Parmi la poignée de gens que j’apprécie, voir que j’estime (ceux la se comptent sur les doigts de la main), il y a Kellie. Kellie Joustovot, née d’un père français et d’une mère anglaise. Un ange de bonté. Un miracle de douceur, de générosité. Elle a obtenu le record absolu de celle que j’ai eu le plus petit nombre de fois envie de trucider, c’est a dire 2 fois. La 1ere, c’est quand elle a recollé les morceaux de l’ego surdimensionné de la p.....e de service et chieuse de première, j’ai nomme Faustine Clélinet. La scène est encore gravée, dans les moindres détails (oh miracle), dans la passoire qui me sert de mémoire.
FLASHBACK...
Le prof de physique, au bord de la crise de nerf:
« Faustine, dehors !!! Ras le bol de tes bavardages, de t’entendre glousser pendant mes cours... »
Faut pas exagérer non plus, c’est pas un meeting présidentiel son cours. M...e, je suis en train de prendre la défense de Faustine là. Il ne manquerait plus que ça.
« ...tu me pompes l’air... »
Ouaw, il est sacrement énervé, le prof.
« ...prend tes affaires et sors d’ici1 »
Le ‘fous-moi le camp’ lui demange les lèvres.
Faustine se leve, hautaine, regard méprisant (tiens, ce comportement me rappelle celui d’un personnage de roman, mais qui ? Ma mémoire me trahit une énième fois.Il faut que je pense à la remplacer. Si vous connaissez un fabriquant, prevenez moi S.V.P.).
Faustine, à sa leche-botte de copine :
« Mais il ne comprend pas que mon père il a tout pouvoir »
Ri-di-cule.
Remarque deplacée.
Inappropriée.
Mal formulée.
Et, pire que tout, inexacte.
Son père est PDG d’une importante societé d’empoisonneurs...hrmmmm...de fabriquants de cigarettes (eh voilà je vais me mettre les fumeurs à dos !) et elle se croit tout permis pour ça. Pathétique. Caricature de la fifille à son papa.
Le prof de physique :
« Clélinet, deux heures de colle ne vous feront pas de mal. Ce soir, apres les cours.»
Yes, bien fait pour sa gueule. Pas si sourd que ca, le prof de physique.
Il a reussi son coup encore plus qu’il ne le pense. Faustine voulait aller en boîte ce soir.
Ho ho ! Elle est furax...elle devient toute rouge...elle se dirige à grandes enjambées vers la porte...
L’envie est trop forte. Je glisse discrètement mon pied en travers de son chemin. Son équilibre, dejà précaire à cause de ses talons à aiguilles, devient nul. Elle bat l’air de ses bras (stupide, qu’est-ce qu’elle éspère, s’envoler ?), ses ongles limés et vernis accrochent une bassine remplie d’eau.
Deux secondes plus tard, elle est par terre, trempée et ressemble à un raton laveur (eh oui, le mascara et l’eau ne font pas bon ménage).
Kellie :
« Oh, la pauvre ! »
Moi, avec conviction :
« Oui, quel malheur, quelle tristesse ! »
On pourrait presque voir une oréole autour de ma tête.
Kellie lève les yeux au ciel, l’air de dire :
« Mais comment peux-tu faire de l’ironie dans un moment pareil ».
Pour elle, c’est sûrement un moment désagréable où elle est restée impuissante face à la détresse d’une paaaaauuuuuuuuuuuvrrrre fille ( forcément, la chieuse gesticulait comme une forcenée, impossible de l’approcher).
Pour moi, c’est un des meilleurs instants de ma vie.
FIN DU FLASHBACK
La minute qui a suivit, par contre, a été une des pires de ma vie. Rien que d’y penser, ca me déprime.
Car Kellie a tout gaché. Tout gaché par cette simple phrase adressée à Faustine, d’un ton consolateur et depourvu de toute moquerie :
«Tu es adorable en raton laveur ».
J’aurais jure voir Chieuse N 1 bomber le torse.
La 2eme fois ou j’ai eu envie d’assassiner Kellie (je vais faire plus court cette fois, sinon vous allez vous endormir devant votre ordinateur), c’est quand, lors d’une discussion à propos de notre seconde bible à toutes les deux, j’ai nomme l’unique, l’icomparable série en 7 tomes de J.K.Rowling (roulement de tambour) : Harry Potter (vous n’aviez pas deviné, n’est-ce pas ?).
Kel, vous l’avez compris, est une Poufsouffle de coeur, un soupçon Serdaigle aussi. Quand à moi, mon avis est que je suis 2 onzièmes Serdaigle, 4 onzièmes Serpentarde et 5 onzièmes Griffondor.
C’est là qu’elle m’a sorti que je si j’étais a Poudlard, j’irais à Serpentard. Quelle calomnie! J’étais tellement furax que je l’ai traitée de Serdaigle pendant toute la semaine.
Je sais, c’est pas terrible comme vengeance. Bon, c’est même carrément pitoyable. D’un côté, c’est difficile de garder longtemps de la rancune pour Kellie.
Le pire, c’est qu’il y a un peu de vrai la dedans. Je suis manipulatrice quand ça m’arrange, parfois méprisante, je perd rarement mon calme, je suis assez rancunière avec les gens qui ne sont pas mes amis (en gros, avec presque tout le monde). Mais je suis joyeuse, j’aime faire des blagues (mon magasin préferé: le magasin de farces et attrapes) et je n’ai peur de rien ni personne. Je suis ambitieuse mais prête à faire passer mes amis avant mon intêret personnel. Enfin, je préfère agir au grand jour plutôt que dans l’ombre.
