« AAAH ! »
Daphné Greengrass claqua la porte derrière elle et sauta sur place en hurlant, comme il était à son habitude lorsqu’elle était contrariée. Seulement, elle savait qu’en ce moment précis, rien de ses supplications, protestations et autres oppositions en « ions » ne pourrait sauver la situation.
D’un parce qu’elle n’oserait jamais les souffler à quiconque.
De deux parce que les vœux avaient été prononcés et qu’elle ne pourrait plus revenir en arrière.
Pourtant, lorsque le prêtre avait demandé si quelqu’un s’opposait à ce fichu mariage, elle avait failli dire « Moi ». Mais elle s’était raisonnée. Ce non-acte avait plongé son âme dans un gouffre sans fin, mais il avait eu la vertu de ne pas la ridiculiser.
Extérieurement, rien n’avait paru, bien entendu. Seul un tremblement avait agité sa main, infime, imperceptible. Et puis, lorsqu’ils s’étaient embrassés, elle avait plaqué son grand sourire factice spécial grandes occasions et, à la sortie, avait serrée sa sœur dans ses bras. Celle-ci lui avaient rendu le plus sourire éblouissant qu’elle lui eut jamais vu.
Daphné s’était demandée si sa sœur n’avait pas remarqué son trouble à cause de l’euphorie ou si, tout simplement, la Reine des Glaces était arrivé au point ultime de la dissimulation.
Elle sauta sur place, hurla qu’elle voulait qu’on lui rende sa vie, sa vie d’avant, avec ses faux amis, sa gloire perpétuelle, son mari quasiment promis, à savoir Drago Malefoy.
Mais comme d’habitude, son insupportable petite sœur avait…
« Tout fait foiré ! » Cria-t-elle.
Sa main se plaqua sur son visage. Ce langage n’était pas digne d’une lady…Elle fronça les sourcils et continua pourtant d’hurler des insanités.
Pourtant, une petite part d’elle-même savait bien que ces gesticulations ne serviraient strictement à rien.
Elle s’assit lourdement sur le canapé, entreprenant avec application de déchirer sa belle robe de mousseline bleu pervenche. Elle détestait cette couleur. Sa sœur lui piquait son parti, et, en plus, elle l’obligeait à se vêtir d’une horrible robe hors de saison.
Daphné n’arrivait pas à savoir lequel de ses deux affronts était le pire.
Soudain, une bourrasque glaciale s’engouffra dans la pièce. La jeune femme se tourna vers la porte, fermée à double tour. Puis, un bruit sourd se fit entendre.
Elle se leva, intriguée. Une fumée s’levait du sol quand, soudain, une boite de police moldue bleu apparue.
Qui avait l’audace de se portoiloiner dans sa cachette ? Le nouveau venu allait recevoir ses foudres…
Elle sortit sa baguette et la dissimula entre ses bras croisés.
La porte de la boite s’ouvrit, et un toussotement résonna dans la salle. Puis, émergeant de la fumée, un homme lui fit face.
Il était très grand, fin, et portait un costume d’un goût douteux. Lorsqu’elle s’aperçut d’un rapide coup d’œil qu’il portait un nœud papillon, elle se frotta les yeux.
Quel plouc pouvait oser porter cette horreur ?
Dommage, d’ailleurs, pensa Daphné. Il est plutôt joli garçon.
« Hey ! » S’exclama l’inconnu.
Il s’approcha de la jeune femme en deux grandes enjambés, un grand sourire au lèvres. Daphné Greengrass ne recula pas, et se contenta de le dévisager d’un air hautain.
« Qui êtes-vous ? Demanda-t-il.
- C’est vous qui venez d’arriver, c’est à vous de vous présenter, répliqua sèchement Daphné.
- Mais non ! Ca ne se fait pas comme ça d’habitude ! Dit-il en secouant ses mains dans tous les sens.
- Avec moi si.
- Dites votre nom !
- Non.
- Si.
- Non !
- S…
- D’accord, d’accord ! Je suis Daphné Greengrass.
