Fiction écrite par un membre encore anonyme du fanclub de Ron sur le forum à l'occasion de son anniversaire.
Le fanart attribué à l'auteur est le suivant : http://alkanet.deviantart.com/art/Astronomy-Tower-61262083?q=gallery%3Aweasley-is-king%2F24736302&qo=150
Note de l'auteur : Bonne lecture !
Le mien se dresse en avant. Hermione revient, les bras chargés de couverts – les autres ont bien proposé de l'aider, mais en voyant son air catégorique, ils n'ont pas osé insister. Aussitôt, j'abaisse ma baguette et les assiettes s'entassent au fond du lavabo dans un bruit de vaisselle qui s'entrechoque. Un bout de porcelaine se brise, je prononce Reparo !, attrape l'éponge et me mets à frotter vigoureusement. Hermione entre dans la pièce. Je lui souris, elle me sourit en retour, mais c'est un petit sourire que je n'aime pas beaucoup. Elle pose ce qui l'encombre sur la table et soupire un grand coup. Je lui jette un coup d’œil étonné. Elle s'approche de moi. Je sens sa poitrine dans mon dos, et elle qui cale son visage dans le creux de mon cou. Elle agrippe mes épaules par devant, je sens ses cheveux qui ne se sont pas adoucis avec le temps me picoter la peau, son souffle contre mon oreille qui rougit. J'attrape ses mains à mon tour et enserre ma taille de nos bras. On reste immobiles, un temps. La nuit a tout enveloppé à présent.
« Ça va ? je demande.
- Hmm... Un peu fatiguée. Un peu usée. »
Je comprends ce qu'elle veut dire. Son boulot au Ministère est harassant. Ces temps-ci, elle rentre la tête pleine et de mauvaise humeur chaque soir. Sans parler de sa grossesse. Un garçon, une fille ? Nous ne voulons pas savoir. Un petit frère ou une petite sœur pour notre Rosie... Celle-ci est sur les genoux de Charlie, son rire clair parvient à mes oreilles, et il m'emplit d'une sérénité telle que je serais prêt à m'envoler.
Hermione détache sa main droite de la mienne et esquisse un dessin en montrant le ciel.
« La Constellation du Centaure... On la voit bien, ce soir. »
À ces mots, un puissant souvenir se matérialise sous mes yeux, si puissant que je me raidis de saisissement. C'est comme de plonger dans une Pensine – je n'en ai jamais eu l'occasion mais Harry nous a suffisamment décrit l'effet pour que je l'imagine.
Je nous revois, en haut de la Tour d'Astronomie. Il était plus de minuit, et nous étions censés réaliser une carte du ciel selon les directives bien précises du professeur Sinistra. Bien évidemment, ni Harry ni moi n'avions écouté la leçon précédente. La classe devait constituer des groupes de deux. J'étais avec lui, mais toi, Hermione, tu étais seule. Quand j'y repense, tu n'avais pas vraiment d'amis à part nous. Tu ne t'entendais pas tellement avec Parvati et Lavande. Trop futiles. Je revois Harry s'échiner à placer une étoile sur notre carte bien vide. Le grattement frénétique de ta plume parvenait à nos oreilles depuis quelques minutes déjà, et lorsque je finis par te regarder avec insistance, hésitant, Harry croisa mon regard et nous nous sourîmes avec connivence...
« Hermione ! appela-t-il. Tu ne voudrais pas nous aider, s'il te plaît ?
- Je suis occupée, tu répondis avec humeur.
- Mais il n'y a que toi pour déterminer précisément la Constellation du Centaure ! » je gémis.
Ça marchait toujours avec toi, la flatterie. Ceci dit, ce n'était pas un mensonge, tu étais clairement l'élève la plus brillante de notre promotion, voire de tout Poudlard, et vanter tes mérites pour avoir un petit coup de pouce... Ce n'était pas bien méchant, non ?
Tu nous regardas derrière ta plume, refermas finalement ton dossier empli de parchemins et le bloquas sous ton bras. Tandis que j'expliquais en pointant du doigt une étoile imaginaire dans le ciel et ce que nous avions trouvé jusqu'ici, tu jetas un coup d’œil dans notre télescope sans sembler m'écouter, pris une plume coincée au milieu de ta multitude de parchemins et commenças à positionner des points, sans hésitation, à tracer des lignes, des courbes, comme si tu avais fait ça toute ta vie. On te regarda faire, avec Harry, sans rien dire. De temps en temps, tu vérifiais dans le télescope que tout était en ordre.
« Et voilà ! » tu t'exclamas, fière de toi.
Puis tu t'éloignas, une petite moue supérieure sur le visage, alors que Harry te disait merci et que je levais les yeux au ciel d'agacement dans sa direction, trahi par un pli au coin de mes lèvres. Mais Harry ne vit pas ma réaction, il te regardait toujours. Il te suivit des yeux un instant puis sembla s'ébrouer et se rendre compte de ma présence. Je restai pantelant, tu sais. Je lui souris, mais c'était un sourire faible, et lorsque je me replongeai dans mon devoir, j'avais le cœur qui battait à cent à l'heure.
Et si... ?
Nous étions en cinquième année. Evidemment, à l'époque, j'étais déjà amoureux de toi, mais plutôt crever que l'avouer, ou même le remarquer. Je ne saurais te dire depuis quand, Hermione. Certainement pas depuis notre première rencontre. Tu étais tellement hautaine... Avec le recul, je comprends pourquoi. Et je comprends pourquoi j'adore ce trait de caractère chez toi aujourd'hui, pourquoi j'aime tout chez toi, même si je n'ai pas besoin de liste pour savoir que je t'aime.
