Le potterverse appartient à JKR.
La chanson "Sisters" (dont les paroles sont en italique dans le texte) appartient à Pain of Salvation, et est écoutable : ici
Cet OS n'a rien à voir avec NJH.
Merci à Kriss pour ses corrections et son avis si précieux et merci également à Noisette!^^
Isolé dans un coin reculé de l’immense chapiteau qui avait été dressé dans le jardin du Terrier pour l’occasion, j’admirais la lumière des chandelles qui se réfléchissait dans mon verre de vin.
Nuances de carmin et vermeil se mêlaient pour former le plus merveilleux nectar que j’ai jamais goûté. Ou peut-être était-ce l’occasion qui rendait le vin si particulier. Si doux et si amer. Exceptionnel.
Pris d’une étrange impulsion, je quittai mon verre des yeux et les levai vers la piste de danse où tous célébraient les nouveaux mariés. Harry, mon filleul, qui dansait avec sa si jolie épouse ; Molly et Arthur, si heureux pour leur fils qui avait aujourd’hui lié son destin à celle qu’ils considéraient depuis si longtemps déjà comme faisant partie de la famille.
Plutôt que de la chercher elle, je laissai mon regard se perdre dans la foule bigarrée, dominée par le roux si caractéristique des Weasley. Tous semblaient un peu étourdis et heureux, ils devaient avoir abusé de ce délicieux vin… Mais je n’arrivais pas à partager l’humeur de la fête, alors je la laissai derrière moi. J’avais envie d’être seul avec mes pensées, seul avec mon esprit qui tourbillonnait.
J’avais besoin de réfléchir. D’y voir clair. Je marchai le long des arbres qui ornaient le verger des Weasley, humant le parfum de leurs fleurs qui venaient à peine d’éclore en ce tout début de printemps. Et soudain, je la vis. Elle se tenait devant moi, adossée à un pommier, non loin de la mare. Elle aussi devait avoir eu envie de s’isoler… Mais qu’est-ce qui pouvait bien la troubler, elle ?
Elle devait m’avoir entendu approcher, car elle se retourna vers moi. Son visage ne trahit pas sa surprise, et pourtant je savais qu’elle ne devait pas s’attendre à ce que ce soit moi. Elle attendait peut-être son mari… Certainement pas moi. Elle s’avança vers moi, doucement, précautionneusement, comme on approcherait un animal blessé, et je ne pus m’empêcher de penser qu’elle marche comme toi, et elle sourit presque comme toi. C’est une enfant sauvage comme toi.
Oui. Je sais que finalement, elle n’est qu’une seule et même personne. Que la Hermione que j’ai connu dans ma jeunesse et celle qui aujourd’hui a épousé Ron Weasley ne sont qu’une seule et même femme. Et pourtant. Pourtant, comment pourrais-je retrouver en cette femme, celle que j’ai connue ? Celle qui se moquait si souvent de James – soit disant pour faire dégonfler son égo démesuré -, celle qui aidait Remus et Dumbledore dans leurs recherches pour trouver un sortilège capable de protéger Lily et le bébé à naître ? Celle avec qui je partageais mes nuits, il y a de cela si longtemps, et pourtant…
Durant un instant, un instant si fugace, je crois que j’ai vu l’éclat de celle qu’elle était, la vraie elle, celle que j’avais connue, derrière cette façade, ce masque qu’elle s’est créé. Mais cela disparut aussi vite que c’était apparu. Elle me fixe un instant. Elle est si chaleureuse, si vivante, si fragile, avec son sourire qui lui fait pétiller le regard.
Et à cet instant, je sais que tout pourrait basculer.
Si elle me regardait dans les yeux et me le demandait doucement, je sais que serais dans son lit et dans sa chair… Et je perdrais la vie telle que je la connais.
Alors je retiens ma respiration, ferme les yeux et me concentre sur mon verre de vin. Je laisse ce moment d’hésitation passer pour que je parvienne à lui dire bonne nuit.
Je lève à nouveau les yeux vers elle, et dans ses prunelles, je ne vois que le reflet de ma propre hésitation. Merlin, Hermione ! Nous étions pourtant d’accord ! Lorsque les Langues-de-Plomb ont réussi à comprendre comment marchait ce foutu Voile et qu’ils m’ont ramené, c’est même presque la première chose dont tu m’as parlé ! Nous avons convenu tous les deux que personne ne devrait savoir. Tous ceux qui t’avaient rencontrée dans le passé sont dorénavant morts, comme je devrais l’être, alors mieux valait que tous continuent à ignorer ce qui s’était passé entre nous…
Comme si j’avais imaginé que nous allions reprendre les choses là où mon emprisonnement les avait laissées !
J’avais 21 ans, toi 20. Tu disais sortir d’une histoire d’amour complexe et pas vraiment finie et ne pas avoir envie de te compliquer la vie. Je n’étais que trop heureux de te fournir l’échappatoire dont tu avais besoin et…
Et je n’arrive même pas à me souvenir à quel moment j’ai réalisé qu’au-delà du plaisir que nous partagions, il y avait de la tendresse, peut –être même de l’amour.
Mais j’ai été envoyé à Azkaban, et toi tu es repartie à ton époque, alors pourquoi se torturer avec ce qui aurait pu être ? Tu t’es finalement réconciliée avec Ron, et ce que nous avons vécu doit être un vague souvenir pour toi… Pourtant, c’est bien du doute que je lis dans tes yeux. Tu aimes Ron, je le sais, je l’ai vu, je…
Je ne peux pas éloigner mes yeux des tiens. Bon sang Hermione, fait quelque chose ! Ca a toujours été toi la plus raisonnable, la plus mature de nous deux… Ne compte pas sur moi pour…
Je ne peux pas m’en empêcher, sur une impulsion, j’ai presque touché son visage avant de retirer ma main.
Nous sommes soudain tous les deux nerveux, alors nous rions et elle renverse un peu du vin qu’elle a emmené avec elle. Nous sommes tous les deux si mal à l’aise de ce qui est à nos esprits.
Et cette Hermione que j’ai devant moi, elle marche comme toi, et elle sourit presque comme toi. C’est une enfant sauvage comme toi. Mais elle n’est pas complètement comme toi. Elle fait tout pour ne pas être toi, ne plus être toi. Comme n’importe quelle sœur le ferait.
Elle fait tout pour être celle que tous connaissent depuis qu’elle a rejoint Poudlard et pas celle qui fut mienne.
Et peut-être que c’est parce que je lis son envie d’être toi dans ses yeux, que j’ai tant envie d’elle. Encore une fois. Seulement encore une fois.
Si elle me regardait dans les yeux et me le demandait doucement, je sais que serais dans son lit et dans sa chair… Et je perdrais la vie telle que je la connais.
Alors je retiens ma respiration, ferme les yeux et me concentre sur mon verre de vin. Je laisse ce moment d’hésitation passer pour que je parvienne à lui dire bonne nuit.
Si je la regardais dans les yeux et le lui demandais, elle se donnerait à moi, donnerait sa chair… Et elle perdrait la vie telle qu’elle la connaît.
Alors nous retenons notre respiration, fermons les yeux et prenons une gorgée de vin. Mais cette soif, cette envie de nous, a déjà vidé tous les verres. Et nous devrions nous dire bonne nuit.
Que Dieu m’aide à lui dire bonne nuit.
Une petite review pour l'anniversaire d'Eanna ? (oui je sais, c'est nul comme supplique XD)