Il les a perdus.
Ses yeux s’agrandissent, sous le choc, alors qu’un nouveau paysage l’entoure. Il les a perdus. Et alors qu’il réalise, qu’il comprend que ce qu’il vient de faire est sans retour, ses paupières s’affaissent. Qu’est-ce qu’il a fait ?
Une image, figée, comme pour se moquer de la lâcheté dont il vient de faire preuve, s’impose dans son esprit. La femme qu’il aime le plus au monde, en larmes, lui suppliant de revenir, qu’elle veut lui expliquer... Un instant de colère froide et puis, plus rien. Il est parti. Il les a abandonnés. Et alors qu’eux combattrons Voldemort, lui retournera à la maison, bien au chaud, le ventre plein... Non ! Il ne peut pas. Il ne veut pas. Il ne le mérite pas.
Dans un élan de désespoir, il porte les mains à ses paupières, efface ses larmes.
Il l’a perdue. C’est terminé.
Plus jamais, il ne l’a verra sourire avec cette lueur si particulière dans le regard. Plus jamais, parce qu’alors que lui, il a fui, elle, elle continuera à avancer. Elle finira peut-être même par y laisser la vie. Elle est si courageuse, sa Hermione, il ne comprend pas comme elle fait.
Il sent son estomac se retourner, tout l’espoir qu’il y avait accumulé cherche à sortir.
Parce qu’en un seul bond dans l’espace, il a tout réduit à Néant. Tout.
Il l’a perdue.
La bile lui monte à la gorge et toute la lumière que seule Hermione était en mesure de lui apporter s’échappe de son organisme. Il est malade, là, sur le trottoir miteux au beau milieu de cette ruelle sombre... Dans un chemin de traverse que la Guerre a déserté.
Il s’effondre, ses jambes ne le soutiennent plus. Alors, il se laisse tomber dans la neige.
Acculé au mur, il repense à elle.
Parce que c’est tout ce qu’il peut faire. Tout ce qu’il sait faire.
Si belle, si intelligente.
Alors que lui ne vaut rien. La preuve est que, même après toutes les épreuves qu’ils ont traversées, il n’a pas été assez brave pour lui déclarer sa flamme.
Et maintenant, il est trop tard. Il l’a perdue.
***
Il ne sait plus comment vivre. Alors il ne fait qu’avancer dans la neige, cherchant un moyen de rentrer chez son frère, il se fait attaquer et là tous ses réflexes resurgissent, il vainc.
Ron soupire, il sait qu’il aurait mérité de se prendre une bonne raclée, d’être traîné au ministère pour être juger comme traitre. Parce que c’est ce qu’il est.
Un traitre. Un lâche.
Il ne mérite pas Hermione.
Son meilleur ami, lui, la mérite. Harry a toujours été à la hauteur de la situation même lorsqu’on exigeait trop de lui, même lorsque Ron l’a abandonné une première fois.
Harry mérite le bonheur, l’intelligence et la beauté d’Hermione.
Ils méritent tous les deux de vivre avec toute la joie du monde.
Son frère ouvre la porte et son visage aborde aussitôt une expression ébahie. Ron vient de décevoir une personne. Encore et encore. Mais Bill le prend dans ses bras et murmure que tout va bien aller.
Non. Non. Non ! Tout ne va pas bien. Il l’a perdue... Il les a abandonnés...
En silence, son frère le fait entré dans la chaumière, lui désigne une chambre.
***
Ron ne compte plus les jours, ni les nuits. Il ne mange plus, ne rit plus, ne dors plus. Enfin, lorsqu'il réussit à fermer l’œil, c’est pour apercevoir le visage défait d’Hermione, gravé au fer rouge derrière ses paupières. Il ne vit plus. Il a besoin d’elle.
Même s’il doit renoncer à son amour, il a besoin d’elle, de sa présence.
Parce que oui, il l’aime, il l’aime si fort qu’il a l’impression qu’il pourrait en crever.
Il doit les retrouver, la retrouver.
Alors, à ce moment précis, il ressent une envie d’éteindre la lumière pour pouvoir regarder le soleil se lever. Sur une nouvelle journée sans elle. Juste pour mieux en souffrir.
Comme instinctivement, il sort le Déluminateur de sa poche et l’actionne. L’aube le nargue et ses rayons se fondent sur son visage au ralenti.
Ron...
Cette voix. Sa voix. Il l’a reconnaitrait entre milles. Elle le guide au dehors et il suit, à travers les rayons de cette nouvelle journée, la minuscule lueur d’un bleu pâle.
Cette minuscule lueur d’espoir.
Parce qu’il remuerait Ciel et Terre pour être à ses côtés.
Simplement parce qu’il l’aime.