Gordon Peel tamponna son front reluisant et son cou gras du petit mouchoir brodé que lui avait confié sa femme. Inconfortablement installé, il se redressa sur son siège rembourré et décolla son dos du dossier en bois vernis du XVIIème. Lentement, chaque parcelle de sa peau se sépara de sa chemise trempée et l'homme eut le réflexe de retenir un soupir de soulagement.
Ce 24 avril 2023 était bien trop chaud. Et les cinq heures qu'il avait passé en tête à tête avec les têtes de mule du Gouvernement n'avaient pas aidé à son petit confort. Le pire étant qu'il n'avait pu boire que de l'eau depuis ces cinq longues heures. Je me damnerais pour un Bourbon... ou un Scotch ! Oui, un Scotch avec deux glaçons, psalmodiait-il intérieurement depuis trente minutes, son regard perdu sur les douze membres de l'assemblée. Tous les visages lui étaient familiers, de Bennedict Nielsen, le ministre des Affaires Intérieures jusqu'à la vieille rabougrie qui leur servait de reine, Elizabeth II. À 96 ans, cette vieille peau n'avait toujours pas pris sa retraite et elle semblait être plus en forme que lui, un homme de 47 ans. C'en était navrant.
-Nous n'en avons toujours pas fini ? glissa Gordon Peel à l'oreille de son voisin, le Ministre de l'éducation.
L'homme le toisa d'un air dédaigneux et ne lui répondit pas. De toute façon, qu'attendait-il comme réponse d'un noir ? Honnêtement, il ne lui avait fallu qu'un mois au Brésil, le temps de prendre des vacances, pour que le Ministère soit envahit par des étrangers. Non sans fusiller son ''collègue'' du regard, il se focalisa sur la discussion houleuse qui s'embrasait juste devant ses yeux.
-Nous ne devons pas accepter ce Traité ! hurlait le Ministre de l'Economie. L'Union Européenne causera notre perte !
-Laissez donc les affaires des Grands à ceux qui peuvent s'en occuper, Barnabé, fit ironiquement le Ministre des Affaires Etrangères sans se départir de son calme. Concentrez vous sur l'économie du pays, je crois que c'est déjà bien assez complexe pour vous !
Barnabé Foist se leva d'un bond, faisant sursauter le croûton. Gordon Peel esquissa un sourire narquois, sans se rendre compte que cela lui donnait un air goguenard et pervers. La reine soupira et passa une main sur son visage las. Elle était trop vieille pour se mêler de ces querelles ridicules.
-Osez répéter ! s'emporta-t-il. Je crois que vous n'avez rien compris à la hiérarchie !
-Le fait que vous soyez plus âgé que moi ne fait pas de vous mon supérieur. À ce que je sache, depuis la nouvelle loi de 2018, tous les Ministres ont le même statut. Me tromperais-je ?
Il tourna la tête vers le représentant de la Chambre de Lords. Ce dernier sursauta, mal à l’aise de sentir tous les regards de la salle se poser sur lui. Tous sauf celui de Peel qui fixait toujours la Reine.
-Et bien... Si... Enfin, non. Vous ne vous trompez pas.
Le Ministre des Affaires Etrangères le remercia et se retourna vers son adversaire, la mine satisfaite.
-Effacez ce sourire malsain de votre visage immédiatement, lui cria Barnabé Foist.
-Vous n'avez pas à me parler sur ce ton, commença à s'énerver le plus jeune.
-Ca suffit, rasseyez-vous et reprenons cette discussion dans le calme, tenta un de leurs compères.
-Vous, je ne vous ai rien demandé.
Offusqué, l'homme se leva à son tour et tous les trois continuèrent à se disputer sous les yeux ahuris des membres présents. Soudain, la porte qui était censée rester close jusqu'à la fin du débat, s'ouvrit dans un mouvement théâtral. Mais ce fut lorsque les fenêtres s'ouvrirent à la volée faisant flotter les rideaux bordeaux comme des drapeaux que Gordon Peel fut vraiment surpris.
-Suis-je dans une Réunion politique ou bien dans une cour de récréation, gronda une voix qui leur était à tous inconnue.
Personne ne répondit. Un homme fin et filiforme marchait vers eux d'un pas décidé. Son visage était allongé et son nez légèrement de travers. Quelques rides barraient son front mais, rien de bien marquant, jalousa Gordon. Il devait avoir dans les cinquante ans, peut-être plus.