- Et bien voilà qui est mieux.
- Et vous, qui êtes-vous ? »
Mais il ne prêtait déjà plus attention à elle. L’inconnu regardait la pièce, l’examinait sous toutes ses coutures.
« Qui êtes-vous ? » répéta la jeune femme.
L’homme se retourna, la regarda, fit les cent pas, continua de regarder la pièce. Daphnée poussa un soupir excédé. Il la regarda, et, haussant les épaules comme s’il s’agissait de l’évidence même, il lança:
« Je suis le Docteur. »
Daphné haussa les sourcils. Le « docteur » ? Comment ça ? Qu’entendait-il par là ?
En plus, l’inconnu avait l’air très fier de lui lorsqu’il avait prononcé ces deux mots…
Sans doute un hurluberlu fan des moldus à la Weasley.
…Un Weasley ?
Non, elle les connaissait tous, avec leurs visages de rongeurs et leurs tâches de rousseurs. Aucun goût vestimentaire. Et Daphné se souviendrait toujours de la cuisante humiliation que lui avait infligée Pansy Parkinson en hurlant sur tous les toits que la fille belette était plus jolie qu’elle.
Bouledogue avait vraiment besoin de lunettes, pensa la jeune femme.
« Pays de Galles, commenta celui qui se prénommait le Docteur. Intéressant. Que puis-je bien faire en Angleterre à cette période de l’année ?
- Le temps est meilleur que la plupart du temps, on peut zigzaguer à travers les averses, ricana Daphné.
-Vous, vous êtes amère, nota l’homme, intéressant. Dites-moi…Nous sommes bien en 2001 ?
- Bien entendu. Vous venez de quelle planète ?
- Oh, ça c’est une longue histoire, répliqua le Docteur en tapotant l’épaule de Daphné.
- Ne me touchez pas ! »
Instinctivement, elle avait sorti sa baguette. Bois d’if, ventricule de dragon, 28,9 centimètres, souple, excellente pour les sortilèges.
Même après tout ce temps, la petite fille qui sommeillait en l’ainé des Greengrass se souvenait des paroles d’Ollivander.
L’homme louchait à présent sur la pointe de la baguette de la jeune femme, l’air légèrement perplexe. Puis, un sourire éclaira son visage, et il dévisagea Daphné avec une expression de dément.
Il est fou à lier, pensa-t-elle, prête à lancer n’importe quel sort.
« Ah ! S’exclama-t-il. Une sorcière ! Formidable, Ca faisait longtemps. Dites-moi, vous avez réussi à vaincre votre Voldemarre ? Vu l’année, normalement oui. A moins que…Ca expliquerait au moins pourquoi le TARDIS…
- C’est qui le TARDIS ? L’interrompit la jeune femme.
- Mais c’est…Le TARDIS, c’est ça ! »
Le soit-disant docteur se détourna dans la baguette pour tapoter affectueusement la boite bleue dans laquelle il était arrivée.
« Un portoloin ? S’esclaffa Daphné. D’accord, vous appelez le portoloin un…
- TARDIS. Et ce n’est pas un portoloin.
- Mais bien-sûr. Et moi je suis une moldue. »
L’homme sourit largement et Miss Greengrass serra encore davantage les dents.
« Ce n’est pas un portoloin, Daisy.
- Daphné.
- Ce n’est pas un portoloin, c’est le TARDIS. Il peut vous amener n’importe où.
- Comme un portoloin, répondit Daphnée en haussant les épaules.
- A travers le temps et l’espace ?
- Ce truc voyage à travers… »
Elle s’interrompit, à mi-chemin entre le scepticisme et une forte envie de croire. De croire que, malgré tout ce qui n’allait pas dans sa vie elle pouvait toujours…
« Le tout est de savoir si vous vous voulez venir », lança malicieusement le Docteur.
…S’enfuir.
Note d'auteur :
Je ne suis pas responsable des dommages scausés à votre cerveau...
Merci de ne pas contacter un avocat.
Note de chapitre:
Bonne lecture !
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