir faire. La décision repose entre vos mains.
Votre bon sens, votre intelligence, sont pour moi un gage de confiance. De plus, vous possédez un certain atout qui, à mes yeux, n'est nullement négligeable.
Que le courage vous porte, qu'une dernier espoir nourrisse vos forces,
Albus Dumbledore.
Les phrases prenaient difficilement leur sens, tant l'excitation m'envahissait. C'est la seule façon de voir la paix revenir. C'étaient ces paroles, uniquement ces paroles qui me revenaient. Les mots Flacon, mission, Salle sur Demande, se bousculaient dans ma tête, et je sentis qu'il fallait agir. Je ne me demandai pas si je n'allais pas commettre là une absurdité, entretenir un espoir inutile ; c'était l'unique chose qu'il me restait. Je relus la lettre en diagonale, comme pour m'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un rêve ; non, la solution se trouvait toujours là, dans ces lignes, devant mes yeux. Slughorn, en face de moi, certainement était en train de s'interroger quant à ma subite agitation. Je posai mon regard sur lui. Ses traits étaient empreints d'une panique extrême, ses rides accentuées, il se mordait la lèvre inférieure avec nervosité. Visiblement, il ne tenait pas en place, et n'avait qu'un désir : s'enfuir. Il devra le faire sans moi, songeai-je.
- Merci professeur. Merci infiniment.
- Que... ? Miss Granger !
Il cria encore quelque chose, que je n'entendis pas : je m'étais déjà éloignée de lui, la lettre pliée dans la poche de ma robe. J'accédai rapidement à l'étage de la Salle sur Demande. J'exécutai, comme il se devait, trois cercles, et pensai très fort à Albus Dumbledore. Merci, professeur, Dumbledore, je vous en prie, que tout soit vrai. Tout était vrai. Une porte était apparue. La main tremblante, je pénétrai dans la pièce. De nombreuses fenêtres faisaient pénétrer une lumière radieuse dans une salle de petite superficie, chose étrange car, j'en étais persuadée, il devait faire nuit dehors, à présent. Sans me poser de question, je me dirigeai vers le seul mobilier : une table ronde, sur laquelle se dressait, triomphant, un flacon de potion écarlate. Le soleil créait mille scintillements à la surface du verre ; émerveillée, je me saisis du petit récipient, si fragile que j'usai de toutes mes précautions pour ne pas le faire tomber. Ce serait bien la dernière chose qui je souhaitais qu'il m'arrivât ! Prudemment, j'ouvris le flacon. La potion était sans odeur, aucune fumée ne s'en échappait, elle était calme, aussi paisible qu'une mer un jour de beau temps. Je mesurai mentalement le nombre de gorgées que je devrais avaler pour ne pas vider tout le flacon ; je conclus vite : une gorgée suffirait. Je fermai les yeux et bus. Avant de pouvoir déterminer quel goût avait le liquide, toute pensée, toute conscience me quitta.
Alors, ce début vous a mis l'eau à la bouche pour la suite j'espère ? :) J'attends vos commentaires, et, j'ai oublié de dire, les critiques négatives ne me font pas peur. Quoique je sois quelque peu susceptible tout de même... :p
Rendez-vous pour la suite ! ;)