Disclaimer : Les personnages appartiennent à J.K. Rowling, je ne fais que les mettre en scène.
J'espère qu'il vous plaira ! Je vous conseille vivement d'écouter Thistle & Weeds de Mumford & Sons en lisant, en boucle, parce que c'est vraiment cette chanson qui m'a inspirée !
Un énorme merci à Dunne pour ses corrections, son avis, sa patience, merci !
Il est tard, mais je n’ai pas le courage de quitter la fenêtre des yeux pour regarder l’heure. D’ailleurs, du courage, je n’en ai jamais vraiment eu, n’est-ce pas ? Je n’arrive pas à comprendre pourquoi j’ai été réparti dans la maison du brave, du hardi Gryffondor. J’en ris encore. D’un rire amer, certes, d’un rire qui me rappelle à quel point je suis un lâche.
Au début, je pensais qu’il avait vu en moi une qualité que je ne connaissais pas, une qualité qui ressortirait un jour, qui prouverait que j’avais en moi quelque chose. Et je vous ai rencontrés. James, Sirius, et puis Remus. À votre façon, vous étiez chacun une représentation différente du courage. Je vous admirais, je vous idolâtrais, parce que vous l’aviez, ce quelque chose que je cherchais en moi. Ce quelque chose qui ferait de moi un garçon comme vous. Pourtant, j’ai passé des années à espérer, à attendre, à vous regarder de loin. Je sais, c’est assez paradoxal quand on sait que j’étais constamment avec vous.
Je me sentais enfin vivant. Enfin heureux. Vous, mes amis, vous étiez un peu des marginaux, comme moi.
James, tu n’avais pas ta langue dans la poche et tu adorais faire des farces. Pourtant, alors que tu étais populaire, tu ne cherchais jamais à approfondir tes relations avec d’autres que nous. Tu avais ton confort, tu ne voulais pas souffrir, alors tu te contentais de nous. Je t’ai fait souffrir, n’est-ce pas ? Je suis persuadé qu’en voyant le Seigneur des Ténèbres à ta porte, tu as tout de suite su que je vous avais trahis. Tu n’as certainement pas voulu y croire, tu as sûrement cherché une autre explication, mais au fond de toi, tu savais. Depuis plusieurs mois, je sentais ton regard sur moi, un regard différent. Méfiant. Tu ne l’étais pas assez, cependant, tu as fait confiance à Sirius, et pour la première fois de ta vie, cette confiance t’a trompé. Tu sais, j’ai été honoré d’être votre Gardien du Secret, c’est vrai. Mais une désagréable voix dans ma tête ne cessait de me répéter les mots de Sirius : « Personne ne pensera que Peter est le Gardien du Secret ». Non, personne ne penserait que je serais le Gardien du Secret. Moi, le faible, l’insignifiant Peter. C’est vrai, après tout, je permettais de brouiller les pistes, qui aurait pu imaginer que l’on me confierait une tâche aussi dangereuse ?
Sirius, toi, tu ne t’es jamais vraiment entendu avec ta famille. Il y avait bien Andromeda, mais elle était de sept ans ton aînée et vous avez très vite emprunté des chemins différents. Et puis ton frère et toi avez eu une grosse dispute juste avant ton départ à Poudlard. Il s’agissait d’une simple dispute entre frères, qui se serait sans doute arrangée en l’espace de quelques secondes pendant les vacances de Noël. Mais avec ta répartition à Gryffondor, toute ta famille te voyait désormais comme un traitre. Tu as été mis de côté, oublié, trainé dans la boue. Mais tu t’es relevé et fier, tu leur as tourné le dos avec tant de bravoure que beaucoup te pensaient simplement inconscient. Mais j’ai toujours su que tu avais en toi les plus grandes qualités de Godric Gryffondor, et que tu savais parfaitement ce que tu faisais.
Remus. Ah Remus, au début, je pensais que toi et moi, nous étions les mêmes. Rejetés, ignorés, les gens se demandaient ce que nous faisions avec les deux autres. Mais en fait, tu avais une bonne excuse à ton comportement. Ton petit problème de fourrure. Lorsque James et Sirius l’ont découvert, j’étais d’avis de t’éviter aux alentours de la pleine lune, j’avais peur que tu puisses te transformer et nous blesser. Mais ils ont su me convaincre après de nombreuses discussions qu’il fallait t’aider. Le pauvre Remus qui semblait exténué une fois par mois pendant plusieurs jours, le pauvre Remus qui revenait chaque mois avec une cicatrice de plus. Le pauvre Remus. Je te jalousais, autant que j’admirais nos deux amis. Parce que j’avais nourri l’espoir d’avoir un semblable, une personne aussi effacée que moi. Mais en réalité, tu étais le plus courageux de nous tous. Tu nous avais affrontés avec dignité, nous mettant presque au défi de te laisser tomber, maintenant que nous étions au courant pour ta lycanthropie. Je voyais pourtant que tu étais mort de peur, je reconnaissais cette expression sur ton visage, celle que tu tentais de masquer par de l’indifférence. J’ai vu ton soulagement lorsque nous t’avons soutenu. A ce moment, j’ai senti mon cœur se serrer. Parce que j’étais simplement moi. Simplement Peter, celui dont les amis étaient spéciaux, courageux.
