Une idée qui m'est venue ainsi... C'est la première fois que j'écris quelque chose comme cela, alors je compte beaucoup sur votre avis. En espérant que vous voudrez bien me critiquer ^^'
Bonne lecture !
- Mais Harry est déjà son oncle, avait opposé Ron.
- Et alors ? avait-elle répliqué sèchement.
- S’il te plaît, Hermione. Ca compte beaucoup pour moi.
Elle n’avait pas compris. D’habitude elle ne pouvait pas lui résister quand il la regardait avec ses yeux là mais il s’agissait de sa fille et de ce type infâme, alors elle était partie sans un mot. Elle était en colère.
Quand elle s’était calmée, Ron lui avait expliqué ses motivations. Il avait croisé Malefoy quelques années auparavant, sur le Chemin de Traverse. Depuis ils avaient sympathisé, s’étaient revu de nombreuses fois. Il disait qu’il avait changé. Il expliquait qu’il n’avait pas osé lui en parler, de peur qu’elle se fâche. Il semblait vraiment tenir à ce que Malefoy soit le parrain de Rose.
Hermione ne comprenait pas. Comment Ron avait-il pu devenir ami avec Malefoy ? Leurs pères se détestaient, leurs grands-pères également, et lors de leur propre enfance à Poudlard, Malefoy n’avait eu de cesse de rabaisser Ron et sa famille. C’était incompréhensible mais pourtant, en réalité, elle comprenait. Elle comprenait que Ron avait grandi, mûri, appris le pardon. Elle comprenait que son mari avait un cœur en or et que s’il avait pu aller de l’avant avec Malfoy, elle devait le pouvoir aussi.
Elle avait hésité, passé des nuits blanches, ressassé. Elle songeait au passé, au petit garçon prétentieux de Poudlard. Elle pensait à l’adolescent trop vite confronté aux horreurs de la guerre qui n’avait pas reconnu Harry dans le salon des Malefoy lorsqu’ils avaient été pris par les Traqueurs. Elle pensait à celui qui avait voulu les livrer à Voldemort dans la Salle sur Demande lors de la bataille de Poudlard. Elle pensait à beaucoup de choses mais avait du mal à imaginer l’homme qui avait rebâti sa vie à partir de rien après la guerre. C’était cet homme que Ron avait connu, c’était cet homme que Ron respectait. Au fond, il s’agissait de quelqu’un qu’elle n’avait encore jamais rencontré. Et puis, cela comptait pour son mari.
Alors elle avait fini par accepter.
Ils avaient eu des rapports très froids. Ils se serraient la main, échangeaient un bonjour, un au revoir, rien d’autre. Elle avait eu du mal à accepter qu’il approche son bébé. Il dévisageait Rose avec des yeux émerveillés puis se retirait, comme repoussé par les regards noirs qu’Hermione lui jetait. Il avait apporté des cadeaux. Des vêtements, des biberons… Hermione faisait toujours attention à ne pas les utiliser, elle les avait relégués au fond des placards.
Drago avait demandé à pouvoir prendre Rose en photo et Hermione avait grincé des dents. Cependant Ron avait eu des arguments percutants.
- Ce serait génial un album photo ! Drago s’y connaît un peu en photo, laisse-le faire !
Alors elle l’avait laissé à regret approcher avec son appareil photo magique et prendre ses clichés. Il lui avait montré le résultat, un très bel album avec des photos de Rose en mouvement. Les premiers moments où elle rampait, son bavoir trempé, son doudou près d’elle, son pouce à la bouche… Certaines photos étaient mal cadrées ou un peu ratées mais dans l’ensemble, Hermione devait admettre que Drago avait fait un beau travail.
- Merci, pour le temps que tu y as consacré, déclara un peu plus chaleureusement que d’habitude Hermione.
- C’est mon rôle de parrain, avait répondu Drago.
Hermione n’avait pas commenté.
Ron aimait bien emmener Rose en poussette. Il partait en sifflotant avec sa fille sous le regard attendri de sa femme. Il revenait les joues roses, l’air ravi. Hermione profitait du temps passé pour ranger la maison, aller voir Ginny, travailler, sortir, se détendre. Cela lui allait très bien que Ron et elle partagent équitablement le temps qu’ils passaient à s’occuper de leur enfant.
Une fois elle avait voulu accompagner Ron.
- D’accord, mais c’est moi qui guide la poussette, avait négocié son mari.
Ils avaient marché jusqu’à un petit parc, avec une petit fontaine.
- Hey, mais ce ne serait pas Drago ? s’exclama Ron à haute voix.
L’intéressé dut l’entendre car il se retourna et se leva précipitamment. Il sembla étonné de les voir, du moins est-ce l’impression qu’eut Hermione au regard perplexe qu’il lui lança.
- Vous vous promenez ? demanda-t-il poliment.
- Oui, on fait prendre l’air à Rose, rit Ron.
