Comme c'est étrange de la poster enfin cette fic ! Je suis sur ce projet depuis le mois d'octobre. Mais il faut bien l'avouer, le lycée m'a énormément ralenti. Elle t'a toujours été destinée Senekata et je suis désolée à un point que tu peux difficilement concevoir de ne pouvoir te l'offrir que maintenant.
D'autre part je tiens à remercier Lovanere pour son travail de relecture qui m'a été précieux.
Bonne Lecture à tous !
Cet été, comme chaque année depuis leur enfance, les Black étaient venus passer quelques jours en compagnie des Malfoy dans leur propriété secondaire. Mais cette fois, Bellatrix s’était faite rare, disparaissant le matin et ne rentrant que le soir, la plupart du temps évitant de croiser le regard de Lucius. Il ne comprenait pas son comportement, elle n’avait jamais été ainsi avec lui. Il y avait toujours eu entre eux ce lien particulier né dans leur enfance. Il aurait voulu lui demander pourquoi, elle se conduisait comme si toutes ces années n’avaient jamais existé. Mais bien sûr il ne pouvait pas, elle se défilait toujours pour ne pas être seule avec lui. Et puis, elle n’avait jamais été le genre de personne qu’on peut mettre en tort, parce qu’elle était libre, presque sauvage. Alors il l’observait chaque matin du haut de sa fenêtre, alors qu’elle s’en allait seule en un lieu inconnu. Il la regardait disparaître et doucement comprenait que ce qui avait changé entre eux, ce qui s’était brisé, n’existerait jamais plus. Pendant les longues heures qu’il passait seul, il en arrivait presque à la haïr, tout en sachant qu’il n’y parviendrait pas.
Puis il y avait eu cette nuit où il n’avait pu trouver le sommeil. Comme chaque jour, il attendait d’entendre la porte de l’entrée se refermer sur elle. Il écoutait ses pas monter furtivement l’escalier, se faire plus léger puis soudain, s’arrêter un instant devant la porte de sa chambre avant de repartir, et d’entrer dans la sienne. Et lorsque tout bruit s’était tu il finissait par s’endormir. Mais cette nuit-là, cela lui fut impossible. Il n’en pouvait plus de la savoir là, de l’autre côté du mur si proche et pourtant hors de sa portée sans même qu’elle ne lui dise pourquoi. Il s’était levé et dès qu’il était sorti dans le couloir il s’était aperçu d’une chose inhabituelle : malgré l’heure tardive il pouvait voir la lumière du bureau de son père s’échapper de dessous la porte.
- Cygnus je ne te comprends pas, cette union tu l’as toi-même décidée, tu l’as toujours voulue !
Il y eut un silence, des pas martelant le sol. Puis une voix rauque s’éleva.
- Rodolphus est un jeune homme très bien, je l’ai toujours dit…
- Eh bien qui a-t-il alors ?
- J’ai cru comprendre qu’il souhaitait présenter Bellatrix au Maître
Un nouveau silence, plus profond celui-là, plus épais. Lucius était debout dans le couloir, pétrifié. Il imaginait les deux hommes qui se fixaient, les deux hommes qui ne comprenaient pas et qui pressentaient que quelque chose dans le destin qu’ils avaient prévu pour leur progéniture était en train de leur échapper. Lucius sentit quelque chose trembler au fond de son ventre. Un goût de sang et de moisissure empli sa gorge. Et il n’eut que le temps de se précipiter à la salle de bain pour vomir. Lui n’avait pas la chance des deux hommes, lui savait, lui comprenait parfaitement ce qui était sur le point de se passer. Peut-être même l’avait-il toujours su.
Une nuit était passée, mais la nausée, elle, ne l’avait pas quitté et il se tenait là, dans cette fin d’après-midi baignée de clarté, l’attendant. C’était le dernier jour que les Blacks passeraient ici, dès le lendemain matin, Bellatrix partirait et ne reviendrait sans doute jamais.
La veille au soir, en retournant dans la chambre, il avait vu une ombre sous la porte de celle de Bellatrix. Il avait compris qu’elle était là, derrière, assise. Elle avait entendu ses hoquets pendant qu’il vomissait, elle savait qu’il avait compris maintenant. Et elle restait là, certainement consciente de sa présence à quelques mètres d’elle, elle restait là, murée dans ses ténèbres. Il aurait voulu hurler, mais dans le calme pesant et amer il entendit ses sanglots étouffés. Il était incapable de briser le mur de silence qui les séparait à présent, alors il était reparti, il avait poussé la porte de sa chambre et n’en avait plus bougé.
