J'espère que vous apprécierez lire autant que j'ai aimer écrire ! :)
Je vous laisse faire la connaissance avec Mark Evans, petit moldu brutalisé par... Dudley Dursley.
Je marchais sans réel but dans Magnolia Crescent, En réalité, je fuyais. Le gros qui m’avait frappé avant-hier avait une sacrée poigne, et malgré mon sang-froid, j’adorais l’éviter. Apercevoir la bande de boxeurs du quartier n’apporte que déplaisance ; la rencontrer n’apporte que des bleus et des os cassés. Je n’avais pas peur de ce grand qui se prenait pour un vieux, c’est juste que depuis qu’il avait appris à porter ses coups avec plus de force et de précision, le voir ne constituait pas à être un motif de réjouissance. J’étais presque arrivé au bout de la rue qui menait au parc quand j’entendis des rires que je ne connaissais que trop bien, malheureusement. Dudley Dursley et sa clique sortaient du parc et rigolaient comme des névrosés, la bouche grande ouverte. Ils s’avançaient droit vers moi, dans Magnolia Road, mais je me faufilais, comme moi seul savait le faire, dans un buisson de la maison carrée la plus proche. J’étais soulagé et paniqué : ils ne m’avaient certes pas vu, mais leurs voix se rapprochaient dangereusement.
- … hurlait comme un cochon, disait l’un.
- Joli crochet du droit, Big D, disait l’autre.
- Même heure demain ? demanda mon bourreau.
- Vous venez chez moi, mes parents ne seront pas là.
- A demain, alors, dit Dursley.
- Salut, Dud !
- A bientôt, Big D !
Le groupe se sépara et une part de moi se calma. Le pire des idiots avait beau se retrouver seul, il était quand même là. Il fredonnait une chanson sans queue ni tête et marchait à un rythme que je qualifierais aisément de très mou. Mon soulagement fut tout entier quand je vis son cousin qui arrivait vers lui.
- Hé, Big D ! S’exclama-t-il.
Dudley se retourna.
- Ah, grogna-t-il, c’est toi.
- Depuis quand tu te fais appeler Big D ? demanda Harry.
- Ferme-la, grogna Dudley.
- C’est cool, comme nom, dit Harry avec un sourire.
Il s’avança à la hauteur de son cousin et régla son pas sur le sien.
- Mais pour moi, tu seras toujours le « Duddlynouchet adoré ».
Harry Potter deviendrait-il fou ? Il ne surnomme quand même pas son cousin de cette manière ?
- Je t’ai dit de LA FERMER ! Répliqua Dudley dont les mains de la taille d’un jambon se serrèrent en deux poings massifs.
Il ne faut pas mettre Dudley en colère, sinon on se retrouve comme moi à l’instant même ; avec un œil au beurre noir. J’aurais pensé qu’Harry Potter était plus intelligent que ça.
- Tes copains savent que ta mère t’appelle Duddlynouchet ?
Non ! Ce n’est pas vrai ! Wahou, le scoop ! Duddlynouchet, vraiment ? Mon côté machiavélique refaisait surface. Cependant, mes amis ne pourraient profiter de cette exclusivité pour une raison très simple ; je n’en avais pas. Ma joie fut sans bornes quand je vis que Dudley ne contredisait pas les dires de son cousin.
- Tu la fermes, oui ?
- A elle, tu ne lui dis pas de la fermer. Et « Popkin » ou « Duddy chéri », tu veux bien que je t’appelle comme ça aussi ?
Je crois bien que c’est plus difficilement de contenir un fou rire quand on doit être silencieux. Dudley ne répondit rien. L’effort qu’il devait faire pour se retenir de frapper Harry exigeait tout son sang-froid, me semble-il. Je ne le comprenais d’ailleurs pas. Ou plutôt, j’en avais une idée… Mais bien trop farfelue pour se révéler vraie.