- D’ago ! s’exclama la petite en s’agitant dans sa poussette.
Hermione se rigidifia, Ron cligna des yeux.
- C’est magnifique ! s’écria ce dernier. Son premier mot ! Trop émouvant.
Il se mit à rire et Drago esquissa un sourire. Hermione avait les poings crispés, le visage fermé. Elle avait toujours imaginé le moment où Rose prononcerait son premier mot. Pendant qu’elle ferait la cuisine, sans qu’elle s’y attende. Ou après des tentatives enfin fructueuses de lui faire prononcer « maman ». « Maman »… Ou « Papa », à la limite. Pas « D’ago ».
En cet instant, Hermione n’avait jamais autant éprouvé de rancœur pour cet homme qu’elle n’en avait éprouvé dans toute sa vie.
Par la suite cela devint un rituel. Une fois par semaine, parfois plus, Ron partait se promener avec Rose pour voir Drago.
- Il faut bien qu’elle connaisse son parrain, argumentait-il. Et lui aussi a envie de la voir.
Hermione le laissait faire les lèvres pincées et ne l’accompagnait plus. Elle ne voulait plus revoir Drago.
- Hermione ! l’appela Ron quelques semaines après que Rose ait commencé à marcher. J’emmène Rose au parc jouer aux balançoires.
- Je t’accompagne ! décida-t-elle.
Elle voulait profiter d’un moment en famille. Et puis pousser Rose sur la balançoire serait sûrement un moment magique.
Ses illusions tombèrent en poussière. Il y avait Drago, dans le parc.
- Pa Drago ! fit Rose avec enthousiasme.
- Pa ? répéta Hermione, incrédule.
- Pour parrain, justifia précipitamment Ron.
Mais un vil serpent venait de se loger dans le ventre d’Hermione. Rose appelait Ron « Pa Ron ». Elle avait toujours trouvé ça mignon qu’elle rajoute son prénom alors qu’elle l’appelait juste « Maman ». Désormais, elle en était horripilée. Elle avait l’impression que Drago s’immisçait dans leur vie de famille.
Alors elle reste immobile, tendue, à regarder Ron installer Rose dans la balançoire et Drago commencer à la pousser doucement. C’était elle qui voulait pousser la balançoire. Elle avait l’impression que Drago lui volait sa place. Il n’avait rien à faire là. Il n’aurait dû y avoir que Ron, Rose et elle. Or en cet instant précis, il se substituait à elle.
Elle était partie et aucun des deux hommes n’avait remarqué son départ. Rose riait aux éclats, sans se soucier d’elle non plus.
Hermione n’avait plus parlé à Ron pendant trois jours.
Il y avait eu un repas et Drago avait été invité. Elle ne le voulait pas dans sa maison. Il s’était assis dans le salon pour montrer les albums photos à Harry, Ginny, Neville et Luna dont les yeux brillaient. Rose avait insisté pour s’asseoir sur ses genoux et tournait les pages. Ron était à côté, un air ravi peint sur son visage. Dans un coin du salon, James et Albus jouaient au super-héros.
Ca aurait dû être elle à la place de Drago.
Elle avait essayé d’en parler à Ron mais n’y parvenait pas. A chaque fois qu’elle disait le mot « Drago », il commençait à raconter à quel point ce dernier était attentionné. Il avait acheté une glace à Rose, il leur avait proposé d’aller au parc d’attraction, il avait demandé des nouvelles d’Hermione… Elle ne pouvait pas se résoudre à lui exposer le problème dans ces conditions.
Alors elle se taisait et continuait de regarder Drago lui voler de plus en plus sa place et l’évincer. Mais le plus terrible, c’était qu’il ne semblait pourtant animé d’aucune mauvaise attention. Il amenait toujours le dessert ou une entrée avec des fleurs pour Hermione quand il était invité chez eux. Il l’aidait à débarrasser le couvert, demandait toujours de ses nouvelles, complimentait la décoration, sa robe, les assiettes. Il était comme Ron le décrivait : changé. Elle aurait pu l’apprécier s’il ne devenait pas aussi présent. Ce qui animait Hermione, c’était une jalousie sans nom.
Et puis un jour, elle avait compris. Elle avait voulu aller apporter à Ron le bonnet qu’il avait oublié de prendre pour Rose. Tous deux étaient partis en balade, comme d’habitude. Et puis comme d’habitude, Drago était là. Et, sans doute comme d’habitude, alors que Rose jouait sur le manège avec d’autres enfants, Ron et Drago étaient tous les deux sur le banc, collés l’un contre l’autre.
Elle avait laissé tomber le bonnet, était rentrée chez elle à pas lents, s’était laissée tomber sur le canapé. Depuis le début, elle avait tout faux. Sur Drago, sur Ron, sur elle. Il n’avait pas pris sa place.
C’était elle la substitution.
Parce que deux hommes ne peuvent pas avoir d’enfants.