Parfois je me surprends à penser qu’il n’y a aucune raison pour que tout ca n’existe pas. Sauf que je suis mathématicienne. C’est a dire incrédule (celle là je l’ai trouvée dans la bouche du comte de Cagliostro, dans « La contesse de Charny» d’ Alexandre Dumas).
Tiens, quelqu’un sonne à la porte. C’est sûrement Maman qui revient après avoir fait les courses. Courses=nourriture. Nourriture=chocolat. Chocolat=miam.
Je descends les escaliers quatre à quatre et j’ouvre la porte à la volée.
-C’est ici chez les De Gabrire ?
Mon enthousiasme se mue en déception. C’est le facteur. Evidemmment, il a parlé en anglais, mais comme vous êtes peut-être encore plus nuls en anglais que moi je traduis.
-Oui, c’est ici.
Je me stupéfie moi-même par mon originalité.
Le facteur me tend un paquet de lettres. Voyant que je ne parais pas decidée à discuter avec lui, il repart avec son vélo. Si tout le monde etait aussi véloce que moi, son métier serait sacrément ennuyeux. Je laisse mes remords de côté et, toujours sur le palier de la porte, j’examine le courrier. Une carte postale de mes grands parents en vacances à StTropez (j’ai oublie de préciser que nous sommes en debut août), une facture, une facture une facture et encore une facture. Cool.
Mon regard est attiré par une tache de couleur deux marches plus bas. Intriguée, je me penche. C’est une lettre. Je la ramasse.
Curieuse, cette lettre. Le papier est jaune, sec et rèche, un peu comme du parchemin. Elle est cachetée par un sceau rouge et ne porte pas de timbre. Mon nom est ecrit au dos. Anna de Gabrir. Deux fautes dans mon nom, sacrilège!
Ca m’a tout l’air d’une mauvaise blague. Si ça se trouve, quelqu’un est en train de m’épier de sa fenêtre pour observer ma réaction.
Je déteste qu’on se paie de ma tête.
Je rentre donc à l’interieur et je referme la porte derrière moi. Mon premier réflexe est de la jeter à la poubelle, mais je suis curieuse de savoir jusqu’où monte le degré de bétise du mauvais plaisantin. Qu’a t-il inventé ? Surement que j’ai reçu le premier prix d’un concours auquel je n’ai pas participé (dans le pire des cas le concours en question n’existe même pas), que j’ai gagné au loto alors que je n’y joue jamais, que je suis la fille d’une condamnée politique en fuite qui m’a abandonnée devant une maison alors que le KGB la poursuivait (merci, des origines russes, très peu pour moi), ou d’autres histoires abracadabrantes. Cela aura au moins le mérite de me distraire, rester chez soi pendant tout le mois d’août, c’est... un peu morne, un tantinet triste...en fait c’est carrement ch... ennuyeux.
J’ouvre l’envelopppe (pour etre honnête, je la dechire, j’adore faire ca) et je sors le papier, ou plutot le parchemin qu’elle contient.
Récapitulons :
-Mon nom est ecrit avec deux fautes d’orthographes, donc ce n’est pas quelqu’un de mon lycée qui a fait le coup.
-Celui qui a écrit cette missive sort du moyen-âge. Enfin, façon de parler. Il a peut-être lu trop de vieux bouquins, parce qu’écrire sur un parchemin, c’est pas de notre époque. Dommage d’ailleurs. Je trouve ça assez joli.
L’heure de verité est arrivée : selon la credibilité du contenu, je vais pouvoir juger du degré de stupidité de l’auteur.
Je commence à lire. Mes yeux s’écarquillent. J’ouvre la bouche tant je suis surprise. Je tire une langue de deux mètres de long. Je dois vraiment avoir l’air stupide, mais il y a de quoi.
La sonnerie du téléphone me tire de mon hébetement. Je décroche.
-Allo, c’est Kellie. C’est toi, Anne ?
-Ehihgegua, zeh tinkh ! Lah Lewhtrr !
Silence pendant une seconde.
-Euh, c’est toi Anne ?
- Ehihgegua.
Zut, je suis tellement saisie que je n’arrive plus à parler correctement.
-Oui c’est moi, je dis en m’appliquant.
-Dis-moi, tu ne serais pas malade ?
Je m’apprête à repondre quand mon regard tombe sur le parchemin que j’ai laisse tomber sur le carelage. La foudre me tombe dessus pour la seconde fois. Je repond tant bien que mal:
-Donh pfeh zuchtekeuh zeyreuhssu juin Lewhtrr pizwarrr.
Long silence perplexe a l’autre bout du fil. Je répète en articulant difficilement.
-Excuse-moi, je voulais dire: Non j’ai juste reçu une lettre bizarre.
-Quel genre ?
Je me vois mal lui expliquer au téléphone.
-Ecoute je t’expliquerai demain. Salut !
J’ai conscience de ne pas avoir été très agréable. Tant pis, j’étais incapable de continuer la conversation plus longtemps.
Et m..., Maman va bientot arriver. J’attrape lettre et enveloppe et je file dans ma chambre. Le temps de pousser une armoire devant la porte et je suis sur mon lit. Je vais enfin pouvoir réfléchir tranquillement. Pour commencer, je vais relire tranquillement cette missive (excusez le terme un peu pompeux mais je ne peux pas répéter tout le temps ‘lettre’).