Le Potterverse appartient à JKR. Le texte "Tu seras un homme" a été écrit par Rudyard Kipling.
Il connaissait ce texte par cœur, et pourtant, il se plaisait tant à le parcourir. Seulement pour voir les mots écrits de la main de son père danser devant ses yeux.
Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou, perdre d'un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
La première fois qu’il l’avait lue, il ne connaissait pas encore tout de l’histoire de son père. Pas encore comment, alors qu’il avait à peine une vingtaine d’années, il avait perdu tous ceux qui faisaient son univers. Comment il s’était retrouvé seul, plus seul que Teddy ne le serait jamais, plus seul qu’il ne pouvait le concevoir. Il avait perdu James, Lily, Peter et Sirius. Ses amis. Sa seule famille. La mort ou la trahison les lui avaient brutalement volés, arrachés. Mais pourtant Remus avait continué, s’était accroché à sa vie, aussi pauvre qu’elle puisse être, ne renonçant jamais.
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Puis, plus tard, bien plus tard, il avait rencontré sa mère. Harry lui avait raconté comment leur histoire d’amour était née, presque malgré Remus, au cœur de la guerre. Comment il avait tenté tant de fois de repousser Nymphadora, se disant trop vieux, trop pauvre et trop dangereux, mais elle n’avait pas abandonné. Et finalement, elle avait fait le bonheur de Remus, envers et contre tous. Y compris contre Remus lui-même.
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle,
Sans mentir toi-même d'un seul mot ;
Un hybride. Un loup-garou. Un danger pour tous. Il avait été mis au ban de la société sorcière pour ce qu’il était. Pour une malédiction qui lui avait été infligée alors qu’il n’était qu’un enfant. Teddy se demandait parfois où son père trouvait le courage de se lever tous les jours, de lutter alors qu’il ne rencontrait qu’opprobre et désapprobation. Pendant longtemps, il avait vu Hermione se battre pour que soit accordés aux lycanthropes les mêmes droits qu’à tous les autres sorciers. Il ne comprenait pas alors à quel point la lutte était acharnée et quel hommage Hermione rendait à son père à travers son travail. Il ne l’avait réalisé que bien plus tard.
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Son père était un héros. Il le savait, l’avait toujours su. Et pourtant, son parrain était assez discret sur le sujet. Bien sûr, il savait que ses deux parents étaient morts à la Bataille de Poudlard en luttant contre le plus grand Mage Noir de tous les temps, mais avant son premier cours d’Histoire de la Magie, jamais il n’avait imaginé à quel point tous ceux qu’ils connaissaient étaient des héros. Et il s’était soudain senti tellement insignifiant face à eux, face à l’ampleur des sacrifices qu’ils avaient faits.
Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;
Sa douceur. C’était de cela dont lui parlait toujours toutes les personnes qui avaient connu son père. A quel point il était conciliant, à l’écoute, pondéré. Mais il savait, parce que Harry lui avait donné les vieilles lettres des Maraudeurs qu’il avait trouvé dans les affaires de Sirius, à quel point son père avait également été un garnement turbulent qui faisait les 400 coups à Poudlard. Parfois, Teddy ne savait pas lequel lui manquait le plus de ce père compréhensif qu’il aurait sans doute été ou du complice à ses farces qu’il aurait sans doute trouvé en lui.
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;
Son père était allé à Gryffondor. Sa mère à Poufsouffle. Tant et si bien que lorsque le Choixpeau avait été posé sur sa tête, Teddy ne savait même pas lui-même où il avait envie d’être réparti. D’un côté comme de l’autre, il allait avoir l’impression de trahir. Mais vraisemblablement, le bout de tissu rapiécé le savait mieux que lui car il lui glissa à l’oreille : « Si ta mère n’avait pas été aussi patiente et obstinée, son côté frondeur l’aurait placée dans la même Maison que ton père. C’est donc bien là que tu seras le mieux, » puis il avait crié « GRYFFONDOR ! » et Teddy n’avait pas pu s’empêcher d’être soulagé.
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Teddy avait un temps pensé devenir un Auror, comme son parrain, comme sa mère, mais finalement, après un quasi-tour du globe pour trouver sa vocation ou peut-être se trouver lui-même, il avait entamé une formation de Médicomage. Ironiquement, la première personne qu’il rencontra à Sainte Mangouste fut une ancienne camarade de classe de son père, qui comprit aussitôt qui il était et le prit sous son aile. Elle lui confia un jour que Remus avait exprimé le désir d’être Médicomage, mais que la première guerre sorcière l‘en avait empêché. Teddy n’avait pu s’empêcher de sourire, finalement, il ressemblait plus à son père que ne le laissaient croire ses cheveux turquoise.
Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Cette lettre de Kipling que son père avait recopié pour lui était la seule chose qui les liait en dehors des souvenirs qu’on lui avait rapportés. Aujourd’hui, sa certification d’aptitude à la Médicomagie dans une main et la bague de fiançailles qu’il allait offrir à Victoire dans l’autre, Teddy se tenait debout devant la tombe de celui qui lui avait donné la vie. Il s’accroupit et posa sa main sur la pierre froide, tentant d’atteindre l’éternel absent.
- « J’espère que tu es fier de moi. » murmura-t-il avant de se relever et de transplaner.
Tu seras un Homme, mon fils.
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