Lucius regardait le soir descendre lentement dans le ciel et l’assombrir, le parant de mauve et d’orangé. Elle avait toujours aimé ces heures du jour. Combien de fois avait-elle pris sa main, pour qu’ensemble ils grimpent au sommet d’un chêne afin d’être « plus près du ciel » comme elle disait. Pendant quelques instants, juste avant que l’après-midi ne se meure, elle fermait ses paupières. Lucius lui, gardait ses yeux ouverts. Il aimait voir la sérénité sur son visage, cette beauté mystique que lui conférait le crépuscule naissant. Puis, elle serrait un peu plus fort sa main dans la sienne et ouvrait à nouveau ses yeux. Ils semblaient alors plus grands et plus sombres que jamais, comme si elle avait souhaité engloutir tout entière l’horizon tantôt florale, tantôt sanglante dans ses pupilles.
Soudain, un craquement léger le tira de ses souvenirs. Il se retourna lentement. Il savait exactement ce qui produisait ce bruit. Il y avait dans le couloir, non loin de sa chambre, plusieurs lattes de parquet qui grinçaient lorsque quelqu’un marchait dessus. Bellatrix était dehors.
Bientôt elle frappa contre la porte. Ce ne pouvait être qu’elle, un premier coup discret, presque timide puis un second plus ferme, comme une réprimande contre la faiblesse de son prédécesseur.
Lentement, Lucius se leva. Lentement, il avança dans le silence à travers la pièce. Il s’immobilisa un instant, la main sur la poignée de la porte. Il l’avait attendu et pourtant, à l’instant où il allait enfin la voir apparaître, il n’était plus sûr d’être capable de l’affronter. Pourtant il le devait, n’aurait-ce été que pour revoir une dernière fois son visage, pour l’entendre encore une fois prononcer son nom et se bercer des milles inflexions de sa voix. Il inspira profondément puis tourna le loquet.
Elle se tenait là, droite et fière. Pourtant, il pouvait voir les fissures qui dévoraient cette façade. Ses yeux n’étaient pas braqués vers les siens comme à son habitude, mais perdus dans le lointain comme si elle ne le voyait pas.
- Bellatrix ?
Elle ne détourna pas le regard du point qu’elle fixait derrière lui. Mais ses grands yeux noirs sur lesquels se reflétaient les lueurs du soir naissant devinrent de plus en plus brillants, débordant de larmes qu’elle ne voulait pas verser.
Il la regarda sans comprendre, elle était là, devant lui, sur le pas de sa porte, figée et sur le point de pleurer. Il aurait dû la secouer, lui dire que ce n’était pas à elle de pleurer, la forcer à s’expliquer, lui jeter au visage combien il lui en voulait. Mais voilà, maintenant qu’elle était là il était incapable de la haïr, incapable de gâcher ce qu’il leur restait de temps. Il tendit la main vers elle pour la toucher mais, à cet instant précis elle tourna son regard droit vers le sien, fit un pas vers lui et se serra contre lui, le visage enfui contre son épaule. Elle pleurait, en silence, secouée de grands sanglots qui semblaient l’étouffer. Lucius lui, resta pétrifié un moment puis, sentant leurs deux cœurs lourds battre l’un tout contre l’autre, il referma ses bras autour d’elle puis la porte sur eux.
Pendant un long moment, ils restèrent debout au milieu de la pièce. Ils n’étaient plus que deux silhouettes, deux ombres enlacées dans la pièce sombre que la nuit clarteuse plongeait dans un étrange jeu de clair-obscur.
Lorsqu’elle se fut calmée, ils se séparèrent et se regardèrent droit dans les yeux. Lucius ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle était déjà différente. Ce visage, il l’avait contemplé de si nombreuses fois depuis leur enfance. Il se souviendrait toujours de son sourire reflété par les eaux de Mirror Lake. C’était un petit lac qu’ils avaient découvert lors d’une de leurs excursions dans les bois. C’était elle qui l’avait nommé ainsi. C’était la fin du premier jour qu’ils y avaient passé, juste après leur découverte. Le soir tombait déjà et il leur fallait rentrer rapidement. Elle avait pris sa main et alors qu’ils allaient s’enfoncer dans les bois pour prendre le chemin du retour, elle avait serré sa main un peu plus fort. Ils s’étaient retournés une dernière fois vers ce petit lac sans nom qui n’appartenait qu’à eux. Le soleil déclinait, teintant le ciel d’un blanc laiteux et rendant déjà la forêt à ses ombres nocturnes. La surface du lac, telle la surface parfaitement lisse d’un miroir reflétait cette blancheur, se changeant étrangement en un petit morceau de ciel, échoué sur la terre.
Alors, elle avait avancé avec lui jusqu’à se pencher au-dessus de l’eau. Lucius l’avait imité, et, se regardant, ils avaient souri à leurs reflets. Puis, sans autre explication elle avait murmuré, comme s’il s’agissait d’une formule magique :
- Mirror Lake
Depuis ce jour ils en avaient fait leur royaume, donnant à chaque endroit des noms merveilleux. Cet amoncellement de rochers d’où s’écoulait un filet d’eau rieur était pour eux une cascade et le bandeau de terre qui surgissait au milieu de l’eau les étés de sécheresse était leur île. Il y avait aussi un grand saule là-bas. Il penchait tout son corps au-dessus des eaux, étendant ses majestueux rideaux jusqu’à ce que ses branches frôlent les reflets d’argent du lac. Le tronc avait l’air d’une proue, s’avançant fièrement par-dessus l’océan et était par conséquent devenu leur navire. Ils avaient grandi bien sûr, mais si leurs jeux avaient changés, ils n’avaient jamais délaissé l’endroit.