Et ce sentiment, mon cœur l'a compris avant mon cerveau borné. Et il grondait, ce cœur. Contre Harry, contre mon ami qui se retournait contre moi, tout à coup.
Harry. Je t'entends rire, je vois tes bras apparaître et arracher ma petite Rosie à ceux de Charlie. Harry. Je t'ai jalousé, tu sais. Bien sûr que tu le sais. Cette année-là, cette terrible année où nous avons tout enduré pour vaincre Voldemort, cette année-là, tu as tout su. Il y avait mon cœur à nu et toi, toujours debout, toujours vaillant. J'étais, encore une fois, le perdant. Pourtant, ça a cicatrisé. Si je t'ai toujours jalousé, je t'ai également toujours aimé. Ça, n'en doute jamais, Harry, car ton amitié est l'une des choses les plus précieuses que je possède.
Mais tu étais tout ce que je n'étais pas, célèbre, riche, déterminé, tu possédais tout ce que je ne possédais pas, une cicatrice, de l'importance, un putain de destin. Alors pourquoi n'aurais-tu pas eu Hermione ? Je semblais tellement risible à côté de toi, le grand, le magnifique Harry Potter. Ta vie est une histoire à dormir debout, elle en serait presque comique si elle n'avait pas eu tant de répercussions douloureuses sur nos vies. Tes parents, les Moldus, la pierre philosophale, le basilic, le Retourneur de temps, le dragon, les êtres de l'eau, Cédric, les Détraqueurs, Sirius, le livre de potions, Dumbledore, la vie cachée, Rogue, ta mort, ta résurrection, le combat final... C'est bien trop gros. Bien trop lourd pour l'adolescent que tu étais. Et quand je te vois, maintenant, au bras de ma sœur, heureux avec tes deux gamins et le prochain qui arrive, comme nous, quand je te vois... Je ressens une immense fierté.
Fier d'être ton ami, Harry.
Ça sonne tellement couillon.
À présent que tu fais partie de la famille pour de bon, j'aimerais te dire que je n'ai jamais douté de notre fraternité. Mais ce serait faux. Ce serait te mentir. Et entre nous, ça n'aurait pas d'intérêt.
Hermione me presse les mains de nouveau. Je ne sais pourquoi ce souvenir m'a tant saisi. Je suis à deux doigts de fondre en larmes. Je me retourne, serre Hermione dans mes bras, fort. Puis je me détache légèrement, me penche vers elle et attrape ses lèvres des miennes ; je les fais glisser, j'entortille mes doigts dans sa chevelure furieuse, et je ne sais ce que je veux lui transmettre ainsi.
Je me repose toujours sur elle lorsque ça ne va pas, et elle a fini par faire de même, par faire tomber son orgueil, et par me confier ses problèmes, ses secrets, ses soucis. Dans ses yeux et entre ses bras frêles, je me sens tellement important que mon cœur se gonfle de bonheur et il reste là, sans éclater, comme une bulle de perfection.
On entend la porte s'ouvrir derrière nous, on se détache. Harry nous regarde, surpris. Il tient Rose dans ses bras. Quelques secondes passent avant qu'il n'éclate de rire.
« Je rêve ! »
Son rire emplit la cuisine. Encore dans les bras l'un de l'autre, Hermione et moi nous regardons, puis explosons à notre tour, à s'en faire mal à la gorge, aux côtes, à se plier en avant pour faire cesser les contractions. Je sens le poids de notre vie trop lourde s'envoler, je sens les soucis du travail d'Hermione s'évaporer, je sens la reconstruction de Harry, de notre ami, de mon ami, nous envelopper.
Il nous regarde derrière ses lunettes, toujours les mêmes. Les rondes qui cerclent ses yeux verts.
Les mêmes qu'il remit en place sur son nez lorsque la lettre arriva, ce fameux soir en haut de la Tour. Hermione était retournée à son devoir, quand une petite chouette brune nous survola pour se poser sur l'épaule de Harry. Etonné, il détacha la lettre sous le regard du professeur Sinistra et des autres élèves qui l'observaient. C'était Hagrid. De sa cabane, et de ses jumelles, il nous avait vus et nous demandait si prendre un thé chez lui le lendemain nous disait. On éclata de rire en chœur avec Harry, Hermione nous demanda ce qu'il se passait et on braqua le télescope vers la cabane de Hagrid. Il était là, dehors, agitant les bras. On lui fit signe en retour, l'hilarité nous prenant de nouveau.
Harry écrivit une réponse affirmative, et on passa le restant du cours à s'esclaffer à trois, Hermione tentant tant bien que mal de se donner une allure studieuse.
« Papa ! »
Je prends Rosie dans mes bras, libérant Hermione un instant. Celle-ci s'avance pour retourner dehors, où Charlie, Ginny, Dean et Padma doivent se demander ce qu'il peut bien se passer de si intéressant dans la cuisine. Harry passe un bras autour des épaules d'Hermione, et elle autour de sa taille. De derrière, je les suis, ma Rose dans les bras, un ballon gonflé dans le cœur.
Ce texte sera réattribué à son auteur à la fin du mois ; en attendant, n'oubliez pas de lui dire ce que vous en avez pensé via les reviews ! Vingt-six autres textes seront ou ont été publiés dans le cadre de ce projet.