Neuf heures. Dans son appartement situé sur Daisy Lane, Hermione Granger arpentait le salon à la recherche de son porte document. À moitié vêtu, sa serviette éponge sur la tête, elle se dirigea vers son bureau où régnait un désordre indicible et se mit à fouiller les tiroirs en envoyant valser quelques feuilles de parchemins dans la pièce. Elle avait une demi heure de retard et pour quelqu'un d'aussi ponctuel qu'elle, c'était une véritable catastrophe.
Elle mit enfin la main sur le dossier qu'elle cherchait et revint au salon pour le mettre dans son sac à main aux proportions minuscules compte tenu de ce il était capable de renfermer. Ceci fait, elle se débarrassa de sa robe de chambre en soie à motifs japonais, découvrant un caraco de dentelle noir des plus seyants et une jupe de tailleur couleur prune. Elle ouvrit la porte de son dressing et sortit une bonne dizaine de chemisiers de la penderie avant de trouver celui qui allait compléter sa tenue à la perfection.
Elle entreprit d'enfiler ses talons hauts et manqua de trébucher sur l'une des piles de livres anciens qui jonchaient le sol. Elle poussa quelques jurons finement étudiés tout en se ruant vers la salle de bain. Elle avait à peine terminé d'exécuter son sortilège de coiffure habituel lorsque la sonnette de la porte retentit.
-Non, non, non ! Ce n'est vraiment pas le moment ! grogna-t-elle en s'emparant de son manteau et de son sac.
Qui que ça puisse être, elle le renverrait sans état d'âme. Pas question qu'elle se laisse retarder par un quelconque représentant ! Pas aujourd'hui. Elle avait bien trop à faire et cette fichue panne de réveil qui venait déjà lui pourrir la journée... Elle ouvrit la porte à la volée et s'apprêta à expédier le visiteur inopportun mais se figea aussitôt. Ginny Potter se tenait sur le seuil, plus enceinte que jamais, tenant par la main le petit James.
-Gin' ! Souffla Hermione, confuse.
La jolie rousse inclina légèrement la tête de côté pour détailler la tenue de son amie et dit sur un ton exaspéré :
-Tu as oublié, c'est ça ?
Hermione resta interdite un moment puis se frappa le front tandis que la mémoire lui revenait.
-On est le huit Mai et ce week end...
-C'est ton anniversaire de mariage et je devais garder James jusqu'à demain matin pour que tu puisses t 'occuper des préparatifs, compléta Hermione, embarrassée.
Elle s'effaça pour laisser les Potter entrer et les suivit jusqu'au salon. En connaisseur des lieux, James alla directement dans la chambre d'amis où se trouvait un coffre à jouets. Ginny s'assit dans un canapé et inspecta la pièce d'un œil critique.
-Je suis désolée, Gin'. Ça m'était totalement sorti de la tête et j'ai prit des rendez-vous. D'ailleurs, je suis effroyablement en retard, expliqua-t-elle en regardant sa montre.
-Est-ce que tu saurais me dire quand tu as prit un moment pour rendre visite à James ?
-N'exagère pas, je suis venue le voir mardi dernier ! Se défendit Hermione, mal à l'aise.
-C'était un mardi, oui mais celui d'il y a trois semaines ! Corrigea Ginny.
-Oui et bien j'ai eu énormément de travail et je fais de mon mieux alors, excuses moi si tu estimes que c'est insuffisant.
-Hermione, tu travailles trop ! Les seules nouvelles que j'ai de toi ces dernières semaines, ce sont des hiboux et tes lettres ne font jamais plus de dix lignes ! Et, quand tu passes à la maison sous couvert de prendre des nouvelles de ton filleul, tu ne restes jamais plus de cinq minutes !
Hermione se leva d'un bond, croisa ses bras sur sa poitrine et se mit à taper du pied. Elle détestait qu'on lui fasse des reproches, surtout lorsqu'elles étaient infondées.
-Tu aurais peut être dû choisir la femme de Ron pour être la marraine de ton fils ! Après tout, Lavande, elle, a tout le temps pour assumer ce rôle étant donné qu'elle est au chômage ! S'emporta-t-elle, blessée par ces reproches.
-Oh, laisse Lavande où elle est, d'accord ? Je sais que ton poste de Ministre te prend énormément et c'est pour cette raison que je t'avais prévenu à l'avance mais visiblement j'aurais peut être mieux fait de contacter ta secrétaire pour prendre rendez-vous. Là au moins, j'aurais pu être sûre d'être insérée dans ton planning !
Hermione ouvrit la bouche pour répondre aux sarcasmes de son amie mais elle renonça. Elle n'avait pas envie de se disputer surtout que, dans l'état de Ginny, c'était fortement déconseillé.
