Consignes :
Ecrire un OS ou une fiction à chapitres au choix, minimum 800 mots (la fiction n'est pas obligée d'être terminée le 20 mai)
Votre OC doit être le personnage principal et ne doit pas partager la vedette avec un personnage d’HP
Les personnages d’HP peuvent bien évidemment être intégrés et avoir le second rôle
La fiction n’est pas obligée d’être canonique
Toute époque, est acceptée
Pas de restriction de genre
Une seule participation par personne
Attention à bien ancrer le récit dans le monde d’HP !
Le rating [-18 ans] est accepté, mais il serait dommage que tout le monde ne puisse pas lire votre participation
Pas de date limite pour l’inscription mais votre participation devra être publiée le 15 mai à minuit, les votes se feront du 16 au 26 mai ! Et oui vous pouvez changer d'idées en cours de route, je ne suis pas dans votre tête x)
Sans le concours d'Erwan, je crois que je n'aurais jamais eu le cran de coucher cette histoire sur papier. Mah bon, parfois, il faut bien assumer ce que l'on invente...Même si ça me fait vrailment très bizarre de cocher la case Tragédie/Drame.
Donc, voilà le monstre...
Elle prit son courage à deux mains et toqua à la porte des Trois Balais. Une femme blonde au visage rubicond vint lui ouvrir après quelques secondes d’attente.
« Oui ? Demanda-t-elle d’un air grognon.
- Je suis désolée pour l’heure tardive, mais j’ai une réservation ici au nom d‘Evelyne Lacoste.
- Entrez. Laissez vos bagages ici, Leroy va les monter pour vous. »
Evelyne franchit le pas de la porte timidement. Elle se rappelait de la première fois où elle était venue aux Trois Balais, avec son amie Dominique. A l’époque, l’établissement n’était qu’un bar. Hannah Abbot, la nouvelle gérante, avait jugé opportun de le transformer en hôtel, et avec raison.
Hannah l’accompagna jusqu’à sa chambre, et lui signala que Leroy et les bagages n’allaient pas tarder. La jeune femme hocha la tête et referma la porte derrière la gérante.
Peu de temps après, une série de coups réguliers se fit entendre. Elle ouvrit la porte, découvrant un jeune homme chargé de ses sacs. Il ployait sous l’effort, aussi Evelyne se précipita-t-elle pour l’aider. Elle se demandait pourquoi il n’avait pas utilisé la magie, mais, de peur de commettre un impair, elle ne dit rien.
Le garçon lui adressa un sourire de remerciement et resta planté au milieu de la chambre, stupidement, à la regarder. Evelyne commençait à être mal à l’aise, si bien qu’elle lui demanda s’il n’avait besoin de rien. Il se confondit en excuses; après tout, c’était à lui de poser ce genre de questions. La Française lui assura que tout allait bien et referma doucement la porte sur lui.
Elle poussa un soupir et s’assit sur son lit. Peut-être qu’elle n’aurait pas du venir, finalement. C’était certainement une erreur. Le fait que même Dominique ne soit pas au courant de sa venue posait des problèmes. Son amie lui reprocherait sans doute ses « cachoteries », comme elle le répétait à chaque fois en fronçant le nez. Mais Evelyne n’avait pas le choix : elle ne pouvait décemment rester à Paris, pas après ce qui c’était passé. L’odeur du scandale lui revint en mémoire et elle ferma les yeux : il ne fallait pas y penser. Si sa vie était détruite, elle n’y pouvait rien. Cette affaire n’était qu’une suite malheureux hasards qui n’auraient jamais dû se produire.
Elle glissa au pied du lit, se complaisant dans sa tristesse. Le malheur, c’était la récréation des âmes profondes. Evelyne en avait fait l’expérience et elle aimait se répéter que malgré ce que les gens répétaient, il y avait bien quelque chose derrière ce joli minois. Elle se leva brusquement et alla dans la salle de bain, à la recherche d’une glace.
