Elle était fatiguée. Malgré qu’ils n’aient pas cours ce mardi de Saint Valentin, elle était exténuée. Ce n’était pas ce lundi qui l’avait fatiguée, ni même une fête célébrée pour une quelconque raison. Non, en réalité, elle s’était levée de bonne heure et s’était dirigée en direction des cuisines de Poudlard pour préparer des chocolats.
Depuis quand était-elle devenue aussi niaise ? Elle ne le savait pas. Tout ce qu’elle pouvait répondre pour sa défense était qu’elle avait entendu les stupides filles de son dortoir parler de la Saint Valentin. Envoyer un cadeau, écrire une carte, offrir des chocolats … étaient apparemment la base de la Saint Valentin. D’après elles, si un garçon acceptait les chocolats offerts, c’était bon signe.
- En même temps, du chocolat ça ne se refuse pas, avait éclaté de rire une de ses camarades.
Du chocolat ça ne se refuse pas ?
Du coup, elle était décidée. Si elle voulait n’obtenir ne serait-ce qu’un sourire de sa part, elle allait devoir lui offrir des chocolats.
C’était d’un pas déterminé qu’elle longeait les couloirs bondés d’élèves repérant sa cible. Il était maintenant 10h du matin, les élèves avaient déjà pris leur petit-déjeuner, sauf elle. Elle s’était goinfrée en tablettes de chocolat pendant sa préparation du coup elle n’avait pas jugé nécessaire de se rendre à la Grande Salle.
La seule chose qui l’intéressait pour le moment était le garçon de 17 ans qui s’était adossé au mur, riant à une blague que venait de faire son ami placé face à lui. Il avait dans les mains une carte de Saint Valentin qu’il pliait un peu dans tous les sens tout en écoutant ses amis. La pauvre carte… Il ne se rendait même pas compte du mal qu’il lui faisait.
Eh… s’exclama-t-elle. Que lui arrivait-il ? Ce n’était qu’une carte après tout.
A sa vue, beaucoup d’élèves stoppèrent leur pas en la voyant sourire, une boîte dans les mains. D’autres la suivaient des yeux, fronçant les sourcils, surpris par ce brusque changement de comportement.
Ils la virent s’arrêter près des Maraudeurs et poser une main sur le bras du grand Sirius Black. Celui-ci jeta un rapide coup d’œil à cette main avant de se retourner totalement, faisant face à Hélèna White qui lui souriait, lui tendant une boîte… de chocolats.
- C’est pour toi, confirma-t-elle.
Il leva les yeux vers elle, nota la lueur de joie et d’espoir qui reflétait dans ses yeux, se concentra sur ces lèvres qui s’élargirent en un grand sourire au fur et à mesure qu’il s’éternisait à l’observer.
Il se rendit compte des gens autour de lui qui attendaient sa réaction, beaucoup trop surpris de voir qu’Hélèna White, Serpentard de 7ème année, et reconnue pour être son ennemie, lui offrait des chocolats, certaine qu’il allait les prendre.
Ses amis devaient sans doute avoir la même réaction car ils avaient cessé de parler et attendaient la suite des évènements. Et lui, il se demandait quelle mouche avait piqué Hélèna White.
- C’est pour toi, répéta-t-elle.
- Je n’en veux pas, répondit-il d’un ton sec avant de se détourner d’elle pour reprendre sa conversation.
- Bien sûr que si. Je ne me suis pas levée tôt pour rien, alors tu vas me faire le plaisir de les prendre.
- Je n’en veux pas, répondit-il énervé en lui faisant face.
Mais elle attendit devant lui, lui tendant toujours ses chocolats.
- Je ne t’ai rien demandé, dit-il finalement alors que les autres n’avaient pas perdu une miette de la petite scène qui s’offrait à eux. Et je ne vois pas pourquoi je te ferais plaisir. Je n’en veux pas.
- Je ne partirais pas tant que tu ne te décideras pas.
Il la toisa et c’est à ce moment qu’il repoussa les mains d’Hélèna qui se tendaient de nouveau vers lui et la boîte tomba, s’ouvrit éparpillant les chocolats sur le sol.
Tandis qu’Hélèna suivait la chute de sa boîte, Sirius la fixait. Elle leva les yeux brusquement, notant enfin la présence de tous les élèves de Poudlard et recula d’un pas.
- Je t’ai dit que je n’en voulais pas, claqua-t-il. C’est plus clair maintenant !
- Tu n’es décidément qu’un emmerdeur, répondit-elle en ramassant ses chocolats. Une fille t’offre des chocolats et c’est comme ça que tu la remercies.
- Je me fiche de ce que tu penses. A l’avenir, évite de me parler !
Et il s’en alla, laissant ses amis en plan qui regardaient une Hélèna se relever et fixer la silhouette de Sirius qui disparaissait dans un couloir.
Les Maraudeurs imitèrent leur ami et la Serpentard entendit distinctement les autres pouffer de rire.
Elle écrasa la boîte de ses mains avant de la jeter dans la poubelle la plus proche et prendre la direction des cachots de Serpentard.
Chacun se demandait comment cette impertinente peste qu’elle était, cette fouine, cette égoïste avait pu se lever aussi tôt pour préparer des chocolats à l’attention de son ennemi.
Même elle, elle se demandait comment cela avait pu arriver ? Cela faisait maintenant un mois qu’elle recherchait la compagnie de Sirius Black, un mois qu’elle allait au-devant de lui pour lui expliquer les nouveaux sentiments qu’elle avait, un mois qu’elle ne cherchait plus à le nuire, qu’elle ne se battait plus avec lui.
Son caractère n’avait pas changé pour autant. Elle n’avait pas peur des autres, admettait ce qu’elle ressentait pour Black malgré qu’au départ, cela l’avait répugné d’avoir de tels sentiments, mais maintenant elle ne trouvait plus cela dégoûtant. Elle y trouvait beaucoup plus de plaisir à l’aimer.