Lucius sourit tristement. Se souvenait-elle seulement de cela ? Etait-ce encore important pour elle ? Ils avaient toujours su qu’un jour ils partiraient chacun de leur côté et ne reviendrait plus jamais passé ensemble l’été au bord de Mirror Lake. Ils avaient toujours su que, malgré le nombre de fois où ils s’étaient mariés sous la voûte de lumière et de verdure du saule, elle ne serait jamais à lui. Et pourtant, jamais il n’aurait pu croire que cela finirait ainsi, que cela serait si douloureux.
Ils avaient appris le même jour que lui épouserait Narcissia, la sœur de Bellatrix et qu’elle était destinée à Rodolphus Lestrange, fils d’un ami de Cygnus Black. Sur le moment, ils n’avaient rien dit, ils s’étaient regardés puis avaient quitté la pièce et le manoir pour rejoindre les champs et la forêt. Il avait marché main dans la main et sans un mot pendant un long moment puis avaient repris le cours de leur vie comme si rien n’était arrivé. Cependant c’était ce jour-là que la fissure entre eux était née. Minuscule, insondable et pourtant c’était elle qui les avait mené là.
Lucius s’était résigné. Bien sûr cela lui faisait mal de songer qu’il devait renoncer à Bellatrix. Mais d’un autre côté, il avait toujours su que jamais son père ne le laisserait épouser une femme plus âgée que lui, quel que soit le rang de celle-ci. Et puis, il appréciait Cissy, il aimait sa façon de rire et il la trouvait jolie. Mais il l’avait toujours vu comme une petite fille, trop fragile et trop douce. C’était peut-être la vision qu’avait son père d’une parfaite épouse, mais pas la sienne. La fougue, le mystère et la passion de Bellatrix s’étaient inscrit en lui, rendant toute autre qu’elle fade à ses yeux.
Il avait cru pendant un temps que son calme et son silence signifiaient qu’elle acceptait cette situation. Mais, chaque fois qu’il tentait d’évoquer le sujet, il pouvait sentir presque immédiatement la brûlure du regard qu’elle lui lançait pour lui intimer de se taire. Les semaines avaient passé jusqu’à ce qu’un jour, il comprenne son erreur. C’était il y a un an de cela, alors qu’ils étaient tous les deux dans la chambre de Bellatrix, assis sur le rebord de la fenêtre qui à cette heure-là ne donnait que sur la nuit. Ils jouaient aux cartes en discutant calmement, épuisés par leur journée de joyeuse errance.
- Ton père a souvent de la visite en ce moment.
Elle avait dit cela d’un ton pensif, poursuivant simplement leur conversation sur les occupations des autres occupants du manoir. Lucius pouvait voir à la façon dont elle regardait son jeu qu’elle s’apprêtait à lui jouer un tour. Elle le couvait du regard avec des yeux de chat et sur ses lèvres flottait un léger sourire.
- Ce n’est pas mon père qui reçoit mais le tien.
Son sourire se figea et ses mâchoires se contractèrent imperceptiblement. En un instant, son regard avait changé, ses pupilles étaient à présent deux billes noires et opaques. Ses mains s’ouvrirent et laissèrent s’échapper les cartes qui tombèrent une à une sur le parquet.
Lucius n’avait pas tout de suite compris, il n’avait pas encore fait le même lien qu’elle entre les événements. Alors, surpris il descendit du rebord et commença à ramasser les cartes.
- Laisse-les Lucius, laisse-les !
La première fois elle l’avait dit dans un murmure, la deuxième en hurlant presque. Lucius s’était figé, relevant lentement les yeux vers elle. C’était là que tout s’était emballé, à la seconde où, d’une voix étrange elle lui avait dit :
- Je dois te parler de quelque chose.
Il s’était tu, il s’était assis à côté d’elle et, le cœur battant d’un funeste pressentiment, l’avait écouté.
- Je vais me marier Lucius, dans un an, dès que je sortirai de Poudlard, mon père me mariera. J’ai longtemps cherché un moyen d’y échapper mais il m’a fallu voir la réalité en face : je ne peux l’empêcher.
Elle ne le regardait pas en parlant, ses yeux étaient perdus dans le vide entre eux. Il sentait la tristesse et le regret qui vibrait dans sa voix, alors il posa sa main sur la sienne pour la rassurer, lui dire qu’il était là. Mais elle la retira vivement et cette fois, plantant son regard dans le sien, elle dit :
- Mais jamais je n’accepterai qu’on me vende ainsi, jamais je ne laisserai cet homme, Rodolphus Lestrange, me posséder. Je refuse d’appartenir à quelqu’un que je n’ai pas choisi.
