En dépit de la belle saison déjà bien avancée, il faisait un vent à décorner les licornes ce jour-là, dans les dunes près de la Chaumière aux Coquillages. Les invités peinaient à garder leurs longues robes en place sur la petite plateforme qui avait été installée le matin même au bord de l’eau. Pourtant, d’un coup de baguette magique, le vent aurait pu être dévié de sa trajectoire originelle afin que les banderoles en taffetas et les bouquets ne menacent pas de se décrocher à chaque instant. Mais Victoire avait bien précisé qu’elle ne le voulait pas. « Ça a son charme, » avait-elle dit le matin même, alors que les Potter étaient arrivés tôt pour donner un coup de main. Et, évidemment, on ne contrarie pas une jeune femme le jour de son mariage.
Albus Potter n’avait pas dit un mot de la matinée, se contentant d’aider ses oncles et tantes à achever les derniers préparatifs de la cérémonie. A midi, on lui demanda de s’habiller et d’aller mettre les chaises en place avec ses cousins, puis de s’asseoir au cinquième rang exactement. Il se retrouva entre James et Hugo, tandis que devant eux, Molly et Lucy s’étaient installées, et à peine quelques minutes avant le début de la cérémonie, Rose fit son apparition et s’assit à côté de ses cousines.
« J’ai vu la robe de Victoire ! » leur confia-t-elle, toute excitée. « Qu’est-ce qu’elle est belle ! »
Albus et James se regardèrent d’un air entendu, puis poussèrent un long soupir. C’était comme ça depuis le début des vacances : à chaque fois qu’ils se retrouvaient en famille, on ne faisait que de parler du mariage. Et les robes, et les invités, et les décorations… Albus n’en pouvait plus. Il espérait que la cérémonie serait courte, parce que tout ce qui l’intéressait dans ce mariage, c’étaient les petits fours qui attendaient désespérément de se faire manger. Il n’avait rien avalé depuis son petit déjeuner, et commençait vraiment à avoir des hallucinations très nocives pour sa santé mentale.
Puis, enfin, Teddy fit son apparition. Il portait le beau costume sombre que Harry et Ginny lui avaient offert in extremis lorsqu’il avait annoncé qu’il porterait une vieille tenue qu’il tenait de son grand-père et qu’Andromeda avait pris soin de garder pour lui. Il s’avançait entre les allées au bras de Ginny qui avait fini par accepter cette place de choix en dépit du fait qu’elle était mal à l’aise à l’idée de remplacer la mère que Teddy n’avait jamais connue.
Ensuite, ce fut au tour de Victoire d’arriver, et Rose avait eu raison : elle était très jolie, mais Albus ne s’intéressait pas tellement à toutes ces choses et fit une grimace en voyant Molly soupirer de jalousie devant lui.
La cérémonie fut, comme James n’avait cessé de le répéter à voix basse toute la semaine, ennuyeuse. Il s’amusa à faire le pitre pour faire rire Albus, et ils eurent plusieurs fois droit aux regards meurtriers de Lucy et Rose lorsqu’elles se retournaient brusquement en poussant un « chut ! » réprobateur à l’unisson.
Quand, enfin, les mariés s’embrassèrent, tout le monde se leva et applaudit, et Teddy et Victoire invitèrent les gens à se diriger vers le buffet sur une autre plateforme, les deux étant reliées par un petit ponton d’une longueur de plusieurs dizaines de mètres, posé à même le sable. De part et d’autre du ponton, à moitié enterrées dans le sable, des bougies avaient été allumées magiquement, afin que le vent ne les éteigne pas. Albus suivait son frère vers le buffet. Leurs cousines étaient parties devant, se précipitant après la cérémonie, non pas parce qu’elles étaient affamées, mais parce qu’elles avaient voulu mettre le plus de distance possible entre elles et James et Albus, pour leur montrer qu’elles désapprouvaient leurs bêtises.
