J’entends le mur qui s’écroule, le bruit de l’éboulement, des pierres tombant au dessus de nos têtes, je revois ton sourire s’estomper tandis que tu me jettes contre le mur pour éviter la pierre qui fondait sur moi. Je ressens encore cette peur soudaine, et bien avant que les autres ne se lèvent, je l’ai su, sans vouloir y croire. Mon souffle s’est coupé et une douleur fulgurante m’a soudainement transpercé le cœur dès l’instant où le tien a cessé de battre. J’étouffais, je voyais flou et j’ai même cru m’évanouir sous le choc. Seuls les cris de Percy ont réussi à me maintenir debout, je vacillais tandis que j’avançais entre les décombres. Mes yeux me piquaient mais aucunes larmes ne voulaient s’en échapper. Je ne voulais pas y croire, ça ne pouvait pas être possible.
Enfin je commençais à distinguer les contours flous et indistincts de Percy. Il tenait un corps dans ses bras, ma tête se mit à me tourner violemment tandis que je voyais Ron et Hermione se joindre à mon frère ,en trébuchant, et à ce corps que je ne voulais pas reconnaître. Les sanglots étouffés d’Hermione se firent entendre, se joignant aux cris déchirant de Percy et aux larmes de Ron, non loin d’eux je remarquai Harry qui se tenait debout à regarder en silence sans que je puisse déceler la moindre expression sur son visage. Mais si ce corps n’appartenait pas à l’un d’entre eux, il ne pouvait rester que toi. Lorsque j’en pris conscience, je me mis à hurler ton nom. Il fallait que tu me répondes, il le fallait, car si tu ne répondais pas tu ne répondrais plus jamais. Ton rire se répercutait encore contre les pierres, comme en écho à mes cris désespérés. Ce qui me fit croire pendant un bref instant que tu étais encore en vie, cet espoir, bien que vain, me fit tenir debout un peu plus longtemps encore.
-Il va bien Percy, tu ne l’as pas entendu, il a ri, il est seulement en train de nous faire une blague. Il est inutile de pleurer. Tu vas voir il ne va pas tarder à nous rejoindre.
Tout en m’approchant je distinguais mieux les traits de mes compagnons, ainsi que ceux du corps autour duquel ils s’étaient regroupés. C’était étrange il me ressemblait comme deux gouttes d’eau, seuls quelques détails me prouvaient que ce n’était pas moi. Et pourtant j'aurai juré avoir entendu ton rire, et malgré tout tu étais bien là, inerte. Tu étais allongé et je pouvais encore distinguer l’ombre de ton sourire au travers des larmes qui commençaient à couler le long de mes joues. Je m'agenouillais à mon tour, regardant toujours et encore ces yeux si similaires aux miens, mais où toute trace de vie avait disparue. Ces yeux autrefois si brillants de bonheur et de santé mais où plus aucunes étincelles ne brilleraient plus. Doucement j’approchais ma main tremblante de tes paupières et les fermais sans plus aucun espoir de les revoir de nouveau. Au moins, je sais que maintenant tu n'as plus mal et c'est tant mieux, car j'ai assez mal pour nous deux. Car je savais que lorsque je me relèverais, mon ombre resterait là, courbait sur le lieu de ta mort.
Parce que nous nous ressemblons physiquement mais encore plus moralement, nous avions touts deux cette même étincelle qui brillait dans nos yeux. Cette étincelle qui nous faisait croire au destin et à un avenir meilleur. Mais, lorsque l’étincelle s’est éteinte dans tes yeux, elle s’est éteinte dans les miens et c’est pourquoi désormais je ne peux plus croire en l’avenir car le destin m’a enlevé l’espoir de retrouver ma vie d’avant. Ma vie de blagues et de fous rire, ma vie d’amour et de gaieté, ce lieu ou tu avait toute ta place, on me l’a enlevé. Ton rire résonne encore dans mes entrailles, tandis qu’un trou béant se forme dans mon cœur, et dans ma vie.
"Parce que tu aimais la vie plus que tout, tu as décidé d’en faire profiter les autres au détriment de la tienne. Parce que tout le monde t’aimait tel que tu étais, tu nous as aimé comme le plus généreux des êtres .
Repose en paix, et pour une fois obéis !"
J'aurais tant voulus que tu vois ça Fred, tu aurais été heureux tu sais? Voldemort a été vaincu, le monde sorcier est enfin en paix. Oui tu aurais adoré être ici! Même si tu nous manques, toute la famille est saine et sauve, et ça, c'est en partie grâce à toi et au courage dont tu as fait preuve. Alors nous retrouvons tous un équilibre, qui, bien que précaire, nous apporte toute la stabilité dont nous avons besoins. Et puis je sais que chaque battement que produit mon cœur me rapproche chaque jour plus de toi. Alors à bientôt Freddy, car oui un jour moi aussi je porterais une vraie oreillole.