Sur l’étagère il y a une boîte bleue. Viktor l’attrape et y dépose religieusement, telle une relique, la lettre qu’il vient de lire, et relire encore jusqu’à l’apprendre par cœur. Le contenu de cette missive est tellement triste… Le jeune homme a les yeux brillants de larmes contenues. Il peut réciter, à la virgule près, chacun des courriers rangés dans ce carton, et pourtant… il les relit souvent, car rien que la vue de cette écriture appliquée est pour lui un délice. Dans cette boîte, il y a aussi une photo, la seule les représentant tous les deux. Le soir où ce cliché a été pris, il avait été époustouflé par la beauté de la jeune fille. Sa robe si parfaite, sa coiffure impeccable… il avait presque eu du mal à la reconnaître lorsqu’elle était arrivée au lieu de leur rendez-vous.

— Her-mi-o-ni-ni, murmure le jeune champion pour lui-même. Pour entendre la musicalité de ce prénom qu’il n’a jamais réussi à prononcer correctement. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé, de s’être entraîné à le dire.

A la vue de ce cliché, Viktor se replonge dans ses souvenirs…



Cette année passée à Poudlard restait la meilleure de sa scolarité. Il était déjà un célèbre joueur de Quidditch et toutes les filles, ou presque, le suivaient partout où il allait, pire que son ombre. Il avait du mal avec les groupies, elles ne le savaient rien de lui et gloussaient pourtant chaque fois qu’elles le voyaient. Mais, dans la bibliothèque, cette fille lui avait fait un effet différent. Le regard qu’elle avait lancé à ses fans l’avait ravi. Une étudiante qui ne semblait pas futile contrairement à ce troupeau qui ne le lâchait pas d’une semelle. Les yeux de cette demoiselle le mirent dans tous ses états. Il était sous le charme, malgré cette « coiffure » si incongrue ou peut-être même grâce à cette masse de cheveux désordonnés. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Mais, exaspérée par le bruit des groupies, la jeune fille avait déserté le lieu, emportant les livres qui étaient auparavant autour d’elle.

Très vite, il remarqua que la demoiselle était amie avec un de ses adversaires, le plus jeune, celui dont la candidature était l’objet de tous les débats : Potter. Il avait donc peu de chances de la séduire un jour. Surtout que ce garçon était loin d’être un inconnu… Il était sans doute aussi célèbre que lui, voire même plus encore... Viktor réalisait que son seul titre de gloire était d’attraper des vifs d’or et d’être le plus jeune joueur de niveau international. Mais son adversaire, lui, avait défait un mage noir à l’âge de un an et mit ainsi fin à un règne de terreur. Viktor ne faisait pas le poids face au jeune garçon. Forcément, cette fille devait LE préférer à lui… Il n’était qu’un joueur de Quidditch, après tout. Et puis, il y avait cet article où un proche de Harry expliquait qu’il avait trouvé l’amour avec une de ses camarades et qu’on ne les voyait rarement l’un sans l’autre… Viktor avait conclu qu’il s’agissait de celle qui l’obsédait, car c’était la personne avec laquelle son jeune adversaire passait la plus grande partie de son temps.

Viktor avait remarqué qu’elle venait souvent à la bibliothèque. Cette étudiante semblait assez studieuse, mais désertait le lieu dès que les groupies investissaient l’espace. Alors il faisait tout pour semer les demoiselles avant de se rendre dans le temple du travail afin observer sa belle, tentant de rassembler son courage pour oser lui parler. Mais, bien souvent ses groupies le retrouvaient vite, trop vite ; elles connaissaient bien ses habitudes. L’inconnue partait instantanément. Viktor se maudissait de ne pas se jeter à l’eau pour lui adresser la parole lors de ses rares moments de tranquillité, sans cette cour dont il se passerait bien.

Puis, après la première tâche, il apprit qu’il devrait ouvrir le bal de noël avec une cavalière. Bien sûr, il avait l’embarras du choix, mais il n’y avait qu’une seule fille qu’il avait envie d’inviter. L’inconnue de la bibliothèque, l’amie de Potter… Elle ne voudrait sans doute pas de lui, elle avait probablement déjà accepté l’invitation de son adversaire… En plus, Harry se débrouillait presque aussi bien que lui sur un balai… Finalement, son seul atout pour éventuellement la séduire, son rival l’avait aussi.

