Cela fait une demi éternité que j'ai commencé ce texte, mais à chaque fois que je m'apprête à le continuer, une idée d'OS m'agresse le cerveau pour me forcer à l'écrire. deplus au départ je ne voulais commencer à poster qu'un fois le texte intégralement terminé, et puis je me suis dit que si je ne le faisais pas maintenant je ne le ferais sans doute jamais.
Bonne lecture!
Voici donc le premier chapitre, il est assez court mais ce n'est en réalité qu'un sorte d'introduction, les suivants seront plus longs.
Elle avait passé sa vie à fuir, à se battre, à se cacher et pendant un certain temps, elle avait cru, elle avait vraiment cru pouvoir gagner. Mais jamais on ne peut semer les démons, elle l'avait appris à ses dépens. A présent elle était seule, immobile, enfermée, et terriblement vulnérable. Bientôt la mort viendrait.
Il lui restait quelques heures, au plus une journée. Le temps n'arrivait pas jusqu'à sa prison, il ne perçait pas à travers les murs de son isolement. L'atmosphère était à la fois sombre et humide, inquiétante.
Le peu de lumière qui parvenait jusqu'à ces ténèbres se reflétait sur les murs suintants et mousseux.
Elle ne voyait pas le jour se lever, ni la nuit descendre sur les campagnes alentour. Elle ne voyait pas les secondes s'écouler comme le contenu d'un sablier, l'ensevelissant, la menant inexorablement à la fin de sa vie. Mais elle avait peur, cette peur incontrôlable et affolante de la mort approchante. Pour ne plus songer à ce qui l'attendait, à ce qui surgirait bientôt et la détruirait à jamais, elle se plongea dans le passé.
Son existence avait commencé par une matinée de printemps en 1953. Dans ce monde l’attendait déjà une soeur, une mère et un père. Son arrivée à la vie ne fut pas regardée du meilleur oeil. Andromeda fut la seconde déception de ses parents, espérant un héritier mâle qui transmettrait à d’autres générations le noble nom de Black.
Mais contrairement à sa soeur aînée, Bellatrix, qui avait su effacer la honte dû à son sexe en montrant dès l'enfance un intérêt croissant pour la magie et plus tard de grands dons en ce domaine, elle était restée en grandissant une sorte d'erreur. L'erreur qui fut la cause de la violence de son père, et provoqua la mort de Druella Black. Sa mère, affaiblit par les coups, décèda peu après la naissance de son troisième enfant : Narcissa.
La petite soeur d'Andromeda fut donc la troisième à ne pas être ce que leur père aurait voulu qu'elles soient. Cependant, elle eut une chance, ou plutôt plusieurs : elle naquit belle comme un ange, et Cygnus avait perdu celle qu'il avait l'habitude de brutaliser. Mais il n'osait pas encore s'en prendre à sa cadette ou à un simple bambin, et était assez fier de Bellatrix pour lui épargner cela. Il réprima donc sa violence un moment.
Dans l’enfance, Bellatrix avait haï leur père, bien plus que ces deux cadettes qui, elles, le craignaient. Mais plus elle avait grandi et plus son discours avait changé. C’était pour leur bien qu’il était ainsi, disait-elle, pour le bien de leur lignée.
Mais, contrairement à sa sœur aînée, Andromeda n'avait jamais réussi à respecter son père, peut-être tout simplement parce que pour elle, le respecter aurait signifié lui donner raison, et ça s’était tout simplement impensable. Elle ne pouvait supporter sa violence, sa méchanceté. Elle se sentait mal en se présence, aussi jeune qu'elle ait pu être, elle se savait indésirable. Elle savait qu'il était là, à la guetter avec impatience, attendant le moindre faux pas qu’il pourrait lui faire payer.
Cependant, son enfance fut plutôt heureuse, ses sœurs lui apportaient cette amour qu'elle ne reçut jamais de ses parents. Elles passaient tout leur temps ensemble, à se raconter des histoires, à jouer, ou parfois simplement à rester dans le silence en se blottissant les unes contre les autres.
Après la mort de leur mère, Bellatrix avait en quelque sorte pris sa place, s'occupant d'elles lorsqu'elles étaient malades, se levant la nuit pour les rassurer lorsqu'elles faisaient des cauchemars. Il était d'ailleurs arrivé plusieurs fois à Andromeda de crier et de prétendre avoir fait un mauvais rêve, uniquement pour que Bellatrix accourt, la prenne dans ses bras, lui caresse les cheveux, et lui murmure doucement que jamais les créatures qui peuplaient ses songes ne pourraient lui faire du-mal, parce qu'elle la protégeait. C'était dans ces moments-là qu'Andromeda se disait que c'était peut-être mieux que sa mère soit au paradis, leur père ne lui faisait plus de mal, et Bella était là pour veiller sur elle. Elle était plus forte que Druella ne l’avait jamais été, elle pouvait tenir tête aux monstres des cauchemars et à ceux de la vraie vie, ceux qui vivaient dans la tête de leur père.
Mais il était plus difficile de se dire que tout était pour le mieux quand Cissy leur demandait de sa petite voix d'enfant :
"Elle était comment, maman?"
Bella la prenait sur ses genoux et dans un sourire rassurant lui susurrait:
"Elle te ressemblait beaucoup. Est-ce que tu sais pourquoi elle t’a appelé Narcissa ? Narcisse était un homme qui, voyant son reflet dans une rivière, en est tombé amoureux. Elle t'a nommé ainsi parce que ton seul visage est si beau que n'importe qui pourrait t'aimer. Mère tenait beaucoup à toi, d'ailleurs c’est encore le cas, et même si elle s'est endormie, elle veille encore sur toi."
Cette réponse satisfaisait la petite fille, mais pas Andromeda. Elle connaissait bien son aînée et elle savait qu’elle ne croyait pas un mot de ce qu’elle disait. Andromeda était trop jeune pour se rappeler la naissance de Narcissa, mais à en juger par les allusions atroces que Cygnus y faisait lorsqu’il était ivre de colère et d’alcool, elle se doutait que Druella n’avait pas même eu le temps d’aimer l’enfant auquel elle donnait la vie. Andromeda faisait souvent des cauchemars où elle entendait sa mère crier, elle la cherchait dans toute la maison, mais les hurlements venaient de partout et nulle part à la fois, ils exhalaient des murs et résonnaient dans son crâne. Ils se jouaient d’elle et jamais, jamais elle ne trouvait sa mère.
Bellatrix avait sans doute raison de mentir à Narcissa, Andromeda elle-même ne connaissait pas l’entière vérité, mais les quelques fragments qu’elle détenait étaient déjà trop lourds à porter pour elle. Bellatrix, elle, devait savoir, mais jamais Andromeda ne l’avait entendu parler de cauchemars et jamais elle ne l’avait vu pleurer.
Andromeda admirait Bella et l'enviait parfois, elle voyait bien la façon dont leur père posait ce regard plein de fierté et d'espoirs sur elle. Elle savait que c'était à son ainée qu'on présentait les visiteurs et les amis, pendant qu'elle était supposée être souffrante et alitée.
Elle comprendrait plus tard que cette place qui l'attirait comme la flamme attire le papillon n'était pourtant pas la plus enviable. Elle était enfant et ne voyait pas le poids qui pesait sur les épaules de sa sœur et lentement assombrissait sa lumière, comme elle ne vit pas non plus ce qui lentement c'était mis à les séparer. Car, à flirter avec les flammes, les ailes du papillon finissent toujours par brûler.
J'espère que vous avez aimé!
La suite devrait arriver d'ici deux semaines ou moins.