- Alors, à qui as-tu cassé la figure, ce soir ? demanda Harry, dont le sourire s’effaça. Encore un môme de dix ans ? Je sais que tu t’en es pris à Mark Evans il y a deux jours…
Hé ! Alors là, si je croise Harry Potter, il m’entendra ! Dix ans ?! Non mais je rêve !
- Il l’avait cherché, gronda Dudley.
Mais bien sûr !
- Ah bon ?
- Il a été insolent.
Je ne serais pas allé jusque là quand même… Si ?
- Vraiment ? Il a dit que tu avais l’air d’un cochon à qui on aurait appris à marcher sur deux pattes ? Mais ça, ce n’est pas de l’insolence, Dud, c’est la vérité. »
Ah ah ah ! Bien envoyé ! Un muscle frémissait sur la mâchoire de Dudley. Harry, lui, souriait et donnait l’impression d’éprouver une joie inconditionnelle à énerver son cousin. Ils tournèrent à droite, dans l'étroite allée qui offrait un raccourci entre Magnolia Crescent et Wisteria Walk. Sans m’en rendre vraiment compte, je les avais discrètement suivis, me camouflant derrière les arbres, ou les buissons les plus proches. L'allée déserte, dépourvue de réverbères, était beaucoup plus sombre que les deux rues qu'elle reliait. Le bruit de leurs pas était étouffé par le mur d'un garage d'un côté et une haute clôture de l'autre. Les cousins ne parlaient pas. A dire vrai, je crois qu’ils ne s’appréciaient pas du tout. Dudley rompit le silence quelques instants plus tard.
- Tu te prends pour quelqu'un quand tu as ce machin-là sur toi, pas vrai ?
Quel machin ?
- Quel machin ?
Hum… J’aurais presque trouvé cette répétition drôle si je savais ce qu’était le machin.
- Cette chose que tu caches.
Harry sourit à nouveau. C’était à coup sûr lui qui tenait les rênes de la conversation.
- Tu n'es pas aussi bête que tu en as l'air, Dud. La preuve, c'est que tu arrives à marcher et à parler en même temps.
Oui, Harry avait raison sur certains points. Mais son cousin était quand même bête. Il sortit de sa poche un petit bâton de bois et je vis son cousin y jeter un regard en biais, comme s’il le craignait.
- Tu n'as pas le droit, dit aussitôt Dudley. Je sais que tu n'as pas le droit de t'en servir. Tu serais expulsé de ton école de cinglés.
Pas le droit de ce servir de quoi ? De ce bout de bois ? Quelle école de cinglés ? C’est à ce moment que je me suis dis que, finalement, ils avaient certainement deviné ma présence et essayaient de me faire marcher.
- Peut-être qu'ils ont changé le règlement ? Qu'est-ce que t’en sais, Big D ?
- Ils n'ont rien changé du tout, assura Dudley qui ne semblait pas tout à fait convaincu.
Harry eut un rire silencieux. En fait, ils avaient vraiment l’air de croire à leur dialogue. Je ne comprenais rien.
- Tu n'aurais jamais le courage de te battre avec moi sans ce truc-là, grogna Dudley.
Quel truc ? Cette ridicule baguette de bois qu’Harry tenait du bout des doigts et que Dudley ne cessait de regarder ?
- Alors que toi, il te faut quatre copains derrière pour taper sur un môme de dix ans. Ce fameux titre de champion de box dont tu te vantes tout le temps, il avait quel âge, ton adversaire quand tu l'as eu ? Sept ans ? Huit ans ?
- Il avait seize ans, si tu veux savoir, gronda Dudley, et quand j'en ai eu fini avec lui, il est resté K.O. vingt minutes. Pourtant il était deux fois plus lourd que toi. Tu vas voir quand je vais dire à mon père que tu as sorti ce truc-là...
Mr Dursley a lui aussi peur du bâton ? Laissez-moi rire.
