Helga Poufsouffle regardait avec bienveillance, depuis la fenêtre de son bureau, les étudiants de l'école de magie de Poudlard. Poudlard, l'école qu'elle avait construite avec ses trois amis, rassemblait les sorciers et sorcières du pays dans un lieu sûr.

Elle soupira au souvenir de sa propre enfance, rythmée par la peur des Moldus quand un bruit attira son attention. La porte de son bureau s'ouvrit en grand sur Godric, suivit de près par Salazar.

- Ne connaissez-vous donc pas les bonnes manières, Godric ! s'écria Serpentard. On frappe avant d'entrer. Nous ne sommes pas des trolls!

- Oh vieux fou ! Ce n'est qu'Helga.

Cette dernière regardait tour à tour ces deux personnes, qu'elle considérait comme des amis voire même plus.

- Rowena, salua-t-elle la nouvelle arrivante. Que me vaut le plaisir de votre présence ?

- Salazar nous propose de nouvelles règles pour l'école et Godric ne les apprécie guère. Nous sommes donc là pour délibérer tous ensemble. Par contre Salazar a raison, Godric, vos manières laissent à désirer.

Helga ne jeta qu'un bref regard aux deux hommes avant de proposer un fauteuil à son amie et préparer le thé. Elle fit trois tasses de thé au gingembre et une au thé noir, donnant la dernière à Salazar. Ils étaient désormais assis en arc de cercle à côté du feu. Helga fit tournoyer sa cuiller doucement dans sa tasse doucement son thé tout en regardant droit devant elle.

- Je suggère que l'on soit plus restrictif envers les élèves que l'on accepte dans notre école.

- Et cela signifie qu'il faut passer des tests d'aptitude, demanda naïvement Ms Poufsouffle.

- Je pensais davantage à regarder leurs arbres généalogiques.

- Que l'on ne prenne donc que les enfants de sorciers, traduisit Rowena.

- Oui, répondit Salazar.

Helga jeta un regard prudent vers son ami Godric. Celui-ci bouillait de rage et s'apprêtait probablement à faire un scandale. Helga ne supporterait pas de voir une nouvelle fois ses amis se disputer alors elle prit les devants.

- Tu peux le mettre en application pour ta maison. Cependant, je me refuse catégoriquement que cela soit fait également pour la mienne. J'accepte tout sorcier ou sorcière désireux de travailler l'art de la magie.

- Absolument ! Chaque sorcier quel que soit sa naissance a le droit d'apprendre et de se protéger du monde extérieur, rajouta Godric avec un clin d'œil complice envers à Helga. Et tu le sais mieux que personne, Salazar.

L'interpellé lança un regard venimeux à son ami avant de se tourner vers la seule qui ne s'était pas prononcée.

- Je comprends parfaitement le comportement de Salazar. Surtout au vue de votre enfance commune, dit Ms Serdaigle avec un regard appuyé envers sa collègue et amie. Cependant, je partage également le point de vue de Godric et Helga. Je m'oppose donc à cette proposition.

La colère de Salazar transformait son visage et Helga avait peur de ce qu'elle voyait. Comment l'homme qu'elle avait aimé pendant près de trente ans pouvait avoir changé à ce point.

Elle se souvenait parfaitement de sa rencontre avec Salazar Serpentard, ce sorcier si fier, cet adolescent grincheux.

Quarante ans plus tôt.

Elle n'avait que neuf, dix ans tout au plus quand les Moldus de son village, portés par la croyance de leur dieu, se mirent à chasser ceux qu'ils pensaient posséder des pouvoirs magiques. Pouvoirs qu'ils attribuaient à la progéniture du Diable.

A son âge, il lui était difficile de contrôler sa magie surtout que sa famille la disait douée. Alors elle était des plus prudentes quand elle jouait avec ses amies qui n'avaient pas de pouvoirs. Dans son village près de Caerfyrddin, tous l'appréciaient. Elle était la petite Helga, l'orpheline de la rivière. Elle passait son temps à aider les gens qui l'entouraient, et lors des traditionnelles fêtes du printemps, elle cuisinait avec eux de grands festins qu'ils partageaient tous ensemble.