« Dépêche-toi, Al, » dit James en tirant son frère par la manche, « je voudrais commander un verre de Firewhiskey avant que Papa et Maman n’arrivent. Depuis le temps que je rêve d’y goûter ! A Pré-au-Lard, Hannah refuse à chaque fois de m’en servir un ! »
Albus n’était pas sûr que ça soit une bonne idée, parce que c’était parfaitement le genre de bêtises qui était voué à l’échec d’avance. Leurs parents étaient peut-être encore sur l’autre plateforme, en train de discuter avec l’oncle Ron, il n’en demeurait pas moins qu’un nombre non négligeable de membres de leur famille étaient dans les parages, et il y avait suffisamment d’adultes pour surprendre James.
Il y avait sur la plateforme plusieurs buffets sur lesquels avaient été placés des plateaux de petits-fours qui mettaient Albus en appétit, ainsi que des coupes en cristal, alignées au centimètre près, qui se remplissaient de champagne et d’autres boissons par magie. Il y avait un autre buffet, plus petit, sur lequel reposaient des instruments en argent qui sifflaient doucement. Des banderoles portant les prénoms des mariés, accrochées aux poteaux à chaque extrémité, claquaient au vent en frôlant les dizaines de bougies qui flottaient au-dessus des têtes des invités.
Albus suivit son frère pour le dissuader d’agir, mais au même moment, une voix les fit sursauter tous les deux :
« Dis donc, toi ! »
James avait tenté d’utiliser un sortilège d’attraction pour se saisir d’un verre de liquide ambré sur le buffet. Albus s’immobilisa net et fit semblant de s’intéresser aux bougies en levant le menton le plus haut possible.
« Attendez un peu que je le dise à vos parents ! » s’exclama la tante Muriel en arrachant le verre des mains de James.
« Hein ? » s’insurgea Albus, « mais j’ai rien fait ! »
James lui lança un regard meurtrier mais Albus décida de faire comme si de rien n’était : il n’avait pas demandé à faire partie de ce plan, il n’était pas question qu’il soit puni par sa faute. La Tante Muriel le considéra un instant, puis vida d’un trait le verre de Firewhiskey, fit demi-tour, et d’un pas déterminé malgré son grand âge, elle retourna sur l’autre plateforme.
« Sauve qui peut, » lança James avant de courir en direction du cottage.
Albus hésita une seconde, mais il finit par accompagner son frère. Désormais, il était mouillé dans cette histoire jusqu’au cou, alors autant prendre la fuite.
Arrivés en haut de la dune, ils tombèrent sur Hugo, qui discutait tranquillement avec Neville Longbottom, son parrain.
« Je savais pas que tu avais été invité ! » s’exclama James à Neville en s’asseyant avec eux.
Neville et leur cousin s’échangèrent un regard gêné en voyant James s’incruster, et Albus voulut aider.
« Viens, James, on devrait… »
« Assieds-toi, Albus, » fit Neville en haussant les épaules.
Albus le considéra un instant d’un air désolé, puis il finit par s’installer avec eux. Il vit au loin Teddy et Victoire qui arrivaient seulement sur la plateforme des buffets, et les instruments s’étaient mis à jouer une musique entraînante qui faisait frapper des mains les invités, ravis de l’ambiance.
« Dis-moi, Neville, » annonça James, imperturbable, « il y a quelque chose qui me tracasse depuis un mois, et je crois que tu es bien placé pour me donner des réponses… »
Neville se redressa, l’air blasé.
« Qu’est-ce que tu veux, James ? »
« Je voudrais que tu me répondes en toute franchise, parce que Papa refuse de me dire quoique ce soit à ce propos. »
« Bon allez, arrête de tourner autour du chaudron, » le pressa Neville.
« Ok, » fit James en traçant des dessins dans le sable du bout des doigts. « Qui est le nouveau directeur de Poudlard ? »
Neville le considéra longuement, ce qui mit la patience de James à rude épreuve. Puis, il ouvrit la bouche, la referma, et l’ouvrit une dernière fois en disant :
« Tu veux que je sois franc, c’est ça ? »
« Absolument, » répondit James, prêt à bondir.
« Eh bien, en toute franchise, je ne peux pas te le dire. »
Il aurait très bien pu annoncer à James que Noël n’aurait pas lieu cette année, la déception aurait été moindre par rapport à la réponse qu’il avait apportée.