-Comment osez-vous pénétrer dans ces lieux ? rugit Elizabeth semblant tout à coup paraître vingt ans de moins.
-Et comment osez-vous me parler sur ce ton... Moldue ? ricana l'inconnu.
-Je... Moldue ? M'avez-vous appelée Moldue ? Je suis la Reine d'Angleterre, jeune homme !
-Et moi je suis un sorcier... Mais appelez-moi Dan Tracesor.
Femmes et hommes présents dans la salle se regardèrent bouche-bée. Qui était cet homme, qui ignorait même comment s'adresser à la Reine ?
-Un sorcier, ne me faites pas rire, railla Barnabé Foist. Et puis quoi encore ? Moi, je suis la Reine d'Angleterre !
Gordon Peel se racla vigoureusement la gorge, étouffant un sourire. Cette expression qui s'employait si souvent, devait au moins faire exception devant ladite Reine.
-Rasseyez-vous, Foist ! pesta la vieille Elizabeth. Et arrêtez de jouer les imbéciles. Je suis la reine...
-Non, qu'il reste debout, la coupa Dan Tracesor.
-Vous...
La Reine voulu le reprendre et le chasser d'ici, mais il lui coupa une nouvelle fois la parole.
-Silencio ! rugit-il en pointant un bout de bois sur la vieille peau.
Gordon tressaillit, du bâton était sortit une sorte d'éclair presque invisible qui frappa de plein fouet la grand-mère. Celle-ci voulut l'insulter -car vu l'expression qu'elle avait pris, le Ministre était sûr que ce n'était pas des mots de paix qu'elle voulait lui adresser- mais ne put le faire. Sa bouche était comme collée.
-Bien, maintenant que la vieille mégère a été mise en silencieux, commençons notre petite démonstration. Comme je l'ai dit, je suis un sorcier. Et VOUS, vous allez m'aider.
Le silence s’abattit sur la salle, suite à cette affirmation. Certains semblaient même éviter tout contact visuel avec l’intrus, sûrement terrifiés.
-Vous n'êtes qu'un fou !
-Les sorciers, ça n'existe pas !
Comme s'ils s'étaient concertés, des protestations fusèrent. La dernière phrase venait de Foist qui ne s'était toujours pas assis.
-En êtes vous sûr ?
Le sorcier afficha un air satisfait. Il roula des épaules et pointa son bâton -qui devait être une baguette, d'après une longue réflexion de Gordon- dans le vide. Il murmura quelque chose et soudain, feuilles, livres, verres et stylos qui se trouvaient sur la table, s'envolèrent. Dan Tracesor fit venir un des verres vers lui et, lança ce qui semblait être un autre sort. De l'eau sortit de sa baguette et flotta dans les airs avant de venir remplir le récipient.
Les Ministres et autres personnes présentes chuchotèrent, émerveillés. Seule la Reine s'acharnait à vouloir ouvrir la bouche mais n'y parvenait pas. Le sorcier effectua d'autres tours, plus fantastiques les uns que les autres. Puis soudainement, il s'arrêta et prit une mine lugubre.
-Oui, oui, la magie ! fit-il magistralement. Vous trouvez-ça magnifique ? Apprenez que la Magie est plus sournoise, plus terrible que ce que vous pouvez écrire à vos enfants dans les contes.
Il marqua une pause, tenant son auditoire en haleine, puis s'écria.
-Impero !
Le pauvre Barnabé Foist se retrouva sous l'emprise du sortilège. Son regard était vide et dénué d'expression. Sous un ordre silencieux de la baguette, il se leva et se mit à jongler avec des stylos.
-La magie peut faire obéir n'importe qui, ajouta-t-il semblant repenser à une de ses mésaventures. Je peux le faire jongler, le faire danser la Polka... Mais je peux tout aussi bien le faire sauter par le fenêtre...
D'un geste du poignet, il l'envoya valser en direction vers une des ouvertures qui décorait le mur. Au dernier moment, il l'empêcha de sombrer dans le vide. Des soupirs de soulagement parcoururent l'assemblée.
-Je vous propose donc de travailler avec moi.
-Qu'attendez-vous de nous ? le questionna le noir qui était aux côtés de Gordon Peel.
-Les tuer... les tuer tous.
-Les... les sorciers ? demanda une femme.
-Qui d'autre ? répondit-il d'un air dédaigneux.
La jeune femme frissonna et se fit la plus petite possible sur sa grande chaise.
-Et si nous refusions de travailler avec vous ?
-Je ne forcerai la main à personne.
