« J’attendrais une heure dans la forêt interdite. Si lorsque cette heure sera écoulée, tu n’es pas venu à moi, si tu ne t’es pas rendu, alors la bataille recommencera. Cette fois, je participerais moi-même au combat, Harry Potter, je te trouverais et je châtierais jusqu’au dernier homme, jusqu’à la dernière femme, jusqu’au dernier enfant qui aura essayé de te cacher à mes yeux. Une heure ! »
Et, fidèle à sa promesse, Tom attendait.
Une heure. Dans la forêt Interdite.
C’était long, une heure. Quand Il savait qu’il n’était plus qu’une question de minutes, qu’après des années de patience, Il tenait sa victoire. Ce n’était plus qu’une question de minutes, une question de temps.
Autour de lui, les Mangemorts. Leurs cris, leurs impatiences, leur comportement bestial et sauvage. On aurait dit des animaux enfermés dans une cage. Il n’y avait que Lui, Lui unique dresseur qui savait les dominer, ces redoutables fauves, Lui le marionnettiste hors-pair qui les faisait avancer sur le théâtre, Lui le joueur redoutable qui savait faire tomber ses pions lorsque nécessaire. Des pions. C’est ce qu’ils étaient seulement. Des pions.
Indifférent aux halètements de Bellatrix, non loin de lui, et à Avery et Nott qui s’impatientaient, Tom poursuivit le fil de sa pensée. Qu’ils étaient misérables, ainsi agglutinés autour de lui… Mais bien sûr, il y avait Harry Potter. L’enfant, l’enfant que Tom méprisait, l’enfant qu’il avait marqué à tout jamais. L’enfant qui avait découvert son terrible secret. Qui l’avait aidé ? Dumbledore ? De toute évidence. Dumbledore… Son simple souvenir paralysait encore Tom. Il revoyait le vieillard, plus d’un demi-siècle auparavant, assis en face de lui, à l’orphelinat. Ses paroles résonnèrent de nouveau en écho dans son esprit, ces mots qui avaient été les clefs vers la liberté. Dumbledore... Son regard d’azur tranchant qui lisait au fond de l’âme par-dessus ses lunettes en demi-lune, son sourire indulgent, son visage ridé… Cet imbécile qui croyait en l’amour.
Les imbéciles croyaient au sentiment d’amour. Une foi insondable poussait le commun des mortels à croire que toute leur vie leur serait assurée une protection plus forte que la magie, plus forte que l’intelligence humaine et que les forces de la nature déchaînées, cette chose qu’ils appelaient l’amour.
Dans les livres, Tom avait vu que les gens croyaient en l’amour maternel. Une chose profonde qui ne se briserait jamais, disent-ils. Pourtant, l’amour maternel a-t-il empêché Merope Gaunt d’abandonner si lâchement son fils aux exécrables moldus ?
Dans les livres, Tom avait vu que les gens croyaient en l’amour filial. Encore un dérivé. Un sentiment de respect total, disent-ils, marié à une admiration sans bornes et une affection hors du commun. Pourtant, l’amour filial l’a-t-il empêché, lui, Tom Jedusor, d’assassiner son propre père ?
Une grimace de dégoût se peignit sur le visage de Tom. Puis il se souvint que cette chose si merveilleuse en laquelle croyait Dumbledore n’était réservée qu’au commun des mortels. Lui n’en faisait pas partie, évidemment. Peut-être était-ce pour cette raison qu’il n’avait pas connu l’amour. Lui, il était beaucoup, beaucoup plus qu’un homme. Evidemment.
Dans la forêt de son enfance, désormais, il se sentait loin des Mangemorts qui piaillaient, ces bestioles féroces qu’il avait apprivoisées. C’était ici qu’il venait, adolescent, trouver le calme, explorer les lieux, se familiariser avec les créatures diverses. Quand son âme était encore entière. Mais désormais, malgré tous les serviteurs qui l’entouraient, il se sentait terriblement seul.
Autour de lui, le vent redoublait d’intensité, insufflant une atmosphère plus glacée encore là où il devait passer. Autour de lui, les branches des arbres entamaient un ballet affolant, se balançant de droite à gauche, puis de gauche à droite.
Il inspira.
Expira.
Profondément.
Au terme de cette heure, lorsque le garçon viendra à lui, au cœur de la Forêt Interdite, alors tout sera finit. Il pourra enfin humer les effluves de la victoire, sentir autour de lui le parfum du triomphe et cette sensation délicieuse de puissance et de suprématie qui l’avait guidé depuis le tout début sera à son apogée.
Bientôt. Il viendra.
Plus qu’une heure.
Au cœur de la Forêt Interdite.
Note d'auteur :
J'ai brièvement participé à l'une des Nuits d'HPF, le 23 décembre. Voilà le texte qui en résulte !
Note de chapitre:
J'espère que ce texte vous plaira, j'ai écrit ça rapidement :)
Bonne lecture !
Note de fin de chapitre :
Alors ?
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