Elle lui parlait toujours de la même façon qu’il y a deux mois par exemple. Leurs joutes-verbales n’avaient pas disparu avec l’arrivée de ces sentiments, au contraire c’était le seul moyen d’avoir encore contact avec lui car elle ne trouvait plus aucun plaisir à lui lancer des sorts. Mais de son côté, cela n’avait rien changé. Elle était son ennemie et elle le resterait. Il la haïssait et il n’aurait jamais un autre sentiment pour elle.
Alors comment cela lui était-il arrivé à elle ?
Elle n’aurait pas dû n’est-ce pas ? Pas dû aller trop loin dans son désir de vengeance. Elle n’aurait pas eu à prendre ce polynectar et rien de tout cela ne serait arrivé.
Elle serait encore son ennemie et le cours des choses ne l’aurait pas dérangée.
Elle prit place sur son lit, se remémorant le premier et sûrement le dernier baiser qu’elle avait échangé avec Sirius Black.
Comme à son habitude, Hélèna tentait de trouver le moyen le plus efficace de se venger une bonne fois pour toute des Maraudeurs. Mais encore une fois, il fallait qu’elle y aille par étape. Et la première étape de son plan était d’aller à la recherche d’informations. Elle y était partie mais y avait laissé son cœur.
Pff.
Ce n’était pas prévu, mais rien n’est planifié. Tout arrive au moment où on s’y attend le moins.
Elle avait décidé de prendre l’apparence d’une Gryffondor de 6ème année pour entrer dans la salle commune des Gryffondors. Mission réussie. Elle avait bâillonnée la malheureuse, l’avait enfermée dans une salle de classe après avoir retiré le chiffon qui l’empêchait de respirer, verrouillé la porte et lancer des sorts l’empêchant de sortir pour au moins quelques heures : le temps de la récolte de ses informations.
Elle entra dans la salle commune des Gryffondors, appréciant la tapisserie rouge et or sur certains murs, les gros fauteuils jaune moutarde moelleux qui emplissaient la salle, les centaines de livres posées sur une toute petite bibliothèque. Elle nota l’absence d’élèves mais des parchemins et des livres traînaient sur les tables et les comptoirs. Tout de suite à sa gauche, elle remarqua les escaliers qui menaient aux dortoirs mais ne put y aller car un bruit attira son attention du côté de la cheminée.
- Mais pour qui se prend-elle ? s’énerva Sirius Black en jetant une dizaine de livres par terre.
James Potter regardait son ami, peiné, sans pourtant le retenir. Hélèna savait qu’ils ne l’avaient pas entendu entrer.
- Elle n’a pas le droit, cria de nouveau Black. Elle…
C’est alors qu’il s’aperçut de sa présence et détourna la tête.
- Va-t’en, lança-t-il fixant le bois qui se consumait dans la cheminée.
Elle aurait voulu lui répliquer quelque chose mais elle se souvint qu’elle n’était pas Hélèna White.
- Quelque chose ne va pas, demanda-t-elle malgré elle.
- Il vaudrait mieux que tu montes, expliqua James. Il n’est pas dans son état normal.
- Etat normal, cracha Black, mais tu… Et toi, qu’est-ce que tu fiches là à me regarder, remonte dans ta chambre !
Ainsi, il parlait de cette façon à toutes les filles ? Elle avait toujours cru qu’il était plus cool avec ses camarades.
Elle aurait cependant bien aimé savoir ce qui mettait Black dans un tel état. Elle voulait des informations et elle tombait à pic. Autant dire qu’il en était hors de question qu’elle reparte sans avoir quelque chose de croustillant sous la dent.
- Je peux aider, peut-être ?
La gentillesse quand tu nous tiens !
- Va-t’en, répéta Sirius.
- Tu n’as pas l’air dans un bon état, remarqua Hélèna. Il…
- Je t’ai dit de partir ! Qu’est-ce que tu ne comprends pas ? Je n’ai pas besoin de toi, c’est clair.
- Je sais, répondit-elle s’efforçant de ne pas sortir sa baguette pour lui imposer un « silencio ».
- Alors qu’est-ce que tu attends ?
- Tu sais ce que tu devrais faire ? fit alors James. Tu devrais aller voir Hélèna White et aller te défouler sur elle plutôt que t’en prendre à Jessica.
Sirius détourna les yeux d’Hélèna pour les poser sur la cheminée et se mit à réfléchir.
Alors comme ça, elle était son punching ball ?
- Si je vais la voir, je la tuerai, répondit posément Sirius en prenant place sur un des fauteuils.
- Tu plaisantes ?
Merde ! Elle n’aurait peut-être pas dû l’ouvrir.
James et Sirius se tournèrent vers elle, surpris.
- C’est une façon de parler, expliqua Sirius. Je ne la tuerais pas au sens propre, mais elle ne sera pas capable de se relever.
Pour qui la prenait-il ?
En tout cas, une chose était sûre. La personne à qui elle avait emprunté ce corps était sérieusement stupide aux yeux de Sirius Black. Ou alors, elle avait foi aux capacités de son ennemi.
Et pour qui se prenait-il, lui et son égo démesuré ? Elle pouvait le battre à plate couture si elle le voulait.
- C’est White qui rira si elle l’apprenait, hein ? demanda Sirius en posant sa tête sur le siège.
Hein ?
Il eut un long silence.
- Tu connais White, commença James, c’est une imbécile.
- Ouais mais en tout cas cette imbécile aura de quoi rire de moi jusqu’à la fin de l’année.
- Qui sait ? Elle ne le saura peut-être pas ?
- Tu plaisantes. Je lui donne trois jours avant qu’elle ne vienne me voir et me rit au nez. Elle va le savoir beaucoup plus tôt que tu ne le crois. A l’heure qu’il est ses parents doivent déjà être au courant, et lui faire parvenir la nouvelle n’est qu’une question de temps.
Ok, pourquoi est-ce que ça la faisait peur ?
- Qu’est-ce qu’Hélèna White va apprendre dans peu de temps ? demanda-t-elle.
Les deux garçons avaient oublié sa présence mais elle fut heureuse que Sirius ne lui demande pas de partir. Mais il ne lui répondit pas pour autant.