Ce jour-là, il était venu de bonne heure à la bibliothèque, il avait jusqu’à présent évité l’escadron de groupies. Elles devaient sans doute être en train de se préparer afin d’attirer son attention dans l’espoir qu’il leur pose la question… Si elles savaient que c’était peine perdue… Il ignorait si la fille de ses rêves accepterait, mais si elle déclinait l’invitation il demanderait sans doute à n’importe quelle autre fille plutôt qu’à une fan. Quand il entra dans l’antre du silence, l’inconnue était là, plongée dans un livre, sans doute espérait-elle profiter de la quiétude matinale pour travailler tranquillement. Elle semblait absorbée par ses devoirs, et ne le l’avait pas encore vu.

— Excuse-moi, je peux te parrrrler s’il te plait ?

La jeune-fille l’avait regardé, surprise.

— Oui, bien sûr, avait-elle répondu assez étonnée de l’approche de Viktor.
— Je voudrrrrais savoirrrr si tu veux venirrrr au bal avec moi. Mais, tu es peut-être déjà engagée.
— Non…

Viktor sembla déçu, la jeune fille dû s’en rendre compte car elle sembla confuse et s’empressa de s’expliquer.

— Je veux dire que je ne suis pas engagée, je t’accompagnerai avec plaisir, mais je suis surprise que tu me demandes d’être ta cavalière… Je suis certaine que toutes les filles doivent se battre pour aller au bal avec toi.

Viktor avait souri dès que la jeune fille avait accepté il s’attendait tellement à un refus, que cela l’avait comblé.

— Justement, les grrrrroupies me fatiguent, et toi, tu me plais justement carrr tu es leurrr opposée, ça fait longtemps que je t’obserrrrrve. Je viens ici pourrrr te voirrrrr dans l’espoirrrr de te parrrrler mais à chaque fois elles te font fuirrrrr.

La jeune fille sourit et rougit aux propos de Viktor, le garçon la trouva encore plus séduisante, si c’était possible.

— Au fait, je m’appelle Hermione, se présenta-t-elle dans un sourire.
— Herrrrmionminie.

Elle eut un petit rire amusé mais nullement moqueur.

— Je sais, c’est difficile, même mes amis ont eu un peu de mal au début. Mais c’est pas…

A cet instant, des filles entrèrent en gloussant dans la bibliothèque, et sa cavalière s’esquiva. Il eut juste le temps de lui fixer un rendez-vous pour le soir du bal. Viktor était sur un petit nuage, la fille la plus intéressante de l’école avait acceptée de l’accompagner au bal, alors qu’elle était proche d’un autre champion.

Depuis ce jour, jusqu’au soir du bal, il n’avait pas eu l’occasion de retourner lui parler, mais quand ils se croisaient ils échangeaient toujours un sourire. À la table des Serpentard, cependant, certains vinrent lui dire des choses assez méchantes sur elle, surtout ce petit blond de quatrième année. Même son directeur, Karkaroff, était venu lui dire qu’elle n’était pas de Sang-Pur, bien au contraire elle était née-Moldue, le directeur avait même utilisé cette si vilaine insulte. Mais, Viktor s’en moquait bien du statut du sang, son meilleur ami dans l’équipe Bulgare était né-Moldu lui aussi.

Le soir du bal, elle était resplendissante. Il faillit ne pas la reconnaître dans cette robe bleue et ses cheveux d’habitude indisciplinés étaient si bien coiffés. Viktor lui avait présenté son bras, et tout le monde se retournait sur leur passage. Personne ne semblait la reconnaître, pas même Harry Potter et son ami le garçon roux.

La surprise passée le jeune champion avait reconnu son amie, mais elle ne délaissa pas son cavalier pour autant, pour le plus grand plaisir de Viktor. La soirée était agréable. Elle l’avait encouragé sur la prononciation de son prénom, il y arrivait presque. Le repas était plaisant, et il ne regrettait pas de l’avoir invitée elle plutôt qu’une groupie ; cette fille était jolie, et en plus elle était intelligente. Viktor n’en revenait toujours pas d’avoir l’honneur d’être le cavalier d’une fille aussi brillante. Lorsqu’il fallut ouvrir le bal, avec les autres champions, Hermione était aussi à l’aise, elle virevoltait sur la piste de danse. Elle éprouvait visiblement un immense plaisir à évoluer ainsi sur la musique. Au bout d’un certain temps ils eurent soif, il proposa des rafraichissements.

