15 janvier 2010
C’était au beau milieu de la réunion hebdomadaire avec le Ministre de la Magie. Le Patronus renard de sa femme était soudainement apparu au milieu de la pièce. Luke avait immédiatement bondi de sa chaise, s’excusant à peine et avait foncé jusqu’aux cheminées pour se rendre à Sainte-Mangouste. Les autres ministres s’étaient gentiment moqués de lui, mais personne ne lui avait tenu rigueur de ce départ précipité. Tous savaient que Mary devait accoucher très prochainement. Et le grand jour était arrivé visiblement.
Luke avait traversé les couloirs de l’hôpital en courant, se pliant en grognant au protocole qui l’obligeait à se désinfecter entièrement avant de pénétrer dans l’aile réservé à la maternité. Cela ne l’avait d’ailleurs pas empêché de plaisanter avec l’infirmière, oubliant pendant deux secondes pourquoi il était là. Parce qu’elle était jolie dans sa bouse blanche... Enfin il avait quand même mieux à faire que de draguer le personnel hospitalier. Surtout que si Mary l’apprenait, elle serait capable de le mettre à la porte pendant au moins une semaine.
La belle infirmière le conduisit jusqu’à la chambre de la jeune accouchée en riant. Ça y était, il était devant la porte. Il ne savait pas pourquoi mais il avait le trac. Sa femme était dans cette pièce avec leur fille. Leur fille. Sa fille. Bordel de troll, il était père... À quelques mètres de lui, un petit être issu de sa chair respirait doucement, attendant sans doute avec impatience de rencontrer son père.
Luke avait rêvé de ce moment pendant des années. Il avait toujours voulu avoir des enfants, et beaucoup si possible. Une maison pleine de rires et de cris, c’était ce dont il rêvait depuis si longtemps. Il avait dû attendre ses vingt-huit ans pour voir le ventre de sa femme s’arrondir lentement. Et il n’avait pas été chose aisée de convaincre Mary d’avoir un enfant, la sorcière préférant privilégier sa carrière plutôt que sa vie de famille. Mais Luke avait ce besoin viscéral de tenir un poupon dans ses bras. Alors elle avait fini par accepter. Mais j’te préviens ! C’est toi qui t’en occuperas ! J’ai pas que ça à foutre de changer les couches ! Mais justement... Lui avait bien envie de n’avoir que ça à foutre ! Il les voulait les couches sales, les biberons à trois heures du mat’, les pleurs, les bobos, les crises de nerfs, les « Je n’aime pas les fnagelets ! », les bouderies, les rires, les bêtises et les coups de crayon sur les murs. Il voulait aussi les sourires, les rires, les câlins, les dessins moches, les gommettes sur la figure et la terre sur les mains. Il était prêt.
Mais maintenant qu’il était là, devant la porte, la main sur la poignée... Luke avait peur. Il avait une grosse boule dans la gorge. Et s’il n’y arrivait pas ? Et s’il ne parvenait pas à concilier son travail de ministre et celui de père ? Et s’il était un mauvais père ? Et si sa fille ne l’aimait pas ? Et s’il lui faisait du mal ? Lui n’avait jamais eu de père. Son père était mort avant même qu’il ne vienne au monde. Assassiné par les Mangemorts. Sa seule figure paternelle se résumait à une dalle grise, d’un bouquet de lys et d’une photo jaunie par le temps. Peut-être qu’à cause de ça, il allait reproduire le même schéma et abandonner cette fille qu’il avait pourtant attendue pendant si longtemps ? Peut-être qu’il ne saurait pas comment s’occuper d’elle ?
Doute et angoisse.
Il fallait pourtant que Luke entre dans la chambre, il était trop tard pour faire marche arrière. C’était avant qu’il aurait dû se poser ces questions. Maintenant il devait tourner la poignée et découvrir sa fille. Du courage... Le jeune père prit une profonde inspiration et pénétra dans la pièce.
Son regard tomba d’abord sur sa femme, étendue dans son lit. Elle le regardait d’un air fatigué, mais souriait malgré tout. L’accouchement avait été très rapide, mais la laissait visiblement vidée de ses forces. À pas de loup, Luke s’approcha et l’embrassa furtivement. Où était sa fille ? Mary lui désigna le berceau juste à côté de lit. Bien sûr qu’elle était là, il était stupide, comment avait-il pu ne pas la voir avant !
Un peu effrayé, le coeur battant à cent mille à l’heure, le sorcier s’approcha du berceau. Elle était là, endormie. Cheveux de soie, peau de pêche et parfum de caramel. Merlin elle était si petite, si fragile. Jamais il n’oserait la prendre dans ses bras... Luke était complètement fasciné par ce petit être qui dormait sous ses yeux émerveillés. C’était sa fille. Un petit lui en miniature. Il ne se laissait pas de la regarder, elle était magnifique, incroyablement parfaite. N’osant pas encore trop la toucher, le jeune père se contenta de caresser du bout des doigts la toute petite main de sa fille. Il en avait presque oublié comment respirer.
Comment avait-il pu vivre sans elle jusqu’à présent ? C’était comme un vide dans son coeur qui se remplissait soudainement d’amour et de bonheur. Il allait la pourrir-gâter, c’était certain. La regarder grandir, voilà qui serait sans nul doute sa nouvelle occupation préférée. Il avait hâte de la voir sourire, rire, parler, marcher, courir, lire, danser, chanter... Et en même temps il voulait qu’elle reste pour toujours dans ce berceau pour qu’il puisse la contempler de tout son saoul. La chair de sa chair...
- Tu as fini par te décider sur le prénom ? lui demande soudainement Mary, l’arrachant à sa contemplation.
- Tu voulais quoi toi, déjà ? murmura Luke en souriant tendrement à cette femme qui lui avait donné un enfant.
- J’aimais bien Anne.
- Et moi Lou.
- Comme tu veux. Je te laisse choisir.
- Alors ce sera... Lou-Ann.
Petite Lou-Ann... Profite de ton père tant qu’il est encore temps. Bientôt tu lui seras arraché par ta propre mère. Tu grandiras loin de lui, il deviendra un étranger à tes yeux. Tu le feras pleurer de nombreuses fois et tu ne comprendras pas pourquoi. Ce ne sera que lorsque tu seras assez grande pour faire la part des choses entre les dires de ta mère et la vérité sur ton père que tu reviendras vers lui. Vous ne serez sans doute jamais aussi proches que vous auriez dû l’être, mais ce sera toujours mieux que rien. Et lorsqu’enfin, il te parlera de lui, tu réaliseras que ton père est un de ces héros dont on ne parle pas. Un héros anonyme, un grand homme d’Etat, un père aimant. Et tu l’admireras, tu voudras lui ressembler. Tu deviendras toi aussi une grande politicienne, un jour tu présideras le Mangenmagot. Il sera si fier de toi, ton père. Même si dans son esprit, tu resteras toujours ce nourrisson qu’il osait à peine effleurer du bout des doigts.
Note d'auteur :
Luke, Mary et Lou-Ann à moi, l'univers à JKR.
Note de chapitre:
Bonjour o/
J'ai écrit cet OS pendant la nuit, je l'offre à Eliah-choupie qui est une choupie de la mort qui tue en sandales à talons *o*
Donc je vous présente ce court OS, j'espère qu'il vous plaira comme il a plu à Eliah *gros câlin et big kass-dédi*
Bonne lecture !
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