- Jessica… commença James.
- Laisse, répondit Sirius. Elle est aussi bornée que White apparemment. Elle ne partira pas de sitôt et je n’ai pas envie de me défouler sur elle.
Il la connaissait un peu trop décidément.
- Tu peux reprendre ce que tu faisais, suggéra Hélèna.
Sirius se tourna vers elle, fronçant les sourcils.
- Ce que tu faisais avant que je n’arrive.
Il sourit et fixa la cheminée.
Pourquoi lui souriait-il ? Il ne lui avait jamais souri à elle !
- Je crois que je vais aller faire un tour, décida-t-il en se levant, et j’espère que je vais rencontrer White, comme ça je vais pouvoir me défouler.
Et merde ! Oh après tout, même s’il ne la trouvait pas, elle pouvait très bien être dans son dortoir.
- Où est la carte Cornedrue ?
Ledit Cornedrue fouilla dans ses poches avant de lui tendre une espèce de parchemin jauni.
- C’est quoi ? demanda curieusement Hélèna.
- Une carte de Poudlard.
Celle-ci éclata de rire.
- Tu as peur de te perdre ?
James éclata à son tour de rire suivi de Sirius. Elle cessa de rire.
- Ce n’est pas une simple carte de Poudlard, confia James en prenant la carte des Maraudeurs des mains de Black.
Il déplia la carte tout en murmurant quelques mots qu’elle n’entendit pas trop occupé à fixer Sirius qui l’observait.
- Et voilà… cette carte, expliqua James, a le pouvoir de nous révéler l’endroit exact où se trouvent toutes les personnes que nous désirons. Par exemple, nous trois, nous sommes là, révéla James en pointant un doigt sur leur salle commune.
Le nom de James Potter s’afficha ainsi que celui de Sirius Black et …
Elle posa une main sur la carte empêchant à James de voir que ce n’était pas Jessica qui se trouvait à leur côté mais Hélèna White.
Sirius reprit la carte, la plia et la rangea dans la poche intérieure de sa veste.
- Je vais faire un tour.
- Je peux venir avec toi ? demanda brusquement Hélèna.
Elle ne savait pas pourquoi elle lui avait fait une telle requête. Si, elle savait. Si Black ouvrait cette carte juste après sa sortie de la salle commune, il comprendrait le mauvais tour qu’elle leur avait joué. Autant l’accompagner, feindre que quelqu’un l’attendait et le quitter. Mais pour le moment, elle devait le suivre et l’empêcher de jeter un œil à cette carte et pourquoi pas en savoir plus sur ce qui le préoccupait.
Sirius fronça les sourcils, apparemment il n’avait aucune envie qu’elle le suive.
- Je veux juste prendre l’air, expliqua-t-elle. Si tu ne veux pas que je vienne, il n’y a aucun problème.
- Non ça ira. Peut-être que je n’aurais finalement pas besoin d’aller voir cette Serpentard.
- Si tu la détestes, demanda-t-elle alors qu’ils longeaient un couloir après dix minutes de silence, pourquoi est-ce que tu recherches sa compagnie ?
Il éclata de rire.
- Je ne recherche pas sa compagnie. Je déteste cette fille. Mais quand je me bats avec elle, je me sens nettement mieux. C’est mon punching ball préféré.
Son cœur manqua un battement. Ce n’était pourtant pas un compliment qu’il lui faisait. C’était une insulte. Et puis même si ça avait été un compliment, pourquoi son cœur battait-il plus rapidement ?
- Ne parlons plus d’elle, la coupa-t-il alors qu’elle s’apprêtait à formuler une nouvelle question. Qu’est-ce qui t’amènes ? Si tu as décidé de me suivre, c’est pour une raison particulière, n’est-ce pas ?
Pour que tu ne regardes pas cette fichue carte !
- Tu as des problèmes ?
- Non, non, répondit-elle alors que Sirius la fixait avec cet air inquiet.
- Non ? Tant mieux ! Ce n’est pas amusant d’avoir des problèmes !
- Et toi, demanda-t-elle, qu’est-ce qui n’allait pas ?
Elle saurait enfin ce qui se passait dans la petite tête de Black.
Il ne répondit pas.
Ils arrivèrent enfin à la tour d’astronomie et Sirius se contenta de poser chacune de ses mains sur la balustrade et d’observer le paysage qui s’offrait à lui. La soirée avait déjà bien commencé et il n’y avait plus grand monde à l’extérieur. Ceux qui étaient partis faire une promenade commençaient à rentrer tandis que les joueurs de Quidditch n’étaient pas pressés de mettre fin à leur match. De toute façon tant que le vif d’or ne serait pas attrapé, le match se poursuivrait.
- Pourquoi as-tu tenu à m’accompagner ? répondit-il à la place.
- Je te l’ai dit : pour prendre l’air.
Et maintenant, il était grand temps qu’elle le quitte et qu’elle aille libérer cette Gryffondor avant que Sirius ne se remette en tête de partir à sa recherche.
Il sourit tandis qu’il la fixait.
Et pourquoi est-ce qu’il souriait ?
Ah ? Elle venait de comprendre !
- Tu te trompes !
- Ah ?
- Tu te trompes ! Je ne suis pas venue me déclarer si c’est ce que tu crois.
- Je ne crois rien du tout. J’essaye juste de comprendre pourquoi tu as tellement eu envie de venir m’accompagner.
- Pour prendre l’air, répondit-elle du tac au tac. Pourquoi est-ce que ce genre de réponse ne te suffit pas ?
Il haussa les épaules.
- Et pourquoi tu ne l’as pas fait quand je t’ai demandé de partir ?
- Tu sais quoi Black…
Et merde !
- Tu sais quoi Sirius Black, reprit-elle, tu te fais vraiment de faux espoirs ! Je suis venue uniquement pour savoir ce qui te tracassait réellement. Et pour que tu n’ailles pas embêter Hélèna White.
- Vous êtes amies ?
- Hein ?
- Vous êtes amies ?
