Ron se retourna dans son lit pour la troisième fois en moins de vingt minutes. Le bruit d’habitude si rassurant des vagues qui s’écrasaient en bas de la Chaumière aux Coquillages l’empêchait de fermer l’œil et il était évident qu’il ne dormirait pas correctement cette nuit-là. Avec un soupir exaspéré, il se leva en tentant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller Harry et Dean qui partageaient à présent la chambre qui avait été la sienne quand il avait fui le campement dans la forêt. Cela lui semblait s’être déroulé des siècles auparavant, désormais. Entre temps, il était revenu, il avait retrouvé Harry et Hermione, et puis il avait failli la perdre, aux mains d’un monstre de cruauté. Dobby était mort, et à chaque fois que Ron voyait la tombe du petit elfe, il ne pouvait s’empêcher de penser au fait que ça aurait pu être Hermione à sa place.
Il poussa la porte de la chambre et une fois dans le couloir, le bruit des vagues retentit avec plus de force encore. Quelqu’un avait laissé une fenêtre ouverte, et en voulant aller la refermer, il aperçut que de la lumière filtrait sous la porte de la chambre que Hermione et Luna occupaient. Il hésita plusieurs secondes avant de se décider à entrer dans la pièce. Pour s’assurer qu’elles allaient bien, se dit-il. Il actionna délicatement la clenche en bronze et le bruit de la porte qui s’ouvre fut étouffé par le fracas des vagues. Un coup d’œil à sa droite lui indiqua que Luna était profondément endormie dans son lit. La lumière provenait d’une bougie allumée sur la table de chevet de Hermione. Enroulée dans une couverture, elle regardait les vagues venir mourir au pied de la falaise, un air mélancolique sur le visage.
— Hermione ?
Elle ne tourna pas la tête vers lui quand elle murmura :
— Je crois que je pourrais rester ici toute ma vie, à écouter la mer.
Ron ne sut pas quoi répondre, alors il se contenta de rester là, dans l’encadrement de la porte, se sentant un peu bête à ignorer comment réagir. Hermione semblait si lasse qu’il sentit son cœur se serrer douloureusement. Il aurait voulu avoir le courage de la prendre dans ses bras, mais pas ainsi, dans sa chambre, la nuit, alors que tout le monde dormait ; il n’aurait pas voulu que Hermione se trompe sur ses intentions.
— C’est magnifique, la mer, tu ne crois pas ?
Et sans attendre de réponse, elle ajouta :
— Mes parents et moi, quand nous partions en vacances, nous pouvions rester des heures assis sur une plage, à simplement regarder le va et vient des vagues, à sentir les embruns et à écouter les rouleaux et les mouettes.
Ses épaules se mirent à trembler de manière irrégulière, et Ron se rendit compte qu’elle pleurait. Alors en deux grandes enjambées, il se retrouva à ses côtés et posa sa main sur l’épaule de Hermione.
— Hey, princesse…
Hermione sécha rapidement ses joues, et d’une voix triste et faible, elle murmura :
— Je suis désolée.
— Tu n’as pas à l’être, c’est normal qu’ils te manquent…
Il enroula son bras autour de son épaule et embrassa le sommet de sa tête, essayant de lui transmettre un peu de chaleur, de réconfort, et surtout d’amour. Et ce n’était pas difficile, parce que de l’amour pour Hermione, il en éprouvait plus qu’il ne saurait le dire.
Il sentit son cœur faire un bond quand Hermione se rapprocha encore d’avantage de lui, calant sa tête contre sa poitrine confortablement et passant son bras autour de sa taille.
— Tu peux rester regarder la mer avec moi, s’il te plait ?
— Bien sûr…
Et tous les deux, ils regardèrent l’eau venir chatouiller le sable et les rochers, nettoyant la pierre de ses saletés. Ron voulut y voir une métaphore pour un futur plus heureux, passé les pieds dans l’eau et le cœur au bord des lèvres, la main de Hermione dans la sienne et un soleil bleu au dessus de leurs têtes.