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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


L'Echec de la Solitude par Hinatata

[16 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Lits avait demandé un ScorpLouis pour Noël... Voici celui que je lui ai concocté ! J'ai beaucoup aimé l'écrire, j'espère qu'il vous plaira.
Bétaté par Aredhel-la-superbe, mercii !

Disclaimer : Tout HP à JKR.

L'échec de la solitude




« Echec et mat. »

La tour de Louis avança de deux cases vers l’avant. Le roi noir, cerné à la fois par la reine et la tour, prit sa couronne et la jeta d’un geste rageur sur l’échiquier, tandis que la reine blanche gloussait sous cape. Louis eut un léger sourire, celui-là même qu’il arborait à chacune de ses victoires. Ce n’était pas un sourire moqueur, ou conquérant, simplement un reflet de sa fierté : il avait mené à bien sa bataille.

Son adversaire, un grand gars tout maigre de septième année qui faisait déjà partie du club d’échecs bien avant lui, passa une main sur son visage en soupirant.

« Décidément, je suis condamné à me prendre une raclée à chaque fois, dit-il, l’air résigné.
— T’en fais pas Derek, c’est pareil pour tout le monde, » lui lança un de ses camarades, occupé sur sa propre partie d’échecs qui l’opposait à un gros garçon de Serdaigle.

Louis hocha la tête de droite et de gauche, comme pour dire qu’il ne fallait rien exagérer.

« Je vais y aller, annonça-t-il, j’ai une rédaction de deux kilomètres de long à terminer pour Binns. »

Il allait se lever lorsqu’on toqua à la porte de la salle. Une main sur le dossier de la chaise, Louis suspendit son geste. La porte de bois s’ouvrit dans un léger grincement et tout le monde se tourna vers l’entrée, curieux – qui donc venait s’intéresser au Club d’Echecs Sorciers ? Peut-être était-ce le petit nouveau, Edyll, qui s’était ravisé et venait malgré tout le mardi soir.

« Bonjour… Je viens m’inscrire dans votre club d’échecs. »

Le jeune homme qui avait lancé cela de but en blanc possédait des cheveux blonds qui s’éparpillaient en mèches autour de son visage, la peau pâle et le menton pointu. Il tenait toujours la poignée de la porte ainsi que le chambranle dans une pose décontractée qu’il maîtrisait à la perfection. Clairement, Scorpius Malefoy n’attendait pas de réponse négative de leur part.

Il y eut un silence de quelques secondes qui s’éternisa, mais dont le nouvel arrivant ne sembla pas se formaliser. Repoussant la porte derrière lui, il fit quelques pas dans la pièce et jeta un coup d’œil circulaire autour de lui. Un bref instant, son regard gris croisa celui, bleu, de Louis, puis, se détournant, il reprit :

« Les inscriptions ne sont pas fermées, de ce que je sais. Qui est le président ? »

Tout le monde – ce qui constituait à peu près cinq ou six personnes – sembla sortir de sa torpeur.

« C’est moi, » répondit Keith, un garçon à lunettes joufflu de septième année. Louis l’appréciait, il le trouvait gentil, bien que certaines fois trop enthousiaste, mais surtout bon joueur, ce qui n’était pas le cas de tous dans le Club. « Tu veux faire partie du Club, et bien… C’est une surprise ! »

Keith semblait hésiter. Louis savait pourquoi. Le Club d’Echecs Sorciers n’avait pas une réputation exceptionnelle ; ajouter un Malefoy dans l’équation ne serait pas très judicieux. Mais refuser ? Louis se mit à plaindre Malefoy, bien que du peu qu’il l’ait vu, il l’ait trouvé hautain et d’une absolue certitude en sa supériorité intellectuelle passablement dérangeante.

« Eh bien voilà, accepte un duel contre Louis. Si tu le bats, tu peux faire partie du club. C’est le rituel, Louis étant notre meilleur joueur. »

Louis ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes en direction de Keith, mais se reprit bien vite lorsqu’il sentit le regard de Malefoy se poser sur lui. Zut ! Il devrait refuser tout net de participer à cette mascarade ridicule. Il n’aimait pas se vanter, mais s’il devait regarder les choses en face, Malefoy n’avait aucune chance. Lui-même jouait avec son oncle Ron depuis qu’il était tout petit. Sa passion des échecs était connue de toute la famille, on en rigolait, et il transportait son échiquier, celui que son oncle lui avait donné, partout où il allait. Il ne l’apportait pas aux réunions du Club afin qu’on ne l’accuse pas d’avoir ensorcelé le jeu à son avantage, mais le précieux objet restait bien au chaud dans sa valise, sous son lit à baldaquin.
Il ne se passait pas un seul jour sans qu’il ne joue une partie ; il ne connaissait pas le niveau de Malefoy, mais pouvait-il réellement rivaliser ? Une certaine pitié s’empara à nouveau de lui. Mais il croisa le regard de Keith, et sut qu’il n’avait pas le droit de refuser. Lâchant le dossier de la chaise qu’il tenait toujours de sa main, il l’avança plus près de la table.