-Inutile de monter sur des grands chevaux, je vais prendre ma journée. De toute façon, vu comment elle a commencé, ça promettait d'être épouvantable, concéda Hermione bon gré mal gré.
Ginny sembla se détendre un peu mais elle ne perdit rien de ce petit air renfrogné qui en disait long sur ce qu'elle ressentait à cet instant. Hermione poussa un long soupir et sortit une feuille de parchemin sur laquelle elle griffonna quelques mots destinés à sa secrétaire. Elle glissa la lettre jointe du dossier qu'elle devait renvoyer au responsable du service de régulation des créatures magiques dans la petite boite aux lettres rouge plantée dans son bureau. Dés qu'une gerbe d'étincelles blanches jaillit de la boite, elle en conclut que les papiers étaient arrivés à destination et revint au salon.
-Comment s'annonce la fête ?
-Pour tout te dire, j'hésite encore à appeler le traiteur parce qu'envers et contre toutes mes menaces, Harry n'est toujours pas rentré.
Hermione sentit l'angoisse lui mordre le ventre avec une telle violence qu'elle dû faire un effort considérable pour garder une expression neutre. Céder à l'hystérie ne rassurerait certainement pas Ginny...
-Il était censé rentrer hier dans la soirée ! Je lui avais pourtant dit de ne pas accepter cette mission ! Tempêta Ginny, à la fois furieuse et inquiète.
-Tu sais comment il est. Quand il a prit une décision, rien ni personne ne peut l'en détourner. J'aurais peut être dû demander au Directeur du bureau des aurors de mettre quelqu'un d'autre sur le coup...
-Mais Harry aurait su si tu t'en étais mêlé et il t'aurait sans doute incendié ! Quand il rentrera à la maison, je lui passerai un savon de tous les diables. Tu peux être sûre qu'il ne me fera jamais plus une telle chose !
-Essaies de te ménager. Si tu veux, je peux envoyer un hibou pour savoir ce qui se passe.
-Non, non. Tu sais comme moi que ça ne nous avancera à rien. Une fois que le ministère lâche ses aurors dans la nature ils s'évanouissent, fit Ginny, dépitée.
-Si le grand conseil avait agréé ma réforme le mois dernier, nous n'aurions pas ce problème, ronchonna Hermione.
Elle avait en effet proposé de mettre en place d'un dispositif de traçage sur les baguettes des aurors mais suite à une grève de la majorité des employés concernés, le conseil avait repoussé son projet.
-J'ai toujours su qu'Harry voulait devenir auror et je me suis dit qu'au fil des missions, je m'habituerais mais je suis toujours aussi angoissée à chaque fois qu'il disparait je ne sais où...
-Oui et savoir qu'il travaille avec Malefoy n'est pas très rassurant.
Hermione avait encore peine à croire qu'un tel duo soit possible. Quand la liste des partenariats établit par Gruber, le directeur du bureau des aurors, avait atterrit sur son bureau il y a deux mois, elle avait bien cru faire une attaque. Drago Malefoy et Harry dans la même équipe d'intervention, cela relevait du suicide ! Mais malgré son poste haut placé, elle n'avait rien trouvé à redire lorsque Gruber avait argué qu'il était naturel d'appairer ses deux meilleurs éléments. Malefoy, ce serpent visqueux, ce poltron, ce traitre patenté... Un bon élément ?
Elle avait tenue à garder un œil sur lui et fut bien obligée de reconnaitre que Gruber avait raison. Il semblait que depuis qu'il avait été jugé non coupable au procès des Mangemorts, Malefoy avait reprit le droit chemin. Son père incarcéré, il avait vendu le manoir, acheté une propriété dans le bourg d'Ollerton et son patron ne tarissait pas d'éloge à son égard au grand déplaisir d'Hermione qui n'attendait qu'un pas de travers pour le mettre à la porte de son ministère.
-C'est bizarre, maintenant que j'y pense, murmura Ginny distraitement.
-Quoi donc ? S'enquit Hermione qui s'était égarée dans un rêve éveillé où elle torturait lentement son pire ennemi de Poudlard.
-Quand il a dû accepter Malefoy comme coéquipier, il n'a pas cessé de se plaindre tous les soirs pendant des semaines et je ne me souviens pas l'avoir entendu ronchonner ces derniers temps.
-Il s'est sans doute fait une raison, le pauvre ! Plaisanta Hermione.
Ginny leva les yeux vers l'horloge murale et se leva d'un bond.
-Merlin ! Il est déjà dix heures ! Bon, j'ai prévu plusieurs affaires de rechange pour James au cas où, son doudou est là aussi et il y a aussi des couches pour la nuit.