Et il balança Foist par la fenêtre. Sous la chute, le sort se rompit et ses collègues eurent juste le temps d'entendre son cri étouffé avant qu'un bruit sourd d'os se cassant le fasse cesser.
-Je suis partant, marmonna Gordon qui ne s'était alors pas fait entendre. Je suis de votre côté.
-Voilà une sage décision, lui fit remarquer Tracesor.
-Moi aussi.
-De même.
Et les uns après les autres, les membres de l'assemblée exprimèrent leur accord.
-La décision finale revient à vous, fit alors le Ministre de l'éducation en s'adressant à la Reine.
Celle-ci découvrit avec plaisir qu'elle pouvait de nouveau parler. Elle hésita un instant, ne sachant pas comment se comporter. Puis, après une longue minute de réflexion, elle tira sur son tailleur et annonça :
-Très bien, vous avez notre soutien.
L'homme eut un sourire sardonique puis avança lentement vers la table rectangulaire. Il ôta un à un ses gants en cuir et alla s'installer sur le siège à présent vide de Foist. Il croisa les jambes et s'installa confortablement, maître de l'assemblée.
-Laissez-moi vous raconter une petite histoire... commença-t-il. Tout commence le 2 mai 1998, lorsqu'un garçon défait par on ne sait quel miracle le plus grand mage noir de tous les temps. Lord Voldemort. Alors oui, vous pouvez sourire, penser que ce ne sont que des histoires, ajouta-t-il devant quelques sourires timides. Mais ne vous faites pas d'illusions.
Il fit une pause, attrapa un verre et y trempa ses lèvres. Il recracha l'eau avant de s'essuyer la bouche d'une main. Pestant contre ces Moldus qui ne savent pas boire, il changea le liquide en rhum et étancha sa soif. Gordon Peel le regarda avec envie, le jalousant de ses pouvoirs qui lui auraient permis de boire tous les Whisky qu'il aurait pu imaginer.
-Le Millenium Bridge... Lorsqu'il avait été détruit cette année là, quelle excuse avait été trouvée ? Et le car de Moldus qui s'était tout bonnement volatilisé ? La hausse de la criminalité, des personnes retrouvées mortes chez elle sans aucune explication... ? Toutes ces enquêtes non abouties. C'était lui, Lord Voldemort.
« Et un simple petit sorcier l'a détruit. Fort heureusement, me diriez vous! Personnellement, je ne l'aimais pas trop. Et puis, il lui manquait un nez. C'était assez effrayant et...
Voyant qu'il s'égarait et que son rôle de méchant machiavélique lui échappait peu à peu, Dan Tracesor se racla la gorge avant de reprendre.
-Tout cela pour vous dire qu'une guerre s'est déroulée sous vos yeux, sans que vous ne soupçonniez ne serait-ce qu'un dixième de son existence. C'est pour ça, que je suis venu vous offrir mon aide. Vous expliquer comment éradiquer la magie de cette planète ou du moins, la contrôler et vous en protéger.
-Et qu'attendez-vous en échange ? fit la Reine d'un ton cassant.
-Une offre, signifie que ce n'est pas payant.
Il y eut un énième silence tendu dans la salle avant qu'Elizabeth II ne reprenne.
-Rien n'est gratuit.
-Vous avez raison. Dans ce cas... je ne vous demanderai qu'une chose en retour.
Il sembla réfléchir un instant. Mais Gordon était persuadé qu'il ne faisait que jouer sa comédie pour les impressionner.
-En retour, je veux Harry Potter.
Note d'auteur :
-J.K. Rowling is the Boss (sauf pour tous les personnages qui ne sont qu'a M‘A)
-Fic longue de la série Le Passionnant Journal d'Edwige Nott que certains attendaient :]
-Participation au concours : "C'est mon perso et j'en suis fière -dans mon cas"
Je ne mords pas donc n'hésitez pas à venir lire !
Merci d'avance à Harry Gryffondor qui me bêtat' et à Labige qui m'a empêchée de faire de grosses erreurs de personnages !!!! *câlin*
Note de fin de chapitre :
Mort dans ce chapitre : 1. :] (je commence à les compter dès maintenant...)
Bon... désolée, Edwige n'arrive que dans le chapitre suivant. Sinon, est-ce que ça vous a plus? Qu'en pensez-vous?
AH ! Et le but à partir de maintenant, c'est d'essayer de trouver qui est Dan Tracesor (parce qu'il existe déjà dans la saga) ;)
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