« Très bien. Et si je gagne, vous devrez m’accepter. »

Malefoy tendit la main vers Keith, qui la serra brièvement, puis se détourna de lui pour prendre la place de Derek. Keith remonta ses lunettes sur son nez, signe de son impatience, et approcha avec les autres sa chaise des deux joueurs.

« Je prends les blancs, annonça Louis, tandis que ses pièces se rangeaient correctement de son côté.
— Ça tombe bien, je prends toujours les noirs, » fit Malefoy.

Louis leva brièvement les yeux vers lui. Malefoy inclina légèrement la tête sur sa gauche, un sourire en coin, comme pour lui dire que, c’est bon, Weasley, flippe pas, tu peux y aller.

Il y alla. Une trentaine de minutes plus tard, son roi blanc lançait, piteusement, sa couronne à un fou adverse. Dans la salle où la lumière du dehors teignait les murs en orangé, personne ne soufflait mot. Malefoy s’était laissé aller contre le dossier de sa chaise, l’air particulièrement satisfait de lui-même. Louis n’osa pas le regarder ; il n’imaginait que trop bien la brûlure qui résulterait de cet échange. Il se contenta donc de fixer, la bouche close et sèche, l’échiquier sur lequel son roi s’agenouillait avec amertume.

« Eh… Eh bien..., bredouilla Keith en remontant une fois de plus ses lunettes sur son nez moite. Bravo, oui, bravo, tu es très doué ! En quelle année es-tu ?
— Quatrième.
— Un an de moins que Louis…, murmura Keith, puis, jetant un regard soucieux à ce dernier, il reprit : enfin, voilà bien longtemps que Louis n’a pas été battu au Club ! Bienvenue parmi nous ! »

Keyth regarda avec nervosité les autres membres qui s’empressèrent de féliciter leur nouvelle recrue, un sourire un rien forcé sur les lèvres. Malefoy, lui, arborait toujours son air victorieux. Il se leva.

« Tu sais ce que c’est, ton problème ? lança-t-il à Louis qui ne put s’empêcher de relever la tête. Ton manque d’envie. T'as pas la passion, tu cherches pas à te dépasser. Tu joues pépère tranquille en te disant que de toute façon, personne pourra te battre. » Il appuya ses doigts sur la table et se pencha vers Louis. « Être meilleur que les autres, ça fait pas tout. Si tu cherches pas à être meilleur que toi-même, ça sert à rien. »

Il le planta sur ces mots. Cependant, juste avant de passer la porte qu’il avait entrouverte, il se retourna et lança, comme si de rien n’était :

« Je viendrai à la prochaine réunion. Vendredi, c’est ça ? »

**


Louis se souvenait encore du jour où il avait battu pour la première fois son oncle Ron aux échecs. Ils se trouvaient dans leur appartement moldu « paumé au beau milieu d’un village inconnu de tous » comme disait maman, ce à quoi tante Hermione répondait « C'est ça, comme la Chaumière ». Oncle Ron et lui étaient assis dans deux fauteuils moelleux près du feu, tandis que tante Hermione servait le thé à papa et maman autour de la table débarrassée des derniers reliefs du diner ; Rose, agenouillée près d'eux, regardait son père et son cousin jouer avec de grands yeux, du haut de ses onze ans, et son frère Hugo gribouillait plus loin, allongé par terre, avec Dominique. Assise en tailleur près d’eux, Victoire les observait affectueusement.

Louis avait encore en tête les flammes qui craquaient dans l’âtre de la cheminée et qui reflétaient une valse orangée sur leurs traits, froncés par la réflexion. Il se souvenait. Ce n’était que deux ou trois coups avant la fin de la partie qu’il s’était mis à jubiler, à comprendre que, oui, peut-être, cette fois-ci, ce serait la bonne. La tête de Ron, lorsque son roi avait jeté sa couronne, valait toutes les médailles du monde. Puis son oncle avait éclaté de rire, lui avait ébouriffé les cheveux, et les félicitations se mirent à pleuvoir de la part des adultes. « Je ne sais pas comment vous faites, » avait marmonné tante Hermione, « je ne comprends absolument rien à ce jeu. »

Alors il lui avait simplement souri, un sourire heureux, de ceux qu’on ne voit pas souvent chez Louis. Malefoy, avait-il eu cette même expression lorsqu’il l’avait battu ? Non, trancha-t-il. Il n’avait eu que cette satisfaction d’écraser l’adversaire, pas la victoire personnelle. Alors, son discours le faisait bien rire. Il n’aurait pas la passion, lui ? Il ne se sentait parfaitement serein qu’en faisant avancer ses pions sur l’échiquier, qu’en leur donnant à tous le rôle qui leur convenait. Malefoy avait bouleversé ces rôles et ces interactions. Et Louis ne sut tout d’abord plus comment repartir.

