-Alors Vic, ça te tente ? demanda la douce voix de Teddy.
-Et comment ! répondit la voix enjouée de la belle Victoire.
Ca y est. C’était fini. C’était derrière eux, tout ça. Maintenant ils étaient libres. Poudlard était fini, pour tous les deux. Leurs études étaient terminées, pour tous les deux. Ils étaient maintenant de jeunes adultes, prêts à débarquer dans le monde du travail.
Alors une dernière fois, ils avaient besoin d’être des enfants.
Victoire saisit la main que Teddy lui tendait, et tous les deux dévalèrent en courant les dunes de sable fin qui entouraient la Chaumière aux Coquillages. Le bruit des vagues qui venaient se briser contre la digue résonnaient en arrière-fond mais par-dessus tout, c’étaient leurs rires qui s’entendaient de toute la plage. Le ciel était noir, la nuit était tombée. Mais eux ils étaient là. Pour un simple bain de minuit.
Tandis qu’ils couraient, Teddy retira sa chemise tandis que Victoire se débarrassait de sa jupe. Ils continuaient à avancer, main dans la main, parfois se séparaient quelques instants, juste assez pour retirer leurs vêtements. Puis ils se retrouvaient. Finalement, quand ils ne furent plus vêtus que de leurs sous-vêtements, ils entrèrent dans l’eau.
-C’est froiiiiid ! s’exclama Victoire.
Mais déjà le rire de Teddy lui faisait oublier le froid, lui faisait oublier tout ce qui n’était pas Teddy, et la jeune fille continua de courir dans l’eau, continua de courir vers celui qu’elle aimait. Bientôt, les deux jeunes adultes ne furent plus en mesure d’avancer et commencèrent à nager. Ils allaient toujours plus loin. Ils n’avaient pas peur ici. Combien de fois n’avaient-ils pas nagé à cet endroit ! Aussi loin que remontaient leurs souvenirs, ils savaient déjà nager. Et ils nageaient ensemble.
Finalement, alors que la main de Teddy serrait fort la sienne, Victoire fit demi-tour. Le froid devenait mordant, et en même temps avait quelque chose d’excitant. Être aussi peu vêtu au beau milieu de la nuit, dans l’eau froide, en compagnie de l’homme de sa vie, avait un côté romanesque qui n’était pas pour lui déplaire. Mais il ne fallait pas abuser des bonnes choses.
-Alors, Mademoiselle Victoire en a déjà assez ? Mademoiselle Victoire veut déjà rentrer ? demanda Teddy en nageant aux côtés de la jeune fille.
-T’es bête Teddy ! répondit-elle en rigolant. J’ai juste froid !
-Oh, je vois ça. J’ai peut-être une idée pour arranger la chose…
Avant que Victoire n’ait pu dire quoi que ce soit, Teddy, profitant du fait qu’ils avaient de nouveau pied, encercla Victoire de ses bras autour de sa taille et la souleva, la faisait presque sortir de l’eau qui quelques instants auparavant lui arrivait à la taille.
-Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-elle en riant.
Teddy ne répondit pas, et se mit à courir aussi vite qu’il le put, Victoire toujours dans ses bras. Finalement, lorsqu’ils furent de nouveau sur la plage de sable fin, il lâcha la jeune fille qui se laissa tomber sur le dos, profitant de la sensation du sable chaud se collant sur sa peau mouillée par l’eau froide. Teddy vint se place juste au-dessus d’elle.
-Mademoiselle a toujours froid ? demanda-t-il avec un sourire malicieux.
-Oui, encore un peu, répondit-elle en faisant une petite grimace.
Mais l’éclat pétillant dans ses yeux disait exactement le contraire. Cependant, Teddy fit celui qui n’avait pas compris.
-Dans ce cas…
Et il s’empara des lèvres de Victoire, essayant de lui transmettre à travers ce baiser tout l’amour qu’il ressentait pour elle. Victoire passa un bras autour de la nuque de Teddy et l’autre autour de sa taille et l’attira encore un peu plus devant elle. Les deux jeunes adultes continuèrent ainsi de s’embrasser sous la lune, en cette fin de première journée d’été. Les mains de Teddy devinrent plus aventureuses, et Victoire frissonna lorsqu’elle les sentit glisser le long de son dos jusqu’à son bassin, où elles se stoppèrent. Elle n’avait plus du tout froid maintenant.
Ils restèrent ainsi encore un long moment, Victoire se serrant encore plus contre Teddy, Teddy continuant à effleurer du bout des doigts la nuque de Victoire, sa poitrine, son bassin. Lorsqu’ils sentirent qu’ils étaient sur le point de perdre le contrôle, Teddy s’allongea aux côtés de Victoire. Ils étaient tous les deux, en sous-vêtements, sur une plage de sable fin par une belle soirée d’été. Tout était si bien.
-Teddy… tu crois que maintenant on est officiellement des adultes ? demanda alors Victoire.
-Surement.
-Et est-ce que ça veut dire que nous ne sommes plus des enfants ?
-Pas nécessairement. Quand tu deviens adulte, toute ton enfance ne disparait pas soudainement. Je suppose qu’on reste quand même des enfants, quelque part.
-Moi j’aimerais bien. Ça doit être ennuyeux d’être juste un adulte. Je veux pouvoir être encore une enfant parfois.
-Et pourquoi ? demanda Teddy avec un sourire malicieux.
-Pour pouvoir voler des friandises dans le placard de la cuisine. Pour pouvoir faire ce que je veux sans me prendre la tête, parfois. Pour ne pas être tout le temps trop raisonnable. Pour garder un côté enfantin qui me dirait de me moquer des autres. De vivre ma vie. D’être heureuse.
Elle s’arrêta un moment, fixant le ciel avec inspiration, puis tourna de nouveau son visage à Teddy.
-Rester une enfant, pour pouvoir passer autant de temps avec toi que je le veux. Comme lorsque nous étions petits.
-Tu sais que ça… ça peut s’arranger, dit Teddy avec un petit sourire.
-Teddy… arrête… grogna Victoire tandis que ce dernier se rapprochait d’elle et déposait des petits baisers sur sa nuque.
-Et pourquoi ?
-Teddy, on est sur une plage !
-Et alors ? Ecoute ton côté enfantin. Celui qui te dit de te moquer des autres, de faire ce que tu veux, d’être heureuse.
Tout en disant ça, Teddy descendait ses lèvres à la naissance de la poitrine de Victoire, qui continuait d’essayer de le repousser mais avec cependant beaucoup moins d’insistance.
-Quand j’étais une enfant je ne pensais pas à faire… ce genre de chose, marmonna Victoire.
-Sauf que maintenant, tu es aussi une adulte. Alors fais un mélange des deux. Ton côté enfantin qui te dit d’être avec moi. Et ton côté adulte… qui te dit aussi d’être avec moi ! ajouta Teddy en souriant.
-Et ton côté adulte à toi, il te dit de me faire l’amour ? supposa Victoire avec un grand sourire malicieux.
Elle s’était rapprochée de Teddy. Elle n’avait jamais su lui résister, de toute façon.
-Comment t’as deviné ?
Et Victoire se laissa aller.
Ils étaient seuls tous les deux, sur une plage de sable fin. Ils s’aimaient, ils étaient ensemble, ils se moquaient des autres. Comme des enfants. Ils s’aimaient, ils étaient ensemble, ils se moquaient des autres. Comme des adultes.