Je vais tenter de respecter au maximum le canon de JKR mais en intercalant cette histoire entre l'époque des Maraudeurs et celle de Harry Potter. L'histoire est centrée sur Philomena Fletcher, de son entrée à Poudlard jusqu'à... eh bien, on verra... Je vais bien entendu la faire évoluer avec des personnages ultra secondaires, mais aussi des perso bien plus connus, mais chut...
Un petit prologue faisant écho à celui de Harry Potter à l'école des sorciers. Philomena se trouve à King's Cross, pour sa première année à Poudlard...
Elle voit des familles se précipiter vers un quai, poussant des chariots remplis de malles et de cages, et se décide à les suivre. Avec leurs capes sombres, leurs chapeaux haut de forme, et leurs bottes de caoutchouc, ils ont l'air trop sorciers dans cette gare moldue. Elle les regarde disparaître dans un pilier et les suit.
Elle est toute seule sur le quai 9 3/4, entourée de familles qui disent au revoir à leurs enfants, de pères aimant portant des valises et des cages, de mères fières serrant contre leur poitrine leur progéniture.
Mais elle, elle est seule. Elle regarde ce qu'il se passe autour d'elle, comme à son habitude, petite souris habillée de gris et de noir, peau claire, yeux noirs cernés de gris, chevelure noire disciplinée en une longue natte qui serpente jusqu'à sa poitrine plate. Elle lève le menton pour regarder où elle va. Elle sera certainement la plus petite élève de première année, comme d'habitude. Elle est toujours la plus petite.
Elle se faufile entre les familles, traînant derrière elle sa malle. Sa pie est sur son épaule, comme à son habitude, et picore son oreille. Quand elle heurte un homme blond massif et qu'elle s'attire un regard noir, elle rentre la tête dans ses épaules et poursuit sa route.
Elle sent sur elle des regards de pitié, de mépris, de surprise. Sur ses vêtements, sur son visage, il est écrit qui elle est. Une pauvresse. Dans sa main, elle chiffonne son billet de train à destination de Poudlard. Dans sa poche, la lettre qu'elle a tellement lu cet été qu'elle la connait par coeur : la lettre l'informant qu'elle entre en première année à l'école de sorcellerie de Poudlard, et la liste des fournitures. Un pli amer se forme sur le coin de ses lèvres. Ses fournitures... Elle n'a pas pu aller les acheter cet été, ses parents, et sa famille au sens large, ne s'étant même pas donné la peine de l'accompagner sur le Chemin de Traverse. De toute façon, avec quel argent les auraient-ils payées ? Elle secoue la tête. Il y aura une solution. Il y a toujours une solution. Elle a déjà la baguette de sa mère, ainsi qu'un vieux chaudron et de vieux uniformes lui ayant appartenu.
Le vieux vapeur est là, et la locomotive relâche un filet blanc. Le train ne va pas tarder à partir. Alors, elle s'avance encore un peu plus vite, et de sa voix aiguëe demande pardon. Elle ne s'amuse même pas de ces regards adultes qui cherchent autour d'eux, près du sol, qui peut bien leur demander pardon. Elle a l'habitude de ne pas se faire remarquer. Petite, discrète et furtive. Soudain, des élèves qui portent déjà leurs robes de sorcier quittent les bras de leurs parents et montent les uns après les autres dans le train, et des têtes se montrent aux fenêtres pour saluer une dernière fois ceux qui restent sur le quai. Alors, elle accélère, de ses jambes courtes, et tire sur sa malle à moitié vide. Elle s'arrête près d'une porte et regarde autour d'elle, en proie à une panique soudaine, si quelqu'un peut l'aider à hisser sa malle dans le wagon.
Une haute silhouette portant une cape noire et un écusson bleu se penche vers elle, souriant.
"Tu es en retard ! Il faut te dépêcher... Première année ?"
Elle acquiesce et lève les yeux vers le bon visage. Le jeune homme brun sort sa baguette magique de sa poche et fait un petit moulinet en direction de la malle qui lévite tranquillement vers la porte du wagon.
