Voici mon premier OS répondant aux prompts de LostInTheSun et Aosyliah.
Deuxième table, prompt numéro 13 : Orchidée.
Je vous conseille d'aller lire les autres textes de cette série, ils sont tous bien !
Un très très grand merci à Labige qui a génialement bétaté ce chapitre ! Et merci aussi à Taka et Ayame, qui ont su me conseiller.
Bonne lecture à tous !
S'il n'avait pas été aussi fébrile, l'inquiétude aurait pris le dessus depuis longtemps dans son esprit. Ils ne s'étaient pas revus depuis quatre jours, depuis qu’il l'avait raccompagnée chez elle – pour plus de sécurité – après une réunion au Terrier, et, pour la première fois de sa vie, qu’il l'avait embrassée. Cela faisait quelques temps qu'il y songeait. Car, après la disparition de Sirius, Tonks lui avait apporté un tel réconfort qu'il ne se voyait pas la laisser de nouveau de côté. Et bien qu'ils aient l'air mal assorti, lui, trop vieux et elle, trop téméraire, Remus appréciait de plus en plus l'idée de former un couple avec cette femme qui l'avait pratiquement envoûté.
Evidemment, ce n'était absolument pas normal et il avait toujours pensé qu'il était de son devoir de la repousser. Mais ce soir-là, quatre jours plus tôt, la réunion de l'Ordre du Phénix avait été éprouvante parce qu'il savait que la disparition de son cousin avait ébranlé tous ses collègues, surtout Nymphadora. Et même s'il était lui aussi encore sous le choc, la savoir si fragile lui fit l'effet d'une morsure de dragon. Elle comptait indéniablement sur lui pour trouver un peu de chaleur et d'affection, il ne pouvait pas le lui refuser. Sans trop savoir pourquoi, il avait tout de même refusé d'entrer dans l'appartement de Tonks, prétextant être pressé. Mais devant son regard déçu, un peu accusateur, il l'avait embrassée. Pas comme on embrasse une amie, pas comme on embrasse la femme qu'on aime non plus. Non, Remus avait simplement posé ses lèvres sur celles de Nymphadora, puis il avait passé une main derrière sa nuque. Et il avait fini par se détacher, s'éloigner tout en glissant sa main sur la joue de la jeune femme. Il était parti en regardant ses pieds, sans savoir s'il devait regretter ou non.
Ainsi, apprendre l'arrivée de Tonks à Saint-Mangouste remua un peu son esprit. Il tenait à elle, inévitablement, il ne voulait pas qu'elle conserve des séquelles de cette attaque. Alors quand il débarqua dans sa chambre et qu’il la vit, pâle et perdue, il se précipita à ses côtés. Ignorant la présence de deux autres Aurors ainsi que de son père, il la prit dans ses bras et lui murmura qu'il était heureux qu'elle aille bien. Remus était sincère, cela ne lui ressemblait pas tellement puisqu'en temps normal, il aurait souri, loin d'elle pour qu'elle ne sente pas son coeur battre à toute allure. Néanmoins, réalisant son geste, il recula maladroitement en se raclant la gorge. Et après un dernier regard en direction de son amie, il se retira pour l'attendre dans le couloir.
Quelques heures passèrent, sans doute les plus longues de sa vie et Remus finit par voir sortir à leurs tours les trois hommes qui se trouvaient au chevet de Tonks. Il reprit enfin contenance, se leva et osa à nouveau entrer dans la pièce où elle était. Elle s'affairait autour de son lit, rangeant de manière très aléatoire ses effets personnels, et ne l'entendit pas arriver. Alors Remus se surprit à agir spontanément, il s'approcha prudemment et la stoppa tandis qu'elle allait ramasser ses vêtements.
Un regard échangé. Puis deux, et il l'attira contre lui. Il la serra de toutes ses forces, sans parler, mais simplement pour lui signifier qu'il avait eu peur. Les cheveux de Tonks lui chatouillèrent le menton mais il s'en fichait. Lui qui supportait mal le contact se mit à apprécier la chaleur d'une femme qui l'entourait. Il sentit la délicatesse de son corps, la douceur de sa peau, la volupté de ses courbes. Et s'il avait eu encore un peu de conscience, Remus se serait perdu dans l'émotion et le plaisir que lui apportait Nymphadora.
Un quart d'heure plus tard, ils avaient transplané chez elle et cette fois-ci, Remus ne put refuser l'invitation. Découvrir une Tonks sûre d'elle et chaleureuse l'empêcha de regretter d'y être entré. La jeune femme le mit immédiatement à l'aise, proposant de nombreuses choses à boire ou à manger, et il se laissa guider jusqu'au salon où elle l'incita à profiter du moelleux du canapé. Il accepta la Bierraubeurre que son hôtesse lui proposa, et il s'assit tranquillement. Observant les murs peu décorés de l'appartement, Remus remarqua que le sens de l'esthétique de Nymphadora était assez limité.
