Coucou !
Me revoilà, avec un petit OS sans prétention. J'espère qu'il vous plaira !
Bonne lecture !
Surtout, merci à Jeanne-choupie, Cecilia_Malfoy et Emy Loovegood pour leurs corrections géniales o/
J’étais là, noir, et terrible, petite chose rabougrie qui attendait son heure. Un jour viendra, je le savais, où je pourrais jouer mon rôle, te mener, te guider – et jouer avec toi.
Tu n’as pas eu une enfance facile, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Bien sûr, tu étais entouré et tu n’as jamais été seul, mais malgré cela – ou peut-être à cause de cela – tu n’as jamais été heureux.
Tu as toujours été le dernier, celui duquel on n’attendait rien de particulier. Etais-tu seulement destiné à quelque chose ? Tu allais suivre les traces de tes frères, qui étaient nés avant toi, qui avaient marché avant toi, qui avaient joué, ri et étudié avant toi. Rien d’autre. Et si tu voulais être digne de ta famille, digne du sang qui coulait dans tes veines, tu devais être à la hauteur.
A l’aube de ton existence, déjà, on t’assignait cruellement un avenir que d’autres avaient vécu – avant toi. Mais est-ce qu’on te regardait ? Est-ce qu’on remarquait tes efforts ? Est-ce qu’on te félicitait ? Non. Jamais. Jamais une once d’attention, jamais une parole d’encouragement.
C’est que vous étiez nombreux, tes frères et toi et il n’y avait pas le temps de s’occuper de tout le monde.
Tu n’étais pas l’enfant que ta mère désirait ; et comme si l’erreur que tu avais faite en venant au monde ne suffisait pas, tu avais continué à enchaîner les gaucheries et les maladresses, sans pouvoir t’en empêcher. Parfois, tu avais l’impression que c’était le destin et la mauvaise fortune qui s’acharnaient contre toi. C’est qu’on aime bien rire du plus petit, le plus fragile, tout naïf encore – cela, tes frères n’y ont pas manqué. Tu étais leur jouet, leur chose, leur défouloir. Les autres ne savent pas ton courage. Personne ne se doute combien tu as dû batailler pour continuer à exister, pour te faire une toute petite place.
Tout cela, tu l’as encaissé sans rien dire, invisible, dans ton coin de ténèbres. Moi, je te voyais, et je t’admirais presque, parce que tu ne me cédais pas, pas encore. Mais je n’ai pas perdu espoir, tu sais. Sans que tu ne le sentes, je prenais de plus en plus de force.
Tu n’as jamais été seul. Quand tu es entré à l’école, le poids du mérite de tes frères pesait sur tes épaules. Il fallait faire aussi bien qu’eux, et tu t’y apprêtais, silencieux et résigné, car aucun autre chemin ne devait s’offrir à toi.
Et ce fut alors qu’il intervint.
Il est entré dans ton existence, ce lundi de septembre, en te présentant un visage candide et innocent ; il s’est introduit dans ta vie, comme un infâme ver, pour te dérober dans l’ombre le peu que tu possédais encore.
En cette douloureuse matinée d’automne, il rentrait dans ton histoire pour ne plus jamais en sortir.
Je savais que ce serait ma chance, et j’ai décidé de l’empoigner.
Lui, il était tout ce que tu n’avais jamais eu. Fils unique et orphelin, il paraissait frêle et chétif comparé à toi ; la gloire et la célébrité l’oppressaient. Le monde entier connaissait son visage, son nom, son exploit, et lui, il était là, en face de toi, dans ce train.
C’était ma chance. Et je me suis accroché à elle.
Toi, tu t’es accroché à lui, aussi, comme je ne t’avais jamais vu t’attacher à qui que ce soit. Ton admiration n’avait plus de limites, tu ne cachais plus ton attraction. Quoi ! ce fils du miracle, ce garçon qui irradiait la perfection et le succès, il te parlait, à toi ? Comment ! cet illustre survivant allait devenir ton camarade, partager ta vie pendant sept ans, et il se proposait de devenir ton ami ? Lui ? Toi ? Tu te sentais perdu et tout petit, comme un point minuscule, imperceptible, dans une mer immense et tumultueuse de sentiments confus.
Mais, pour la première fois, tu avais avancé, tu avais fait un pas et emprunté un chemin que tes frères ne connaissaient pas, et cela, à tes yeux jeunes de petit garçon, valait tout. Ce que tu pouvais être ignorant et naïf , à l’époque…
Spontanément et presque imperceptiblement, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, l’admiration s’est mariée à l’adoration. Je m’y attendais, et je savais que tu allais avoir mal.
Tu l’aimais, et cela allait causer ta perte. Et ce que tu as pu l’aimer… !
Il y a tout de suite eu quelque chose, entre vous. Une étincelle imperceptible de complicité, des rires qui voulaient tout dire. Bientôt, il était devenu ton frère, ce frère qui t’aimais, qui te comprenais, ce frère dont tu avais toujours rêvé sans jamais l’avoir. C’était lui, l’enfant perdu et abandonné, et tu as compris qu’il n’avait pas été heureux ; il surgissait dans un monde qui n’était pas le sien, et se sentais désemparé, ignorant, inutile. Tu avais toujours été d’un naturel généreux, et tu aimais partager. Tu as voulu lui offrir tout ce qu’il ne possédait pas, sans imaginer une seule seconde les conséquences qui allaient s’ensuivre.
Les années passaient ; il s’illustrait, toujours plus bravement, dans toutes sortes de situations. Il était parti de rien, et il finissait courageux et aimé. C’était un enfant, il avait le même âge que toi et il était ton ami ; déjà, son nom avait éclaboussé les dernières pages de l’Histoire. Ton admiration prenait des proportions démesurées, et cela devenait dangereux.