- On va vite se réfugier chez son papa ? Le petit champion de bo-boxe a peur de la baguette du méchant Harry ?
Venais-je d’entendre la confirmation d’une possible peur d’un bout de bois ? Incompréhensible. Cette famille est folle.
- Tu ne fais pas autant le fier la nuit, lança Dudley d'un toi railleur.
- Mais la nuit, on y est déjà, Duddlynouchet. C'est comme ça que ça s'appelle quand il fait tout noir.
Pathétique le Potter.
- Je veux dire quand tu es dans ton lit ! répliqua Dudley.
Dudley avait cessé de marcher. Harry s'arrêta à son tour et observa son cousin. Même s'il ne pouvait pas voir grand-chose dans cette obscurité, il me semblait que le visage épais de Dudley avait pris une expression étrangement triomphante. Avait-il découvert un point faible chez son ténébreux cousin ?
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Je ne fais pas le fier quand je suis dans mon lit ? s'étonna Harry, déconcerté. De quoi j'ai peur, d'après toi ? Des oreillers ?
Oui. Bon. D‘accord. J’avoue que je ne vois pas de quoi il pourrait avoir peur dans son lit, à son âge. Même moi, je suis trop vieux pour ça.
- Je t'ai entendu la nuit dernière, répondit Dudley, la voix haletante. Tu parlais dans ton sommeil. Et tu pleurnichais.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? répéta Harry.
Il avait pali. Même dans la nébulosité de la nuit, son visage exprimait une certaine inquiétude. Dudley avait bel et bien trouvé de quoi rabaisser son cousin. Il éclata d'un rire rauque comme un aboiement puis il se mit à gémir d'une petite voix aiguë :
- Ne tuez pas Cédric ! Ne tuez pas Cédric ! C'est qui, Cédric ? Ton petit ami ?
Heu… Pourquoi pas ?
- Je... Tu mens, répondit machinalement Harry.
Bon. Ben. Harry Potter est gay.
- Papa ! Au secours, papa ! Il va me tuer, papa ! Bou hou ! gémit Dudley d’un air qu’il voulait théâtral.
- Tais-toi, dit Harry à voix basse. Tais-toi, Dudley, je t'aurai prévenu !
Hum. Harry commençait sérieusement à me faire flipper, là. Je crois que lui aussi, finalement, il ne fallait pas l’énerver. Peut être est-ce pour cela que Dudley se retenait de le frapper tout à l’heure : il l’avait compris aussi.
- Papa, viens à mon secours ! Maman, à l'aide ! Il a tué Cédric ! Papa, au secours ! Il va... Ne pointe pas cette chose sur moi !
Son changement de comportement me surprit. Quelques secondes plutôt, il se moquait de son cousin ; à présent, il en semblait littéralement terrifié. Il recula contre le mur de l'allée. Harry avait dirigé son ridicule bout de bois droit sur son coeur. Son regard flamboyait de haine et malgré sa petite taille face à Dudley, ce dernier en était terrorisé. Ils ne jouaient plus. Je le savais parce qu’Harry donnait l’impression qu’il donnerait tout pour foudroyer son cousin ou le transformer en insecte mais quelque chose paraissait l’en empêcher (même si c’est physiquement impossible ; dans l’immédiat, ça ne m’a pas effleuré l’esprit, dans cette situation, tout semblait probable). Je le savais parce que Dudley affichait une peur évidente ; une réelle peur, pas comme quand on voit une grosse araignée ou un serpent. Harry était menaçant et Dudley soumis.
- Ne parle plus jamais de ça, dit Harry dans un grondement qui me fit trembler. Tu as compris ?
- Pointe ce truc-là ailleurs !
Malgré ma haine pour Dudley, j’éprouvais une certaine admiration pour lui. Très petite, mais présente. Il avait oser répondre à Harry d’une manière qui, je l’aurais cru, aurait poussé ce dernier au meurtre.
- J'ai dit : « Tu as compris ? »
- Pointe ça ailleurs !
