Voilà, c'est Noël et voici mon cadeau pour Noisette. J'espère qu'elle te plaira, autant qu'à vous qui venez lire.
Il se peut que j'ai fait une petite erreur dans la chronologie canonique. Je croyais qu'il n'y avait qu'un an de différence entre Bill et Charlie mais il y en a deux en fait. Ca ne changes pas grand chose à l'histoire mais ne vous étonnez pas.
Sinon, suite au commentaire d'une bêta, je rappelle que Bill est l'ainé, Charlie le second et ensuite vient Percy.
Voilà, bonne lecture !
Merci à wingardiuml pour le betatage =D Ainsi qu'à Aredhel qui a insisté pour lire et qui m'a appris ce que veut dire OSEF...
Les magasins étaient lugubres. La guerre venait à peine de se terminer et cela s’en ressentait encore. Sur les panneaux, des dizaines d'avis de recherche étaient placardés. "Avez-vous vu ce sorcier ?" ou parfois "Avez-vous vu cette sorcière ?". Les gens se dévisageaient dans la rue, on parlait à mots couverts. L'ambiance était plus que pesante. Le chemin de traverse n'avait rien à envier à l'allée des embrumes.
Du haut de ses neuf ans, le petit Charlie regardait tout avec gravité, sachant depuis bien longtemps que les gens avaient perdu la tête. Alors qu’ils allaient rentrer dans un magasin, un hurlement se fit entendre. Tous les enfants tournèrent la tête, aucun adulte ne réagit.
Un homme apparut, les vêtements en lambeaux, le corps ensanglanté, terrorisé et courant comme si le diable était à ses trousses.
-A l’aide. Au secours ! Je vous en prie, croyez-moi, je suis innocent ! Je suis...
Un éclair vert le toucha par derrière. Il tomba mort au pied de l’enfant, encore sous le choc.
Clic. C’est le bruit que fit le projecteur de l’appareil photo lorsqu’il se déclencha pour immortaliser ce moment. Clic, c’est la seule idée de cet homme qui sera plus tard considéré comme le plus grand photographe de son siècle. Clic. Cet événement par ce simple petit bruit ne s’arrêtera plus jamais, caché dans un album, dans un négatif, dans un cadre… Clic, arrêtes-toi le temps, l’artiste n’aime pas voir l’homme en mouvement. Clic, transformez-vous couleurs, dans le philtre du photographe coule la magie. Clic, que le dessin prenne profondeur et ressemblance.
Clic, que cette histoire commence ainsi.
-Eh bien, tu viens Charlie ? s’impatienta sa mère dans le magasin. Ou tu comptes rester toute la journée ici ?
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Quand Charlie rentra à la maison, ce soir là, il était blanc comme un linge. Même les jumeaux le regardèrent un instant avant de repartir dans leur langage codé. Il ne fut ni joyeux, ni gai, ni aimable comme à l’habitude… S’il mit la table, c’est parce qu’on le lui demanda. Il mangea peu, ne regarda pas ses livres, ne se porta pas volontaire pour dégnomer le jardin et passa tous son temps à contempler la fenêtre.
Lorsque sa mère partit coucher les petits et qu’il fut sûr d’être tranquille, Bill s’approcha de lui.
-Ca va pas ?
-Y a quelqu’un qui est mort.
-Charlie ?
-Tout le monde s’en fichait… Tu sais, j’ai beaucoup réfléchi aujourd’hui et j’ai pris une grande décision.
-Ah ?
-On va fuguer !
Il avait déclaré cela avec le plus grand sérieux, celui que peuvent avoir les enfants ce qui contrastait particulièrement avec la tristesse et la mélancolie de ses dernières phrases. A un tel point que son frère le regarda de travers.
-Quoi ?!
-C’est qui le « on » ?
-Ben le on, c’est toi et moi.
-Et moi zaussi ! dit une petite voix.
Les deux grands se retournèrent et tombèrent nez à nez avec Percy qui les écoutait avec le plus grand sérieux, son doudou contre lui et son pouce en bouche.
-Moi aussi, ze veux fuguer.
-Non, on prend pas les bébés.
-Ze suis pas un bébé. Zinny est un bébé, moi ze suis zun grand.