Mais la réponse vint plus vite et plus simple qu’il ne l’eût cru. Dès la séance suivante, il rejoua contre Malefoy. Il perdit une nouvelle fois. Mais, lors de la revanche, ce fut à lui de prononcer « Echec et mat ». C’est à ce moment-là qu’il comprit. Qu’il comprit ce qu’il y avait derrière le sourire de Malefoy, ce qui allumait l’éclat dans ses yeux. Il s’amusait. Alors Louis décida d’en faire autant, avec l’ambition secrète de dépasser purement et simplement son adversaire inédit. Et chaque jour devint un nouveau défi.

Lorsqu’il était seul, Louis s’entraînait tout de même, basculant son jeu en mode automatique. C’était bien trop facile, mais qu’importe. Il ne devait pas rouiller. Pour se motiver, il s’imaginait Malefoy face à lui, lui jetant des répliques narquoises, pianotant des doigts sur le bois de la table, dégageant une mèche de cheveux devant ses yeux, ses yeux gris, gris comme un amoncellement de nuages. Mais des nuages qui brilleraient étrangement. Plus d’une fois, Louis se surprit à contempler ce regard qui scrutait l’échiquier à la recherche du meilleur coup, oubliant par là-même son propre jeu, sa tactique et ce qu’il avait prévu de faire à la prochaine attaque. Et dès lors que Malefoy relevait la tête vers lui, un air étonné sur le visage, il clignait des yeux et les détournait, se plongeant dans une réflexion factice, tandis que les pièces s’impatientaient. Une fois même, un cavalier descendit à bas de son cheval, l’air furieux, arguant qu’il mettait bien trop de temps à se décider et que, quoi, ce n’était pas lui qui avait le derrière plein d’échardes à force de rester en selle.

**


« Louiiis ? »

Sa cousine Rose se coula sur le banc à côté de lui, forçant son ami Matthew à se décaler légèrement sur sa droite pour lui faire de la place.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » s’étonna Louis.

Il aimait bien Rose, et il songeait que c’était réciproque mais, même s’ils faisaient tous deux partie de la maison Serdaigle, ils partageaient peu de choses en commun, aucun ne venait parler spontanément à l'autre.

« Tu sais que tu es mon cousin adoré ? minauda-t-elle en posant sa tête sur son épaule.
— Allez, qu’est-ce que tu veux ? demanda Louis en riant.
— J’aimerais entrer dans le Club d’Echecs Sorciers, annonça-t-elle en relevant la tête.
— Vraiment ? » fit Louis en fronçant les sourcils. Il avait du mal à croire que sa cousine, qui préférait passer son temps à se prélasser sur les fauteuils de la salle commune ou sur la rive du lac en compagnie de ses amis, souhaite tout à coup s’enfermer trois fois par semaines dans une salle silencieuse et ennuyeuse au possible – d’un point de vue néophyte. Car elle n’avait jamais été très douée pour les échecs.

« Oui, tu sais, j’ai rejoué avec papa cet été, et je me suis rendue compte que ça me plaisait bien… Et que j’aimerais y jouer plus régulièrement, » ajouta-t-elle, tournant vers lui un visage qui lui sembla peu naturel. Il connaissait sa cousine ; et, cette fois, il y avait Strangulot sous roche.
« Enfin, j’ai entendu dire qu’il y avait une histoire de sélection, comme quoi on devrait te battre pour entrer…
— C’est un ramassis de crétineries. Keyth a inventé ça pour ne pas avoir à accepter Malefoy dans le Club.
— Mais… Il en fait partie à présent, n’est-ce pas ?
— Oui… Oui, c’est vrai, soupira Louis en voyant que sa cousine avait compris.
— Il est doué, Scorpius.
— Scorpius ? » releva Louis en haussant un sourcil.

Elle haussa les épaules.

« Il est en potions avec nous, je te rappelle, et j’ai dû faire groupe une fois avec lui. »

Louis n’insista pas, mais un mauvais pressentiment s’était emparé de lui.

« Alors, tu es d’accord ? demanda Rose.
— Je demanderai à Keyth.
— Merci ! »

Elle l’enserra de ses bras, déposa un baiser enthousiaste sur sa joue et s’éloigna vers ses amies, assises plus loin à la table de Serdaigle. Louis esquissa un sourire – cette fille ne savait décidément pas se contrôler.

