Sans un regard en arrière, Hermione transplana pour quitter le restaurant. C’en était trop.
Deux ans. Deux ans qu’elle supportait son caractère pour le moins volatile, ses humeurs, sa façon de souffler le chaud et le froid, mais là elle n’en pouvait plus. Il avait dépassé les bornes. Et Merlin savait que de la patience, elle en avait eu avec lui !
Elle atterrit sur la première marche du perron du Numéro 12, Grimmauld Place, et d’un simple mouvement de baguette leva les protections qui empêchaient quiconque n’y était pas autorisé de pénétrer dans la maison.
Même si elle savait qu’il n’y avait qu’elle pour l’entendre, elle claqua rageusement la porte, prenant un plaisir malsain à en écouter le vitrail trembler, espérant presque qu’il se délogerait et irait se fracasser au sol. Mais cela atténuerait-il réellement sa blessure ?
Montant les marches qui la menaient à leur chambre à vive allure, Hermione ne décolérait pas. Jamais elle ne s’était mise dans une rage pareille. Même le retour de Ron lors de la Chasse aux Horcruxes ne l’avait pas plongée dans une telle furie. Comment osait-il ?
Sans réfléchir, elle lança un Accio sur ses valises qui devaient être quelque part au grenier. Elle entendit la porte de celui-ci s’ouvrir dans un claquement, deux étages plus haut, et s’empara aussitôt d’une pile de vêtements dans l’armoire.
Dès qu’elles lui parvinrent, elle disposa les valises sur le lit, y déposant ce qu’elle venait de prendre dans l’armoire avant de se retourner pour recommencer.
Le claquement de la porte au rez-de-chaussée la fit sursauter, mais elle ne s’interrompit pas.
Elle ne retint pas un soupir rageur. Il l’avait suivie, évidemment. Ou peut-être qu’il rentrait simplement chez lui. Qu’est-ce qu’il pouvait bien vouloir encore ? Il l’avait blessée. Cette fois, elle n’écouterait même pas ses explications. Ca ne prendrait pas. C’était fini.
Fi.
Ni.
Elle entendit ses pas dans les escaliers, mais ne s’arrêta pas dans sa tâche. Elle allait prendre ses affaires et partir. Loin. Loin de lui et elle pourrait se reconstruire.
Elle savait qu’il allait arriver, mais elle ne voulait pas avoir l’air d’attendre la confrontation. Elle avait pris sa décision. Et elle s’y tiendrait.
Alors, elle fit dos à la porte et se dirigea vers sa coiffeuse, où elle prit son parfum et les quelques produits de beauté qu’elle possédait afin de les ranger dans une de ses valises.
Lorsqu’elle se retourna, le visage de Sirius n’était que colère. Mais elle n’avait pas peur. Il ne l’impressionnait pas. Elle s’avança vers son bagage, donc vers lui et soudain, il la foudroya du regard, de ses yeux couleur d’orage qu’elle aimait tant. Mais elle était résolue. S’il refusait même de la présenter à une de ses connaissances de travail autrement que comme « Hermione, une amie. » et bien c’est ce qu’elle allait être. Une amie. Rien de plus. Voire moins.
- « Ca y est, tu fais tes valises, gamine ? T’en as assez de jouer les infirmières ? »
Elle sursauta du ton amer qu’il avait employé. Elle s’était attendue à de la colère, pas à ce fiel teinté de résolution. Mais elle ne répondit pas, se contentant d’avancer encore vers ses valises pour y déposer les flacons.
- « Ben, qu’est-ce que tu attends ? Vas-y ! Vas-y ! Vas-y et éclate tout sur le plancher ! Et puis prend tout ce qu’il reste et emmène-le avec toi dehors ! Aller Hermione ! Un peu de courage ! »
Il s’était approché au fur et à mesure, la dominant de toute sa hauteur. Qu’elle haïssait le fait qu’il soit plus grand qu’elle à cet instant ! Elle devait se tordre le cou pour mieux le voir. Elle le fusilla du regard, mais ne dit rien. Elle ne lui donnerait même pas la satisfaction de se battre contre lui. Pas alors qu’il cherchait délibérément à la provoquer.
- « Tu crois quoi, gamine ? » Elle retint à grand peine un frisson de rage. Elle détestait lorsqu’il l’appelait ainsi, et il le savait très bien. C’était même pour cela qu’il le faisait. « Tu crois que je vais pleurer ? Tu crois que je vais verser ne serait-ce qu’une seule larme sur ton départ ? Je ne peux pas dire que c'était si génial. Au début, à la limite, c’était sympa… Avant que tu penses que tu avais des droits sur moi. Mais cette année qui vient de s’écouler, c'était une année de perdue. »
Elle ne protesta pas. Elle le fixait simplement. Elle voyait clair dans son attitude. Elle ne le connaissait que trop bien. Elle l’avait déjà vu faire tant de fois à tant de personnes. Mais c’était la première fois qu’il cherchait à lui faire mal à elle. A la blesser au plus profond d’elle-même.