— Volontiers, j’apprécierais bien une Bièraubeurre, je vais t’attendre avec mes amis. Tu connais déjà Harry, je te présenterais Ron, c’est un de tes admirateurs, tu sais.
— Je serrrrai rrrravi de le connaîtrrrre.

Mais quand il revint, elle était seule et une larme brillait dans ses yeux.

— Qu’est ce qui se passe Herrr-mi-o-ni-ni ?
— Rien qui ne doive gâcher notre soirée, répondit la jeune fille avec un faible sourire.

Elle faisait des efforts pour oublier ce qui l’avait contrariée, il fit son possible pour lui faire oublier sa peine. Hermione retrouva le sourire mais elle était tout de même moins enjouée au début de la soirée. A l’issue de la dernière danse, il la raccompagna aux pieds des escaliers menant à sa tour. Viktor tentait de prolonger cet instant, ils étaient seuls et le jeune homme approcha son visage de celui de sa cavalière. Il déposa un baiser rapide et doux sur ses lèvres avant de s’esquiver. Il ne vit pas Hermione passer ses doigts sur ses lèvres, à la fois surprise et émue.

Dès le lendemain du bal de noël, il ne fit rien pour la revoir. Il n’osait reparaitre devant elle, car il ne savait pas comment sa cavalière allait le juger après cet écart de conduite. Ce n’était pas le genre de fille à lui courir derrière, comme les autres qui continuaient à le suivre partout. D’ailleurs, n’avaient-elles pas compris après la soirée dernière qu’il n’était pas intéressé par leurs rires hystériques ? Il voulait d’une fille qui le traiterait comme un garçon ordinaire. Hermione était parfaite de ce point de vue.

De son côté, elle non plus n’avait rien fait pour le rejoindre. Viktor pensait que la jeune fille ne voulait plus le revoir. Aussi, se fit-il discret pour le reste des vacances. Le champion avait décidé de travailler sur l’énigme de l’œuf, cela lui permettrait d’oublier sa douce Hermione.

Avec la reprise des cours, il y eut le retour des devoirs. Viktor, étant lui aussi soumis au même régime que ses camarades, devait rendre ses copies en temps et en heures. Il retourna donc à la bibliothèque, avec peut-être l’espoir de revoir Hermione, mais aussi la crainte qu’elle refuse de lui parler après son écart de conduite… Lorsqu’il pénétra dans le repaire de madame Pince, il faut surpris d’entendre la voix de la jeune fille l’appeler le plus discrètement possible.

— Viktor ! Tu peux venir travailler à ma table, enfin… si tu veux.

Le jeune homme eut un sourire radieux, et s’installa auprès d’elle. C’est ainsi qu’ils prirent l’habitude de travailler ensemble, côte à côte. Viktor n’osait troubler le travail de sa voisine de table, pourtant lui n’arrivait pas à se concentrer, sa gorge était sèche, ses mains fébriles. Il n’avait pas non plus osé aborder le sujet du baiser. Avait-elle aimé ou avait-elle été choquée ? Hermione semblait faire comme si rien ne s’était passé… Lorsqu’ils sortaient de la bibliothèque, ils faisaient toujours un bout de chemin l’un avec l’autre pour discuter un peu. Plus il apprenait à la connaître, plus ses sentiments étaient intenses. Hermione était vraiment la fille parfaite.


Quelques jours, plus tard, il prit peur pour elle. Il avait compris le sens de l’énigme de l’œuf, il allait devoir tout faire afin de la sauver en moins d’une heure. Alors que les élèves sortaient pour se rendre à Pré-au-lard, il n’hésita pas à se jeter dans l’eau glacée du lac, de toute façon l’épreuve aurait lieu là, autant se rendre compte par lui-même des difficultés qu’il aurait à affronter pour aller LA sauver. Quelles créatures pouvaient vivre au fond de lac ? L’eau était si froide qu’il avait l’impression que des milliers de poignards lui transperçaient la peau, mais la survie d’Hermione était plus importante que tout.