**


La première fois que Scorpius vint le voir en dehors du Club d’Echecs Sorciers, Louis ne le reconnut tout d’abord pas. Ce jour-là, l’un de ses amis, Sean Browdery, passait les sélections de Quidditch, en vue de devenir poursuiveur puisque le poste vaquait depuis le départ de Medimus Strong – Med, comme tout le monde l’appelait. Paraîtrait qu’il serait en passe de devenir membre du Club de Flaquemare. Sean était un ami cher à Louis, et venir le supporter était la moindre des choses, bien que le Quidditch le laissât indifférent. Oh, bien sûr, voler, c’était très bien, tout le monde en rêvait. Mais dès qu'il était question d'esquiver des balles d’une violence rare, en rattraper en lâchant son balai, garder trois buts et tenir un match certaines fois des jours et des jours, il devenait inutile de compter sur Louis.

Ce jour-là donc, il observait les candidats se mettre en place sur le terrain, tandis qu'ils attendaient les ordres du capitaine – les sélections débuteraient avec les Batteurs. On lui tapota alors l’épaule. Il se retourna.

« Salut, » fit la personne.

Louis se brouilla. Son cerveau n’arrivait tout simplement pas à replacer l’information. Cette voix aux intonations sans cesse moqueuses, il la connaissait, de même que ce visage…

« Weasley ?
— Malefoy, » souffla Louis.

Il n’avait pas pensé que le rencontrer autre part que dans la salle d’Echecs le chamboulerait autant. Pourtant, la situation était très étrange. Malefoy, au milieu des tribunes de Quidditch… C’était comme s’il n’était pas à sa place. Le voir de loin ne perturbait pas Louis, il faisait alors plus office d’entité appartenant au Château. Qu’il vienne lui parler était une tout autre chose.

« Tu viens voir quelqu’un ? demanda Malefoy, le scrutant de ce regard qu’il ne connaissait que trop bien, pour l’avoir observé, concentré, des heures durant.
— Oui… Un ami. Sean Browdery.
— Hm, je crois savoir de qui il s’agit, répondit Malefoy sans sembler y accorder une grande importance. Tiens, je voulais te passer ça, » ajouta-t-il en lui tendant brusquement un volume épais à la reliure de cuir.

De plus en plus sonné, Louis mit un certain temps avant de s’emparer du livre. Sur la couverture était marqué en lettres dorées « Echecs Sorciers – Retour aux sources ». Avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit, Scorpius s’expliqua :

« Je ne sais pas pour toi, mais personnellement je ne connaissais rien à l’origine des Echecs avant de lire ce livre il y a quelques mois. C’est très enrichissant. Tu savais que les Moldus y jouent aussi ? D’ailleurs, notre jeu est sensiblement le même que le leur. »

Louis acquiesça d’un signe de tête. Depuis la leçon qu’il lui avait infligée le jour où il l’avait battu, Malefoy n’avait jamais parlé autant. Oh, bien sûr, il ne se privait pas de lui lancer des remarques quand il le voulait ; mais ce n'était que quelques phrases volées par-ci par-là, sans grande importance, sans réelle valeur. Ici, on pourrait presque qualifier cette conversation – ou plutôt monologue – de normale. Si l’on exceptait la politesse presque douloureuse de Malefoy et leurs deux bustes raides. Ne sachant trop que dire, Louis se contenta de hocher la tête à tout ce que lui dit Malefoy jusqu’à ce que celui-ci, semblant se rendre compte de son mutisme, finisse par dire :

« Sur ce, vois-tu… J’ai mieux à faire. »

Louis accueillit la repartie avec soulagement.

Lorsque Malefoy fut hors de vue, il ouvrit le livre pour parcourir rapidement. Le tout premier feuillet l’arrêta. Au dos de celui-ci, on avait tracé, d’une écriture fine et penchée, trois phrases :

« Sortie à Pré-au-Lard dans une semaine. Marre des échecs avec ces nuls. Ça te tente une partie sur le Terrasse des Trois-Balais ? »

Louis esquissa un sourire. Il voulut répondre immédiatement, là, à même la page, puis il se souvint qu’il n’avait pas ses affaires sur lui. Il se levait pour retourner à la salle commune de Serdaigle lorsqu’il se rappela pourquoi il était là. Lentement, il se rassit sur le banc de pierre. Plus bas, sur le stade, Sean agitait la main dans sa direction. Louis leva les deux pouces en retour.

**


Le quotidien prit une teinte agréable, colorée par le rouge, le brun, le doré de l’automne, et le gris des nuages. Leur première partie d’échecs sorciers à Pré-au-Lard marqua le début de ce qu’on pourrait appeler le « N’importe où, n’importe quand », car aucun des deux ne résistait à une partie contre l’autre. Ainsi les rives du lac les accueillirent-elles, tout comme la table des Serdaigle ou celle des Serpentard, le beau milieu d’un couloir ou même la cabane de Hagrid, chez qui Louis se rendait de temps en temps en compagnie d’Albus. Toute l’école chuchotait de leurs « Une partie, Weasley ? » « Comme tu veux, Malefoy » et c’était à celui qui dégainerait l’échiquier le plus vite.