- Bien sûr que non !
- Alors qu’est-ce que ça peut te faire que j’aille la tuer ?
- Rien du tout, répondit-elle. Fais ce que tu veux, ça ne me regarde pas. Et sur ce, je vais m’en aller car c’était une mauvaise idée de prendre l’air avec toi.
Au moment où elle s’apprêtait à partir, il lança :
- Reste !
Elle se retourna pour voir qu’il avait repris sa contemplation.
- Comment ?
- Reste, répondit-il simplement.
Elle ne sut pas pourquoi elle fit ce qu’il lui demanda et elle se pencha en avant de la balustrade, appuya ses deux mains sur le rebord froid et fixa l’étendue d’eau du lac.
Un souffle du vent caressa leur visage et Hélèna risqua un œil vers Black. Il avait le front plissé et méditait sur une chose. Une chose dont elle tentait désespérément de mettre la main. Cependant, il n’était pas prêt de se révéler.
Au bout de quelques minutes, il prit une profonde inspiration avant de se dégager de la balustrade et de jeter un œil à Hélèna qui n’avait pas cessé de le regarder. Il sourit.
- Et après tu oses me dire que tu n’es pas venue te déclarer.
- Bien sûr que non, répondit-elle en secouant la tête. Je cherche juste à savoir ce que tu as.
Son visage se ferma à nouveau et Hélèna savait qu’elle n’aurait qu’à attendre le courrier de ses parents pour le savoir.
- Je vais rentrer, confia-t-il. James doit m’attendre.
- Très bien, répondit-elle.
- Tu ne rentres pas ?
Elle le regarda.
Pourquoi son cœur tambourinait-il ? Elle était venue le nuire ! Il était complètement différent du Sirius Black qu’elle connaissait. Et malheureusement, ce n’était pas pour la déplaire.
- Merci Jessica, dit-il simplement.
- …
- Sans toi, je pense que je me serais défoulé sur White, mais un moment avec toi, là, c’était beaucoup mieux. Mieux qu’elle.
Pourquoi est-ce qu’elle avait cette impression d’avoir une petite douleur au cœur ? Décidément, fréquenter avec Sirius Black était mauvais pour sa santé.
Et pourquoi elle ne voulait plus qu’il la quitte. Là, à cet instant précis, peut-être qu’aussi elle le regretterait plus tard, mais elle n’avait qu’une envie : qu’il…
- Reste.
Il se retourna.
- Reste encore un peu s’il te plaît.
Il la jaugea du regard avant d’acquiescer.
Sirius savait que Jessica avait un quelconque problème mais elle refusait sûrement d’en parler uniquement parce qu’il avait refusé de révéler le sien.
- Mes parents m’ont déshérité, confia-t-il finalement scrutant le paysage à nouveau, refusant de regarder Hélèna.
Celle-ci eut un hoquet de surprise et fixa le visage de Black.
- Déshériter, murmura-t-elle.
- Ils viennent de me mettre à la porte, m’ont banni de cet arbre généalogique et m’ont déshérité. Je n’ai plus un sou, ni même un toit. Le comble pour un Black. Et toi ?
Elle se sentit toute bête d’un seul coup. Black venait de lui dire ce qu’il avait uniquement parce qu’il pensait qu’elle avait des problèmes. Mais il était là le problème : elle n’en avait pas.
- Tu as bien quelque chose qui te tracasse, n’est-ce pas ? Ou un problème ? Tout le monde en a.
- Même Hélèna White ? demanda-t-elle malgré elle.
Il se mit à réfléchir.
- Je ne sais pas. Et toi ?
Elle ne pouvait pas lui dire qu’elle n’avait pas de problème quand même. Allez vite… vite… un mensonge.
- Tes parents ?
- Comment ?
- Tu as des problèmes avec tes parents ?
Elle n’avait qu’à acquiescer n’est-ce pas ?
Mais il n’attendit pas sa réponse, comprenant que là était véritablement son problème. Il se tut.
- Allez, décida-t-il en souriant, on va épancher notre peine.
Elle ne sut ni comment, ni pourquoi, elle se retrouvait dans les cuisines de Poudlard avec Sirius Black en train de boire de la bierraubeurre.
- Alors comment te sens-tu ? demanda Sirius Black après avoir observé Jessica vider le contenu de son 2ème verre.
- Beaucoup mieux, répondit-elle en reposant le verre d’un coup sec sur la table. Mais on devrait rentrer, non ? demanda-t-elle.
Ok elle avait bu mais elle avait encore un peu de sa tête. Le polynectar ne durait qu’une heure et celle-là allait bientôt s’écouler et il était impératif qu’elle quitte Black.
- Vraiment ?
Elle acquiesça.
- Lily doit sûrement s’inquiéter et James ne va tarder à partir à ta recherche.
- Tu as raison, dit-il en se levant maladroitement.
Elle l’aida à se relever et il la fixa.
- Tu n’as pas assez bu, Jessica.
- Comparé à toi, ça c’est clair.
Ils étaient bras dessus, bras dessous, en train de longer les couloirs qui menaient à la tour des Gryffondors lorsque Sirius s’arrêta :
- Allez dis-le moi Jessica, je ne me moquerai pas.
Elle l’interrogea du regard.
- Dis-moi pourquoi tu m’as suivi.
- Je ne…
- Je ne me moquerai pas, répondit-il en s’approchant d’elle et en la plaquant doucement sur le mur.
- Sirius, tu te trompes.
- Je ne me trompe jamais.
Son cœur battait à tout rompre. Il ne devait pas… Il ne fallait pas…
- Dis-le, murmura-t-il près de ses lèvres.
Elle ferma les yeux alors que le souffle chaud de Black caressa ses lèvres. Et c’est à ce moment que Black posa ses lèvres sur les siennes. Surprise, elle ouvrit les yeux pour voir que ceux de Black étaient clos. Et aussi étrange que cela puisse paraître, elle répondit à son baiser, passant ses bras autour de son cou.
Lorsqu’il sépara ses lèvres des siennes, Hélèna vit avec horreur sa main former de gros boutons.