Moi, je riais dans mon coin.
Ensuite, tu as grandi.
Un matin, tu t’es réveillé, et tu ne t’es plus senti le même.
C’était elle.
C’était elle, qui s’était immiscée dans tes pensées et, sans prendre garde à ne pas bouleverser cet intérieur fragile et brisé, avait tout chamboulé. Du jour au lendemain. Il y avait quelque chose, ce quelque chose qui t’oppressait le cœur. Tu fixais ses traits rieurs comme pour la première fois ; tu te noyais dans ses yeux de noisette ; son sourire te réchauffait l’intérieur.
Au début, vous ne vous étiez pas bien entendu. Elle t’agaçait un peu, était trop différente et puis, elle ne paraissait pas vraiment s’intéresser à toi. Celui qui l’avait toujours fascinée, c’était l’Elu, Elu sans lequel elle ne t’aurait jamais regardé. C’est étrange de penser qu’aujourd’hui, même la personne à laquelle tu tiens le plus au monde, c’est à ton amitié avec lui que tu la dois.
Et puis… Et puis…
Tu l’avais aimé, elle aussi. A en devenir fou.
Tu sais, tu n’as jamais été mauvais, en somme. Seulement malheureux.
Mais tu les aimais, et tu ne voyais plus qu’eux. Ils t'empoisonnaient, ils t'étouffaient, dans le duo infernal de leurs grandes ombres noires ! Eux, si illustres ! Eux, chéris et admirés ! Plus personne ne te voyait, dans le duo infernal de leurs grandes ombres noires ! Personne ne remarquait tes efforts, les privations que tu subissais, la douleur qui t'assaillais, l'amour aveugle, sourd et violent que tu leur portais, contre ton gré !
Que deviendras-tu, ensuite ? Le héros, le Survivant, l’Elu, il est celui qui les sauvera tous. Elle, l’élève brillante, tu la connais. Tu sais qu’elle poursuivra son éclatant destin. Celui qui a résisté au sort de la mort, enfant. Celle qui est sortie de sa condition de moldue pour devenir la plus excellente des sorcières… Et toi, alors, toi ? Est-ce que tu sais, seulement, si tu arriveras à quelque chose ? Si tu réussiras, un jour, à sortir de l’ombre, du duo infernal de leurs grandes ombres noires ?
Ils n’ont pas besoin de toi. Tu as longtemps cru être le ciment qui les réunissait, tu l’as senti, aussi. Mais tu te trompais, comme toujours tu t’es trompé. J’ai vite détourné ces pensées lumineuses, ce fol espoir stupide qui t’étais propre.
Regarde-les. Ils n’ont pas besoin de toi. Ils sont deux, tu te rappelles. Lui, le Survivant. Elle, l’élève brillante. Ils s’aiment, je crois.
Regarde-les. Quand tes yeux pleurent la nuit, quand ton cœur pleure le jour, ils rient, et ils s’aiment.
Regarde. Leur lumière t’aveugle, tu t’obstines à les fixer, et tu t’imposes le silence. Continue. Affronte cet éclat douloureux de leur gloire et leur grandeur, reste caché dans tes ténèbres.
Ils ne savent pas, seulement, combien tu les aimes. Ils ne savent pas combien tu es heureux, quand tu les vois, ils ne savent pas qu’ils sont ta famille, elle et lui ! Ils ne connaissent pas cette sensation brûlante de se sentir trois. Ils ne sentent pas combien c’est beau, d’être trois. C’est beau, de s’aimer, quand on est trois…
Tu t’accroches à eux. Ils sont toute ta vie.
Tu les aimes. Et tu souffres, oui, ce que tu souffres en les aimant… !
J’ai grandi en toi. Les années passaient, et je croissais. Aujourd’hui, tu me perçois nettement. Je fais partie de toi, et tu es à moi.
Ta souffrance est mienne.
Tes craintes te viennent de moi.
Tes désirs obscurs m’appartiennent.
Tu sais, Ronald Weasley, je suis cette envie et cette rancœur dans le cœur de chacun, cette convoitise qui te ronge et te détruis chaque jour un peu plus, cette jalousie que tu sens te mordre sans jamais se montrer, depuis ton enfance. Je suis cette envie qui a surgi brusquement lorsque tu as rencontré Harry Potter, je suis cette envie qui te pousse à le voir comme ce qu’il est réellement, comme un voleur. Il t’a volé ce qui t’appartenais encore, t’as délibérément dépossédé de l’amour de ta mère, de la compagnie de tes frères, de ta sœur, et de la fille que tu aimes. Hermione… Il te l’a prise, Ron, et tu ne la reprendras pas. Jamais. Qu’es-tu, dis-moi, face au garçon qui a survécu ? Te remarque-t-on, lorsque tu parais à ses côtés ? Tu n’es qu’un pion, un instrument, et tu le sais. Rien devant eux. Ils sont deux, et ils s’aiment, je crois. On les regarde, on les admire. Tu les admires, tu les aimes. Et tu te tiens immobile, impuissant, étouffé par le duo infernal de leurs deux grandes ombres noires. Tu cries, tu griffes, tu luttes. Tu veux sortir, percer cette couche pâteuse, lourde et oppressante de ténèbres, et trouver le soleil qui les abreuve, ce soleil que tu n’as jamais connu.
Mais tu demeures, prisonnier, estropié, incapable. Ton amour te retient enchaîné, et tu demeures, parce qu’on ne t’arrachera pas – jamais plus – au duo infernal de leurs deux grandes ombres noires.
Alors ?
Bon ou mauvais, n'hésitez pas à me donner votre avis, je ne demande qu'à m'améliorer ^^
Pour chaque review, un Veracrasse en chocolat à la clef o/