Mais le monde qu’ils s’étaient forgés et qui n’était réel que le temps d’une partie d’Echecs ne pouvait être au goût de tous ; Louis en fit la triste expérience le jour où il proposa à Sean, plus par automatisme que par réel doute sur la réponse, de descendre manger dans la Grande Salle.

« Je dois finir ce devoir de métamorphose, » déclina-t-il avec un brin de raideur. Alors que Louis acquiesçait avec étonnement, il ajouta : « De toute façon, ça ne te fait rien, tu as Malefoy. » Il avait manifestement tenté d’ôter l’amertume et le ressentiment de sa voix, mais sans grand succès. Louis le fixa sans comprendre. Sean soutint son regard. Dans ses yeux bruns, il ne lut qu’accusations voilées.
Ne sachant que répondre, ni même nier, il tourna les talons. Et ce soir-là, en effet, Malefoy lui proposa une partie d’échecs. Il accepta.

Sean n’était cependant pas sa seule préoccupation. Il commençait à se douter de la raison qui avait poussé Rose à intégrer le Club ; chaque jour, il la voyait tournicoter autour de Malefoy, se penchant toujours un peu plus vers lui alors qu’il était en train de jouer, lui offrant son plus beau sourire lorsqu’il gagnait, engageant la conversation. Lui ne disait rien, mais Louis n’était pas du même avis. Si Rose pouvait draguer qui elle voulait – qu’il s’agisse de Malefoy ou de quelqu’un d’autre n’avait rien à voir dans l’histoire –, elle devrait au moins s’abstenir de le faire au Club. On y entrait car l’on était intéressé par les échecs, par pour attraper le mec de ses rêves dans ses filets. Cela exaspérait Louis de la voir perdre ses parties les unes après les autres sans sembler s’en soucier outre mesure, jouant même la fille qui n’y connaît rien et qui aimerait bien qu’on – enfin, Malefoy – vienne l’aider.

Il décida de mettre les choses au clair avec elle fin octobre – cela faisait un peu plus d’un mois qu’elle avait intégré le Club, tout comme Malefoy.

Il la prit à part alors qu’ils rentraient d’une réunion du Club. Une fois de plus, elle n’avait eu d’yeux que pour le beau blond, si bien que ses pièces s’écharpaient entre elles sur l’échiquier sans qu’elle ne s’en rende compte. Louis et Rose traversaient un long couloir éclairé par des torches accrochées au mur et par la lune du dehors, son éclat laiteux glissant sur le sol de pierres.

« Rose ? se lança Louis.
— Oui ?
— Eh bien, tu sais… commença-t-il, ne sachant trop comment aborder le sujet. Tu sais, quand tu m’as dit que tu voulais intégrer le Club, parce que tu avais rejoué avec oncle Ron, et que tu avais pris conscience que tu aimais ça… Enfin... Tu m’as un peu pris pour un con, hein ? »

Il avait dit cela sans animosité, même avec un léger sourire au coin des lèvres. Les yeux grands ouverts, elle le contemplait, lui donnant un air de merlan frit.

« Mais non… Pas du tout…
— Allez, c’est bon, j’ai compris pourquoi tu as voulu y entrer. Tu aurais pu trouver autre chose pour mettre le grappin sur le mec que tu aimes, quand même. »

Rose soupira.

« Grillée.
— Ce n’était pas très compliqué. Tu n’arrêtes de le regarder, de faire tout pour qu’il te remarque…
— Tu trouves ? s’étonna-t-elle franchement. Pourtant, j’avais plutôt l’impression d’être discrète à son égard…
— Oh que non ! » rit Louis.

Rose fronça les sourcils, l’air contrarié.

« Tu crois qu’il a remarqué, alors ?
— Il faudrait être idiot pour ne pas t’avoir percée à jour.
— Et… Tu le connais bien, toi ? »

Sans qu’il sache trop pourquoi, il se renfrogna à cette question.

« Je… Je ne sais pas trop. On joue tout le temps ensemble après tout, mais est-ce que ça suffit à dire que je le connais ?
— Tu joues tout le temps avec Edyll Hershom ? répéta Rose, un air d’incompréhension peint sur le visage.
— De quoi ? Pourquoi tu me parles de Hershom ?
— C’est toi qui en as parlé en premier !
— Attends… C’est de lui dont tu es amoureuse ?
— Evidemment ! »

Louis resta silencieux.

« Ne me dis pas… Tu pensais que j’en pinçais pour Malefoy ? » s’exclama-t-elle.

Et elle partit d’un grand rire. Louis se sentit soudainement très idiot.

