C’était la fin.
Mérope le savait.
Autour d’elle, quelques sages-femmes encore continuaient à s’affairer, mais il semblait qu’elles avaient aussi perdu tout espoir. L’une d’entre-elles appliqua doucement un morceau de tissu humide sur son front, en murmurant des choses que Mérope ne comprenait plus. Dans son esprit, les pensées se confondaient, et la moiteur de la pièce la plongeait lentement dans une terrible léthargie.
On l’avait trouvée, déjà mourante, allongée sous un pont. Elle était restée si immobile qu’une légère pellicule de neige s’était déposée sur ses habits. Une bosse au niveau de son ventre attestait clairement qu’elle était enceinte. Cele n’avait pas étonné grand monde, tant le phénomène était alors courant. Personne n’avait posé de question.
De toute manière, Mérope ne pouvait pas répondre aux questions.
A présent la douleur la transperçait à nouveau. Cela lui rappelait les sortilèges Doloris que lui jetaient parfois son père et Morfin, c’est pourquoi elle se força à ne laisser aucun son sortir de sa bouche.
Comme un automatisme.
Tous ces souvenirs la firent frissonner violemment.
Pourtant, sa vie là-bas, dans cette maison atroce, était terminée. Depuis qu’on les avait emmenés à Azkaban. Depuis qu’elle s’était enfuie avec Tom Jedusor.
Malgré toute l’horreur de sa situation, Mérope sourit.
Au départ, elle était restée désemparée, déboussolée, déstabilisée. Pour la première fois depuis le commencement de sa triste et courte vie, elle était libre. Et elle n’avait aucune idée de la façon dont elle pouvait utiliser cette étrange liberté.
Puis l’idée s’était peu à peu imposée à elle. Depuis toujours, elle y avait pensé, sans vraiment trop y croire. C’était comme un fantasme, et là, elle savait que c’était sa seule chance.
Mérope récupéra l’un de ces vieux livres poussiéreux qui trainait depuis toujours dans l’armoire moisie du coin de la pièce. Son père ne lui avait jamais appris à lire, estimant certainement qu’il n’y avait aucune utilité à ce qu’une Cracmol dans son genre sache lire. Elle avait pourtant fini par y parvenir, seule, en cachette.
Elle était quasiment certaine qu’elle pouvait trouver tout ce qu’elle voulait, dans ce vieux manuel d’école. Plissant les yeux, le bout du nez touchant le papier jauni, les doigts parcourant les pages craquelées, Mérope mit plusieurs jours avant d’arriver à la bonne feuille.
Elle se mit ensuite en quête de tous les ingrédients nécessaires à la composition de la potion.
A la composition de son philtre d’amour.
Pendant tout le temps de la fabrication du filtre, elle se demanda si, elle, la Cracmol, traîtresse, elle qui souillait le sang et l’honneur des descendants de Salazar Serpentard, pouvait y arriver. Elle avait une baguette magique, bien sûr, mais cette dernière ne lui obéissait pas.
Peut-être que l’absence de son père et son frère, si tyranniques, avait provoqué quelque chose, en tout cas, elle n’eut aucun mal à concevoir la potion.
Tout lui avait semblé si parfait, ensuite. Mérope Gaunt et Tom Jedusor Senior vivaient heureux. Elle, convaincue qu’il l’aimait, qu’elle ne lui avait jamais donné ce philtre d’amour.
Que de toute façon, il n’avait plus aucun effet.
Puis, il y avait eu ce matin, si étrange, où elle s’était rendue compte qu’elle portait un enfant.
Son enfant.
Elle n’avait pas réfléchi, ou du moins, n’avait pas pensé que c’était nécessaire.
Et lui avait tout révélé.
La dernière chose que Mérope sentit fut une larme couler sur sa joue glacée.
Note de chapitre:
Il s'agit de ma participation au concours "Always" de Julia Erwelin, qui consiste à conter l'histoire d'un amour à sens unique; comme celle de Rogue et Lily, par exemple. Il y a un minimum de 500 mots à respecter.
J'ai choisi d'écrire sur un couple oublié, et pourtant à l'origine de tout.
Bonne lecture à tous !
Note de fin de chapitre :
J'espère que ça vous a plus !
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