Un instant de silence encore, puis, elle lui avait demandé s’il se souvenait d’un homme qui rendait parfois visite à leurs pères. Il avait hoché la tête. Bien sûr, comment aurait-il pu oublier le jour où, alors qu’il n’avait que dix ans, ils étaient tombés nez à nez avec lui dans un couloir ? Il avait posé son regard sombre sur chacun d’eux, lentement, silencieusement, il les avait scrutés, comme s’il cherchait à voir au fond d’eux. Après un moment il s’était écarté d’un pas pour les laisser passer, lâchant un simple « Au revoir les enfants » d’une voix de velours. Mais l’insistance des deux yeux noirs, leur lueur indéchiffrable lorsqu’ils s’étaient posés sur Bellatrix, lorsqu’il s’était retourné alors qu’elle disparaissait au bout du couloir, et son léger sourire à l’adresse de la petite fille, rien de cela n’avait échappé à Lucius. Il avait porté un moment un sentiment de malaise qu’il ne comprenait pas lui-même puis, le temps passant, il avait oublié cet homme et avait repris le cours de son bonheur.
Le fait qu’elle l’évoque à nouveau ce soir-là le laissa perplexe mais il acquiesça.
- Oui je m’en souviens, pourquoi ?
Alors, elle lui avait parlé de lui. Elle lui avait raconté comment ils s’étaient revus, comment ils avaient parlé. Et ses yeux s’étaient éclairés d’une lueur qu’il ne leur connaissait pas encore, quelque chose de fasciné, une lumière aveugle. Lucius avait peur soudain, il sentait au ton de sa voix qu’elle ne l’entendait pas, elle ne le voyait plus, que ses yeux grands ouverts regardaient autre chose que lui, quelque chose que seule elle pouvait voir.
- Il m’a écoutée et m’a comprise, il m’offre l’opportunité d’échapper au destin que mon père a choisi pour moi.
Le ton de sa voix était étrange, si doux qu’il en eu un pincement au cœur. Elle ne pouvait pas comprendre ce qu’elle disait, elle ne pouvait pas être en train de lui dire ça.
- Comment ?
Elle avait souri légèrement en répondant, d’une voix neutre :
- En me faisant entrer dans ses rangs.
Soudain, il se figea, écoutant s’étirer le silence entre eux. Ils n’étaient plus des enfants et ils avaient appris depuis ses dix ans qui était cet homme. Et bien que leurs pères leur cachent encore de nombreuses choses à ce sujet, ils en devinaient suffisamment.
Lucius avait les yeux baissés vers le sol, et devant ses yeux repassaient le visage de Cygnus Black, son sourire lorsqu’il leur avait fièrement annoncé le mariage de sa fille puis le visage du mage noir et son sourire, la première fois qu’il avait rencontré Bellatrix. Son cœur battait beaucoup trop fort, il avait peur, peur de comprendre, peur de savoir exactement ce que signifiaient les mots qu’elle venait de prononcer.
Il pouvait l’imaginer tout près d’elle, susurrant ses mensonges. Lucius savait que Rodolphus était déjà sous les ordres de cet homme. Ce serait tellement simple alors de refermer le piège sur elle. Aux yeux de tous, ce serait son mari qui l’aurait présentée à lui. Nul ne saurait rien de ce que Lucius savait. Nul n’avait assisté à la première rencontre entre le regard du mage noir et de l’enfant, nul ne saurait comme lui tout le mal qu’il allait faire à la petite fille qu’elle était alors. Elle ne pouvait pas comprendre ce qu’elle disait, elle ne pouvait pas être en train de lui dire ça.
- Mais Bellatrix, pour lui tu ne seras qu’un pantin.
Elle avait sillé, comme s’il l’avait giflée et, rapprochant son visage du sien, d’une voix sifflante elle avait répondu :
- Et alors Lucius ? Que crois-tu que nous soyons pour nos parents ? Que crois-tu être pour ton père ? Nous sommes des pantins Lucius, tu as raison, nous l’avons toujours été et peu importe qui tire les ficelles, c’est ce que nous serons toujours. Ils nous ont laissés un peu trop de mou, nous avons joué un peu trop près l’un de l’autre mais nous ne sommes pas destinés à être ensemble. Nous ne serons plus jamais ensemble Lucius, plus jamais.
Elle était partie soudain dans un grand rire sans joie, un rire ironique et cassant.
- C’est bien ça Lucius, je suis un pantin et je ne m’appartiens pas à moi-même, alors comment veux-tu que je sois à toi ? Nous serons de simples jouets toute notre existence, jusqu’à ce qu’un jour la vie se lasse de nous animer et qu’on nous couche dans une petite boîte en chêne ou en sapin.