"Allez, suis-la, elle va se ranger toute seule... Tu n'as que cette malle ? Où est la cage pour ton oiseau ?
- Je n'ai pas de cage... Et je n'ai que cette malle. - Elle se sent rougir et termine, chuchotant presque. - Je n'ai pas beaucoup de moyens.
- Ah. Tu pourras faire une demande de bourses auprès du directeur de ta maison, quand tu auras été répartie... "
Il sort un parchemin d'une de ses manches, ainsi qu'une plume qu'il glisse entre ses lèvres, tout en parcourant les noms.
"C'est quoi ton nom ?"
Elle baisse encore la tête, et c'est un tout petit filet de voix qui répond.
"Philomena Fletcher.
- Fletcher ? - La déception qui s'entend dans sa voix ne se lit pas sur son visage. -D'accord, c'est noté. Tu peux monter, Philomena. Bienvenue dans le Poudlard Express."
Philomena monte les quatre marches, Chica battant des ailes pour conserver son équilibre sur l'épaule de la fillette. Philomena flatte l'encolure de l'oiseau pour l'apaiser. Elle se retrouve dans l'étroit couloir du train, et les compartiments sont sur sa gauche. Elle ne voit plus sa malle, et s'arrête à chaque porte pour voir si elle s'y trouve. Les compartiments sont pleins. Quand elle passe la tête par la troisième porte, elle voit sept élèves déjà installés et bavardant gaiement. Ils interrompent leur conversation, tournent leurs regards vers elle, avisent l'enfant qui vient de rentrer, et quelque conversation reprend, tandis qu'un grand gars qui semble avoir poussé trop vite lui dit :
"Y a plus de place."
Philomena, interdite, s'arrête. Elle désigne d'un geste avorté de la main sa malle, sagement rangée sur le porte-bagage au-dessus des sièges.
Le grand gars se lève, sort sa baguette magique de sa poche, et fait léviter la malle.
"Elle se rangera toute seule quand tu auras trouvé une place. Tu fermeras la porte en partant."
Philomena ne se vexe même pas de se voir ainsi congédiée. Elle est si peu de choses. Petite souris qui fait si peu de bruit, et grignote constamment des miettes. Miettes d'attention, reliquats d'amour, restes de gentillesse. Elle fait demi-tour, alors que Chica assure son assise en rouspétant et battant des ailes pour la forme.
"Qu'est-ce que tu fais encore dans le couloir... - Le jeune homme brun à l'écusson bleu consulte sa liste... - Fletcher !"
Philomena bredouille quelques phrases inintelligibles avant de se taire et de hausser les épaules.
Le jeune homme la dépasse, ouvre la porte du compartiment et se fait rabrouer par les occupants. Il élève un peu la voix, et les protestations cessent aussitôt. Philomena n'écoute pas, et sent dans son dos la masse de sa malle qui lévite tout doucement, vacillant. Elle essaie de refouler les larmes qui menacent de poindre. Le jeune homme revient vers elle, semble s'excuser, chercher ses mots.
"Ecoute. Tu vas attendre un peu, je vais voir s'il y a un autre compartiment disponible, d'accord ?"
Philomena hoche la tête, les yeux toujours baissés sur ses chaussures dont elle compte les tâches. Le jeune homme lui tend une main franche, la paume est légèrement tournée vers elle, comme une invite. La petite fille glisse sa main menue dans celle du jeune garçon qui lui fait un sourire rapide et se présente.
"Dempster Wiggleswade, je suis préfet en chef. Je suis en cinquième année, à Serdaigle."
Philomena n'a pas le temps d'ajouter quoi que ce soit, Dempster est déjà parti. Déconcertée, elle l'attend dans le couloir, sa malle voletant paresseusement derrière elle. Le train siffle, et les machines semblent se mettre en route, le monstre vorace avalant sa fournée de charbon. Dempster revient du couloir, l'air plus avenant. Il tapote la malle de sa baguette, et elle le suit. Philomena met ses jambes en branle et voit sa malle entrer dans un compartiment. Dempster la pousse à l'intérieur, lui glisse un mot gentil et referme la porte.