Par Merlin ! Le polynectar prenait fin !
- Il faut que j’y aille, répondit-elle précipitamment, se retirant de lui et s’apprêtant à partir.
- Attends, la stoppa-t-il en saisissant son bras. Qu’est-ce que tu racontes ?
- Il faut que j’y aille, supplia-t-elle.
- Mais… qu’est-ce qui t’arrive ?
- Je reviens…
Il fronça les sourcils et la lâcha.
Alors qu’elle courrait en direction de l’endroit où elle avait enfermé Jessica, elle ne pensa qu’à une chose : elle voulait retourner près de Black.
Mais contrairement à cela, elle se contenta d’ouvrir la porte où sa prisonnière l’attendait. De sa baguette, elle lança un sort d’oubliette à Jessica avant de se retirer le souvenir de ce qu’elle venait de vivre avec Black pour le mettre dans celui de Jessica.
Quelques secondes plus tard, elle quittait la pièce.
Elle avait réparé les dégâts.
Et c’était ce à quoi elle n’avait cessé de penser. Elle avait limité les dégâts. Elle avait envoyé Jessica à sa place et tout était redevenu comme avant. Black et elle étaient toujours ennemis. Il n’avait rien remarqué. Il sortait avec Jessica. Tout allait pour le mieux.
Tout allait pour le mieux ? Alors pourquoi ne cessait-elle pas de repenser à ce qu’elle venait de vivre avec Black ? Pourquoi ressentait-elle toujours la douceur de ses lèvres ? Pourquoi espérait-elle qu’il se rende compte que sa petite-amie n’était pas la même avec qui il avait passé une si belle soirée ? Pourquoi préparait-elle tous les soirs du polynectar afin de reprendre la place de Jessica ? Et pourquoi y renonçait-elle ?
Non, si elle voulait Black, il allait falloir qu’elle se bouge ! Et qu’il l’accepte telle qu’elle était ! Elle n’avait pas besoin du corps de Jessica. Si Black l’avait appréciée, il n’avait qu’à la regarder.
Et c’est pourquoi, elle avait décidé de se déclarer à lui. Pas une fois, mais maintes et maintes fois… sans résultat.
Ses parents lui apprirent la mauvaise nouvelle que Black redoutait tant qu’elle apprenne. Et contrairement à ce qu’il pensait, elle n’alla pas le voir pour se moquer de lui. Et il trouvait cela bien étrange.
Et aujourd’hui, c’était la Saint Valentin, et elle voulait qu’il sache qu’elle l’aimait.
Elle pouvait tout simplement lui révéler que c’était elle qui avait pris la place de Jessica, n’est-ce pas ? Mais que croyez-vous ? Elle l’avait fait !
Une fois de plus, elle était venue à lui car c’était son anniversaire et elle avait été quelque peu déçue que Black ne le lui souhaite pas, aussi avait-elle décidé de prendre les devants.
- C’est mon anniversaire.
- Et alors ? avait-il répondu.
Elle s’était tu. Il avait voulu partir.
- Tu pourrais me souhaiter un bon anniversaire.
- Même si je le fais, ce n’est pas sincère, alors ça ne sert à rien.
Black, en réalité, ne comprenait pas pourquoi Hélèna avait changé de comportement vis-à-vis de lui.
- Tu sais ce que je ressens pour toi, répondit-elle. Tes phrases me font mal.
- Moi ça ne me fait pas mal.
- Bien sûr !
A quel moment lui avait-elle dit alors ?
Au moment où il allait s’éloigner, elle le retint par le bras.
- Black, il faut que je te dise.
Il s’était retourné, curieux de savoir ce qu’elle avait à lui avouer.
- C’était moi l’autre soir.
- De quoi tu parles ?
- A la place de Jessica. Ce soir-là, c’était moi.
- De quel soir ? demanda-t-il la scrutant des yeux.
Ils se toisèrent un long moment. Il ne lui pardonnerait pas, mais il devait savoir que la fille avec qui il sortait n’était pas la bonne. C’était elle, Hélèna White, qui lui plaisait.
- Quand tu as appris que tu avais été déshérité.
Il dégagea sa main de son bras et recula.
- Qu’est-ce que tu racontes ?
- C’était moi, répéta-t-elle.
- Tu mens !
- Le polynectar, expliqua-t-elle.
- Jessica se souvient de ce moment.
- J’ai transféré mon souvenir dans son cerveau.
Il se tut. Elle avait de bonnes réponses. Se pouvait-il…
- Prouve-le-moi.
- Je suis ton punching ball préféré.
Il ne répondit pas et la quitta.
- Black… Black… appela-t-elle.
Mais il ne revint pas sur ses pas et Hélèna n’osa pas le suivre.
Depuis ce jour, malgré qu’il sache que c’était elle cette Jessica, malgré le fait aussi qu’elle ait cessé de se battre en duel, malgré également qu’elle ne cessait de venir à lui pour exposer ses sentiments, ceux de Black, en revanche, n’avaient pas changé. Son comportement, vis-à-vis de son ennemie, cependant, était différent.
Il ne l’insultait plus… il l’ignorait.
Et ce jour-là, elle avait cru bon de lui dire à nouveau combien elle tenait à lui mais comme toujours, il n’y prit pas garde.
Et le pire, c’était que malgré qu’il sache la vérité, il sortait encore avec cette Jessica.
Elle ne devait pas se laisser abattre. Elle devait trouver une autre solution.
Une carte ?
De nouveau, ses pas la menèrent vers la silhouette de ce garçon qui parlait encore avec ses amis. Ils étaient près de l’entrée du château, pouvant à la fois regarder ce qui se passait dans le parc et ce qui se déroulait près de la sortie.
Il était adossé au mur lorsqu’Hélèna se posta devant lui.
Il leva les yeux vers la carte qu’elle lui tendait, puis soupira lorsqu’il vit le visage de sa propriétaire.
- C’est pour toi, formula-t-elle à nouveau.
Les autres garçons firent semblant de ne pas la voir et reprirent leur discussion laissant Sirius régler ses problèmes.