Et ce fut lors d'une de ces festivités qu'elle le rencontra. Les villageois disaient de lui qu'il était le fils d'une famille respectée de l'East Anglia qui rendait visite à la famille de sa mère en compagnie de celle-ci. Salazar Serpentard était en ce temps un jeune adolescent d'une quinzaine d'années à peine. Il avait la peau claire, ce qui contrastait avec la natte noire qui descendait le long de son dos. Son visage ne montrait aucune émotion mais il y avait en lui quelque chose qui attira la jeune Helga.

Beaucoup de jeunes filles se présentèrent à lui mais aucune n'obtient ne serait-ce qu'un regard. Il semblait figé dans l'espace, les seuls moments où elle le vit bouger fut quand il se tourna pour parler à sa mère, une grande femme au teint pâle et aux cheveux couleur miel.

Helga, comme chaque année, aidait à la préparation du repas. La place de son village avait été transformée pour l'occasion en salle de réception à ciel ouvert, le temps le permettant. De nombreux rubans étaient suspendus et on avait décoré de fleurs tout ce qui était possible. Helga adorait cette époque. Le temps se réchauffait et la nature s'épanouissait. La fête du printemps lui apportait toujours le sourire.

Tout se passait bien, elle rit avec ses amis, discuta avec les plus grands et écouta avec passion les récits des anciens de son village.

De temps à autre elle regardait furtivement l'étranger. Une fois elle capta même son regard ce qui l'a fit rougir. Elle aimait bien la couleur de ses yeux : gris comme le ciel avant l'orage. Cependant, elle ne lui parla pas.

Le soir après la fête, elle se rendit auprès de la rivière et s'assit sur le bord en équilibre précaire sur un rocher couvert de mousse. La journée l'avait épuisée car en plus d'avoir aidé les adultes, elle avait dû s'occuper des plus jeunes. De plus elle avait par inadvertance usé de sa magie instinctive quand l'un des petits était tombé de sa chaise. La peur l'avait assaillie mais personne n'avait remarqué.

Elle observa l'écoulement de l'eau puis regarda autour d'elle avant de laisser sa magie l'envahir. De fines gouttelettes s'élevèrent dans les airs avant de se regrouper devant elle et de former d'abord une rose puis un cheval et enfin un blaireau.

- Alors vous êtes une sorcière.

Son sort prit fin brusquement en entendant cette voix d'homme puis prise de panique, elle se leva et traversa la rivière mouillant sa robe de velours jaune et orange. S'il ne voyait pas son visage peut-être qu'il ne la brûlerait pas. Courant à travers la forêt, elle ne se retourna pas mais entendit clairement qu'on l'a suivait. Elle trébucha quelque fois mais ne tomba pas. Elle ne devait pas se faire attraper sinon sa vie dans ce village s'arrêterait. Sinon sa vie prendrait fin sur un bûcher. Elle courut à en perdre haleine. Hélas son pied se prit dans une racine. Elle vit le sol se rapprocher de son visage dangereusement alors elle ferma les yeux et attendit la douleur de la chute. Celle-ci ne vint pas. Par tous les hiboux, elle avait encore utilisé la magie !

- Ah ! soupira son poursuivant. Je vous ai enfin attrapée. Vous êtes peut-être petite mais vous courez vite.

Elle n'ouvrit pas les yeux. Doucement elle sentit ses pieds toucher le sol. Une main fine vint se poser sur son épaule.

- Vous n'êtes pas blessée, j'espère ?

Son poursuivant s'inquiétait pour elle ? Elle ouvrit les yeux et regarda timidement l'homme qui se tenait désormais à ses côtés.

- Aurais-je perdu mes bonnes manières ? Je me présente : Salazar Serpentard et je suis comme vous. Un sorcier. A qui ai-je l'honneur ?

Le visage d'Helga s'était éclairé de son plus beau sourire. Elle n'allait pas être brûlée.

- Helga Poufsouffle, Monseigneur.

Il lui sourit.