« Mais pourquoi ? » s’insurgea James. « Pourquoi tout le monde s’obstine à en faire un secret ? »
« Parce que rien n’est défini, tout simplement. Le Professeur McGonagall a été au poste de directrice pendant vingt ans, et on ne désigne pas un remplaçant au pied levé ! C’est une décision qui a besoin de longues semaines de réflexion, et qui ne sera définitivement établie qu’à la rentrée. »
James ne faisait aucun effort pour dissimuler son amertume, et Albus trouvait son comportement déplacé. Après tout, il ne restait que quelques semaines avant leur retour à Poudlard, ils le sauraient bien assez tôt.
Cependant, Hugo avait l’air confus en entendant les explications de Neville.
« Mais tu m’as dit que… »
D’un regard, Neville le fit taire, mais il était trop tard. Les deux frères se regardèrent brièvement.
« Quoi ? » s’insurgèrent-ils.
Albus ne pouvait pas croire ce qui était en train de se passer. Au diable les quelques semaines de suspense…
« Lui, il est au courant ! » renchérit James en pointant Hugo du doigt, « et tu ne veux rien nous dire, à nous ! »
« Pas du t… » intervint Hugo, avant que Neville ne se penche vers lui et lui glisse quelque chose à l’oreille.
« Hugo est mon filleul, il a droit à un traitement de faveur, » déclara-t-il fermement.
Albus retira mentalement tout ce à quoi il avait pu penser jusque-là. Il n’en revenait pas de ce que Neville venait de leur annoncer. Quant à James, il avait la bouche grande ouverte, l’air complètement ahuri.
« James, tu ne devrais pas laisser ta bouche ouverte comme ça, tu vas avaler les Nargoles. »
Toutes les têtes se tournèrent vers le garçon qui était apparu : Lorcan Scamander, ou peut-être était-ce Lysander, Albus n’avait jamais su les distinguer. Il se tenait à quelques mètres derrière Neville, les pieds nus enfoncés dans le sable, avec les jambes espacées l’une de l’autre, et les poings sur les hanches. Il donnait l’impression d’être un de ces super-héros Moldus dont parlait Kyle Littletown, un des camarades de dortoir d’Albus dans la tour Gryffondor.
« Oui, » renchérit Neville, « Lysander a raison. En plus, ils t’assèchent le gosier en un rien de temps, tout le monde sait ça. Tu devrais vite aller boire un verre de jus de citrouille pour noyer les Nargoles dans ton estomac. »
James prit un air désabusé, mais son regard passait de Neville à Lysander si rapidement qu’il avait tout de même des doutes sur la véracité de leurs propos.
« De toute façon, j’allais y aller, puisque tu ne nous diras rien, je n’ai pas besoin de rester ici. »
Il se releva sans quitter Neville des yeux. Il était vexé, et le fait de voir Neville amusé de la situation l’agaçait encore plus.
« Tu viens, Al ? »
Albus grogna. Il n’avait pas tellement envie de passer sa journée à suivre son frère, mais il réalisa que Lysander s’était éclipsé, et qu’il valait mieux laisser Neville et Hugo tranquilles.
Cette fiction est la suite de ma fic Le Mystère des Vifs d'Or, mais vous n'êtes pas obligés de la lire pour comprendre celle-ci ;)
Merci à Taka pour son aide sur la retouche d'image, et à mes bêtas de la CUVIBE, son président élu à la majorité écrasante de 1 voix, ainsi que Lunalice et LITS pour leurs précieux conseils et leurs coups de fouets ^^
Et voilà, on est repartis ^^
J'espère pouvoir publier tous les mercredis, comme pour Mystère ;)
Merci à mes bêtas et à vous qui avez cliqué sur le lien pour lire ma fic. Je vous souhaite une bonne lecture ! :D
Merci d'avoir lu ! ^^ J'espère que ce premier chapitre vous a plu en tous cas ;)
On démarre en douceur, comme vous avez pu le constater, et on va continuer sur le même rythme la semaine prochaine avec le chapitre 2 intitulé Des Excuses et des Regrets. A la base c'était un seul chapitre puis j'ai fini par le tronçonner parce qu'il était beaucoup trop long. Je commence bien à couper mes chapitres moi...
Allez, à la semaine prochaine, et n'oubliez pas la review avant de partir, c'est ma seule récompense pour le travail acharné, alors prenez-vous le temps de me mettre vos impressions, d'accord ? ;)