« Ce crétin hautain qui me répond à peine quand je lui parle ? Merci bien, je te le laisse ! »

Louis se figea, alors qu’ils tournaient à l’angle du couloir pour rejoindre leur salle commune.

« Pardon ? »

Rose s’arrêta à son tour.

« Oh, Louis, vous êtes toujours ensemble ! s’exclama-t-elle, un sourire tout à la fois moqueur et affectueux.
— Mais ça n’a rien à voir ! s’emporta Louis.
— Oui, oui, dit-elle. Alors pourquoi est-ce que cela t’embêtait que je lui tourne autour ? Soit dit en passant, je lui parle simplement car c’est un camarade de dortoir d’Edyll. Je souhaitais me rapprocher de son entourage, car je ne sais pas comment l’aborder… »

Elle semblait avoir oublié de taquiner son idiot de cousin, tout à ses problèmes.

« Louis, s’il te plait, aide-moi ! Tu pourrais demander à Malefoy de parler de moi à Edyll ? S’il te plait !
— Mais… Non ! s’exclama Louis, abasourdi.
— Pourquoi ? insista-t-elle.
— Parce que, je ne vais pas demander ça à Malefoy, ce n’est pas mon ami ! En plus, le connaissant, il dirait certainement du mal de toi à ton chéri, idiote. »

Rose le fusilla du regard. Elle ressemblait beaucoup à mamie Molly dans ce genre de situations, avec ses cheveux roux et frisés explosant autour de son visage comme une couronne de feu. Louis faillit changer d’avis, mais la susceptibilité de Rose l’emportant sur son désir de le convaincre, il n’eut même pas le temps d’ouvrir la bouche.

« Puisque c’est comme ça ! »

Et elle s’éloigna à grands pas, le nez en l’air. Passant une main dans ses cheveux, Louis eut un petit rire. Elle était mignonne, quand elle était amoureuse.

**


C’était une de ces rares après-midi ensoleillées d’automne durant lesquelles tout le monde sortait profiter de la chaleur qui perçait les brumes, avant que novembre et décembre ne viennent tout rafler sous leur manteau de neige. Louis et Scorpius étaient assis en tailleur à même l’herbe douce, sur la rive du lac, de part et d’autre de l’échiquier qui avait appartenu à l’oncle Ron. Louis observait la surface du lac s’étirer en minces ridules sous ses yeux, plissés par la lumière du soleil. Si lors des premières parties contre Malefoy il avait été passablement déconcentré, ces derniers temps la présence de son grand adversaire ne l’avait pas troublé outre mesure. Il avait fini par s’habituer à leur étrange routine, appréciant simplement le fait d’être battu puis de vaincre à son tour, de s’améliorer toujours plus en planchant sur des tactiques jusqu’à pas d’heure.
Oui, Malefoy faisait partie intégrante de sa vie, et cela ne le gênait pas. Et pourtant, aujourd’hui, malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à rester attentif.

Il songeait à ce que lui avait dit Rose. Etait-il assez proche de Malefoy pour se comporter avec lui comme avec un ami ? Il tenta d’imaginer leurs rôles inversés. Si Malefoy lui demandait de parler de sa cousine – en avait-il une ? – à l’un de ses amis – Sean, par exemple, même si celui-ci n’acceptait plus grand-chose de lui ces derniers temps –, comment réagirait-il ? Louis réfléchit. Il en serait étonné, mais après tout, il pouvait bien accéder à l’une de ses requêtes, du moment que cela n’entachait en rien leurs jeux, n’est-ce pas ? Oui, il pourrait faire cela. Alors il pouvait également demander à Malefoy d’aider Rose.

« À toi de jouer. »

Louis se détacha du reflet du soleil sur l’eau et posa son regard sur les cases blanches et noires. Il parlerait de sa cousine à Malefoy après le jeu. Tout à ses pensées, il lui fallut un certain temps avant d’appréhender pleinement la bataille, un autre encore avant que son cerveau ne comprenne qu’il était coincé. En deux ou trois coups, Malefoy le mettrait échec et mat. Néanmoins, l’un de ses principes était de ne jamais abandonner. S’il réfléchissait bien, il pourrait peut-être s’en tirer. Mais s’il perdait, il ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même.

Perdu dans ses réflexions, il sursauta vivement lorsque Malefoy balaya d’un revers de main le jeu d’échecs. Le menton dans une main, Louis cligna plusieurs fois des yeux, incapable de comprendre.

« Qu’est-ce que… Ça va pas bien ? » s’exclama-t-il finalement, se redressant pour regarder Malefoy droit dans les yeux. Mais celui-ci fuyait son regard.

Malefoy posa ses mains dans son dos, dégagea une mèche de cheveux blonds de devant ses yeux d'un mouvement de tête, fut ébloui par le soleil, se détourna. Il était plutôt beau ainsi.

