- Vous.
Hermione et Harry mirent quelques secondes à assimiler l’information qu’ils venaient d’entendre. Pas possible, leurs neurones avaient dû griller pendant les vacances, ils entendaient des voix, tout d’un coup. Car ça ne pouvait absolument pas être la vérité, certainement pas, non.
Non.
Si ?
Si.
Glups. Ils se regardèrent l’un l’autre, puis regardèrent Dumbledore avec l’espoir qu’il dirait d’un coup : POISSON D’AVRIL !
Même si on était en septembre. Hermione, elle, n’en croyait pas ses oreilles. Elle était assez flattée que Dumbledore l’ai choisie elle, plutôt qu’une autre. Mais après tout… Pourquoi elle, en fin de compte ?
- Professeur…
- Oui ? dit Dumbledore en la regardant poliment au-dessus de ses lunettes en demi-lune.
Il ne riait plus, ne souriait même pas. Il était on ne peut plus sérieux. C’est sans doute cela qui persuada Harry et Hermione qu’il était sérieux. Trop sérieux pour être rassurant, d’ailleurs.
Harry était affalé sur sa chaise, complètement ahuri. L’idée même que sa meilleure amie puisse risquer sa vie pour une mission pareille était… plus qu’étrange. Il sentit soudain un pincement au cœur à la pensée que sa meilleure amie partirait. Complètement partagé dans ses émotions, il avait l'impression soudain de surfer sur une vague de surréalisme.
Hermione, elle, n’arrivait toujours pas à y croire. Ça paraissait tellement bizarre qu’on la choisisse elle, plutôt qu’une sorcière diplômée et plus capable !
- Professeur, commença-t-elle lentement, pourquoi moi ?
- Eh bien, il y a de nombreuses raisons. En premier, vous êtes exceptionnellement intelligente. Mais si mais si, sourit-il en voyant qu’elle rougissait. Ensuite, vous êtes sensible, douée, rapide et efficace. Et enfin, vous êtes belle.
Hermione ne savait plus ou ce mettre. Cette litanie de compliment, donnés par le plus grand sorcier de tout les temps, l’avait un peu gênée mais incroyablement fait plaisir.
- Merci, souffla-t-elle.
- Mais de rien. Il ne faut pas rougir à l’énoncé d’une vérité. Toutes ces qualités seront indispensables pour vous mesurer à Tom Jedusor. Bref, je trouve que vous êtes la personne idéale.
- Je suis très honorée. J’accepte.
- Attendez, miss Granger. Vous serez moins enthousiaste bientôt. Sachez en premier que vous ne pourrez plus revenir à notre époque.
Hermione sentit son cœur se fermer. Ne plus revenir ? Ne plus voir Ron, Harry, ses parents ? Ne plus voir toutes ses choses qu’elle aimait ?
- Je sais, miss Granger, que c’est un énorme sacrifice. Mais pensez-y. Vous sauverez des milliers de personnes. Et vous vous attacherez à cette nouvelle époque.
Hermione se sentait tellement indécise. Harry, à côté d’elle, protestait qu’on ne pouvait pas lui demander ça. Et pourtant, toutes ses personnes qui n’avaient jamais rien fait, qui étaient mortes… Et elle pouvait les sauver.
- Monsieur, vous ne pouvez pas lui imposer un choix pareil, protestait Harry. Ce n’est pas juste, elle ne peut…
- Tais-toi Harry, commanda-t-elle. J’ai pris ma décision. Je dois le faire... Et je le ferai.
- Je n’en attendais pas moins de vous, très chère, sourit Dumbledore.
- Mais Hermione, tu ne peux pas…, commença Harry, assommé par la nouvelle.
Hermione sentit de nouveau l’indécision s’abattre sur elle. C’était tellement difficile ! Elle déglutit et une larme coula le long de sa joue.
- Je dois le faire, Harry, dit-elle en pleurant. Je dois le faire. Je sais que je le dois.
- Ne vous inquiétez pas pour vos parents ou vos amis, reprit Dumbledore avec une douceur infinie dans la voix. Une autre Hermione Granger naîtra, et prendra votre place à notre époque. Le seul poids qui restera à porter sera le vôtre, celui du souvenir d'une autre vie. Mais vous ne serez pas seule dans ce passé, n'oubliez pas que je serai présent. Bien qu'avec moins de cheveux blancs!
Elle pleurait, sans pouvoir s’en empêcher. Ne plus jamais les revoir… Harry, voyant son indécision, la pris dans ses bras.
- La décision t’appartient, 'Mione, murmura-t-il dans son oreille.
- Je le ferai, dit-elle à travers ses larmes, le cœur brisé mais résolue.
- Très bien miss Granger, sourit Dumbledore. Voici vos instructions : demain, vous « partirez » grâce à un retourneur de temps à grande échelle. Celui que vous possédiez vous faisait retourner quelques heures en arrière, dans le meilleur des cas. Celui que je vous donnerai vous fera revenir des décennies en arrière. Une fois la-bas, vous trouverez le professeur Dippet en disant que vous venez de Beauxbâtons et que vous voulez rentrer en septième année. Il testera sans doute votre niveau mais je ne m’en fait pas pour ça. Vous me suivez ?
Elle acquiesça en silence.
- Bon, ensuite, vous rentrerez à Serpentard. Oui, je sais, ce n’est pas votre maison, dit-il avec un geste apaisant de la main en voyant son mouvement de recul. Mais il le faut, sinon Tom Jedusor ne pourra jamais vous faire confiance. Et la, vous aurez à l’apprivoiser, comme je vous l’ai déjà dit. Ce sera tout pour aujourd’hui.