Sept paires d'yeux la fixent. La petite fille a encore l'impression d'arriver au beau milieu d'une conversation. Elle regarde machinalement sa malle se glisser sur le porte-bagages, et reste plantée là, les bras ballants. Une petite fille blonde avec deux grands yeux bleus rieurs enlève la cage de sa chouette du siège. Cette dernière ouvre un oeil courroucé avant de se rendormir.
"Ben alors, tu viens pas t'asseoir ?"
Philomena, qui n'est pas contrariante, se précipite sur le siège et entortille ses pieds sous elle, reconnaissante et rougissante.
"Je m'appelle Gladys Gourdenièze, et c'est ma première année à Poudlard."
Philomena a à peine le temps de se présenter que Gladys se lance dans une grande tirade vantant l'école de sorcellerie, le bonheur qu'elle a ressenti en recevant sa lettre, la fierté de ses parents, et surtout de son père qui est sorcier. Volubile, elle agite les mains autour d'elle en parlant, au point que Philomena, entre deux sourires timides, s'écarte parfois prudemment de ces petits oiseaux vifs qui menacent de la gifler. Elle promène son regard sur les autres enfants assis dans le compartiment. Mis à part la blonde Gladys, il y a une fille au nez retroussé et constellé de tâches de rousseur, et aux yeux marrons, qui écoute avec grande attention les papotages de Gladys. Elle s'appelle Daisy Miggens. Alfie Lovenburke est assis à côté d'elle, petit garçon brun à l'air constamment endormi, qui semble flotter dans ses vêtements. A côté de la fenêtre, c'est Willy Larbrouss et sa tête qui semble trop grosse pour ses épaules. Il regarde le paysage défiler en mâchonnant un bâton de réglisse.
Philomena continue de regarder les enfants assis en face d'elle. Il y a le déjà grand Scott Scabior, qui semble avoir trop vite gagné des centimètres, au vu de ses pantalons qui laissent voir trop de chaussettes, et même deviner un peu du mollet. Philomena regarde sa propre mise. Il n'y a pas de doute. Il n'est guère plus argenté qu'elle. Elle laisse son regard se perdre sur ce visage hautain qui l'ignore totalement. Scott promène ses yeux hésitant entre le vert et le gris sur un magazine de Quidditch. Philomena regarde alors Troy Travis qui dodeline de la tête, ce qui fait agiter ses tresses. Elle le trouve touchant, avec sa peau claire et ses traits fins. Willow Seed est occupée à fouiller dans ses poches et à étaler ses trésors de bonbons, bouts de ficelles et têtes de cafard sur ses genoux, à la recherche d'un énième joyau. Willow lui adresse un léger sourire de ses lèvres fines avant de se tourner vers Royston Travis, qui lui raconte son week-end avec ses parents. Philomena comprend que Willow et Royston sont voisins. Elle comprend surtout qu'elle a eu le temps de faire connaissance avec tous les passagers du compartiment, et que Gladys, qui est assise à côté d'elle, n'a toujours pas l'air d'avoir besoin de respirer entre deux phrases.
Philomena se dit que le trajet sera long.
(Moi qui m'étais promis de ne pas mener plusieurs fics de front... Je compte... Une longue, une mi-longue, et une courte pas finies... Plus celle-là, une autre longue... Ciel !!!) Tout ça pour vous dire que je vais tenter de faire correspondre Menteurs, voleurs, tricheurs, avec Drago au pays des Moldus... Je sais pas encore (c'est bien trop tôt dans l'histoire, là), mais je le ferai... Mon alternative universe à moi, na ! J'espère que vous avez pris plaisir à ce prologue sans prétention. A bientôt peut-être ;)
MAJ de janvier 2020 : relecture et corrections, léger complément pour éviter incohérences
MAJ de juin 2020 : relecture et corrections.