Il passa l’après-midi à étudier à la bibliothèque. Pour une fois il était tranquille, car ses groupies étaient toutes au village sorcier. Il étudia tous les sorts qui pouvaient être utiles face aux créatures qui peuplaient probablement le fond du lac, et chercha quel serait la solution la plus efficace pour rester sous l’eau pendant une heure. Il faudrait qu’il se montre rapide et féroce, pour délivrer son plus grand trésor.

Quand arriva le jour de la deuxième tâche il ne compris pas ce que faisait Harry auprès des prisonniers, mais peu lui importait, il devait s’occuper de sauver Hermione. Il avait vu juste, elle était en danger, et il devait la ramener à la surface très vite. Il avait perdu beaucoup de temps avec les Strangulots, ces sales bêtes avaient réussi à choper la française et il a bien failli finir l’épreuve au même endroit, mais il y avait Hermione il savait qu’il y arriverait, qu’il devait la sortir de là.

Mais de retour à la surface, il fut déçu de voir que sa belle ne s’occupait pas de lui qui l’avait pourtant sauvée. Elle s’inquiétait pour ses amis.

— Je sais que Ron ne risque rien, le professeur McGonagall nous l’a bien expliqué à nous quatre hier soir, mais Harry…

Le temps réglementaire était passé, la jeune-fille était inquiète, elle ne se préoccupait que de l’absence de son adversaire, oubliant pour ainsi dire la présence de Viktor à ses côté. Décidément, cet Harry Potter était un obstacle entre Hermione et lui. Il avait beau tenter d’attirer l’attention de la jeune-fille en l’invitant chez lui cet été, elle gardait les yeux rivés sur le lac guettant le moindre signe. Elle avait répondu distraitement. Viktor avait l’impression qu’un troupeau d’hippogriffes piétinait son cœur en cet instant. Le pire pour lui fut de la voir se précipiter dans les bras de ses amis lorsqu’ils parurent enfin. Il tenta encore une fois d’attirer l’attention d’Hermione sur lui, en vain, la bataille était perdue d’avance. Il ne faisait pas le poids face au Garçon-Qui-A-Survécu.

Le soir, elle vint le voir, elle s’excusa de son comportement.

— Viktor, excuse-moi, j’ai été grossière avec toi ce matin, mais Harry et Ron sont mes meilleurs amis, on est comme des frères tu comprends… Et Harry qui est embarqué dans ce tournoi contre son grès, alors qu’il n’a pas l’âge ! Je ne serai rassurée que lorsqu’il sortira en un seul morceau de la dernière épreuve. Mais tu sais je t’écoutais quand même. Pour répondre à ta question concernant cet été, je ne sais pas, il faudrait que je demande à mes parents, et je ne suis vraiment pas sûre qu’ils acceptent tu sais…

Le jeune homme se sentit un peu rassuré au discours de celle qui occupait toute la place dans cœur. Il ne put s’empêcher de la prendre dans ses bras.

— Si tu ne peux pas venirrrr, tu m’écrrrirrras ?
— Pour ça tu peux compter sur moi, je t’écrirais, j’adore écrire. Je serais ravi d’avoir un correspondant. J’espère que tu me répondras avec de longues lettres depuis la Bulgarie.
— Je n’y manquerrrrai pas, je rrrrépondrrrrai à toutes tes lettrrrres.

Viktor n’avait pas relâché l’étreinte, et Hermione ne semblait pas vouloir s’y soustraire, mais bientôt ils entendirent les gloussements significatifs du troupeau de groupies. Le jeune homme libéra sa captive et s’enfuit loin de ses admiratrices.

Le soir venu, il s’en voulu de ne pas l’avoir embrassé. Après tout, Hermione avait fait la démarche de venir à sa rencontre pour excuser son attitude et n’avait pas semblé vouloir se soustraire à l’étreinte, bien au contraire. Elle avait paru réellement désolée de ne pas pouvoir venir chez lui l’été suivant. Viktor s’était senti euphorique, autant que ce jour où elle avait acceptée d’être sa cavalière.

