Voici le prologue de cette histoire, enfin plutôt une mise en situation. Bonne lecture !
Ce Leitmotiv résonnait en boucle partout autour d'eux. Le monde sorcier était en ébullition, tous pouvaient enfin sortir sans pour autant avoir l'impression d'avoir une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes, sorciers et Moldus confondus. Tous fêtaient la fin de la menace Voldemorienne et l'avènement de l'ère Potter.
Tous sauf Harry Potter.
Debout devant le mur blanc nacré de Ste-Mangouste, il observait, en retrait. Il observait ceux qu'il considérait comme sa famille se presser les uns contre les autres pour s'apporter un peu de réconfort et essayer de ressouder les liens qui venaient d'être ébranlés. L'un des leurs s'en était allé en se battant pour la paix, une liberté qu'il ne goutterait jamais. Cette victoire avait un goût amer pour Harry. Certes, il n'y avait dorénavant plus rien à craindre si ce n'est de retrouver les Mangemorts qui avaient pris la fuite mais il avait l'impression que ceux qui étaient morts l'étaient par sa faute. Fred, Dobby, Tonks, Lupin... Ses entrailles tressaillirent en pensant à Nymphadora et Remus qui laissaient derrière eux un petit garçon qu'ils avaient à peine connus. Le petit Ted avait déjà un point commun avec lui - le seul qu'il ne lui aurait jamais souhaité -, la mort de ses parents.
Molly était écroulée dans les bras tremblants et secoués de spasmes d'Arthur. Ils venaient de dire adieu à Fred. Ils venaient de le voir une dernière fois. Les regards autrefois plein de vie des parents de Ron étaient désormais éteints et morts.
Un sanglot retentit tout près de lui. Ginny pleurait sur l'épaule de Bill. Il aurait tellement aimé la prendre contre lui, la réconforter, lui montrer qu'il était là... Mais il savait que les Weasley avaient besoin de se retrouver entre eux. Si Ron ne leur avait pas demandé à Hermione et à lui de venir le soutenir, il serait resté en arrière-plan. Il savait très bien que maintenant qu'il avait vaincu Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, il allait être sur-médiatisé et devenir une véritable légende vivante, ce qui le désespérait. Harry n'aspirait plus qu'à une vie tranquille loin des ennuis.
- Georges n'est...
Percy n'osa même pas terminer sa phrase. Georges était auprès de Fred depuis leur arrivée à Ste-Mangouste, voilà près d'une heure. Harry se demanda ce qu'allait devenir le-jumeau-qui-reste sans Fred. Allait-il retrouver un jour le sourire ou est-il mort au moment même où son jumeau a rendu son dernier souffle ?
Un pleur se manifesta soudainement, un cri déchirant et perçant qui ne pouvait qu'appartenir à un nouveau-né. Un médicomage d'une trentaine d'années sortit de l'ascenseur et ne semblait même pas avoir remarqué qu'ils étaient là tellement il était préoccupé par le paquet qu'il avait dans les bras. Il le berçait un peu trop brutalement, sans doute novice dans l'art de consoler un bébé.
- Chut... endors-toi... allez, fais-moi plaisir s'il te plait...
Le bébé hurlait toujours aussi fort. Molly renifla bruyamment.
- Vous le tenez mal, murmura-t-elle d'une voix rauque.
Le médicomage releva la tête vers elle, semblant attendre davantage d'explications.
- Vous devez lui soutenir un peu plus la tête, continua-t-elle.
Il s'exécuta mais les pleurs ne se tarirent pas. Harry se demanda si tous les bébés hurlaient aussi fort que celui-ci et reconsidéra son envie d'avoir des enfants dans un futur relativement proche. Le médicomage releva un regard désespéré vers Molly. Quand son regard se promena sur les personnes alentours et qu'il croisa le regard émeraude du Survivant, il faillit faire tomber le bébé. Molly poussa une exclamation de surprise et le bébé hurla plus fort encore, effrayé par ce mouvement brusque.
- Faites un peu attention, maugréa Molly d'une voix sèche. C'est un bébé, pas un vulgaire pot de Mandragore ! Passez-le-moi.
Elle se leva et s'essuya les yeux rouges et bouffis avec la manche de sa robe de sorcier. Docile, le médicomage lui tendit le nourrisson. A peine l'enfant fut-il dans les bras de Molly qu'il se calma jusqu'à se taire. Le Médicomage la regarda avec respect.
- Merci, ça fait une heure que je me promène pour essayer de la calmer, sans succès. Elle est inépuisable.
- C'est une fille ? demanda Molly sans quitter les yeux bleus azur du bébé qui la regardaient
- Oui. Elle a été trouvée enroulée dans une cape dans une ruelle de Pré au Lard.
Molly ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes.
- On l'a abandonnée ?
Il acquiesça.
- Pauvre petite, renifla Molly, sentant les larmes lui revenir et prêtes à jaillir. Comment peut-on abandonner son propre enfant ?
Il haussa des épaules. Personne ne pouvait comprendre ce qui avait pû pousser une femme à délaisser sa progéniture seule. Le médicomage récupéra le nourrisson. Elle se remit à pleurer quand on l'arracha des bras sécurisants de Molly. Sans doute effrayé et lassé par ses jérémiades, le médicomage se hâta de la repasser à Molly et elle cessa une nouvelle fois de pleurer, comme si elle avait retrouvé le nid maternel dans lequel elle n'aurait pas dû être arrachée.
- Je ne comprends pas pourquoi elle pleure dès qu'on l'approche. Vous êtes la première qui arrive à la calmer. C'est comme si elle vous avait choisi.
C'est peut-être le cas songea Harry. Peut-être qu'elle avait senti la détresse de la matriarche des Weasley.
- Il faut que je l'emmène dans un endroit un peu plus approprié, continua-t-il.
- Un endroit un peu plus approprié, répéta Molly en fronçant des sourcils. Vous parlez d'un orphelinat c'est ça ?
- Il n'y a aucune autre solution...
Il avait l'air navré. Il devait sans doute savoir, comme tout le monde présent dans la pièce, que personne ne devrait avoir à grandir dans un orphelinat, sans famille et sans attaches. Au mieux, elle pourrait trouver un foyer au bout de quelques mois mais elle pourrait aussi ne jamais quitter l'orphelinat ou tomber dans une famille qui ne lui veut pas que du bien. Et Molly se le refusait. Elle observait cette toute petite fille, si petite qu'elle ne devait pas avoir plus d'une semaine ou deux. Quelques cheveux noirs bouclaient sur sa tête et ses yeux bleus azur la contemplaient comme si elle savait déjà qui elle était. Comme si un lien venait de se créer entre elles. Une minuscule main s'accrocha à son index et le sera. La rousse regarda avec étonnement son poignet. Elle avait une étrange marque et quand elle regarda de plus près, elle vit qu'il s'agissait d'une marque noire en forme d'étoile profondément ancrée dans sa peau, comme si elle avait été marquée au fer. Qu'avait-elle donc put subir avant d'être abandonnée à son triste sort ?
Molly savait que son calvaire n'était pas fini. Elle grandirait dans un orphelinat où elle ne serait jamais heureuse, jamais entourée d'une vraie famille. Et elle refusait qu'une enfant qui ait pu croiser sa route finisse malheureux sans qu'elle ait essayé d'empêcher cela. Elle était Molly Weasley.
Ses yeux brillèrent, bien que très brièvement, d'une nouvelle lueur et elle regarda de nouveau l'enfant.
- J'ai une autre solution.
Après tout le médicomage avait eu raison. Elle était certaine qu'elle l'avait choisie.