- TU AS COMPRIS?
J’aurais cédé depuis longtemps je crois.
- POINTE CE TRUC-LÀ AILLEURS QUE SUR...
Dudley ne fini jamais sa phrase. Il laissa échapper une exclamation étrange, semblable à un frisson, comme si on l'avait brusquement plongé dans une eau glacée. Moi-même, je fus parcouru d’un frisson qui ne faisait que s’accroître. Quelque chose venait de bouleverser la nuit tout entière. Le ciel parsemé d'étoiles était soudain devenu d'un noir d'encre, sans la moindre lueur - les étoiles, la lune, les réverbères entourés d'un halo brumeux à chaque extrémité de l'allée, tout avait disparu. Le grondement lointain de la circulation, le murmure des feuillages s'étaient tus. L'atmosphère douce et parfumée avait laissé place à un froid mordant, pénétrant. Ils étaient entourés à présent d'une obscurité totale, impénétrable, silencieuse, comme si une main géante avait laissé tomber sur toute l'allée un épais manteau de glace qui les aurait aveuglés. Je vis Dudley se mettre à trembler comme une feuille et Harry qui ne comprenait pas ce changement d’atmosphère. Dudley ne bougeait pas et fixait son cousin qui tournait la tête de chaque côté comme s’il cherchait quelque chose. Je l’imitais mais les ténèbres me couvrirent les yeux comme un voile immatériel. Je ne voyais soudain plus rien. Vraiment plus rien. La voix terrifiée de Dudley retentit à mes oreilles :
- Que... Qu'est-ce qu-que t-tu f-fais ? Ar-arrête !
Dudley pensait réellement qu’Harry y était pour quelque chose à ce qui se produisait ?
- Je ne fais rien du tout ! Tais-toi et ne bouge pas ! Répondit-il.
- Je...J-je n'y v-vois p-plus ! Je s-suis aveugle ! Je...
- Je t'ai dit de te taire !
Je tournais mes yeux aveugles à droite et à gauche. Le froid était si intense que je tremblais de tous mes membres. J’avais la chair de poule et mes cheveux s'étaient hérissés sur ma nuque. J’écarquillais les yeux au maximum et scrutais l'obscurité sans rien voir. Je décidais de ne pas bouger de mon nouveau buisson qui se trouvait au niveau de Wisteria Walk.
- Je l-le d-dirai à papa ! gémit Dudley. Où... où es-tu ? Qu'est-ce que tu f-f-f... ?
- Tu vas te taire, oui ? J'essaye d'écou...
Harry s'interrompit. Il avait certainement entendu comme moi. Quelque chose d'autre était présent dans l'allée, quelque chose qui poussait de longs soupirs rauques comme des râles. Debout dans le froid glacial, tremblant des pieds à la tête, j’éprouvais une horrible sensation de terreur.
- Ar-arrête ! Je vais t-te casser la f-figure. Je te le j-jure ! S’exclama l’idiot.
- Dudley, tais...
BANG !
J’avais entendu un bruit sourd qui me rappela que je n’étais pas le seul à être victime de Dudley Dursley. Il venait de frapper son cousin. Ma compatie pour Harry fut sans mesure à ce moment là. J’entendis son corps chuter sous le choc violent, aussitôt suivis d’un petit son aigu qui devait certainement être son bout de bois.
- Dudley, espèce de crétin ! s'écria-t-il.
J’entendis Dudley qui tentait de s'enfuir à l'aveuglette, trébuchant à chaque pas, se cognant contre une clôture.
- DUDLEY, REVIENS ! TU VAS DROIT DESSUS !
Droit vers quoi ?! Un effroyable hurlement retentit et les bruits de pas de Dudley s'arrêtèrent net. J’avais froid, tellement froid.
- DUDLEY, FERME-LA ! QUOI QUE TU FASSES, NE DIS RIEN ! Baguette ! murmura fébrilement Harry, ses mains effleurant le sol comme des araignées.