-Tiens, je pensais pourtant qu'il avait arrêté de mouiller son lit, s'étonna Hermione en prenant le sac que lui tendait Ginny.
-Il retombe en enfance, c'est la seule explication possible. Quoique, James est loin d'être idiot et il a peut être compris que mon ventre n'avait pas grossit à cause d'un trop plein de bièraubeurre. Je laisse le soin à son cher papa de lui expliquer le cycle de la vie quand il rentrera à la maison. Bon, je ne vais pas l'embrasser, il risque de piquer une crise en me voyant partir. Il faut que j'y aille. Je dois absolument passer chez le fleuriste avant qu'il ne ferme, dit t-elle si vivement que son interlocutrice eut du mal à tout suivre.
-Je croyais que ce détail était réglé, fit Hermione en se souvenant de la dernière lettre de son amie.
-Oui mais dans la composition que j'avais choisit il y avait de la lavande et Harry y est allergique alors je dois rectifier le tire avant qu'il ne soit trop tard, expliqua-t-elle en se dirigeant vers la porte.
-On est y est tous un peu allergique je crois, railla Hermione en l'accompagnant jusque sous le porche.
Ginny comprit le sous entendu et leva les yeux au ciel en signe d'exaspération.
-Ça va faire bientôt quatre ans qu'ils sont mariés, tu devrais t'être accoutumée à elle depuis le temps !
-Ce n'est pas parce que tu m'obliges à la supporter aux anniversaires et aux fêtes de fin d'années que mon point de vue sur elle a changé. C'est une dinde et je suis certaine que si je fais passer une pétition à nos amis communs, ils signeraient tous pour sa décapitation.
-Tu es dure, quand même ! Je comprends mieux pourquoi maman et toi vous vous entendez si bien.
Ginny adressa un dernier signe de la main à Hermione et disparut dans un léger pop. La jeune femme referma la porte et s'y adossa un moment. Oui, pas de doute, Lavande était l'un des sujets sur lequel elle s'entendait parfaitement avec Molly. La seule évocation du prénom de la femme de Ron filait de l'urticaire à Hermione. Fort heureusement, le petit Fred Junior était tout le portrait de son père et ne tenait en rien de sa mère.
Hermione fit rapidement un peu de rangement à renfort de quelques coups de baguette énergiques et alla voir ce que fabriquait son filleul. Ce dernier semblait absorbé par son étalage de soldats de plombs et ne remarqua pas même sa présence. James ressemblait énormément à Harry, la même tignasse rebelle, les mêmes yeux verts et brillants mais son caractère espiègle et intrépide lui venait sans aucun doute de Ginny.
Elle résolut donc de le laisser jouer et alla faire l'inventaire de son réfrigérateur. La banquise. Mis à part quelques bouteilles d'eau pétillante et une quantité innombrable de crème glacée en pot, il n'y avait rien. Hermione n'était pas une femme d'intérieur. Elle ne savait rien cuisiner d'autre que des pates et le ménage était pour elle pareil à l'une des plaies d'Egypte.
Ardemment opposée à l'esclavage des elfes, elle avait donc prit une femme de ménage qui gérait tout dans la maison, des lessives au récurage des chaudrons. Malheureusement, la brave Frann avait prit des vacances et l'appartement était dans un état désastreux. Et pour ce qui était de la cuisine, Hermione déjeunait souvent d'un sandwich entre deux réunions au bureau où elle était présente six jours sur sept. Quand au soir, elle dinait fréquemment au restaurant, excellent moyen d'allier rendez-vous d'affaires et besoin vital de manger équilibré.
Lorsqu'elle avait ses soirées de libre, ce qui arrivait très rarement, elle se contentait d'une assiette de légumes crus qu'elle grignotait en passant en revue son programme du lendemain. Autant dire qu'en dehors de son travail, elle n'avait aucune vie sociale.
Il fut un temps où elle sortait dans un cadre privé avec des hommes mais ces relations ne tenaient jamais le coup face à son travail accaparant. Cela faisait bientôt six mois, qu'elle n'avait plus eut de rendez-vous galants. Non pas que les propositions manquaient... Sa carrière brillante et son physique avantageux en subjuguaient plus d'un mais elle estimait que la priorité était avant tout de remettre de l'ordre dans un gouvernement encore boiteux après le passage de Voldemort.
-Marraine !
Hermione referma les portes du placard qu'elle s'était mise à explorer avec espoir et sourit au petit garçon qui venait de faire irruption dans la cuisine.
-Est-ce que ça te dirait d'aller te promener ?
-Oui ! Et j'aurais une glace ? S'enthousiasma James en sautillant sur place.
-Une énorme glace !