- Je n’en veux pas, répondit-il.
Décidément, elle détestait cette phrase.
- Tu pourrais au moins la lire, et si tu veux la jeter, je n’y verrais aucun inconvénient.
- Je ne veux pas la lire, White. Barre-toi !
- Il faut que tu la lises, s’il te plaît.
- A quoi bon ? Qu’y a-t-il de nouveau ? Tu vas me dire que tu m’aimes, c’est ça ?
Elle ne répondit pas.
- Ou me dire que c’était toi l’autre soir… Et alors ? Je t’ai dit que je m’en fichais !
- Mais tu sors avec Jessica alors que …
- En quoi est-ce que c’est ton problème ?
- Mais c’était moi Jessica. C’est avec moi que tu devrais…
- Pour rien au monde, White. Tire-toi maintenant.
Mais Hélèna n’était pas prête de partir. Elle ne partirait pas tant qu’elle aurait cette carte dans les mains. Sirius prit une profonde inspiration avant de prendre d’un coup sec la carte sous le regard heureux d’Hélèna. Il soutint son regard tandis qu’il déchirait la carte en plusieurs morceaux. Hélèna recula, fixant la carte alors que Black se contentait de noter chacune de ses expressions. Lorsque les bouts de papier tombèrent comme de la neige sur le sol, Hélèna leva les yeux vers lui.
- C’est cruel ce que tu as fait !
- Je t’ai demandé de laisser tomber. Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans ces mots ?
Elle secoua la tête.
- Je ne laisserai pas tomber Black. Pas aussi facilement.
Elle venait une fois de plus s’humilier devant le regard satisfait des Poudlariens. Elle soupira : il fallait qu’elle trouve une solution… Pour qu’il l’écoute, pour qu’il la comprenne.
Elle posa sa tête sur son lit.
Que devait-elle faire désormais ?
Elle avait toujours cru que s’il apprenait qu’elle avait été cette Jessica, tout serait plus simple. Mais alors pourquoi tout était aussi compliqué ?
Pourquoi ne comprenait-il pas que si des sentiments étaient nés pour Jessica c’était uniquement parce qu’il avait passé une bonne soirée avec elle. Donc il ne pouvait tout simplement pas être amoureux de cette Jessica.
Et voilà, elle venait d’avoir une autre idée.
Après tout, n’était-ce pas les filles de son dortoir qui avaient dit que les bases de cette Saint-Valentin étaient les chocolats, les cartes et les cadeaux…
Elle avait échoué sur les deux premiers, peut-être avait-elle une petite chance sur le cadeau.
Les élèves de Poudlard furent impressionnés par la détermination d’Hélèna lorsqu’ils la virent de nouveau longer un couloir, sourire aux lèvres avec une petite boîte emballée de papier cadeau.
Il était vrai que lorsqu’elle était revenue avec une carte, ils avaient éclaté de rire mais cette fois-ci, certains avaient un peu pitié d’elle. Ils savaient très exactement comment cela allait se terminer.
Mais où trouvait-elle le courage de revenir ? N’était-ce déjà pas assez humiliant de se faire rembarrer deux fois dans la journée par la même personne ? Et le collège pour témoin n’arrangeait sûrement pas les choses.
Et pourtant, ce détail-là, Hélèna n’en avait cure.
Et ils pouvaient le comprendre : Hélèna faisait tout à sa façon. Elle ne demandait ni la permission, ni la bénédiction des autres pour faire ce qu’elle avait envie de faire. Et cela avait toujours duré. En temps normal, cela aurait dû être une honte pour quelqu’un de tomber amoureux de son pire ennemi mais Hélèna ne trouvait rien d’anormal là-dedans. Et étrangement, les autres en arrivaient à se dire qu’elle n’avait, de toute façon, pas choisi de qui elle voulait tomber amoureuse. Quelque chose dont Hélèna n’avait pas eu le contrôle.
Et elle le prenait plutôt bien.
Elle revint donc à la charge auprès de Sirius Black qui prenait son repas du midi à la Grande Salle et étouffa un juron en voyant une jeune fille vêtue de vert s’approcher de leur table.
- Qu’est-ce que tu veux ? cracha-t-il à son arrivée.
- Te donner ça. Tu sais que je suis têtue, l’avertit-elle, et que si tu le jettes, je reviendrais encore et encore. Alors ne me provoque pas et contente-toi de le prendre.
Il la scruta un instant.
Le mieux s’il voulait qu’elle le laisse tranquille était de le prendre, n’est-ce pas ? Et ne pas le jeter !
Il tendit sa main pour prendre le cadeau qu’elle avait dans les mains et le posa sur la table.
- Tu ne l’ouvres pas ?
- Je mange White.
- Très bien, je vais donc attendre que tu finisses de manger, dit-elle en prenant place sur un des bancs libre.
Outrés, les autres fusillèrent Sirius Black du regard.
- Je n’ai pas la peste, leur lança-t-elle, et je ne suis pas venue pour vos beaux yeux ! Alors finissez de manger et barrez-vous.
- C’est toi qui devrais partir, lui lança Black. Tu n’as rien à faire sur les bancs de Gryffondor.
Pourquoi ses phrases avaient-elles un impact aussi grand chez elle ?
Elle se leva, lançant des éclairs aux élèves qui affichèrent un sourire malsain au coin des lèvres et recula de quelques pas.
- Retourne à ta table, ajouta-t-il irrité.
- Ouvre-le et je m’en vais.
Il inspira un bon coup, défit le nœud, arracha à moitié le papier cadeau tandis que les Gryffondors rapprochèrent leur tête pour savoir ce que contenait la boîte.
Hélèna afficha un sourire lorsque Sirius Black se retint de respirer en voyant ce qu’il y avait à l’intérieur.
Les Gryffondors se levèrent carrément pour se poster derrière la chaise de Black parce qu’ils ne voyaient absolument pas de là où ils étaient. Ils froncèrent les sourcils alors que Black retira l’arbre en bois où il était écrit :
Arbre généalogique de Sirius Black.