Mais, le lendemain, un article faisait passer son aimée pour une moins que rien. Y avait-il vraiment quelque-chose entre elle et Harry ? Au début du tournoi cela avait déjà été dit, mais était-ce vrai ? Se jouait-elle d’eux ? Etait-ce la raison de sa tristesse le soir du bal ? S’était-elle disputée avec lui au cours de cette soirée? De nombreuses questions lui tournaient dans la tête il ne savait plus qui croire. Ceux qui lui avaient dit de se méfier d’elle ou Hermione qui disait qu’Harry et elle étaient vraiment comme frère et sœur ? Et puis comment cette journaliste avait su qu’il l’avait invitée à passer l’été avec lui en Bulgarie ? C’était étrange tout de même…

Elle n’était même pas à « leur » table à la bibliothèque. Viktor se renfrognait de plus belle, elle ne voulait même pas lui parler, ni s’expliquer sur son comportement. Il passa la journée à la chercher du regard et pourtant il ne la vit pas. Il commençait à croire que cette journaliste avait raison. Finalement, lorsqu’il la vit il remarqua tout de suite ses mains bandées, elle semblait contrariée.

— J’espère que tu ne crois pas cet article, ce n’est qu’un tissu de mensonges. Je t’ai dit hier que Harry était comme un frère pour moi, ça a toujours été le cas.

Mais, Viktor avait eu du mal à la croire sur parole cette fois-ci. Il se résolu à demander au principal intéressé après lui. Harry. S’il aimait lui aussi Hermione il lui dirait, il ne voudrait pas se laisser prendre celle qu’il aimait sans rien tenter.


Viktor avait eu des difficultés pour rencontrer son jeune adversaire, seul à seul, afin d’aborder ce sujet avec lui. Il trouva l’occasion de le faire, sur le terrain de Quidditch, lorsqu’on avait expliqué aux champions en quoi consisterait la dernière épreuve. Il entama la discussion avec Harry, son adversaire pour le tournoi, son adversaire dans le cœur de sa belle. Son rival avait eu le même discours qu’Hermione ; leurs sentiments étaient fraternels. Viktor avait même plus ou moins compris que le jeune garçon était intéressé par une autre fille de l’école. Mais leur discussion fut interrompue par l’un des juges, celui qui était malade lors de la précédente tâche. D’ailleurs, il ne semblait pas vraiment en bonne forme non plus, son esprit paraissait complétement dérangé. Harry était parti chercher le directeur, tandis que Viktor se retrouva assommé l’instant suivant.

Hermione vint lui rendre visite à l’infirmerie. Depuis sa conversation avec Harry il avait retrouvé confiance en elle, et il s’en voulu même d’avoir douté. Viktor put sortir rapidement puis passa beaucoup de temps à ses côtés à la bibliothèque. Il hésitait à lui donner le moindre signe d’affection, car il ne savait pas comment Hermione réagirait. Surtout qu’elle semblait de plus en plus absorbée par ses devoirs... Quand il lui avait demandé la raison elle avait répliquée d’un ton de surprise outrée.

— Mais les examens approchent et je ne suis pas prête !

Viktor sentait que ce n’était pas le moment de lui avouer ses sentiments. Lui-même devait se concentrer à faire des recherches sur les sorts qui pourraient lui être utiles dans l’épreuve du labyrinthe. Pourtant, juste avant l’ultime tâche, elle vint le voir.

— Fais en sorte de sortir de là sans trop de mal !

Puis elle se hissa sur la pointe des pieds, elle déposa un baiser sur ses lèvres. Viktor ne la remarqua pas partir se diriger vers les tribunes. Il était chamboulé et ce fut le cœur léger qu’il entra dans le labyrinthe. Mais, il ne gardait presque aucun souvenir de ce qui s’était passé à l’intérieur, il avait appris qu’on l’avait soumis à l’Imperium. Plus tard, il apprit qu’il s’était passé un drame. L’un des participants était mort, un autre avait assisté à cette tragédie. Harry avait été le témoin et Hermione était auprès de son « frère » il ne pouvait lui en tenir rigueur. Il ne voulait pas être tyrannique avec sa petite amie. Sa petite amie... il sourit à cette idée, oui, il pouvait la qualifier en ses termes.

