C’est la nuit et je n’arrive pas à dormir. C’est presque la pleine lune et le loup en moi demande à sortir. La lumière passe à travers la fenêtre et atterrit sur mon oreiller, même si j’ai fermé les rideaux au moins dix fois. Soupirant, je les ouvre et cherche mon livre. Et je frissone. Quelqu’un dans ce dortoir est en train de faire un cauchemar. Je peux entendre des sanglots et les murmures.
Je me glisse silencieusement hors du lit vers le sol froid en pierre. Tournant ma tête et fermant mes yeux, j’essaye de localiser la source de ces bruits. C’est son lit. J’avance à pas feutrés jusqu ‘à son lit et ouvre les rideaux avec précaution.
“Padfoot?” je souffle. “Sirius?” Il se tortille, ça me blesse de le voir comme ça. Il est sans aucun doute déchiré par la peine. Son visage est tordu par ce sentiment, et ses draps sont enroulés autour de son corps. Il dort toujours torse nu, et je peux voir que sa poitrine est couverte d’un sweat. Je lève le bras et touche son épaule doucement, “Réveille-toi”.
Il se réveilla en sursaut, me frappant presque. “Moony?” demande-t-il, étendant le bras, presque à l’aveugle. Je l’aide, l’entraînant dans une étreinte proche tandis que je m’assoie sur le lit et referme les rideaux derrière moi.
“Silencio,” je souffle. Sa respiration est lourde, irrégulière. Je peux sentir son corps musclé entre mes bras, et ses cheveux me chatouillent la joue. “Quel était ce rêve?”
“Tu promets que tu ne le diras pas aux autres?” Sa voix est étouffée. J’acquiesce, sachant qu’il sentira mon mouvement. “J’étais de retour à la maison. Ma mère était… en train de me battre.” Je sais qu’elle l’a déjà fait par le passé; les marques sont nettes sur son dos alors que je l’étreints. “Je pourrais me débrouiller avec ça, mais… oh Seigneur, Re, c’était si réel…” Il pleure encore, et je peux sentir les larmes tomber sur mon haut.
“Shh, Siri, ce n’était qu’un rêve.”
Il reniffle. “Je sais. Mais Seigneur...”
“Qu’est-ce que c’était?”
Il est silencieux pendant un moment. “Elle avait quelqu’un. Quelqu’un à qui je tiens.”
“Qui?”
Je crois qu’il sourit, mais je ne peux pas en être sur. Son visage est derrière moi. “Quelqu’un que j’aime, et je n’en dirais pas plus.” Mon coeur s’arrête, mais je sais que c’est stupide. Il aime tout le monde, utilisant le mot pour tout. “Elle blessait. Cruciatus. Et de d’autres façons. Oh, Moony-” sa voix tremble- “ça fait mal.”
“Elle ne peut pas te blesser Sirius. Plus maintenant. Et elle ne peut pas blesser ta copine non plus”
Il se recule pour me regarder. “Qui a dit que c’était une fille?” Ses yeux sont moqueurs. Dans cette demi lumière, ils sont quand même noirs. Il est si près de moi. Je peux voir toutes les lignes de son visage, plus rassemblées autour des yeux. C’est étrange, vraiment, considérant combien il est vaniteux, combien ses yeux sont tracés.
Durant la journée, il porte normalement de l’eyeliner pour les couvrir. Il peut enlever ce regard, sans avoir l’air d’un idiot fini. Je ne sais pas si aucune des personnes avec qui il est sorti l’a déjà vu sans.
“Alors ton seul vrai amour est un homme?” Il acquiesce doucement, le regard provocant, ne s’inquiétant pas de nier qu’il rêvait de son ‘véritable amour’. “Ne le dis simplement à personne, ou la moitié de la population féminine de l’école pourrait se suicider.” Il rie brièvement.
Ca m’étonne toujours de voir combien les autres Maraudeurs sont proches de leur forme d’Animagus. Il est toujours à la recherche d’affection, et son rire est si proche d’un aboiement, c’est incroyable. Il est aussi constamment enthousiaste. Peter est continuellement en train de trembloter, toujours en train de bouger, et il ne fait jamais rien à moi que l’un de nous ne lui ai demandé. Et James… Il se met en valeur chaque fois que des filles sont à côté, spécialement Lily. Et il veille sur nous trois, nous défendant comme si nous étions sa ‘horde’. Je pense que je devrais lui dire à propos de mes sentiments. Peut-être.
“Est-ce qu’il ressent la même chose?” je demande.
Il s’extirpe de mes bras et retombe sur ses oreillers.
D’une main, il ébouriffe presque de manière délicate ses cheveux. “J’en doute fortement, et je n’ai aucune intention de le laisser savoir ça.”
“Quoi? Le célèbre Sirius Black, étudiant à Hogwarts, effrayé de dire à quelqu’un ses sentiments ?”
Il semble presque timide. “Ouais. Il est si spécial, Re. Absolument extraordinaire. Il est calme, et intelligent, et drôle, et beau… Quand je suis avec lui, je me sens moi. Plus calme. Pas le stupide et imprudent Padfoot.” Une foule d’émotions défilent dans ma tête. D’un côté, je suis content pour lui. Il semble heureux, totalement amoureux. Je ne l’ai jamais vu être sérieux en ce qui concerne ses sentiments pour quelqu’un avant. Mais je suis aussi triste. Il est amoureux d’un homme. Qui n’est pas moi. Il n’y a pas de hance pour moi maintenant. Une fois qu’il a une chose en tête, impossible que ça change. Au moins, si ça avait été une fille dont il était tombé amoureux, j’aurais pu me dire qu’il préférait les femmes.
Il doit être capable de voir différents sentiments sur mon visage, parce qu’il se penche en avant pour prendre ma main. “Je sais que c’est un choc, mais je suis décidé.”
“Je suis heureux pour toi. Mais tu devrais vraiment lui dire."
Il s’étend à nouveau en arrière, mais il garde ma main apeurée dans sa jolie main. “Peut-être. Pas maintenant. Je le regarderais pendant un petit moment. Chante pour moi, Moony.” Il me fait toujours chanter quand nous nous réveillons au milieu de la nuit, même si c’est moi qui fait un cauchemar et il est celui qui vient me réconforter. Il dit que ma voix l’apaise, le fait somnoler.
Je commence à chanter la première chanson qui me vient à l’esprit. Bohemian Rhapsody. Il sourit et ferme les yeux. “Galileo Figaro Magnifico…” Je crois qu’il s’est endormi. “I’m just a poor boy, nobody loves me…(Je ne suis qu’un pauvre garçon, personne ne m’aime...)” Je me lève pour partir, mais sa voix ensommeillée m’arrête.
“Je t’aime, Moony.”
J’ai besoin de tout mon contrôle pour aller à mon propre lit sans pleurer. Pourquoi est-ce que ça ne peut pas être moi qu’il aime? Je donnerais n’importe quoi pour qu’il me dise ces mots, et les pense.