-Je t'aime, voilà ce qu'il me prend. »
Depuis le temps que j'attendais ça. Depuis le temps que je voulais entendre ces mots sortir de sa bouche ! Et voilà que depuis ce fameux 7 octobre 2021, tout va parfaitement bien. Lorsqu'on se croise dans les couloirs, ce n'est plus les insultes et les sarcasmes qui retentissent. Plus de mauvaises blagues de la part des Gryffondor écervelés, plus de moqueries gratuites.
Certes, rien n'est officiel. Normalement tout est resté secret. Mais comme tout le monde le sait, à Poudlard rien ne reste secret bien longtemps. Pourvu que ça dure !
Ah ! Et Fred n'arrête pas de me remercier. Il paraît qu'il avait fait un pari avec sa sœur. Et grâce à moi, il a gagné une jolie somme. Somme qu'il ne veut pas partager, soit dit en passant... Dire que j'ai fais tout le boulot !
03 décembre 2021
Je n'aurais jamais cru ça si difficile. James, même si nous nous sommes rapprochés... James reste James. Cette phrase est idiote. Mais elle résume très bien ce qu'il se passe.
Le mot coureur de jupons serait trop fort, à mon avis mais il résume lui aussi très bien la situation. James continue à agir comme d'habitude lorsqu'il n'est pas avec moi. Il continue à charmer les filles qui ont la chance -ou la malchance- de se retrouver dans un périmètre de dix mètres autour de lui. Il continue de se moquer des Serpentard et de prendre en grippe les plus jeunes. Avec sa bande de cas-sociaux, pardonnez-moi l'expression, il continue à jouer à qui sera le plus idiot et à faire le m'as-tu-vu sur son balai.
Quand il a décidé de venir me parler en début d'année, j'ai cru qu'il allait changer. Qu'il allait oublier son statut de Roi de Poudlard et assumer. Oui, c'est ça qu'il manque à notre relation, d'assumer. Est-ce qu'il a honte ? Honte de moi ? Mais... pourquoi ? Parce que je suis solitaire ? Parce que je ne suis ni très intelligente, ni très belle ? Parce que je suis une Sang-Pur... ? Ou peut-être simplement parce que je suis à Serpentard...
Non... James n'est pas comme ça ! J'ai confiance en lui. Même s'il ne m'a apportée que des problèmes, il a toujours été là pour m'aider et m'encourager. Je sais maintenant que derrière chacune de ses insultes se cachait un sens plus doux. Je sais que c'est étrange dit ainsi mais c'est lui qui me l'a expliqué. Il ne savait pas comment faire pour attirer mon attention et c'est la seule solution qu'il avait trouvée.
De toute façon, au bal de Noël, je suis sûre que tout s'éclaircira. Il m'a promis qu'on irait ensemble.
15 décembre 2021
Je... Je ne sais plus quoi penser.
James ne m'aime pas. Non... s'il m'aimait vraiment, il ne serait pas comme ça.
Maintenant que je vois ça de mes propres yeux, je ne peux plus contredire Fred. Pourquoi ne l'ai-je pas écouté ? J'aurais dû... Je dois faire quelque chose. Je dois le faire souffrir, le faire payer de m'avoir fait marcher ainsi ! Il n'avait pas le droit... moi qui lui faisait confiance !
Hier.
La vérité m'a frappée hier, lorsque je sortais de potions. On venait d'étudier la potion Amortentia. J'avais encore l'odeur de la vanille que portait ma mère et l'odeur si caractéristique de celui que j'aime, lorsque je sortis de la classe. Mais le spectacle qui s'offrit à moi me sortit bien vite de cet état euphorique. Adossé contre un mur, James discutait avec Annabelle Wilson tout en jouant avec l'une de ses mèches de cheveux. Cette dernière tenait un livre intitulé Quidditch, tout savoir en vingt leçons, bien en évidence en dessous de sa poitrine trop volumineuse pour être naturelle. Les joues rouges, elle se tenait à seulement quelques centimètres de mon Gryffondor et ne cessait de l'aguicher.
La jalousie est un vilain défaut me direz vous. Il y a des gens qui meurent de faim dans le monde, il y a des enfants, des femmes qui se font battre par des hommes ivres et répugnants. Par rapport à ça, mon histoire semble futile. Ce n'est rien. Je n'ai pas à en faire une affaire d'état. Il n'y a pas mort d'homme.