Il y avait un nom gravé, celui de Sirius et juste à côté du sien, séparé d’un petit cœur, celui d’Hélèna White.
C’était son arbre généalogique.
Il avait été banni de sa famille. Et toutes les personnes nées de Sang pur savaient que lorsque l’on était banni d’une famille, son nom était brûlé de l’arbre généalogique.
- Alors ? demanda-t-elle la tête penchée sur le côté attendant la réaction de Black.
Sirius Black se leva, faisant sursauter les personnes autour de lui, et fit face à Hélèna.
- C’est une plaisanterie, j’espère.
- Non, dit-elle en reculant. Ça ne t’a pas plu ?
- Parce que tu crois sincèrement que ta petite blague me plairait.
- Mais ce n’est pas une blague !
- Mais tu plaisantes, déclara-t-il en mettant l’arbre sous son nez. Dis plutôt que tu t’es amusée à m’humilier. Tu n’as qu’un esprit de vengeance White. Ce que j’ai fait ce matin t’a déplu, alors pourquoi ne pas te venger. Tu sais que ça m’a détruit alors tu en profites.
- Ce n’est pas comme ça que je le voyais, répondit-elle. Je m’étais dit que ça allait te faire plaisir d’avoir ton propre …
- Arrête ! Une pensée positive, venant de toi, c’est inimaginable.
- Tu ne peux pas me juger sans…
- Je t’interdis, déclara-t-il, je t’interdis de m’approcher désormais.
- Je suis désolée, dit-elle en allant à sa rencontre car il quittait la Grande Salle. Je suis désolée. Je ne pensais pas que tu le prendrais si mal. S’il te plaît, donne-moi une dernière chance.
- Une chance pour quoi, White ? demanda-t-il en se tournant vers elle. De quelle chance parles-tu ? Tu m’aimes ! Je ne t’aime pas. On n’est jamais sorti ensemble.
- Mais on s’est embrassé.
- Et alors ? J’ai embrassé des tas de filles, ça ne veut pas dire qu’elles m’appartiennent ou que je leur appartiens.
Elle recula.
- Quant au baiser White, si j’avais su qu’il s’agissait de toi sur le moment, je ne l’aurais pas fait.
- Tu ne peux pas dire ça. Pour la simple raison que tu as eu envie d’embrassé cette fille parce qu’elle te plaisait. Et qu’il s’agisse du corps de Jessica, les faits sont là. C’est moi qui t’ai plu.
- Non, répondit-il, la deuxième Jessica m’a plu beaucoup plus que la première. La preuve est que je suis sorti avec elle. Pas avec toi.
Et il s’en alla.
Elle n’osa pas le rattraper. Elle se sentait un peu mal. N’y avait-il plus aucun espoir ? Etait-ce la fin de son histoire ?
Elle hésita longuement à accepter de venir à cette petite fête de célibataire, anti-Saint Valentin que lui proposait Rosier depuis déjà une demi-heure.
- Crois-moi, les fêtes de célibataires le jour de la Saint Valentin sont beaucoup plus amusantes que toutes les fêtes qui existent sur Terre.
- Je veux bien te croire sauf que je n’y arrive pas du tout. Tu as un esprit tordu, tu mijotes sûrement quelque chose.
- Allez, la pressa Rosier, tu verras tu vas t’éclater.
La salle se situait juste à côté des cuisines de Poudlard. C’était une salle plutôt grande dont les murs étaient tapissés de couleur or. Il y avait d’innombrables bancs, chaises et fauteuils installés un peu partout donnant une ambiance chaleureuse. Sur les comptoirs traînaient divers apéritifs et boissons. Sur le plafond, plusieurs banderoles « anti Saint Valentin » et des cœurs brisés étaient accrochés pour le plus grand plaisir des célibataires qui se trouvaient dans la salle.
Et mine de rien, Hélèna se rendit compte qu’il y’en avait pas mal.
Comment en était-elle arrivée à apprécier la Saint Valentin en préparant des chocolats tôt le matin, écrire une carte et offrir un cadeau pour se rendre dans une soirée où la Saint Valentin était considérée comme la journée la plus détestable qui existe.
Autant dire que finalement la proposition de Rosier était arrivée à point vu qu’elle s’était pris un râteau … enfin plutôt trois.
Comme tous les autres, elle but quelques verres, se souvenant malgré elle de cette première et dernière soirée avec Black.
Cependant, elle fut surprise de voir les Maraudeurs au complet entrer à leur tour dans la salle pour y mettre de l’ambiance.
Elle laissa son regard errer sur le visage de Black qui s’expliquait avec les organisateurs de cette fête et ceux-ci hochèrent de la tête, les invitant à s’installer.
Lorsqu’il posa les yeux sur elle, son visage se ferma. Il ne savait pas qu’elle serait là, évidemment. Et pour une fois, elle ne l’avait pas suivi. Il l’ignora, rejoignant ses amis tandis qu’elle se retourna pour discuter avec Rosier.
- Juste une danse, murmura-t-elle.
Sirius Black leva de nouveau les yeux vers Hélèna White qui venait une fois de plus le déranger pour des stupidités.
- Non, car si je te l’accorde pour que tu ne me fasses plus chier dans la soirée, tu croiras qu’il y a une chance. Et ce n’est sûrement pas ce que je veux que tu croies. Alors non, White, je ne t’accorderai aucune danse.
- Juste une seule, s’il te plaît.
- Tu sais comment on appelle les filles de ton genre : des sangsues. Tu t’accroches désespérément à quelque chose qui t’es impossible t’obtenir. En réalité, je suis quasiment certain que tu n’es même pas amoureuse de moi.
- C’est faux ! Je t’interdis de juger mes sentiments.
- Très bien, alors si je dois respecter les tiens, commence par respecter les miens. Je ne t’aime pas.
- Une danse n’engage rien.
- Tu plaisantes ? Je t’ai embrassé et tu me pourris la vie, alors que je pensais qu’il s’agissait de Jessica. Alors si je t’accorde cette danse, je n’imagine pas ce que ça va devenir.