-T’es pas un grand, t’es un bébé !
-Ch’est même pas vrai. Et p’is d’abord, zavez besoin de mon aide si vous voulez avoir les couvertures ou zuste vous réveiller.
Les deux grands se regardèrent. Ce qu’il disait n’était pas faux. Suite à un problème de place, Molly avait emménagée dans la chambre de Ginny et Ron pour être prête au moindre problème. Arthur, quand à lui, avait pris Percy chez lui. Les jumeaux avaient leur chambre au premier et Charlie et Bill s’en partageaient une au grenier. Cependant, les draps et autres linges étaient rangés dans l’ancienne chambre conjugale, soit celle de Percy. Et personne n’avait le droit de pénétrer dans la chambre des autres pour éviter les catastrophes et les disputes.
De plus, à cause de son travail, leur père se levait souvent tôt, sur le coup des cinq heures. Et malgré tous ses efforts, il réveillait toujours Percy, qui se rendormait après jusqu’au vrai réveil plusieurs heures plus tard. A part cela, il n’y avait pas de réveil, pas d’horloge indiquant l’heure et aucune aide avec la position du soleil qui de toute façon, changeait chaque jour. Leur frère leur était donc indispensable. Charlie hocha la tête et dit sérieusement :
-D’accord mais tu te tais, pas un mot aux parents, compris ?
-Pas un mot.
-Et tu promets que tu ne te rendormiras pas demain ?
-Promis !
-Et on va établir des noms de codes. Moi je suis le général, Bill le capitaine et Percy le matelot.
-Ah non, rétorqua l’aîné. C’est moi le plus grand, donc c’est moi le général.
Percy regarda avec des yeux ronds ses deux frères s’affronter sans oser dire un mot.
-Oui, mais c’est moi qui ai eu l’idée !
-Et alors ?
-Et alors, c’est moi qui dirige.
-Eh ben si c’est ça, faites la toute seule votre fugue, moi je ne joue plus !
-Ah non ! Tu n’as pas le droit de dire ça !
-Oh que si, j’ai le droit. C’est mon grade de général ou rien.
Un long silence buté s’installa dans la pièce. Finalement, Charlie céda :
-Bon d’accord, tu es général. Je suis capitaine et Percy reste mousse.
-Ze croyais que z’étais matelot.
-Ouais ben c’est pareil d’abord. Maintenant, on fait la liste de ce qu’on a besoin. Matelot est chargé des sacs de couchage, des serviettes et du sac de six pieds.
- Le sac de quoi ? demanda Percy d’un air curieux.
- Le sac de six pieds. C’est le sac qu’utilise papa pour voyager. Il est petit mais on peut y mettre pleins de trucs à l’intérieur.
- Bon, dit le général. De quoi avons-nous besoin ?
- De la nourriture, commença à énumérer le capitaine. Des couverts, des verres qui ne se cassent pas, de quoi faire du feu, des vêtements…
- Mon doudou !
- On s’en fi…
- Non Charlie, il a raison. Il faut prendre des objets personnaux et de quoi s’occuper. Donc des livres et nos jouets aussi. Et je crois que c’est tout.
- Mouais… Et quoi comme nourriture ?
- Des patates ! Et p’is des pâtes…
- Donc une casserole aussi. Des œufs ?
- Trop fragile, voyons ! Du pain ?
- Il deviendrait dur trop rapidement… De la viande ?
- Non, elle serait périmée trop rapidement et ça attire les mouches et les loups.
- Et comment tu sais ça au juste ?
- C’est maman qui me l’a dit !
- Cha veut dire quoi périmée ?
- Rien, s’exclamèrent ils en cœur.
- Ze crois que ch’est tout…
- Je crois aussi… Demain, dès que papa se lève, tu te réveilles. Tu fais semblant d’aller aux toilettes et tu en profites pour prendre les serviettes et les vêtements. Dès qu’il part, tu nous réveilles et on prend tout rapidement. Et tu ne te rendors pas !
- Oui mon capitaine !
A J-1, l’opération fugue était lancée. Et elle résidait entre les mains du petit Percy qui comptait bien ne pas se rendormir.
Prochain chapitre le 31 décembre, pour le nouvel an. Merci d'avoir lu.