Alors pourquoi mon cœur m'a fait si mal à ce moment ? Pourquoi il me fait toujours mal ?
Ils n'étaient pas censés se détester ? Je l'ai déjà dit, non ? Wilson et James sont sortis ensemble. En sixième année. Et je crois que je suis en partie la cause de leur rupture. Involontairement, bien évidemment. Mais alors... Pourquoi riaient-ils ensemble ? Pourquoi étaient-ils si proches ?
Lorsque James me vit, il lâcha vivement les cheveux de la Serdaigle et se recula. Il m'adressa un discret signe pour que je le rejoigne. Ce que je fis, la tête haute, comme si ce que je venais de voir n'était rien. Ce n'était rien, de toute façon. Wilson me sourit avec son sourire hypocrite que seules les idiotes dans son genre peuvent faire. J'adressai quelques mots à James puis nous laissâmes la blonde pour aller dans un endroit tranquille.
Quand il fut sûr qu'on était seul dans le couloir, James me prit la main. J'étais bien. Je sais que ma jalousie est ridicule. Mais je ne veux James que pour moi. Je l'aime, comprenez-moi. Ce n'est pas comme si je pouvais faire autrement.
« James ! N'oublie-pas de venir m'expliquer le point douze ! Je n'ai pas très bien compris ! »
Lorsque Wilson surgit au bout du couloir pour interpeller James une dernière fois, celui-ci me lâcha brusquement et me poussa contre le mur, le plus loin possible de lui, en somme. Il lui répondit et lui sourit puis reprit son chemin comme si de rien n'était. Je me redressais difficilement et frottais mon bras douloureux qui venait d'heurter le mur de pierre. Un regard à la Serdaigle m'indiqua qu'elle l'avait fait exprès. Le secret n'en était plus un.
Mais avait-il besoin d'être si violent ? Je lui fais à ce point honte ? Alors pourquoi ? Pourquoi m'avoir dit qu'il m'aime ? Depuis cette fois-là, il ne m'a pas embrasée de nouveau. Il ne m'a jamais redit des mots doux et amoureux.
.
La jeune fille fut arrêtée dans l'écriture de son fidèle journal par son meilleur ami. Assise dans la salle d'étude de métamorphose, elle n'avait pas vu le temps passé. Ni d'ailleurs les regards de reproche que tout le monde lui adressait.
-Tout va bien, Ed ? demanda le métisse, adressant un regard inquiet à son amie.
-Pourquoi ça n'irait pas ?
Edwige lui sourit sincèrement. Une fois de plus, Fred venait la sortir de ses idées noires. Il était bien le seul, oui le seul, à être assez courageux pour montrer ouvertement son amitié pour la Serpentard qu'elle était.
-Tu n'as pas entendu les nouvelles rumeurs ?
-Encore ? rit la jeune fille, habituée. Qu'est-ce que j'ai fais cette fois-ci ? J'ai torturé un première année parce que je suis une adepte de la magie noire ? J'ai encore bu du sang de licorne pour devenir immortelle ?
-Pire...
-Pire ?
La sorcière ferma d'un coup sec son journal et regarda tout autour d'elle. Tous sans exception la regardaient en biais, chuchotant des rumeurs absurdes. Elle se saisit de son sac et rangea ses affaires. Se levant, elle fit un signe de tête à ses ''amies'' de Serpentard qui ne lui répondirent pas. Seule... c'est ce qu'elle était. Heureusement que Fred était là.
-Qu'ai-je fait ? le questionna-t-elle tandis qu'ils sortaient de la salle.
-Tu as fait pleurer Wilson.
-Ah.
Que pouvait-elle répondre ? Faire pleurer Wilson... Elle ? Ce n'était pas son genre.
-Non... pas du tout... sourit niaisement son ami.
-Quoi ?
-Je parie que tu étais en train de dire que ce n'est pas ton genre de faire ça...
Edwige soupira et lança un regard désespéré à son ami. Puis, elle lui asséna un léger coup sur l'épaule.
-Je déteste quand tu fais ça !
-Ce n'est pas de ma faute si c'est si facile de lire en toi...
-Alors... Qu'est ce que j'ai fait à la pauvre petite Wilson ? reprit sérieusement Edwige.
-Tu sors avec James.
-Oh ! Un secret n'en reste jamais un longtemps, n'est-ce pas ?