En effet, de grands pans de mur étaient peints dans des couleurs qui semblaient affreusement opposées. Même lui, pourtant peu connaisseur, savait que le vert pomme et le violet parme n'allaient pas du tout ensemble. Il nota également que peu de choses décoraient la pièce, une sculpture en « corne de Magyar véritable » était posée sur une étagère presque vide, à côté d'une photo de groupe. Un peu plus loin, un poster des Croque-Mitaines était étalé près de la porte qui menait à la cuisine. La jeunesse de Tonks sauta subitement aux yeux de Remus, son appartement à lui était beaucoup plus sobre et surtout, il ne contenait aucune décoration.
L'arrivée de Nymphadora tira Remus de ses pensées, il lui sourit gentiment parce qu'il la trouvait jolie malgré son air las et fatigué. Elle déposa deux verres bien remplis de Bierraubeurre fraîche sur la table basse et se dépêcha de retourner dans la cuisine afin d'y récupérer une dernière bouteille. Cependant, la table se trouvant trop près du canapé, les pas de Tonks étaient serrés et précipités, et elle finit inévitablement par tomber à cause de ses lacets défaits. Tout se déroula très vite, Remus eut le réflexe de poser une main sur le coin de la table afin d'éviter qu'elle s'ouvre la tête et Nymphadora se retrouva sur les genoux, les paumes de ses mains posées au sol.
Dans sa chute, le col de sa robe s'était détaché, laissant voir la base de son cou, et même un peu plus. Remus l'aida à se relever, sans réussir à quitter des yeux la peau éclatante que son vêtement ne recouvrait plus. L'air espiègle de Tonks défia le regard gêné de son invité mais elle décida néanmoins de quitter cette posture inélégante, le teint de Remus virant au rouge pivoine. Elle posa donc négligemment une main sur la table et une autre sur lui, pour se relever.
En un éclair, les yeux de Remus se posèrent sur sa jambe. Le coeur brûlant, la cuisse brûlée. Un contact inattendu, et il se sentit soudainement plein de force. Alors un quart de seconde plus tard, il s'était levé et avait attrapé Tonks par les épaules. Il déposa un baiser sur sa joue, finalement plus très sûr de lui, et la jeune femme réagit favorablement en nichant son nez dans le cou de Remus. Il continua d'embrasser sa peau, chaque partie de son visage qui se trouvait à sa portée. Une main passa dans son dos, une autre sur sa nuque et son coeur s'accéléra si cela avait été encore possible. Leurs ventres se collèrent, puis la poitrine de Tonks contre son torse, et il se sentit soudainement fiévreux. Serrer une femme dans ses bras, voilà une chose qu'il n'avait pas faite depuis longtemps.
Bien sûr, Remus avait déjà fréquenté d'autres femmes avant, il avait perdu sa virginité peu après sa sortie de Poudlard, tandis qu'ils fêtaient leurs ASPICs avec Sirius, James et Peter. Ils étaient allés aux Trois Balais retrouver tous les autres élèves de leur promotion et une camarade de Serdaigle l'avait invité à danser. L'alcool, le bruit, l'euphorie, et puis Remus en avait oublié sa retenue. Il s'était réveillé le lendemain, sans avoir oublié ce qu'il avait fait et avait décidé de ne pas regretter.
Alors ce jour-là, se tenant contre Nymphadora, il voulait profiter encore une fois de l'instant présent. Elle rejeta la tête en arrière, et Remus la contempla. Elle était belle, elle l'avait toujours été, en fait. Il ne connaissait pas encore ces yeux, ni cette bouche, il n'avait pas eu le loisir de les regarder et de les goûter, mais il eut immédiatement envie de le faire. Comme un désir intérieur, un feu qui brûlait en lui depuis longtemps. Il se laissa aller à poser ses lèvres sur celle de Tonks, à resserrer son étreinte autour d'elle, à caresser ses épaules et son dos.