« Je ne savais plus quoi faire pour attirer ton attention…, soupira-t-il en passant ses doigts dans sa tignasse blonde qu’il n’avait pas coupée depuis qu’ils se connaissaient, de l’avis de Louis.
— Pourquoi tu as fait ça ? » répéta-t-il. Son cerveau s’était comme mis sur pause.
— Louis… »

Son prénom sonnait étrangement dans sa bouche. Bien sûr, personne en Grande-Bretagne ne savait le prononcer correctement : ils appuyaient tous le « s » final censé être muet et étaient bien incapables de redonner le bon son assimilé au « oui ». Mais là, c’était encore différent. Et Louis se rendit compte que c’était la toute première fois que Malefoy l’appelait par son prénom.
Ce choc ajouté au premier le laissa pantelant.

« Tu n’en as pas assez de jouer à ce jeu ?
— Quel jeu ? demanda Louis, avec l’impression d’être devenu très idiot.
— Tu n’as pas réellement cru que je jouais à longueur de temps avec toi par amour des échecs ? »

Louis accusa le coup.

« Quand je t’ai dit que j’avais tout appris récemment… À ton avis, pourquoi aurais-je fait cela ?
— Parce que tu aimes ce jeu, » répondit Louis entre ses dents. Il remarqua qu’il tremblait de rage.

Malefoy eut un nouveau rire désabusé, se passa une main sur le visage.

« Vraiment ? » demanda-t-il.

Et c’en fut trop. Ce sourire qu’il lui adressa, avec ce mélange de douleur et d’affection qu’il lisait dans ses yeux, et le battement raté de son cœur, tout cela, il ne put le supporter davantage. Se levant d’un bond, il attrapa son sac désormais bien léger, sans se soucier de reprendre l’échiquier. Et, tandis qu’il s’éloignait à grands pas, ce dernier gisait au sol, ses pièces polies par les doigts et les années démantibulées, brisées, au milieu des autres qui se livraient un violent combat. Il pouvait bien les garder, tous ces petits morceaux, ces miettes de rien du tout, ce qu’il avait fait de lui, il n’en avait plus besoin. Garde donc, Malefoy ; à trop jouer, voilà tout ce que tu auras récolté.

**


Les jours, les semaines, passèrent comme au ralenti. Louis ne vint plus au Club. Les membres qui le croisèrent au tout début s'enquirent de ses nouvelles, tentèrent de le convaincre de revenir. Enfin, ils abandonnèrent. Sean semblait avoir retrouvé le sourire. La neige commença à tomber sur le château, l'enfermant dans un cocon ouaté.
Et tout ne fut plus que silence.

Louis était blessé. À propos de quoi, il ne savait jamais exactement le dire. Il se disait qu'il avait été idiot de croire en la bonne foi d'un Malefoy. C'était tous les mêmes, ces gens-là, il voyait comment sa famille les regardait, il avait bien noté l'étonnement de Hagrid lorsqu'il l'avait ramené dans sa cabane. Mais il en avait fait fi. Ils se trompaient tous, lui n'était pas comme ça. Il jouait aux échecs, ils partageaient la même passion, ils se respectaient.
Du vent, tout ça.

Et lorsqu'il avait fini de se morigéner à propos de sa stupidité, il repensait aux dernières phrases de Malefoy. Et plus elles tournaient dans sa tête, plus elles trouvaient leur sens, et moins elles en avaient aux yeux de Louis. Alors son cœur se serrait, immanquablement. Il le haïssait pour ça.

Après l'Incident, Malefoy avait réagi comme les autres : il avait tenté de l'approcher, mais sans succès. Aussi avait-il renoncé. Louis savait de Rose qu'il se rendait toujours au Club d'échecs. Rose l'avait quitté, mais elle restait informée par Edyll, avec qui elle était désormais en couple. Louis les avait surpris en train de s'embrasser dans le parc, dans un coin réputé pour abriter les tourtereaux : les arbres y étaient assez touffus pour se soustraire à la vue des autres. Louis avait eu le malheur d'aller y faire un tour, alors que son esprit s'était déjà envolé loin de Poudlard.

Il aurait pu continuer ainsi pendant longtemps, il le savait. C'était sa façon de faire, ne jamais aller chercher de lui-même ce qu'il souhaitait. Ne pas souhaiter. On risquerait d'être déçu. La vie n'était pas comme un jeu d'échecs : on ne pouvait se permettre de perdre et de recommencer. Rester seul, en paix avec soi-même, c'était tellement plus simple.
Oui, il aurait pu continuer longtemps ainsi. Si on ne l'avait pas un peu secoué. Louis avait le sentiment que Malefoy était très fort à ce jeu-là.

« WEASLEY ! »

Un objet se fracassa contre le mur, juste devant lui. Baissant les yeux, il remarqua aux morceaux noirs s'éparpillant sur le sol qu'il s'agissait d'une pièce d'échecs.