-Oui. Mais... ce n'est pas tout. Elle dit que tu as ''séduit'' James grâce à la magie noire et que c'est pour ça qu'il l'a quittée.
-Nous y voilà... soupira le jeune fille. J'aurais dû demander au Choixpeau de ne pas me mettre à Serpentard.
-Pour aller où ? Gryffondor ?
Edwige rit de nouveau sans retenue. Elle ? À Gryffondor ?
-Tu m'as bien regardée ?
Fred la rejoignit dans son fou-rire et c'est ainsi qu'ils rejoignirent la Grande Salle. Mais arrivés devant la grande porte, ils entendirent des pleurs étouffés. Discrètement, ils s'avancèrent vers la source de ce bruit. Mais ils n'auraient pas dû. Non.
Assise sur la première marche d'un escalier vide, Wilson pleurait toutes les larmes de son corps... dans les bras de James. Il semblait attristé. Comme s'il partageait sa peine. La blonde enfouit son visage dans le cou du garçon. Il en profita pour la caler contre lui et lui caresser doucement ses cheveux brillants.
-Allons-nous en, chuchota Edwige sans laisser à son ami le temps de répondre.
Il la suivit docilement et lorsqu'ils furent assez loin pour ne pas être entendus, lui attrapa le bras. La Serpentard s'arrêta et le regarda, les yeux remplis de larmes. Face à la détresse de son amie, Fred l'attrapa dans ses bras et la berça doucement.
-Edwige... Ce n'est peut-être pas ce qu'on croit, tenta-t-il.
-Il ne m'a jamais serrée dans ses bras comme ça. Jamais...
17 décembre 2021
James ne m'a reparlée qu'une seule fois depuis cette histoire. Juste pour me dire que ça tenait toujours pour le bal de Noël.
Quand je marche dans les couloirs, tout le monde sans exception chuchote et se moque de moi. Certains parce que je suis la ''méchante'' qui a brisé le couple si adoré l'année précédente. D'autres, simplement parce que je m'accoquine avec un Gryffondor, sang-mêlé de surcroît.
Seul Fred me parle et reste à mes côtés. Il n'a rien à perdre de toute façon et son père est trop apprécié pour qu'on s'en prenne à lui.
Hier, une fille m'a versé son jus de citrouille sur la tête parce que j'ai, d'après elle, la prétention d'aller au bal avec James Potter alors que je ne le mérite pas. Et ça m'a blessé énormément. Bon... en contre partie, elle a vu ses vêtements disparaître comme par magie en plein milieu de la Grande Salle... mais ça, c'est une autre histoire.
Au début, je voulais montrer que ces histoires ne m'affectaient pas. Et puis, j'ai voulu plaquer James en plein milieu du bal. Une sorte de vengeance, dirait-on. Mais je ne peux pas faire ça. Non. Parce qu'on ne peut rien faire contre les sentiments. Ce n'est pas ma faute s'il l'aime elle, et pas moi.
Alors ce soir, j'effacerai James Potter de mon cœur.
.
Edwige Nott referma son journal avec lenteur. Tournant la tête contre l'horloge murale de la Salle Commune des Serpentard, elle s'enquit de l'heure. Plus que dix minutes, pensa-t-elle avec lassitude. En effet, le bal commençait dix minutes plus tard et pourtant, elle n'était pas prête. Ni habillée, ni coiffée, elle se contentait d'un jean moldu avec un pull en laine que la grand-mère de Fred lui avait offert un an plus tôt.
Elle soupira et s'étira, essayant de penser au silence pesant qui l'entourait. Ils étaient déjà tous en haut, dans la Grande Salle, à se chercher, s'embrasser, rire et se féliciter de leurs tenues. Gardant son journal en main, elle sortit de la pièce pour pénétrer dans les couloirs sombres des cachots. Lorsqu'elle arriva dans l'entrée, elle se dissimula légèrement derrière un pilier.
-Tu es sûre de toi ? souffla une voix à son oreille.
Edwige sursauta et lança un regard noir à son meilleur ami. Pourtant, elle ne se sentait pas d'humeur à le reprendre. Il avait, par solidarité, refusé d'aller au bal. Fred avait trouvé comme excuse qu'il n'avait pas de cavalière. Mais la jeune fille savait qu'il restait pour elle.
-Oui, je suis sûre.