Elle ne répondit pas. Et il savait qu’elle ne partirait pas sans obtenir quelque chose de lui.
Il était temps. Temps d’en finir avec elle.
- Sérieusement White, t’es devenue ennuyante. Je préférais l’ancienne, celle d’il y a un mois. Celle-là au moins, j’avais envie de la voir.
Elle plissa les yeux tentant d’assimiler ce qu’il venait de dire. Elle essayait surtout de comprendre où il voulait en venir.
Il la préférait en tant qu’ennemie, c’est ça ?
- On a beau dire qu’Hélèna White est une égoïste et une manipulatrice. Une méchante et j’en passe… Mais que devons-nous dire de toi ?
- Venant de toi, ça ne me vexe pas.
Elle voulait qu’il réagisse simplement.
- Tu es un tyran, un…
- En même temps, t’es quand même amoureuse de ce tyran.
Il essayait de la vexer. Et le problème c’était que ça marchait.
Il la provoquait et… Il y arrivait. Elle ne pouvait pas se ranger de son côté s’il se moquait d’elle, n’est-ce pas ?
C’était comme lors de leurs précédentes joutes-verbales. Chaque fois qu’il lui disait quelque chose de mal, elle ripostait. Elle se défendait au point de l’insulter s’il le fallait. Et même si aujourd’hui, elle était amoureuse de lui, ça ne changeait pas grand-chose. Evidemment qu’elle ne lèverait pas la baguette, mais elle ne se laisserait pas faire pour autant.
Il attendait sa prochaine réplique.
- Tu vois White, ça, ce n’est pas toi ! se moqua-t-il.
- Ça te fait rire, n’est-ce pas ? Ça t’amuse cette situation.
- Pas au départ, c’est vrai, reconnut-il, mais peut-être que finalement ça va me plaire que tu sois dingue de moi.
- Arrête avec ça.
- Tu vas me dire le contraire maintenant.
Elle perdait le contrôle. Il dominait le terrain. Elle était confuse. Elle ne comprenait pas à quoi il jouait et ce qu’il voulait qu’elle fasse.
Il l’embrouillait.
- Alors White…
Un moyen comme un autre de se débarrasser d’elle, comprit-elle.
Elle avait bien comprit qu’il tenait à ce qu’elle le laisse tranquille, c’était un fait. Il ne cessait de le répéter, mais elle s’en fichait bien. Mais cette fois-ci, c’était complètement différent. Il avait décidé d’utiliser la ruse pour s’en débarrasser. Et à ses yeux, c’était pire. Et bizarrement, elle comprenait maintenant mieux la sincérité de ses sentiments sous cet angle-là.
Alors comme ça, il n’en avait réellement strictement rien à faire d’elle ?
Elle ne comprenait pas les choses quand on le lui disait simplement… après tout, elle était une fille compliquée.
Elle avait perdu… tout simplement.
- Tu commences enfin à saisir, conclut-il.
- T’as gagné, dit-elle simplement en reculant de quelques pas. C’est bête … et stupide de s’accrocher.
- Tu vois que l’on peut s’entendre.
- J’arrêterais, ajouta-t-elle, je cesserais.
Il fronça les sourcils.
- Arrêter quoi ?
Elle lisait l’espoir dans ses yeux. L’espoir d’avoir gagné la bataille contre elle. Le pouvoir de respirer librement.
Pourquoi est-ce qu’elle ne voulait plus le regarder ? Non pas qu’elle le haïssait à cet instant précis, non… parce que cette lueur de joie la meurtrissait.
- C’est bon, décida-t-elle en levant les mains en guise d’échec. Tu as gagné ! Je cesserais de faire ce que je fais. Je finirais bien par ne plus t’aimer en t’ignorant.
Il eut un sourire moqueur, tout en se détournant d’elle pour partir.
- Qu’est-ce qui te fait rire ? s’emporta-t-elle.
Il ne lui répondit pas alors elle se mit face à lui.
- Qu’est-ce qui te fait rire Black ?
- J’ai dû mal à imaginer que tu puisses « m’oublier » ?
- Pour qui tu te prends exactement ? Je saurais t’oublier évidemment. Que crois-tu ? Que j’en suis incapable ?
Tout en l’observant, il se mit à réfléchir, à la meilleure réponse qu’il pouvait lui fournir.
- Tu en es capable, dit-il après un autre instant de réflexion, mais je ne suis pas aussi facilement oubliable.
Ce fut elle qui eut un large sourire.
- Peut-être, mais je pense avoir le courage de te bannir définitivement de ma vie.
Son sourire disparut. Elle le provoquait.
- J’ai hâte de voir ça, dit-il avec beaucoup moins d’assurance.
- J’y arriverai, continua-t-elle voulant le mettre à bout. Ce n’est qu’une question de temps. Je finirais par…
- Arrête, s’énerva-t-il en lui serrant le bras.
Elle aurait pu se moquer à ce moment-là… lui sortir une réplique bien cruelle mais elle n’y arrivait pas. Peut-être parce que sa main serrait un peu trop fort son bras.
- M’oublier, hein ? demanda-t-il assez ironiquement. Tu peux donc faire ça ?
- Exactement, affirma-t-elle alors qu’il lui lâchait son bras après un ultime combat intérieur. Après tout, j’ai bien réussi à insérer des souvenirs à Jessica, pourquoi ne pas m’en retirer.
Il la fixa.
- La facilité ? Le sort d’oubliette ?
- Même sans ça, j’y arriverai. T’oublier. Te bannir définitivement ! s’énerva-t-elle le ton montant de plus en plus haut.
Et sur ces mots, il la poussa contre le mur qui était derrière elle et posa ses lèvres sur les siennes. Le cœur battant, Hélèna n’osa pas faire le moindre geste, surprise par le brusque changement de comportement de Sirius.
Lorsqu’il détacha ses lèvres des siennes, il émit un sourire moqueur.
- Essaye un peu de me bannir. J’ai hâte de voir comment tu vas t’y prendre.