Hermione ne revint le voir que le jour de son départ, ils échangèrent un baiser très tendre, et leurs adresses. Elle avait eu la réponse de ses parents, et ils ne souhaitaient pas qu’elle parte à l’étranger chez un garçon plus vieux dont ils ignoraient tout.


Par la suite, ils s’échangèrent de nombreuses lettres de façon régulière, pendant deux ans. Viktor espérait encore qu’elle vienne le rejoindre à la fin de ses études. Puis, il fut invité au mariage de Fleur et revit Hermione. Elle était sublime, mais un garçon roux – un cousin du marié apparemment – lui expliqua qu’Hermione était prise. Son cœur se brisa. Il regarda alors une rousse, très jolie, une des demoiselles d’honneur. Il se dit que peut-être cela rendrait Hermione jalouse s’il dansait avec cette fille – la sœur du marié visiblement – mais le garçon roux lui dit que cette fille avait aussi quelqu’un dans sa vie. Viktor lâcha un juron. Décidément, il jouait de malchance. En plus, Hermione était avec un de ses « frères », le rouquin! Viktor était blessé. Le mariage se termina dans la tourmente, puis il vit Hermione transplaner avec les deux rouquins, celui avec qui elle dansait et celui avec qui il avait parlé.

Plusieurs mois s’écoulèrent sans qu’il n’ait de nouvelle de sa bien-aimée. Il pensa au début qu’elle l’avait oublié dans les bras de son rouquin. Mais, au bout de quelques jours il apprit qu’elle était recherchée, qu’elle était probablement en compagnie de Harry Potter. Encore ce garçon, toujours ce garçon ! Il recommença à être jaloux de lui. Il ne savait pas ce que devenait Hermione et ça le rendait fou.

Enfin, le deux mai, Viktor eut des nouvelles il apprit la mort du mage noir qui terrifiait le monde. D’après les journaux c’était Harry qui avait tué ce sorcier maléfique, et Hermione avait participé à la bataille. Elle aussi était encensée par les journaux, ainsi que son deuxième frère.

Puis, quelques temps après, alors qu’il ne l’attendait plus il avait reçu une autre lettre de la jeune fille, mais il sentit tout de suite que ce ne serait plus pareil. Elle avait mûrit. Elle parlait de Harry qui avait retrouvé Ginny et elle évoquait surtout Ron, le ton qu’elle employait pour parler son ami avait changé. A la fin de sa lecture, Viktor pleura.

Elle envoyait moins de lettre que les années précédentes, mais Viktor tenait toujours à cette correspondance. Bien sûr, il se faisait mal car les lettres d’Hermione parlaient de plus en plus de Ron. De ce qu’elle faisait avec Ron. D’où elle allait avec Ron. Des dernières trouvailles de Ron… Ron… Ron… Au fil des lettres Viktor comprit qu’à l’époque de Poudlard, il s’était trompé de rival. C’était du rouquin qu’il fallait se méfier, pas de Harry…


Mais, cette lettre qu’il venait de ranger dans la boîte bleue contenait bien la pire nouvelle du monde à ses yeux, cette missive il ne pourrait y répondre, et cela mettrait un terme à cette correspondance douloureuse. Ce parchemin, il ne le ressortirait jamais pour le relire comme il avait fait avec les précédents. Hermione venait de lui annoncer ses fiançailles avec Ron. Viktor ne pouvait avoir Hermione, c’était impossible. En déposant la lettre dans la boîte il ne put s’empêcher de prendre cette photo pour l’observer, ce cliché pris au bal. Le soir où il avait cru possible d’aimer cette jeune fille et d’en être aimé en retour…




Après avoir contemplé cette photo et s’être plongé dans ses souvenirs une fois de plus, Viktor remet le cliché au milieu des lettres d’Hermione. Il referme la boîte et prend la décision de sceller le couvercle. Le carton regagne définitivement l’étagère, il contient le plus grand trésor de Viktor. Tout ce qu’Hermione lui a donné dort dans cette boîte qu’il n’ouvrira plus, mais qui ne le quittera jamais.