Soudain, ses yeux s’étaient emplis de tristesse et d’une voix plus calme, plus douce mais infiniment désespérée elle avait dit :
- Et même alors Lucius, nous ne serons plus ensemble.
Elle s’était mise à pleurer en silence puis elle s’était levée et elle était partie. Cela avait été la dernière fois qu’il l’avait vu avant l’été suivant, avant ce jour-là où il la tenait dans ses bras et où elle pleurait à nouveau. Elle était là, si près de lui qu’il pouvait entendre sa respiration, si proche que leur deux pouls se confondaient en un même tonnerre sourd. Elle était à nouveau auprès de lui, alors qu’il ait cru l’avoir perdu pour toujours. Leur étreinte avait duré longtemps, aucun des deux n’ayant le courage d’abandonner le refuge que constituait les bras de l’autre. Puis, ils s’étaient assis en tailleur sur le lit. La fenêtre entrebâillée laissait entrer un léger vent froid qui agitait doucement le rideau de lin et jetait alors d’étranges reflets lumineux et mouvants qui dans le silence et les ombres bleu nuit de la pièce, créaient une atmosphère sous-marine.
Ils étaient là, main dans la main, fixant le mur et ses jeux de lumière liquide. Plus longtemps ils se taisaient, plus longtemps ils laissaient les minutes s’écouler et les figer là, et plus il leur devenait difficile de songer à rompre cette distance, ce détachement étrange entre cette chambre et le monde entier, entre cet instant et le reste de leurs vies. C’était cela au fond, ils s’enfonçaient dans la nuit et la laissaient les tuer tout doucement, comme fascinés par cette seconde figée au-dessus du précipice. Ils avançaient toujours plus loin vers les ténèbres, aveuglés par cette noirceur, conscient qu’il n’existait déjà plus de retour en arrière. Ils vivaient cette ivresse de peur et de tristesse comme d’autres vivent l’ivresse des profondeurs.
Il y avait dans l’air quelque chose de fragile, de trop joli pour durer. C’était un de ces moments étranges où on prend soudain conscience qu’on est vivant. Lucius sentait son cœur battre comme s’il devait à chaque instant s’arrêter et, regardant autour de lui il ne voyait plus que ces taches de lumières vagabondes. Ils étaient là immobiles et le monde tournait les emportant avec lui. Ils étaient là, silencieux, écoutant le murmure des ténèbres qui descendent dans le ciel. Ils étaient seuls avec ces lueurs mouvantes qui, dans un bal au rythme de leurs deux cœurs, valsaient avec la nuit.
Puis, il se tourna vers elle, il ne faisait pas froid et pourtant elle tremblait légèrement, sans même s’en rendre compte. Alors, brisant leur immobilité, il la prit dans ses bras. Elle se laissa faire, le regard toujours perdu dans le vague, ses iris sombres reflétant la lumière changeante de la pièce. Puis elle se laissa soudain tomber en arrière sur le lit et se serra contre Lucius. Ils restèrent longtemps ainsi, regardant le ciel progressivement devenir d’un noir d’encre.
Lucius était heureux, mais il n’était pas assez naïf pour ignorer que ce bonheur-là serait éphémère, qu’il ne durerait que le temps que l’obscurité leur accorderait encore. Et, dès qu’il ouvrirait les yeux, il pourrait la voir disparaître dans la lumière du jour, et elle serait loin de lui à jamais. Mais pour le moment elle était là, blottie contre lui. Il la regardait et elle, elle contemplait le plafond. C’était fou comme elle semblait loin déjà…
- Je voudrais supplier le diable pour que cette nuit ne finisse jamais…
Elle avait dit cela avec un petit sourire enfantin et, à la façon dont elle avait laissé cette phrase en suspens, Lucius pouvait deviner que dans le secret du silence elle la poursuivait. Il pouvait presque entendre sa voix, avec cette la même intonation sacrée que le jour où elle avait donné son nom à Mirror Lake dire : « Ainsi nous pourrions être ensemble pour toujours. Je prendrais ta main et tu prendrais la mienne et nous marcherions dans les bois, entre les arbres et les rochers, nous marcherions longtemps, jusqu’à quitter ce monde. Et nous serions ensemble… ».
Mais, alors que cette pensée le faisait doucement sourire, une autre, bien plus désagréable naquit dans son esprit. Il détourna le regard et contempla le vide un moment. Une voix dans sa tête, une vois amère, pleine de rancœur, lu soufflait une réponse qu’il ne prononcerait pas. « Tu veux commercer avec le diable ? Mais que lui donnerais-tu en échange, toi qui lui as déjà promis ton âme ? ».