Pourquoi disait-il « baguette » ? Ce mot n’a aucun sens quand on fait le rapprochement avec un bout de bois. Au son de sa voix, cependant, j’interprétais son indispensabilité. Avec silence, je sortis de ma cachette et tâtonnait frénétiquement le sol à la recherche de sa baguette. Soudain, je sentis un petit bout de bois se glisser sous mes doits. En une seconde, plusieurs émotions m’envahirent : d’une, une chaleur inexplicable m’envahit et j’eus le sentiment d’avoir trouvé ma place dans le monde ; de deux, Harry était près de moi et s’il me trouvait, j’étais fichu. La chaleur me quitta aussi vite qu’elle était apparue lorsque je déposais la baguette loin de moi et proche des souffles paniqués de Harry. Je me retournais et couru sans rien voir vers les premiers feuillages que je rencontrais et m’y dissimulait. Je me félicitais ultérieurement de ne pas être tombé ni de m’être fais repéré.
- Où est... baguette... viens... Lumos !
C’est incrédule que je vis de la lumière jaillir de l’extrémité du bout de bois qui fut aussitôt saisi par la main impatiente d’Harry. Il se releva précipitamment et fit volte-face. La lumière étant apparue, je vis quelque chose qui me bouleversa. Une haute silhouette encapuchonnée glissait doucement vers Harry, comme suspendue au-dessus du sol, sans qu'on puisse voir ni pieds ni visage sous sa longue robe. A mesure qu'elle avançait, la créature semblait aspirer la nuit. Reculant d'un pas incertain, Harry leva le bâton.
- Spero patronum !
Un filet de vapeur argentée jaillit à l'extrémité de la baguette magique. Cette nuit était tellement improbable que je souhaitais réellement que ce qu’il disait nous mènerait quelque pars. La chose ralentit mais continua sa route. S'emmêlant les pieds, Harry recula encore tandis que la créature continuait d'avancer vers lui. J’étais paniqué. Je ne pouvais absolument rien faire. Rien. Et cette créature ne voulait certainement rien de bien. J’avais la sensation qu’Harry avait le pouvoir de nous sauver la vie. Avec son bâton. Deux mains grisâtres, visqueuses, couvertes de croûtes, glissèrent entre les plis de la robe et se tendirent vers Harry. Un crépitement semblable à une chute d'eau retentit à ses oreilles.
- Spero patronum !
Mais qu’est-ce qu’il dit ? Il devait être fou. Un nouveau filet de fumée argentée, plus mince que le précédent, s'échappa de la baguette. J’étais gelé. Je grelottais. Mes cauchemars me revenaient. Un rire s'éleva dans ma tête, un rire perçant, suraigu... Je sentais le souffle froid et putride de la mort m’emplir les poumons, me noyer... On aurait dit qu’il n'y avait plus aucun bonheur en moi... A cet instant, je croyais que je ne pourrais plus jamais être heureux de ma vie. Une onde d’espoir s’incrusta en moi quand j’entendis une voix lointaine. Une voix qui elle aussi avait besoin d’espoir.
- SPERO PATRONUM !
Un immense cerf argenté jaillit de la baguette que j’aurais du qualifier depuis le début de magique ; la ramure de l'animal frappa le monstre en pleins dans son coeur et la créature fut aussitôt rejetée en arrière, et disparut à la façon d’une chauve-souris dans l’obscurité. Elle était vaincue.
- PAR ICI ! cria Harry à l'adresse du cerf.
Il fit demi-tour et se rua le long de l'allée en brandissant sa baguette lumineuse.
- DUDLEY ? DUDLEY !
Ce dernier, recroquevillé par terre, se protégeait la tête de ses bras. Un deuxième monstre tout près de lui avait saisi ses poignets dans ses mains visqueuses et les écartait lentement, presque avec amour, en penchant sa tête encapuchonnée sur le visage de sa victime comme s'il voulait l'embrasser.