Elle acquiesça une nouvelle fois, l’esprit vide. Elle allait sauver le monde sorcier, c’était tout ce qui importait. Ne pas penser au fait qu’elle allait devoir tout quitté. Ne pas y penser. Ne pas y penser. Ne pas y penser. Ne pas y penser.
Oui mais si ça ne marchait pas ? Elle aurait tout quitté pour rien ?
Ne pas y penser, on avait dit. Zen, ne pas y penser.
- Miss Granger ?
Elle releva la tête.
- Oui ?
- Merci. Au nom de toute la communauté des sorciers, merci de tout cœur. Sachez que j'ai la plus grande confiance en vous, et j'ai parfaitement conscience du sacrifice terrible que je vous demande. Croyez que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que votre arrivée se fasse dans les meilleurs conditions possibles.
Ça eut le mérite de lui arracher un pâle sourire. Ne pas y penser, ne pas y penser, ne pas y penser…
- Je crois que vous avez tous deux besoin d’une bonne nuit de sommeil, conclut Dumbledore. Allez donc vous coucher.
Ils retournèrent vers leur salle commune en automate. Ne pas y penser, ne pas y penser, ne pas y penser, ne pas y penser…
- Alors ?
Ils virent Ron qui courrait à leur rencontre. Oh non. Elle allait devoir faire ses adieux à tous le monde. Elle n’allait plus les revoir. Les larmes lui montèrent aux yeux et elle dépassa Ron sans répondre.
- Euh…, je n'ai encore rien dit, comment est-ce que j’aurai pu dire quelque chose qu’il ne fallait pas ? demanda Ron, incertain.
- Prépares-toi à lui faire tes adieux, soupira Harry.
- Quoi ! Qu’est-ce que tu racontes ?
- Qu’elle part nous sauver dans le passé, murmura Harry.
- Hein ?? Il y a moyen d’être plus clair ?
Harry explosa.
- Oh tais-toi un peu ! Je dis qu’elle va partir vers le passé pour toujours, pour empêcher Voldemort de devenir Voldemort ! On ne la reverra plus ! Ça te suffit, comme clarté ? Oh merde !
Il resta une minute à écumer de colère. Puis, il eut honte.
- Je suis désolé. Je ne voulais pas crier comme ça mais je ne me fais pas à l’idée qu’elle part pour toujours, dit-il en ravalant ses larmes.
- Non mais attends… elle va vraiment partir ? reprit Ron en écarquillant les yeux de surprise.
- Oui.
- Mais elle ne peut pas ! Elle… elle ne peut pas nous quitter… elle…
Harry eut un rire sans joie devant la réaction de son ami.
- J’ai réagi comme toi. Mais entre nous et la paix dans le monde, qui crois-tu qu’elle a choisi ?
Ron se précipita dans la salle commune. Hermione pleurait sur l’épaule d’une Ginny éplorée.
- Hermione…
Elle tourna vers lui son visage ravagé de larmes.
- Hermione, tu ne peux pas nous quitter…
- Je n’ai pas le choix Ron, sanglota-t-elle. Il faut que je parte… Mais ne t’inquiète pas. Dans le nouveau futur, une nouvelle Hermione Granger prendra ma place et vous ne vous souviendrez pas de moi, puisque vous ne m’aurez pas connu.
- Hein ?
Malgré elle, elle sourit.
- Oui, je sais, les méandres du temps sont compliqués. Mais le fait est que je dois partir. Adieu Ron.
Elle se jeta contre lui et le tint longuement dans ses bras. Il la serra en retour, d'abord assez gauchement, puis en la serrant de toutes ses forces, conscient que ce serait la dernière fois. Ils restèrent de longues minutes enlacés. Puis, Hermione se détacha de ses bras et s’enfuit vers les jardins en pleurant. Ron s’affala dans un fauteuil et prit sa tête entre ses mains. Harry, lui, courut après Hermione.
- Hermione ? haleta-t-il, après avoir couru jusqu’au pavillon favori de son amie.
Il savait qu’il la trouverait la. Elle allait souvent la, quand elle avait un problème et que la bibliothèque était fermée. Effectivement, il entendit un bruit de pleurs. Il se dirigea en silence vers la source des sanglots et s’assit lentement à côté d’elle. Sans un mot, il l’a prit dans ses bras. Les mots étaient de trop.
- Tu as fait le bon choix, dit-il simplement.
- Je sais, murmura-t-elle. Mais le bon chemin n’est pas toujours facile. Je n’aurais jamais cru que ce serait si dur.
Harry sentit de nouveau cette étrange impression. Plus que de l’amitié. L’amour. Et s’il ne le disait pas vraiment, il ne le dirait jamais. Parce qu’elle ne serait plus jamais la.
- Hermione je t’aime, lâcha-t-il en un bloc.
- Je t’aime aussi, murmura-t-elle sans manifester de surprise. Si seulement je m’en étais rendu compte plus tôt.
Il l’embrassa doucement.
- Si seulement on s’en était rendu compte plus tôt.
Ils continuèrent à parler, de tout ce qu’ils auraient dû se dire depuis des années. De ce qu’ils perdaient, d’un coup. Toute la nuit, ils restèrent dans le petit pavillon, malgré le vent froid et l’humidité. Ils étaient à deux, c’était suffisant. Ils restèrent dans les bras l’un de l’autre, jusqu’au matin.
********************************************************
Voila, je poste le chap 2 ! J'espère que vous aimerez autant que vous avez paru aimer le premier. Ca m'a fait énormément plaisir de recevoir autant de reviews pour un premier chap! Vous en faites autant pour celui-ci, ok? Lol, pitié! J'adore ça, je confirme!
Gros bisous!
Catya