Il laissa le silence planer, il attendit. Quand il la regarda à nouveau, de longues larmes silencieuses glissaient sur ses joues. Il voulut les essuyer mais elle repoussa sa main. Est-ce qu’elle aussi elle pouvait entendre dans sa tête les mots qu’il ne disait pas ? Elle le contempla un moment, respirant par saccades. Ses yeux cherchaient quelque chose dans ceux de Lucius qui les sentait à leur tour s’embuer. Il essaya de détourner le regard. Bellatrix elle-même devait détester qu’il l’a voit pleurer. Jamais elle n’avait versé une larme en sa présence avant ce jour d’été, un an auparavant, lorsqu’elle lui avait annoncé que si elle ne pouvait être à lui, elle refusait cependant d’appartenir à Rodolphus. Elle avait beau être une fille, il avait compris depuis longtemps qu’elle était plus extrême, mais aussi plus forte que lui. Alors il savait bien que si elle pleurait maintenant, c’était pour lui, pour qu’il sache qu’elle aussi souffrait, parce qu’elle ne le dirait pas, parce qu’était ancré en elle une sorte de mur de fierté derrière lequel elle dissimulait ses faiblesses.
Elle posa une main sur sa joue et doucement caressa son visage.
- Lucius…
Elle avait prononcé son nom, de cette manière envoûtante qu’elle avait de le faire, laissant la sonorité finale se prolonger imperceptiblement. Mais elle n’ajouta rien.
- Lucius…
Elle le répéta plusieurs fois en le tenant sous le feu sombre de ses yeux puis, alors qu’elle posait sa tête contre le torse du jeune homme, il comprit à la fois qu’elle tentait de lui dire quelque chose et que ces mots resteraient à jamais coincés dans sa gorge.
- Lucius…
Elle resserra sa main sur la sienne puis se tut. Elle ferma ses paupières et doucement son visage s’apaisa. Lucius, lui resta de longues heures éveillé, il la regardait et il lui semblait encore entendre sa voix susurrer puis s’interrompre. Comme il était amer maintenant, comme il était plein d’un fiel nouveau. Car à présent il était seul, elle avait fui dans le sommeil et le silence. Et il savait que jamais il ne l’entendrait dire ce qu’elle avait tu, c’était inutile. Ils avaient grandi ensemble, avec les mêmes rêves et les mêmes histoires. Pendant que lentement, au milieu de leurs jeux d’enfants l’affection se muait en quelque chose de différent. Puis, il y avait eu les baisers furtifs dans l’ombre des couloirs lorsque pendant l’année ils étaient à Poudlard et les échanges de regards entendus pendant les repas de famille. Mais jamais ils n’avaient été plus heureux qu’ici, mains dans la main, yeux vers le ciel, seuls et loin de ce monde de mensonge et de contrainte. Ils ne s’étaient jamais dit qu’ils s’aimaient, ils n’avaient jamais cru cela nécessaire, ils avaient l’éternité pour cela. Et maintenant, maintenant qu’il était trop tard pourquoi jurer l’existence de ce qu’on regarde se briser. Et malgré ce regard déjà lointain qu’elle portait sur lui, malgré cette froideur croissante qu’il sentait battre contre son cœur, malgré tout ce qui les séparait déjà, elle tentait de lui dire qu’elle l’aimait. Mais à quoi bon ? A quoi bon promettre ce qui ne pourrait plus jamais exister ?
Le ciel s’éclaircissait déjà lorsque la fatigue finit par l’arracher à la conscience. Il s’enfonçait dans la sombre tiédeur du sommeil quand, soudain une image se forma sous ses yeux. Une forêt toute entière couverte de neige s’étendait à présent devant lui. Il regardait les arbres figés par mille et un cristaux de givre scintillants lorsque une voix attira son attention à l’opposé, vers ce qui semblait être un chemin couvert de neige s’enfonçant jusqu’au cœur de la forêt, là où tout ce blanc se mêlait aux ombres jusqu’à atteindre le noir.
- Lucius …
C’était le même murmure, la même voix. Elle se tenait là, à quelques mètres déjà engagée sur le sentier. Elle lui souriait doucement une main tendue vers lui en attente qu’il la saisisse. Ses pieds s’enfonçaient plus profondément dans la neige à chaque pas, comme si elle tentait de le retenir. Il s’élançait cependant vers elle. Mais, à l’instant où il frôlait sa main, prêt à la saisir, elle se mit à courir sur le sentier, le laissant derrière avec la sensation que la froideur du contact avait brûlé le bout de ses doigts. Il la voyait disparaître, sa longue silhouette se confondant aux troncs sinueux.
Il pénétra dans la forêt, se mettant à courir à sa suite. Il pouvait la voir devant lui alors qu’elle se retournait par intermittence, avec toujours ce même sourire à la fin enfantin et envoûtant. Il ne semblait pas y avoir de fin à cet immense couloir en noir et blanc, couvert d’une voûte de neige et de branche qui ne laissait filtrer que quelques rayons avares qui formaient sur le sol d’étranges formes lumineuses. Le cœur de Lucius battait si fort qu’il pouvait en entendre le son dans ses oreilles qui s’amplifiait à chacune de ses respirations mais qui ne parvenait cependant pas à couvrir l’entêtant murmure que toute la forêt semblait se chuchoter.