« Mais t'es malade ? » cria-t-il en se retournant.

Il se retint de justesse de plaquer une main contre sa bouche. Zut ! Cet idiot de Malefoy l'avait incontestablement coincé. Pas seulement parce qu'il se trouvait face à une voie sans issue, dans laquelle il avait eu l'intention de se poser, loin de la bonne humeur qui régnait à l'approche des fêtes de Noël, mais aussi et surtout parce qu'il lui avait répondu. Montré qu'il existait. Qu'il comptait.

« C'est toi qui es malade ! Tu vois ces putains de morceaux ? Eh ben ça, c'est mon cœur ! »

Louis resta bouche-bée. Hésita entre éclater de rire et lui crier dessus. Tenta les deux à la fois.

« Mais... Mais non, c'est toi... »

Il riait beaucoup trop. Son hilarité grandissante submergea ses mots.

« On peut savoir ce qui te fait rire ?  demanda Malefoy, sourcils froncés.
— Ex... Excuse-moi, mais... »

Et voilà qu'il s'excusait à présent. Son allégresse passagère se calma peu à peu. Il prit alors pleinement mesure de la situation. Il se trouvait acculé contre un mur, Malefoy devant lui.
Il sentait ce flegme qu'il avait bâti jusqu'ici fondre comme neige au soleil. N'était-ce pas un rayon qui filtrait à travers les fenêtres, qui jouait dans les cheveux de Malefoy ? Il devrait s'enfuir. Ses jambes refusèrent de bouger. Peut-être savait-il que Malefoy l'en empêcherait de toute façon. Alors il prit le risque.

« Ça suffit maintenant, Louis. Arrête de jouer à ce jeu.
— C'est toi qui a voulu qu'on arrête, rétorqua-t-il.
— Te fiche pas de moi ! Je... J'ai appris les échecs cet été, en deux mois, j'ai bossé comme un malade, j'ai demandé à mon grand-père maternel de m'apprendre, mon grand-père maternel ! Tu sais ce que ça signifie, pour moi ? Le vieux Greengrass doit être l'homme le plus fier de la Terre, et moi j'ai dû baisser la tête et lui demander de m'apprendre les échecs ! Tout ça pour quoi ? »

Les prunelles de Malefoy vrillaient les siennes. Dans ses yeux, la tempête couvait. Et Louis ne pouvait plus s'en détacher.

« Tout ça pour toi. »

Accroché à son regard, il avait manqué de rater ses mots.
Il aurait voulu ressentir de la culpabilité. C'était le cas. Un peu. Le sentiment dominant étant son orgueil blessé. Il grogna de résignation.

« Quoi ? demanda Malefoy, reculant son visage, tout près du sien.
— Tu as appris les échecs en un été ? gémit Louis. J'y crois pas... »

Il se laissa glisser contre le mur, et ce ne fut que lorsque ses fesses touchèrent le sol qu'il se rendit compte de la proximité de sa tête avec le bassin de Malefoy. Il rougit violemment, tandis que ce dernier s'accroupissait.

« Hé. On s'en fout de ça, ok ? »

Louis acquiesça. La suite, il ne la comprit pas bien. Malefoy posa une main sur son genou, se pencha vers lui... Ses lèvres rencontrèrent les siennes. Il apposa un baiser, doux. Humide, aussi. C'était la première fois que Louis embrassait quelqu'un.

« C'est la première fois que j'embrasse quelqu'un, dit-il, comme en écho à ses pensées. Les lèvres de Malefoy avaient relâché leur pression.
Pas moi, répondit ce dernier.
Et encore moins un garçon. »

Il vit Malefoy froncer les sourcils, lut l'appréhension dans ses yeux. Il hésita. Approcha son visage du sien. Lui rendit son baiser.

Il sentit le sourire de Malefoy tout contre ses lèvres.
Joueur, l'autre menait la danse. C'était lui qui avançait les pions dans le combat qui les opposait. Il les avait joués avec une main de maître depuis cet été, et à présent, la bataille touchait à sa fin. Bientôt, ce serait à lui de ramasser la couronne.

« Echec et mat ? » demanda Louis, en regardant Malefoy dans les yeux.

Il se prit son sourire en pleine face, cilla.

« Je ne sais pas, on n'a pas fini la partie. »

Ce disant, il se détacha de Louis, et tâtonna derrière lui à la recherche du sac qu'il avait laissé tomber à ses pieds en arrivant. Il en sortit l'échiquier ayant appartenu à l'oncle Ron.

« Je n'ai pas eu l'occasion de te le rendre. »

Louis acquiesça. Tandis que Malefoy disposait les pièces les unes après les autres, méticuleusement, il se rapprocha, s'assit en tailleur. Et, lorsqu'ils commencèrent, il choisit les noirs.
Juste pour voir.
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