Hermione enfila son manteau, prit le petit Potter dans ses bras et transplana sur le palier en direction d'un village voisin où se tenait une fête foraine. Nutcombes était une bourgade campagnarde dont Hermione n'avait jamais connu l'existence jusqu'à ce qu'elle en rencontre le maire lors d'un meeting politique. Au début de son mandat, elle était souvent venue passer ses week-ends ici. Cela faisait maintenant longtemps qu'elle n'y avait pas mit les pieds.
Elle se promena avec James sur la grande place où avait lieu les festivités et comme il faisait plutôt beau pour la saison, elle le laissa s'amuser sous les jets d'eau avec d'autres enfants. Tandis qu'elle le regardait jouer à chat sous les gerbes d'eau scintillantes, elle éprouva un pincement singulier au cœur. Merlin seul savait à quel point elle aimait les enfants.
Lorsqu'elle se perdait dans son travail, elle en oubliait tout le reste mais il suffisait qu'elle accueille James chez elle où qu'elle voit les enfants de ses amis et elle éprouvait une drôle de sensation dans la poitrine.
-Marraine, regardes-moi !
L'appel de James la tira de la soudaine tristesse qui s'était insinuée comme un épais brouillard dans son esprit. Le petit garçon passa à travers la fontaine d'eau et Hermione s'empressa de l'applaudir. Après avoir tenté encore une fois l'expérience, James vint à sa rencontre et Hermione s'empressa de le sécher pour éviter qu'il ne prenne froid.
-Qu'est-ce que j'ai faim dis donc ! S'exclama-t-il en se laissant docilement rhabillé.
-Alors on va manger, déclara-t-elle en lui prenant la main.
Ils allèrent déjeuner dans un petit restaurant en bordure de la place et James s'émerveilla de la taille de son garden burger avant de l'engloutir et de terminer son soda d'une traite.
-Est-ce que je peux avoir une glace maintenant ?
-Mais où est-ce que tu mets toute cette nourriture ? S'esclaffa Hermione, sidérée.
-S'il te plaît !
Comme à chaque fois qu'il lui demandait quelque chose, Hermione céda. Ginny lui reprochait souvent de trop le gâter mais la jeune femme n'avait aucune autorité avec les enfants. Elle savait se montrer intraitable avec ses employés, les mettre à pieds dés la moindre incartade mais devant les petits yeux implorants des chérubins, elle sentait son caractère d'acier fondre comme de la guimauve.
D'ailleurs, elle ne pu s'empêcher d'offrir toute sorte de jouets lumineux et sonores à James lorsqu'ils allèrent ensemble faire les courses avant de rentrer. Pourtant, lorsqu'elle passa à la caisse et qu'elle se rendit compte qu'elle avait acheté plus de jouets que de nourriture, elle ne pu que redouter le moment où Ginny viendrait chercher son petit garçon et que celui-ci lui montrerait tout ce que sa marraine lui avait offert.
Une fois à l'appartement, Hermione entreprit de ranger les courses tandis que James se précipitait dans le canapé pour jouer avec sa toupie toute neuve. En entendant le tintinnabulement que faisait le gadget à chaque fois qu'on remontait le mécanisme, Hermione se demanda si elle n'allait pas subtiliser les piles pour retrouver un peu de silence. Ce bruit répétitif tapait vraiment sur les nerfs !
Elle avait commencé à préparer le nécessaire pour ses sempiternels spaghettis à la bolognaise lorsqu'il lui sembla que le calme était revenu.
-James ?
Aucune réponse. Elle abandonna les fourneaux et alla jusqu'au salon où elle trouva James endormi, sa toupie infernale dans les bras. Hermione sourit, attendrie par cette vision touchante. Elle lui enleva ses chaussures et le couvrit avec un plaid avant de retourner dans la cuisine pour couper le feu sous sa casserole de sauce.
Un pot de glace à la main, elle se cala confortablement dans son fauteuil et commença à lire la demande d'extradition de créatures magiques dangereuses de niveau quatre soumise par son confrère du bureau de régulation . Au bout de la deuxième page, ses paupières se firent lourdes et elle s'endormit.
Note d'auteur :
Petite Dramione que j'ai écrite au boulot la semaine derniére (pendant la pause bien sûr...). Elle n'est pas aussi sombre que celle que j'ai mise en ligne précédémment et j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire. Ne me reste plus qu'à espérer qu'elle vous séduira!^^
Disclaimers : Harry Potter, son univers et ses personnages sont la propriété de J.K. Rowling. Je m'en suis simplement inspiré pour cette fanfiction.
Note de chapitre:
Voici donc le premier chapitre et le second dans la foulée! Bonne lecture!^^
Note de fin de chapitre :
Alors, premières impressions ?
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