Et puis toi, Lily. Durant notre dernière année, tu t’es enfin décidée à accepter de sortir avec James. La belle, l’intelligente, l’amusante Lily Evans bientôt Potter passait plus de temps avec nous pendant un an qu’elle n’en avait jamais passé en six ans. Tu me souriais comme si nous avions toujours été des amis proches, tu me parlais comme si nous étions égaux. Tu m’as fait croire que j’étais ton ami. Ce que j’étais pour toi, je n’en doute pas. Tu sais, je n’ai jamais rien eu contre toi, et je regrette ta mort. Je regrette celle de James aussi, enfin je crois. Mais il le fallait, tu comprends ? Il fallait que j’aide le Seigneur des Ténèbres, il a été beaucoup plus persuasif qu’on ne peut l’imaginer, que je ne l’imaginais. Je n’ai pas eu le choix. Tu me pardonneras, n’est-ce pas ? Je ne suis pas courageux, tu l’as toujours su. Je l’ai toujours su. Au moins, Harry sera avec vous, il n’y aura pas de famille brisée.
La Lune sera bientôt pleine, demain peut-être. Je me sens mal. Une nausée comme jamais je n’en ai connue me donne le vertige. Je tombe à genoux, mon cœur se serre. Je vous ai tués. Je vous ai tués. Sans pitié parce que depuis des mois, des années peut-être, je ressasse une colère qui n’a fait qu’accroître jusqu’à atteindre la limite. J’ai honte, je sais que ce n’est pas une raison. Du moins pour vous, ça ne l’est pas. Vous allez sûrement m’en vouloir. Et je sais, je n’ai pas été à la hauteur de vos espérances. Je vous ai déçus, encore. Parce que ce n’est pas la première fois, n’est-ce pas ? Vous avez été déçus lorsque je n’ai pas réussi à avoir autant de BUSEs que vous. Vous avez été déçus lorsque j’ai mis près de trois mois de plus pour devenir animagus. Vous avez été déçus lorsque je nai pas obtenu une bonne note en Défenses Contre les Forces du Mal. Je le voyais bien, dans vos regards, ceux que vous échangiez en pensant que je ne les voyais pas. Ceux qui me faisaient l’effet de coups de poignard dans le dos. Ce sentiment de mal-être, de malaise, de tristesse, j’ai l’impression d’avoir vécu avec lui tellement longtemps que mon monde s’est obscurci, encore et encore, jusqu’à ne plus former qu’une tache grise parfois nuancée dans les bonnes ou mauvaises journées. Et lorsque j’ai rencontré le Seigneur des Ténèbres, mon monde était presque noir.
Sirius, Remus, vous allez m’en vouloir, je le sais. Vous allez peut-être même tenter de me tuer. Je n’ai pas su lui résister, je n’ai pas su le repousser. Je suis conscient que vous ne les auriez pas trahis, mais moi, je ne suis pas vous. Moi, je ne suis pas le brave, le courageux héros qui protège ses amis au péril de sa vie. Essayez de comprendre, il dirige tout, il est si puissant, et moi, je ne suis rien. Je ne suis que Peter.
La nuit est soudain silencieuse. Comme si elle avait décrété une minute de silence pour votre disparition. Le Seigneur des Ténèbres est parti depuis plus d’une heure à présent, je sais que vous n’êtes plus. Et cette pensée me tue. Mais je ressens quelque chose, au fin fond de mon être, une minuscule lumière s’est allumée. J’ai aidé le Maître. Je lui ai été utile. Il m’en sera reconnaissant.
Mais vous êtes morts. Tous ces remords, tous ces regrets. Sont-ils vraiment les miens ? Une personne peut-elle ressentir tout cela en même temps ? Je vous hais. Parce qu’après tant d’années à me trouver derrière vous, après tant d’années à n’être que Peter, je m’en veux à en crever pour ce que je vous ai fait. Parce qu’après tout ça, vous comptez encore pour moi. Comme si de là-haut, vous vous vengiez…
C’est ça ! C’est ça, n’est-ce pas ? Une vengeance ! Je vous ai trahis, alors vous tentez par tous les moyens de me le faire regretter ! Vous voulez me rendre fou, peut-être même voulez-vous que je vous rejoigne ! Eh bien vous n’y arriverez pas. Je vais lutter, je vais oublier, et je ne regretterai plus. Jamais.