Fred lui prit la main et posa son menton sur le sommet de la tête brune de la sorcière. Ils n'avaient plus qu'à attendre que le plan se réalise. Ce qui ne fut pas long. Au bout de quelques minutes à peine, James arriva. Edwige eut un pincement au cœur. Il était si beau, si élégant. Et dire que c'était censé être pour elle. Elle aurait dû entrer dans la Grande Salle à son bras, aux côtés du garçon le plus populaire de Poudlard. Mais ça ne se passera pas comme ça.
Puis, ce fut au tour de Wilson d'arriver. Elle portait une sublime robe violette, assortie aux fleurs disposées dans ses longs cheveux blonds.
-Qu'est-ce que tu fais là ? demanda James en détaillant la Serdaigle.
-Et bien... Je vais au bal avec toi, répondit-elle joyeuse tout en se saisissant du bras de son cavalier.
-Mais... Je suis censé y aller avec Edw... avec Nott.
Le Gryffondor était perdu. Il se laissa traîné jusqu'à la Grande Salle sans réagir.
-Mais... Je croyais que c'était fini entre vous ? Elle m'a dit que tu voulais y aller avec moi et que ça l'arrangeait vu qu'elle en avait marre de toi...
Le visage de James rougit violemment. La colère. Il se redressa et passa une main dans ses cheveux. Reprenant son aplomb, il lui demanda :
-Elle en avait marre de moi... ?
-Oui. C'est ce qu'elle a raconté à Marvin, qui l'a raconté à je ne sais plus qui, qui l'a dit à Pati, qui me l'a répété.
James serra les poings.
-Allons-y, se contenta-t-il de dire avant d'avancer d'un pas fier dans la salle.
Une fois qu'il pénétrèrent dans la salle, Fred força Edwige à sortir de sa cachette. Mais les jambes de la sorcière ne semblaient pas vouloir obéir.
-Viens, Ed, fit-il en lui prenant la main.
-Alors comme ça, tu ne vas pas au bal ?
Une voix aiguë et désagréable résonna dans l'entrée. Un groupe de filles toutes plus maquillées les unes que les autres venait de faire son apparition.
-Tu as aussi jeté un maléfice à Fred pour qu'il reste avec toi ?
-Peut-être parce que tu n'as pas d'amis ? C'est ça ! Nott n'a aucun ami...
Trop fort, elles parlaient trop fort. Et si elles continuaient, James allait se retourner.
-Taisez-vous, fit-elle presque silencieusement.
Les filles se contentèrent de rire avec une voix suffisamment forte devant l'impuissance de la Serpentard. Fred allait répliquer quelque chose, lorsqu' une voix interpella le groupe. Wilson qui s'était retournée appela ses amies qui la rejoignirent docilement. Mais ça ça n'était rien. Car seul le regard froid et glacial que James lui lançait, importait Edwige. Non, il ne l'aimait pas. Il la détestait plutôt. Mais pourquoi ? Elle s'était effacée. Elle lui avait donné la chance de retourner avec celle qu'il aimait. Alors pourquoi ?
Wilson et ses copines rentrèrent pour de bon dans la salle, laissant James, Edwige et Fred seuls. Ne pas lui montrer la douleur. Ne pas lui montrer le regret. Garder la tête haute. Oui, Edwige restait droite, fière et toisait avec un léger mépris celui qu'elle aimait. C'était si facile de jouer la comédie. Si facile lorsqu'on appartenait à la maison Serpentard et qu'on était une Sang-Pur.
-Avec mon cousin... t'aurais pu éviter...
James se contenta de lâcher froidement cette phrase, avant de se retourner.
-Lui au-moins, n'a pas peur de me tenir la main en public ! lui cria alors la jeune fille.
Il ne se retourna pas. Mais elle savait qu'il était blessé. Pourquoi ? Elle ne pouvait pas le dire. Mais quoiqu'il puisse répondre, elle savait qu'elle avait raison. Fred l'aimait vraiment. Il était et resterait son ami, quoiqu'il arrive.
Mais James ne répondit rien et continua de marcher. C'est ce qui fendit le cœur à Edwige. S'ils avaient recommencé leurs échanges belliqueux, elle aurait pu supporter cette séparation. Mais il allait l'ignorer.
-Tu vois que tu es courageuse, lui glissa alors Fred tandis qu'elle fit demi-tour avec le peu d’ego qui lui restait.
Elle lui sourit faiblement et continua d'avancer. Elle ne devait pas montrer sa peine. Elle allait faire avec et oublier cet idiot de James Potter.