- Lucius…
Soudain, alors que ses foulées saccadées faisaient naître dans sa gorge un douloureux goût de sang, tout s’éclaircit autour de lui. Il cilla un moment, regardant les taches de lumière devant ses yeux former lentement un paysage. Ce fut alors qu’il l’aperçut, debout, au beau milieu de Mirror Lake semblant presque le défier du regard. Il s’approcha posant un pied sur la couche de glace qui recouvrait le lac. Elle était épaisse à cet endroit mais semblait s’amincir jusqu’au centre. Là où Bellatrix se tenait, elle était si mince qu’on pouvait voir les eaux noires se mouvoir sous elle. Il s’approchait et elle, elle restait immobile, dardant toujours sur lui un regard aussi changeant que les eaux mouvantes qui du fond semblait d’une voix sourde susurrer avec elle:
- Lucius…
Il lui semblait qu’à chacun de ses pas le sourire disparaissait, laissant lentement place à une moue figée et deux yeux que la peur semblait gagner. Il tendait les bras à présent, si proche de la saisir pour l’arracher au lac qui, après avoir été si longtemps leur complice semblait maintenant les appeler d’une voix cruelle. Elle tremblait de peur à présent, de longues larmes glaciales glissant sur son visage figé. Et alors qu’elle tendait à nouveau une main vers lui, prête à le laisser la ramener, un craquement sinistre déchira le silence. Elle s’enfonça en un éclair, il voulut crier mais ses lèvres, celées par le gel restèrent soudées. Déjà la glace se reformait au-dessus d’elle alors qu’elle appuyait encore sa main contre la surface, comme dans l’espoir que la chaleur de la paume de Lucius pourrait réchauffer le néant glacial dans lequel elle sombrait. Elle eut un dernier sourire triste puis, alors que les eaux noires effaçaient déjà son visage, ses lèvres articulèrent une dernière fois son nom.
Il frappait la glace de ses mains nues et endolories en vain. Le vent soufflait tout autour agitant les branches grand saule derrière lui et sifflant dans la forêt entière. Soudain, une ombre se dressa derrière lui et, avant qu’il n’ait pu se retourner, la glace s’ouvrit à nouveau, le plongeant dans des profondeurs d’un bleu noir.
Le froid était si intense qu’il semblait dissoudre ses os. Autour de lui planait un silence plus complet encore, étouffant jusqu’aux battements de son cœur. Il avait beau retenir sa respiration, la noirceur de l’eau semblait pénétrer par chacun des pores de sa peau, jusqu’à emplir ses poumons et étouffer son cœur. Il suffoquait pendant qu’autour de lui le monde perdait tout sens, il s’enfonçait en de lents tourbillons. Tout autour des formes plus ou moins effacées planaient comme des oiseaux morts. Autrefois, ils avaient dû être des hommes, mais ils se dissolvaient lentement, spectres morbides hantant une eau à laquelle ils finiraient par se mêler. Leurs âmes corrompues nourrissaient les profondeurs dans lesquelles ils s'étaient perdus. Les abysses qui tendaient leurs bras infinis vers Lucius étaient soudain emplis d’une sourde rumeur semblable au cœur noir et plein de poison du monstre qui les digérait. Il finirait comme eux, il sombrerait, se délitant doucement, jusqu’à devenir plus léger que le liquide qui finirait par le piéger dans une immobilité éternelle.
Alors que l'effroi de son sort lui apparaissait soudain, alors qu'il levait les yeux vers la fantomatique lueur de la surface, deux mains se posèrent sur ses épaules et tout contre son oreille, deux lèvres susurrèrent :
- Lucius…
Elle était là, penchée sur lui comme une mauvaise fée. Ses deux yeux étaient vides, blancs et laiteux, toute leur sombre lumière avait disparu et pourtant, il pouvait encore sentir l’acide brûlure qu’ils lui avaient toujours fait subir. Ses lèvres noires étaient étirées d’un sourire dément, cruel et moqueur. Elle était belle encore, quoi que les ténèbres lui aient fait. Mais elle se tenait là, immobile, le regardant retenir son dernier souffle. Elle caressa son visage, comme elle le faisait autrefois mais le geste avait perdu toute sa douceur. Elle s’approcha si prêt qu’il put sentir son souffle contre sa poitrine. Puis, alors qu’il expirait une dernière fois, elle posa ses lèvres sur les siennes. Une douleur fulgurante transperça sa poitrine et désespéré, il tenta de la repousser, mais il ne pouvait lui échapper. Elle passa ses mains derrière sa nuque, s’accrochant à lui. Et, alors qu’il sentait son souffle liquide et mortel s’insinuer en lui, son cœur ralentissait et devenait plus lourd. Quand enfin elle le laissa se dégager, il ne sentait plus qu’un poids mort dans sa poitrine, une pierre qui l’entraînerait inexorablement vers le fond. Maintenant il était l’un d’entre eux, il appartenait à ses eaux et faisait partie d’elle.
