L’air de la nuit est froid et humide, mordant et cassant, violent et blessant, tout autour de la tente, tout autour de nous, mais je m’en préoccupe peu. Dans mon rêve cette nuit, je me suis endormi dans un train de nuit, j’ai raté mon arrêt, et je me suis retrouvé à refaire le chemin en sens inverse. Je n’ai pas tellement de mal à interpréter ce rêve, tu sais ? J’étais juste là, tu m’attendais comme le quai de la gare, et j’ai tout fichu en l’air parce que je n’ai pas prêté attention à ce mal qui me rongeait de l’intérieur et qui a tout détruit.
L’Horcruxe, la peur pour ma famille, la jalousie de te voir si proche de Harry qui a toujours valu mieux que moi et qui vaudra toujours mieux que moi, et je me suis retrouvé à dire des horreurs, à te poser devant un choix cornélien, et à m’enfuir comme le lâche que j’ai toujours été, comme le Gryffondor qui ne s’est retrouvé là que grâce à son sang, comme le pauvre nul qui ne serait jamais rien d’autre que cela.
Tu me fuis et me détestes depuis que je suis revenu. Et je ne peux pas t’en vouloir, vraiment ; même si j’ai détruit le médaillon de Serpentard, je n’en reste pas moins quelqu’un qui a fui devant les problèmes qui se présentaient à nous. Et pourtant… et pourtant que j’aimerais te voir vraiment maintenant, sans ces semaines de séparation et cette haine entre nous ; histoire de tout réparer, en quelque sorte. Et j’essaierai encore et encore d’avoir ton attention, d’avoir ton pardon, parce que bon sang, Hermione, tu me manques, et je meurs un peu plus chaque nuit, chaque fois que tu me rejettes.
Je suis devenu une loque depuis que je suis rentré. Quand je suis seul avec Harry, je suis enthousiaste, mais c’est un jeu, un déguisement, parce qu’il en a besoin, et parce que l’accabler encore davantage avec mes problèmes serait plus que malvenu après ce que je vous ai fait. Mais quand tu es dans les parages Hermione, je ne suis plus celui que j’étais, le comique, celui qui avait toujours un mot pour faire rire… pour te faire rire. Et vraiment, j’aimerais tellement redevenir cet homme, mais je ne sais pas si j’y parviendrai, parce que sans toi pour me soutenir, tout parait tellement plus difficile.
Et pourtant, j’essaierai encore et encore, parce que je n’en peux plus de cette situation, de mourir un peu plus nuit après nuit, parce que je ne suis pas un roc, je suis juste un homme, et je comprends que tu aies souffert, mais dis-toi que je souffre peut-être au moins autant que toi, et mince, tu me manques Hermione. Ta voix ne m’adresse plus que des reproches, ton visage ne me fait plus que des grimaces, tes yeux ne me lancent plus que des regards noirs. Rappelle-toi pourtant, de nos rires partagés, des câlins échangés, souviens-toi, et admets-le Hermione, admets-le, ce que j’ai eu du mal à comprendre mais qui pourtant semble évident désormais. Admets-le, que tout cela te manque à toi aussi parce que ce qui nous lie va même au-delà de l’amitié, admets-le que tu m’aimes autant que je t’aime.
Dépose tes armes, et je déposerai les miennes, regarde-moi et rends-moi heureux à nouveau. Et même si tu ne le veux pas, j’essaierai encore et encore, parce que je n’en peux plus de mourir. Encore et encore, Hermione.