- ATTAQUE-LE ! hurla Harry.
Dans l’immédiat, je crus qu’il s’adressait au monstre, ce qui m’inquiéta, mais un instant plus tard, il y eut un bruissement précipité, un martèlement de sabots, et le cerf qu'il avait fait apparaître passa devant moi au galop. Le visage sans yeux de la créature n'était plus qu'à deux centimètres de Dudley lorsque la ramure d'argent le frappa de plein fouet ; la chose fut projetée dans les airs et, tout comme son compagnon, s'éloigna dans la nuit comme une chauve-souris. Le cerf poursuivit sa course jusqu'au bout de l'allée puis se volatilisa dans une brume argentée. La lune, les étoiles et les réverbères se rallumèrent aussitôt. Une brise tiède balaya l'allée. La chaleur revint progressivement en moi. Les feuillages se remirent à murmurer dans les jardins avoisinants et le ronronnement familier des voitures s'éleva à nouveau de Magnolia Crescent. Je ne comprenais pas. Ce à quoi je venais d’assister ne pouvait pas être réel. C’était impossible. Inimaginable. Pourtant, je ne pus m’empêcher de faire le lien avec d’autres phénomènes que j’avais vécu. Pour moi, à cette seconde précise, le réel se mélangeait avec les rêves et les souvenirs. J me rendit compte que mon T-shirt me collait à la peau. Je ruisselais de sueur. Harry demeurait immobile, comme s’il prenait conscience des évènements. Il me semblait que nous étions deux à ne pas parvenir à croire ce qui venait de se passer. Dudley était toujours recroquevillé par terre, tremblant et gémissant. Harry se pencha pour voir s'il était en état de se relever mais, au même moment, quelqu'un s’approchait derrière lui au pas de course. Instinctivement, il brandit à nouveau sa baguette en pivotant sur ses talons pour faire face au nouvel arrivant. Heureusement, ce n’était que Mrs Figg, la vieille folle du quartier, qui apparut devant eux tout essoufflée. Des mèches grises s'échappaient de son filet à cheveux, un autre filet, à provisions celui-là, pendait de son poignet en produisant un bruit de ferraille et ses pieds sortaient à moitié de ses pantoufles écossaises. Harry esquissa un geste pour cacher sa baguette dite magique, mais...
- Ne la range surtout pas, espèce d'idiot ! s'écria Mrs Figg d'une voix perçante. S'il y en avait d'autres ? Oh, ce Mondingus Fletcher je vais le tuer !
Leur discussion continua, mais je ne pris pas la peine de l’écouter. J’avais assisté à trop d’évènements pour la soirée. Je ne comprenais rien. Ou plutôt si, je comprenais beaucoup de choses. Mais rien ne devais être possible. Rien ne pouvait être possible. Alors, je pris pleinement conscience qu’Harry venait de nous sauver la vie, moi et son stupide cousin. Bien sûr, il ne savait pas que j’étais là, mais cela ne change pas que je ne l’aurais jamais imaginé. En fait, je crois que je vais passer ma nuit à me contredire. J’avais déjà imaginé tout ça. Trop bien même. J’avais déjà vécu des choses telles qu’elles. Je venais de comprendre que mes souvenirs d’avant mes 7 ans qui m’étaient jusque là apparus comme des rêves et des cauchemars étaient réels. Ils étaient réels. C’était incontestable. La lettre d’admission à l’école de magie Poudlard que j’ai reçue il y a quelques jours est réelle aussi. Ma vie d’avant était terrible. Je le sais. Je l’ai toujours su. Mais je croyais l’avoir rêvée. Non. Le Seigneur des Ténèbres existe. Ma tortionnaire que j’étais tenu d’appeler Bella existe aussi. Je m’appelle Mark Evans, j’ai 11 ans, et je crois que je suis fichu.
Alors, les impressions ? :)