Sentir une femme contre lui, voilà une chose dont Remus s'était bien souvent passé. Mais au-delà de la chaleur qui l'envahissait, d'autres sensations naissaient en son être. Le plaisir du parfum féminin, la douceur des baisers, le contact des mains sur lui, les frissons provoqués par les caresses. Il ne sentait plus qu'elle, il ne voulait plus qu'elle. Nymphadora... Jamais un prénom ne lui avait semblé aussi élégant, doux et voluptueux. Comme l'effluve de sa passion, comme le ballet de ses pensées. Toutes ces choses informulées mais qui se bousculaient dans sa tête. Remus se sentait enivré. Il se sentait vivant, heureux, comblé. Il réussit à peine à murmurer à Tonks qu'elle était belle, qu'il aimait l'avoir contre lui, qu'il aimait le goût de sa peau et l'essence de son être. Il ne réalisa pas qu'elle s'éloignait déjà de lui pour mieux l'attirer ensuite. Il la suivit, au gré de ses pas, guidé par ses lèvres. Il essaya, pour la première fois depuis longtemps, de ne pas être spectateur de sa vie. Et il ne resta pas planté face à elle quand elle retira ses vêtements, il n'attendit pas un geste de sa part pour faire de même.
Bientôt, c'était un tourbillon de désir qui l'emporta. C'était une fièvre, une rage. C'était l'ivresse d'une envie. Le regard de Nymphadora posé sur lui, ses yeux qui exprimaient une passion qu'il ne lui avait jamais connue. Ils continuèrent alors leur manège, effleurant l'autre, partageant toujours plus, plus loin, plus fort. Remus resta un instant fixé sur elle, comme pour mémoriser l'expression de son visage.
Il lui souffla qu'il ne l'avait jamais trouvée aussi jolie, qu'elle le fascinait par sa grâce et sa splendeur. Parce qu'au fond, il se sentait plus vivant que jamais. Au fond, elle l'emmenait vers ce chemin inexploré, cette route sinueuse, ces sensations impeccables qu'il ne souhaiterait jamais oublier. Elle, et personne d'autre, elle était l'amante, l'amie. Elle était la femme qu'il désirait, depuis longtemps déjà, sans se l'avouer. Nymphadora... Un prénom qui résonnait dans tout son corps, une cascade de bien-être.
Remus garderait cet instant magique comme un souvenir fabuleux, comme la fumée d'un bonheur dissipé, parce que demain il devra partir. Mais il refusa d'y penser une nouvelle fois, il ignora l'avenir, il balaya les regrets. Partager un moment tendre et fort, sceller une envie lointaine et immanquable. Vivre cet instant avec Nymphadora, cela deviendrait sa propre définition du plaisir. Ils n'étaient plus qu'un. Ils ne voulaient plus être. Elle et lui, l'homme et la femme. Et puis l'union parfaite. Cette union qui les fait vibrer. Leur union, à l'unisson. Remus et Tonks, l'un avec l'autre, l'un sur l'autre, l'un dans l'autre.
Les yeux fermés, Remus aurait voulu que le temps s'arrête. Il aurait sincèrement préféré ne pas avoir à se relever, ne pas continuer à protéger sa vie pourtant bien trop rangée et désormais perturbée. Qu'allait-il faire ? Qu'allaient-ils devenir ? Son esprit précédemment bavard lui imposait à présent un silence douloureux. Un silence aussi lourd que celui qui les entourait, qu'ils ne voulaient pas briser en pensant à demain. Nymphadora bougea contre son torse et lui chatouilla le cou avec ses cheveux ébouriffés. Un contact, un simple contact avec la douceur de son corps, et Remus fut aussitôt ramené à la réalité. Réveil fulgurant. Finalement, réaliser que ses rêves lui sont inaccessibles faisait aussi mal que dans ses souvenirs. Depuis combien de temps n'avait-il pas espéré comme cela ? Et que pouvait-il faire d'autre que d'ouvrir les yeux ?
Observant les murs de la chambre de Tonks, il réalisa qu'il était dans un tout autre univers. Aucune trace de ses passions d'adolescente, aucun mauvais goût non plus. Cette pièce reflétait résolument la vie d'une femme. Et la découvrir sous un nouveau jour le poussa à réfléchir encore une fois. Etait-il celui qu'il lui fallait ? Avait-il le droit de s'inviter dans sa vie ? L'aimait-il ? Mais tandis que les questions se bousculaient dans sa tête, il ne put s'empêche de l'admirer. En réalité, il était très difficile pour lui de détacher son regard du corps de Nymphadora, de ne pas chercher à deviner ses courbes sous les draps. Il lui était compliqué de penser raisonnablement que sa place n'était pas auprès d'elle. Remus secoua imperceptiblement la tête, se demandant s'ils allaient être un couple demain, et les autres jours qui suivront...
En espérant que ce texte vous ait plu !
PS : Concernant le rapport que je vois entre le prompt et ce texte, en fait, il s'agit d'une interprétation commune de ce thème. L'orchidée représente beaucoup de choses différentes selon les cultures, notamment la féminité, la virilité et l'union des deux. Voilà pourquoi cet OS répondant au prompt "Orchidée", j'ai eu envie d'y décrire l'union entre Tonks et Remus.