Mais pourquoi ? Il avait déjà eu ce qu’il voulait. Elle partait. Il allait retrouver sa précieuse liberté, alors pourquoi tourner ainsi le couteau dans la plaie ? Pourquoi ne pouvait-il pas simplement la laisser partir, sans haine ni violence ?
- « Tu vois, tu ne dis rien, gamine. C’est quand même un jour à marquer d’une pierre blanche. Même toi tu t’en rends compte. Tout le monde le voit et tout le monde est d’accord. Toi et moi nous sommes néfastes l’un pour l’autre et ça fait beaucoup trop longtemps que ça dure. »
Elle se décomposait et elle le savait. Déjà le sang avait quitté ses joues et elle sentait les signes annonciateurs de ses larmes. Mais elle ne voulait pas lui donner cette satisfaction. Elle se retourna pour aller chercher ses sous-vêtements dans la commode, juste à côté de sa coiffeuse, tentant de cacher sa douleur encore quelques instants aux yeux de Sirius. Mais il ne semblait pas vouloir la laisser se reprendre. Il attaquait inlassablement.
- « Tu ne comprends rien et tu n’as jamais rien compris, gamine. Alors prend le comme ça vient, et soit reconnaissante que ça soit fait. C’est terminé. Il y aurait tellement de façon de faire, parce qu’il y a beaucoup de nuances de noir. Mais ce n’est pas le genre de choses que tu vois, petite princesse enfermée dans ta bulle dorée. »
Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Hermione se rua sur lui, lui assénant une gifle tonitruante avant de bourrer son torse de coups de poings. Mais il se riait visiblement d’elle.
- « Vas-y, laisse le sortir, laisse tout sortir. Dis ce qui te tracasse. Tu peux taper, hurler, crier, dire des choses méchantes. Ca ne changera rien au fait que tu partes. »
Et les insultes s’échappèrent brusquement de la bouche de Hermione malgré elle. Toutes plus viles les unes que les autres. Arrogant, orgueilleux, égoïste, désinvolte, sans-cœur, tout y passa pour finir par les injures les plus crasses. Mais rien ne soulageait Hermione.
Le corps de Sirius demeurait immuable sous ses coups, impassible face au flot d’insultes dont elle l’agonissait. Les larmes ruisselaient maintenant sur les joues de Hermione, son nez coulait, mais elle n’en n’avait plus rien à faire, elle était au-delà de cette douleur.
Elle leva le visage pour faire à nouveau face à Sirius et lorsqu’elle croisa son regard, soudain tout s’éclaira et elle comprit : il ne pensait pas un mot de ce qu’il disait. Il cherchait à la repousser, à la dégoûter de lui, à lui prouver encore que sans lui, elle serait mieux.
- « Vas-y pleure, gamine. Vois si je m’en soucie et vois si je reste solide ou si je tombe. Tu crois que tes larmes m’émeuvent ? Tu ne sais rien. Parce que dans ma tête et sur le bout de ma langue, il y les réponses à tout ça- »
Mais il ne put pas finir sa phrase, Hermione avait violemment plaqué ses lèvres sur les siennes. Elle déversa toute sa rage, son incompréhension, sa peine et sa douleur dans ce baiser.
Malgré lui, malgré les résolutions qu’il avait prises de rendre sa liberté à Hermione, de ne plus l’enchaîner à lui, Sirius ne put s’empêcher d’y répondre. Il fut immédiatement perdu, consumé par le désir de se sentir entier à nouveau, comme elle seule le lui permettait.
Ce fut seulement lorsque le souffle vint à leur manquer qu’ils se séparèrent.
Il ouvrit la bouche pour parler, mais elle l’interrompit d’un geste. Toujours collée tout contre lui, elle murmura :
- « Peut-être que tout le monde le voit et que tout le monde est d’accord. Que toi et moi nous sommes néfastes l’un pour l’autre et ça fait beaucoup trop longtemps que ça dure, mais je t’aime, Sirius. »
Note d'auteur :
Le potterverse appartient à JKR. Merci à Shaman et Ao pour leurs précieux avis sur cette songfic.
Le texte appartient aux Raconteurs qu'on peut écouter là, mais pour écrire ce texte, j'ai utilisé la version de cette chanson dans la reprise qu'ils en ont fait avec Adèle : en écoute ici.
Note de fin de chapitre :
Alors je sais qu'une fin aussi ouverte peut en dérouter certains, mais c'est un choix. Ou plutôt, c'est un non choix. A vous de décider si Hermione s'en va ou non, si Sirius et elle se réconcilient tout de suite, plus tard ou jamais... Place à votre imagination (et à vos reviews!^^)
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