Ecrit dans le cadre des "nuit d'HPF". Un mot, une heure et beaucoup de neurones en action !
Ma participation au mot " poussière", de minuit à 1h.
Il pousse la porte et à peine le seuil est-il franchit qu’il regrette déjà. La haute stature bien droite de sa mère l’accueille comme un récif tend les bras à un bateau égaré. L’entrée est comme un couloir menant à Azkaban. Aussi agréable d'ailleurs. Il serre les dents et détourne le regard. Il ne veut pas la voir. « Si mes amis me voyaient ! » se moque-t-il de lui-même, essayant de se donner du courage. Elle ne dit pas un mot, elle ne se fend d’aucun sourire. Elle est aussi chaleureuse que d’habitude.
« Allez-vous vous décider à appeler Kréattur ou comptez-vous monter vos bagages à l’étage comme un vulgaire moldu ? »
« J’ai passé une super année, comment était la vôtre mère ? J’ai beaucoup apprécié le colis pour Noël. Franchement, qui aurait pensé à m’offrir un coffret de poisons pour « abréger l’humiliation que vous faites subir à cette famille ? »
Il ne dit rien. Il ne peut pas. Il ne doit pas.
Il serre les dents en refoulant ses pensées. Il ne doit rien montrer. Il sait que le moindre de ses mouvements est un affront à la gloire de sa famille. Bah. Il prend la direction de sa chambre en portant ses valises lui-même tout en adressant un visage impassible à sa mère. Elle fulmine. Puis s’intéresse à son frère qui vient d’arriver. Son regard brille d’une fierté qui ne dure qu’une seconde. Une seconde pour entrevoir ce qu’il n’aura jamais. Il se convainc qu’il ne le désire pas, ce moment. Il se dit qu’il n’en a pas besoin.
Il s’affale sur son lit et éternue. La couche de poussière lui donne des nouvelles de l’elfe de maison. Il va bien, merci. Egal à lui-même. Sirius pose un regard désabusé sur sa chambre. Les murs au papier peint défraîchit transpirent l’humidité et les quelques posters de moldues en maillot de bain qu’il a collé sont toujours là. L’épaisse couche de poussière sur les rares meubles lui fait froncer les sourcils. L’envie d’appeler Kreattur et de l’obliger à nettoyer ça lui chatouille l’esprit mais il se souvient qu’il ne devait plus avoir aucune autorité sur le petit elfe acariâtre. Comme sa mère. « Elle ne doit pas ouvrir ma chambre. Ni même passer devant. »
Il se lève pour ouvrir la fenêtre avant de mourir étouffé. Les rayons du soleil de ce mois de Juillet caressent le vieux plancher d’une douceur étrangère à cette maison. Il tente de sourire en imaginant James avec lui, à tout ce que son meilleur ami aurait pu faire pour le faire rire. « Rien n’a vraiment de goût sans toi mon frère, rien n’est plus lumineux. ».
Les quelques grains de poussière qui flottent dans l’air semblent comme embrasés au touché du soleil. Il les regarde danser dans l’air, virevolter, inconscients du lieu et de sa tragédie. Il aimerait bien être un grain de poussière. Il pourrait aller où le vent l’emporterait, il ne serait pas reclu dans une pièce. Il brillerait lui aussi dans les quelques taches de lumière de ce monde. Il ne se contenterait pas d’une existence sombre et lugubre. Il aimerait être un grain de poussière. Il existerait de la négligence des gens qui voudraient qu’il s’en aille.
Réflexion.
Il est un grain de poussière.
Il sourit. Il est un grain de poussière. Il peut aller où il veut, qui l’en empêche après tout ?
Il rit. Il est un grain de poussière ! Lui aussi il aime la lumière et personne ne veut de lui ici.
Il dévale les escaliers, trainant sa grosse valise derrière lui. Le cœur léger il tourne un visage rayonnant vers sa génitrice. Il lui adresse un sourire éblouissant. Et claque la porte.
Il est devant la maison. Cette maison. Il y a surement de la poussière dedans. De la poussière noyée dans du soleil liquide et libre dans un courant d’air. Il frappe.
« Sirius ? Mais qu’est-ce que tu fais là ? »
« Cornedrue, je suis un grain de poussière ! »
N'hésitez pas à commenter suivant vos impressions, tous les avis sont utiles.
C'est un défi que j'ai trouvé bien stimulant quand même !