Voici mon troisième OS répondant aux prompts de LostInTheSun et Aosyliah.
Deuxième table, prompt numéro 5 : Les cinq sens.
Je vous conseille d'aller lire les autres textes de cette série, ils sont tous bien !
Un grand grand merci à Labige qui me bétate parfaitement bien malgré ses soucis d'ordinateur ! Et un autre grand merci à Taka qui a toujours de bons conseils !
Bonne lecture à tous !
Elle est fermée.
Cette porte close m'empêche d'aller savourer la souffrance, déguster le sang et adorer la peur. Je n'existe que pour ça, cette nuit. Mais je ne peux pas sortir. J'essaie de reconnaître cette pièce dans laquelle je suis prisonnier. Je ne pense plus à rien. Alors le désir de m'échapper m’érafle. Je m'enlise dans cette envie irrémédiable de partir d'ici. Je veux aller dehors et je ne veux que ça.
Très vite, la colère me gagne. Pourquoi suis-je enfermé ? Peu importe le lieu, personne n'a le droit de m'enfermer. J'ai envie de détruire cette pièce, j'ai envie de la brûler, de la dévorer. Je veux sortir ! Cependant, je perçois une présence à l'extérieur et je devine une proie, ou même plusieurs. Le besoin de « déchirer » m'est insupportable. C'est comme une possession.
Une obsession qui m'envahit. J'enfonce mes griffes dans le bois des murs. Je hurle de rage, je hurle d'envie. L'envie de briser ce qui m'entoure. Et je me jette contre les meubles, je bondis sur eux, j'exprime toute ma haine. Qui m'a enfermé ici ? Qui veut mourir cette nuit ? Je balance tout ce qui est à ma portée. Peut-être qu'on m'entendra et que je pourrais enfin « déchirer » quelque chose.
Petit à petit, c'est une nouvelle forme de rage qui s'exprime. J'ai besoin de tout détruire. Elle est au plus profond de moi, c'est ma nature qui me pousse à extérioriser toute cette colère. Alors je cogne de toutes mes forces contre la porte, je veux effrayer le reste du monde. Je veux qu'on me libère et je continue à ma défouler sur tout ce qui me passe entre mes griffes.
Puis j'agrippe un morceau de tissu violet. Et une sensation étrange me parcourt. Cette odeur... Je la connais. Une multitude de mots me vient à l'esprit. Je me mets à penser, à imaginer. Je vois de la féminité, de la candeur, de la fraîcheur. Je vois cette femme... Je vois ces cheveux, je les sens.
Cette odeur... Elle m'enivre et j'ai l'impression d'en avoir des souvenirs. Quel est mon nom ? Quel est le sien ? Cette femme. Je crois qu'elle est belle, je crois que je l'imagine. J'ai son reflet devant les yeux, cette femme qui danse devant moi, son odeur qui se répand autour de moi. Elle me regarde, puis elle s'approche.
Alors je la vois, je la regarde. Je contemple cette silhouette qui se dresse sous mes yeux et je perçois ses couleurs, son visage, ses mains sur ses hanches. J'ai envie de mordre dans ce cou, mais avec douceur. J'ai envie de frôler ces cheveux. Finalement, je la distingue à la perfection... Et quelle perfection ! Ses jambes longues et fines vont se perdre sous une robe. Mes yeux quittent la courbe de ses cuisses et, tandis qu'elle se retourne, ils se posent sur sa chute de rein. Le bas de son dos semble doux et mon regard se dirige inévitablement vers sa nuque.
Cette femme que je vois parfaitement, cette femme que je regarde... Je connais son prénom, je reconnais son visage. Il est si particulier, il n'y en a qu'un seul qui a cet aspect. Il n'y a qu'elle, qu’elle qui a ces cheveux hauts en couleur. Il n'y a que ces yeux, cet air amusé. Ce regard charmeur.
Nymphadora... Mais quel est mon nom ? Le tien sonne comme un délice à mes oreilles. Ta voix, quand tu me parles. Ta voix si appétissante. Ta voix qui me donne envie de tes murmures. Et quand ta bouche s'ouvre pour prononcer mon nom, mes yeux supportent à peine un tel spectacle. Je n'ai plus envie que de t'entendre. Ton image est imprimée en moi et je me concentre sur les sons qui s'en échappent.
Les paupières closes, je t'écoute. Ce qui me semble être un chant devient une sorte de déclaration. Tu dis que tu es là pour moi. Moi ? Mais qui suis-je... Tu dis que je dois penser à toi mais je ne fais que cela. Désormais, tu m'obsèdes. Nymphadora, un prénom qui résonne dans ma tête, qui cogne contre mon âme. Un prénom comme une mélodie heureuse. Ton prénom qui est si doux à entendre. Si beau à écouter.
T'écouter. Tu me parles et je ne veux plus avoir d'existence physique. Ta voix me suffit pour me sentir vivant et quand je rouvre les yeux, ta bouche se meut toujours sous des paroles rassurantes. Je les fixe, tes lèvres. J'ai l'impression de les connaître, de les avoir déjà embrassées. Cette bouche qui me paraît fraîche et sucrée. Cette peau à la fois rose et ambrée. Alors je me rappelle du goût de tes lèvres. Nymphadora, elles possèdes une saveur unique. Je me souviens, quand on s'embrassait, de tous ses parfums qui m'envahissaient. Il est encore présent, ce piquant qui me transperce à chaque fois que je dévore une parcelle de ton corps.
Définitivement attiré, je m'avance vers toi, vers le contact, que je réclame et redoute à la fois. Le contact quand tu poses une main contre ma taille. Je respire tout ton être et je me perds un peu plus moi-même. Je suis envoûté alors que je ne connais même pas mon nom. Mais tu dégages une grâce inavouable et je perds l'esprit. Tu te laisses frôler et je peux enfin succomber à la douceur de ta peau.
Le bonheur de te sentir contre moi. Tes couleurs qui m'enivrent. Tu me rends fou, Nymphadora. Je n'ai plus d'identité mais j'existe pour te toucher. Et ça me suffit, ces caresses que tu aimes. Mes doigts contre ton corps et puis mes mains sur tes hanches. Tout comme le tissu de ta robe, la pointe de tes cheveux. Je plonge mes mains sur toi et j'effleure tous ces plaisirs.
Mes sens en éveil, je reprends connaissance. Mon nom me revient, mon nom que tu prononces, que tu respires et que tu incarnes. Je me regarde, je vois cette peau étrange, ces griffes... Est-ce que c'est moi ? Pourquoi ai-je retrouvé ma conscience ? Où est mon envie de destruction ? Qu'est-ce qui m'arrive ? Et cette sensation de contrôle sur ma propre nature... Je la connais, cette impression d'être moi-même. Pourtant, je n'ai pas bu de potion tue-loup, je n'ai rien fait pour supporter cette énième pleine lune. Mais le parfum de Nymphadora occupe encore la pièce. Alors je comprends qu'elle est différente, qu'elle m'est essentielle.
Je vous avais dit qu'il allait être moins triste :').