En une infime fraction de seconde, je passe du brouhaha de la foule de mon bureau de Poudlard au silence d’or, auquel je tente de m’habituer progressivement, d’une plaine du Nord de l’Ecosse. J’essaie de ralentir ma respiration et de la rendre moins saccadée : j’ai l’impression que mon cœur oublie de battre, avant de se souvenir de sa fonction vitale et de rattraper le temps perdu en cognant dans ma poitrine à plusieurs reprises succinctes.
Et tandis que je commence à marcher, sans vraiment savoir où je me dirige, je reçois une goutte d’eau sur le bout de mon nez. Je m’immobilise, et attends patiemment la venue de la deuxième goutte, qui atterrit sur mon épaule. Puis il en vient une autre. En Ecosse, il ne faut pas longtemps avant que la pluie devienne violente. Mais ce soir, elle sait rester douce, tombant sur moi comme un millier de caresses…
Fawkes a continué de voler au-dessus de ma tête pendant de longues minutes avant de se poser sur une pierre plate. D'habitude, il calque ses émotions sur les miennes, mais ce soir, il me regarde avec insistance, comme s’il cherchait à me transmettre ce qu’il ressent, pour que je l’éprouve, moi aussi. Je crois que c’est de la tristesse.
Quant à mon état d’esprit, je ne saurais dire exactement ce qu’il en est. Les idées s’embrouillent quand je repense à tous les récents événements qui m’ont conduit ici, et mes émotions vont et viennent comme bon leur semble. Je ne cherche pas à les retenir, et tends la main, comme pour accueillir la suivante. J’essaie de contenir cette émotion, de ne pas réagir en fonction d’elle, car extérioriser ce que je ressens ne me procure aucun soulagement. Au contraire, cela amplifie les sensations. Certaines personnes ont besoin de hurler pour aller mieux, ils estiment qu’en canalisant leur colère sur quelque chose, ils s’en débarrasseraient plus vite. Mais ils ont tort : la colère engendre la peur, la haine, et toutes sortes d’émotions négatives dont le monde se passerait bien : une agitation incongrue agit comme un désarroi qui, subrepticement éjaculé d’une conscience affûtée comme la mienne, fait pâtir bon nombre de proches…
J’aime la pluie. Elle me donne la sensation d’être lavé de mes soucis, comme si chacune de ces gouttes emportait avec elle une infime partie des contrariétés qui inondent ma vie… Mais ce soir, la pluie ne me lave pas.
Parfois j’ai la sensation de me faire trop de soucis, avant de me souvenir de ce que me disait mon père quand j’étais jeune : « un homme qui ne s’inquiète pas finit toujours pas être rattrapé par ses problèmes. » Sa mort soudaine l’a empêché de m’enseigner à saisir la lueur d’espoir sitôt que je la voyais, et j’ai dû l’apprendre seul.
Malgré cela, les tracas finissent toujours par revenir, et à mon âge, il est de plus en plus difficile de ne rien laisser paraître. Il y a quelques années, rares étaient ceux qui connaissaient vraiment mon âge, pourtant aujourd’hui, le temps m’a rattrapé, et aidé par le poids des responsabilités qui m’ont incombé, il a tracé jour après jour les traits qui ont redessiné mon visage…
Non, ce soir, la pluie ne me lave pas. Elle est plus que cela : elle me nourrit. Fermant les yeux, je lève la tête et je me concentre sur chacune des fines gouttelettes qui tombent sur mon front et perlent dans mon cou, m’aidant à trouver cette sérénité : au plus profond de moi, je suis persuadé que Poudlard continuera à tourner sans moi, et que je peux faire confiance à mes collègues, notamment Minerva et Severus, pour empêcher le ministère d’interférer dans mes affaires…
L’ordre devra également se débrouiller sans moi, mais avec des membres tels que Molly et Sirius, je ne me fais pas de soucis quant au fait que les choses seront prises en main.
Quant à Harry… J’ai de gros doutes sur sa capacité à maîtriser l’Occlumencie tant que Severus le lui enseignera. Quand je pense qu’il doit me haïr pour cela, et pourtant, c’était la seule solution qui s’offrait à moi… Plus tard, il comprendra, et en attendant, je peux être tranquille : c’est un garçon courageux, il arrivera bien à tenir tête à Severus si celui-ci va trop loin, en dépit de mes mises en garde.
Oui, ça ira pour Harry.
Du moins, pour l’instant.
C'est le genre de concours qui donne beaucoup de fil à retordre, mais je suis très heureuse d'y être parvenue ;)
Ma fiction comporte huit chapitres en tout, et je me suis inspirée du CD "Piano Cascades" de Dan Gibson pour l'écrire, j'essayerai autant que faire se peut de vous mettre le lien pour écouter la chanson en rapport avec le chapitre ;)
Voilà le premier chapitre, qui était attendu avec impatience par une certaine organisatrice de concours XD
Voici le lien pour écouter la musique en même temps que la lecture. Ne mettez pas à fond sinon la qualité du son ne sera pas terrible :S ça s'appelle "Nurturing Rain" (Pluie Nourrissante) et si vous n'êtes pas zen à la fin de la chanson, contactez le service après-vente XD
Merci à la fidèle Lunalice pour ses conseils de bêta ;)
Et bonne Dumble-lecture ! :D
Merci d'avoir lu ! La review étant la seule récompense de l'auteur acharné (ou pas), soyez gentils et laissez-moi vos impressions, s'il vous plaît de le faire ;)