Déjà, elle s’éloignait de lui et gardant ses yeux presque translucides braqués dans sa direction. Lucius la regardait se mouvoir librement dans le glacial liquide, telle une créature née pour y vivre, telle une sirène dont le chant l'avait mené ici. Bientôt, elle s’enfonça davantage et disparu dans des ténèbres plus profonds encore, où il comprenait déjà qu’il finirait par la rejoindre.
Il ouvrit soudain les yeux, inspirant désespérément l’air qui, lui faisant défaut l’avait tiré de ses songes. Il avait retenu sa respiration si longtemps que ses poumons se rappelaient à présent douloureusement à lui. Si l'étouffement avait été réel, tout le reste n’avait été qu’un cauchemar. Elle était toujours là, tout près de lui, de l’autre côté du lit. Il aurait voulu la serrer dans ses bras, tout contre son cœur encore affolé. Mais le jour était levé et il savait donc que son réveil provoquerait son départ. Il se laissa donc aller en arrière pour la contempler quelques instants encore. Elle reposait sur le flanc, un bras sous l’oreiller, l’autre perdu sous les couvertures, et les jambes repliées. Elle dormait comme une petite fille, comme elle l'avait toujours fait depuis leur enfance. Il se souvenait les soirs où elle venait se glisser dans sa chambre. Ils éteignaient la lumière et se chuchotaient leurs secrets d’enfants à l’oreille. Ils inventaient des histoires, faisaient des draps une tente et imaginaient qu’ils campaient au bord du lac. Elle était inépuisable, et lui refusait d’admettre qu’il était fatigué avant elle. Mais finalement, il finissait toujours par tomber de sommeil sans s'en apercevoir. Et le matin, lorsqu’il se réveillait, elle avait déjà disparu depuis longtemps, regagnant sa chambre pour qu’ils ne soient pas surpris.
Il se demanda si elle dormait vraiment, si ce léger frémissement entre ses cils ne signifiait pas qu’elle feignait le sommeil. Peut-être n’avait-elle pas dormi de toute la nuit, peut-être s’était-elle tenue là, quelques instants plus tôt, le regardant se débattre parmi ses songes, sans savoir que c'était elle qui les hantait. Peut-être cette fois encore avait-elle gagné, peut-être s'était-il endormi le premier.
A présent qu’il était allongé, il ne pouvait plus voir que son dos. Alors il l’imaginait, les yeux grands ouverts, guettant sa respiration pour savoir s’il s’était rendormi. Bientôt, il sentit un mouvement et referma ses paupières. Elle s’extirpa précautionneusement des draps et posa ses pieds au sol, un à un. Elle fit quelques pas et, entrouvrant légèrement les paupières, il put la voir enfiler sa robe de chambre bleu sombre puis, elle se retourna et il referma les yeux. Elle s’approcha de lui doucement, en silence, craignant de l’éveiller. Il pouvait sentir son souffle contre sa peau, en un mystérieux rappel de l’apparition de son rêve. Puis, ses lèvres douces se posèrent légèrement sur son front et elle s’écarta. Il put alors la voir lever les yeux vers la fenêtre, puis laisser son regard parcourir lentement la pièce avant de se reposer sur lui. Elle marcha jusqu’à la porte, l’ouvrit et jetant un dernier regard au corps qu’elle croyait endormi et inconscient de son départ, elle la referma lentement, sans aucun bruit, comme elle avait dû le faire si souvent depuis qu’ils étaient enfants.
Au fond, peut-être l’avait-il deviné dès le départ. Peut-être savait-il qu’au matin elle se lèverait doucement et partirait, pendant qu’il ferait semblant de dormir encore, pour ne pas la voir partir. Il savait qu’elle sortirait de la pièce et fermerait la porte, qu’elle fermerait le cercueil de leur amour pour ne pas le voir mourir.
Il resta allongé un moment, aussi longtemps qu’il put retenir son souffle, comme pour retarder l’instant où il devrait respirer l’air encore chargé de son parfum mais déjà plein de son absence. Il avait toujours su qu’elle ne serait jamais à lui et pourtant c’était devenu si réel à présent qu’il ne pouvait plus y croire. Quelque chose dans cet air qu’il respirait maintenant avait gardé l’épaisseur liquide des ténèbres dans lesquels il devinait déjà qu’il finirait par sombrer à sa suite. Car c’était là qu’elle avait disparu, elle venait de tomber et qu’il le veuille ou non il devinait déjà qu’il rejoindrait le mage noir lui aussi, il tomberait avec elle. Elle l’entraînerait par le fond car il ne pourrait que la suivre, comme enchaîné à elle par les rêves qu’ils avaient nourrit ensemble. Alors aussi longtemps que cet homme la ferait danser entre ses doigts comme un pantin, il valserait avec elle, tout comme la lumière valse avec la nuit.
Alors voilà j'espère sincèrement que ce texte vous a plu.