Le miroir lui renvoya l’image d’une jeune femme aux traits fatigués par le voyage et la tristesse. Cependant, Evelyne remarqua que les marques qui habituellement enlaidissaient les autres lui seyaient plutôt bien. Elle grimaça. Ainsi, même lorsqu’elle serait vieille, elle serait certainement toujours resplendissante, sauf accident majeur. Et les gens continueraient de la considérer comme une jolie poupée sur une étagère.
Evelyne lâcha un rire amer « même lorsqu’elle serait vieille », quelle vanité !
Les gens devaient certainement la haïr pour ça : Dominique, pourtant aussi belle qu’Evelyne, rayonnait de bonté. La Française, quant à elle, ressemblait plus à un glaçon qu’à autre chose. Elle fit une grimace au miroir, qui lui renvoya le charmant portrait d’une grande adolescente à l’air espiègle.
L’air était espiègle, mais le regard était froid et dénué de tout éclat.
Evelyne défit son chignon, et un amas de boucles brunes bien dessinées tombèrent en cascade, caressant la peau de porcelaine de ses épaules. Un éclair de plaisir passa dans ses yeux couleur d‘eau. Même si elle se plaignait, il fallait avouer que cela lui plaisait bien, parfois, d’être belle. Elle adorait se plaire, mais elle détestait plaire aux autres. Etrange paradoxe dont pourtant l’explication était simple : Evelyne se connaissait bien; elle savait qu’elle était davantage un simulacre de Catherine Earnshaw, la passion et la blondeur en moins.
La jeune femme accorda un sourire compatissant à son reflet. Pauvre victime. Elle s’était faite avoir par un homme qui lui avait laissé penser que son fils n’était qu’un plus, qu’il l’aimait pour son être et non pas pour son enveloppe. Pauvre petite fille. Elle qui se voulait différente, elle avait suivi la trace de bon nombre de jeunes filles innocentes et stupides. Sauf que rares étaient les jeunes filles sans cervelle qui avaient eu une relation suivie avec le directeur de l’école de Beauxbâtons.
Evelyne frissonna. Stupide, elle avait été stupide. A présent, le monde entier doutait de la véracité de ses résultats d’examen. Son excellence était remise en cause, et elle était à nouveau la ravissante petite idiote qu’elle avait cessé d’être pendant tout son séjour à l’institut de sorcellerie.
Une larme coula, et son ricanement aussi moqueur qu’amer reprit. Elle donnait dans le mélodramatique.
Qu’allait-elle devenir, à présent ? Elle n’était même plus sûre de la raison pour laquelle elle avait accepté ce job dans ce journal.
Non, c’était faux. En réalité, elle le savait. Pour les mêmes raisons qui l’avait poussée à se précipiter dans les bras de ce directeur aussi aigri qu’elle.
Lavande Brown lui avait dit qu’elle aimait ses clichés. Elle leur avait trouvé de la « profondeur », et Evelyne adorait ce mot, surtout lorsqu’il s’appliquait à elle, de près ou de loin. Plus, la journaliste lui avait proposé un job qui induisait l’anonymat : elle promettait d’accoler un pseudonyme du choix de la jeune femme à chaque photo publiée. La Française avait apprécié l’attention, même si elle devinait que c’était l’ombre du scandale qui avait poussé Miss Brown à faire une telle proposition.
Mais Evelyne s’en moquait. Dans cet établissement, personne ne savait qui elle était. Tout le monde ignorait son nom, et personne ne viendrait l’assommer avec des remarques dérangeantes ou des regards de dégoût. Enfin, si elle évitait le rez-de-chaussée et ses nombreux clients. Ainsi que les couloirs.
La jeune femme poussa un nouveau soupir, mais de lassitude cette fois.
Demain était un autre jour, après tout. Elle recommençait une nouvelle vie, dans un nouveau pays. La fuite avait ça de bon.